vendredi 7 août 2009

L'enseignement passe par l'apprentissage de la langue et de ses codes

Comment arriverai-je à continuer cet apprentissage alors que je prends conscience de l'importance symbolique, idéologique de la langue ?

notion de "sexuisemblance" à approfondir ... cf Messieurs Damourette et Pichon
Inventeurs de la "sexuisemblance"

« Un outil, caractérisé indépendant, devient un être presque semblable à un animal auquel il est tout naturel de donner une sexuisemblance. Ce sera tantôt le masculin et tantôt le féminin : un compotier, une théière, un battoir, une passoire, un moteur, une balayeuse [...]. Il existe des cas dans lesquels nous arrivons à percevoir consciemment ce symbolisme métaphorique. Un moteur communique la puissance et l’action à toutes les machines sans force propre qui lui obéissent ; ces machines la balayeuse, la perceuse, la moissonneuse, etc. ne peuvent rien sans lui. Les noms féminins de toutes les machines-outils sont particulièrement suggestifs. On dirait qu’ils ont pour prototype la pondeuse, c’est-à-dire la poule, être éminemment féminin, dont la fécondité foncière se manifeste par un acte indéfiniment répété. La pondeuse n’est pas encore un appareil. Mais la couveuse mécanique, rivale de la femelle de l’oiseau, a été imaginée, elle ne pouvait être que féminine. Et les balayeuses, ébarbeuse, raboteuse, faucheuses, moissonneuses, perforatrices etc. qui font toujours la même chose quand une puissance extérieure féconde leur passivité, ne pouvaient aussi être que féminines. Par contre le curseur, le viseur, le remorqueur, objets indépendants, portant en eux-mêmes leur utilité, devaient être masculins. Si on imagine une viseuse, on concevra une machine qui vise, automatiquement, sous l’influence d’une force indifférente ; combien ce sens serait différent de celui du viseur, appareil libre, dont il faut savoir se servir, et qui semble, à chaque action nouvelle participer de la liberté de l’homme qui le manie. »

(Damourette et Pichon, des mots à la pensée. Essai de grammaire de la langue française tome 1 à 7, Slatkine reprints, Genève Paris, 1930-195 :§ 320).

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