Retraites des mères : les pièges de l’égalité hommes-femmes

Retraites des mères : les pièges de l’égalité hommes-femmes
Emmanuel Kessler - 08:16
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Les mères de famille risquent-elles de perdre leurs avantages au moment de la retraite ? Le gouvernement va revoir le système actuel. Le ministre des Affaires sociales, Xavier Darcos, entame aujourd’hui ses consultations pour une réforme avant la fin de l’année. Le dossier est sensible. Pourquoi une telle urgence ?

Version audio : les textos de l’éco ; la retraite des mères... (3'33")


Le mieux est parfois l’ennemi du bien. Au nom de l’égalité hommes-femmes, la Cour de Cassation a ordonné récemment que les avantages accordés aux mères en matière de retraite soient étendus aux pères. Jusqu’à présent, dans le privé, les femmes qui ont élevé des enfants bénéficient d’une sorte de « bonus retraite ». On leur compte plus d’années de cotisations que ce qu’elles ont réellement versé pendant leur carrière, ce qui augmente leur pension. Or depuis cette décision de justice, les pères de famille sont en droit de réclamer le même avantage. Et les contentieux risquent de se multiplier très rapidement. Le statu quo est donc intenable.

Les femmes qui ont eu des enfants risquent-elles de perdre le bénéfice de cette majoration de retraite ?

Le gouvernement assure qu’elles ne perdront rien. Mais il est face à un dilemme : ou bien il accorde le même avantage aux hommes, et dans ce cas il fait exploser les comptes des régimes de retraite, déjà mal en point. La majoration pour les mères coûte 4 milliards. La donner aussi aux pères ferait plus que doubler la note. Ou bien il prend un peu aux femmes pour donner aux hommes, il coupe la poire en deux, mais ça suscite un tollé des syndicats et des associations familiales. Parce que dans le travail, les femmes gagnent déjà beaucoup moins que les hommes et à la retraite, malgré cette majoration pour enfants qui compense un peu les choses, la retraite d’une femme reste en moyenne 25% inférieure à celle d’une homme. Le paradoxe, c’est donc qu’on risque, au nom de l’égalité, d’accroître les inégalités entre les femmes et les hommes.

Alors quelle est la solution ?

Elle sera compliquée. Il y a néanmoins une référence : la fonction publique. Ou ce problème a déjà été traité en 2003, avec une solution de compromis qui préserve un droit spécifique aux mères mais ouvre aux pères certains avantages. Au-delà, cette affaire constitue un hors-d’œuvre. Le déficit des retraites ne cesse de se creuser, la société et les conditions de travail changent. Une remise à plat plus large va s’imposer. Elle est annoncée pour 2010.