mercredi 30 septembre 2009

Du lourd et du léger ...

Aujourd'hui, l'humeur n'est pas à l'humour : une joggeuse s'est fait kidnapée et assassinée par un homme qui avait déjà violée une mineure par le passé,jugé et arrêté... elle avait réussi à appeler depuis le coffre de la voiture de cet homme pour donner la plaque d'immatriculation de la voiture ... l'homme a été fait prisonnier mais il était trop tard ...
Il avait bénéficié d'une remise de peine (7 ans au lieu de 11) et avait pu, sans suivi ni surveillance, se réinstaller à 200 mètres du domicile de sa jeune victime ...
Cela me révolte ... Ce laisser-aller, cette sorte de .... bienveillance ou au moins de tolérance vis à vis d'individu dangereux ..

L'affaire Roman Polanski ces derniers jours (arrêté en Suisse pour des faits de viol sur mineure il y a trente ans aux Etats Unis) m'inspire les mêmes sentiments de révolte : Frédéric Mitterrand s'est encore fait remarquer en prenant sa défense (après l'affaire Orelsan) ...

La relative tolérance vis à vis du viol montre bien l'acceptation de la violence des hommes sur les femmes ...

Bref, ....

Un peu de légèreté à présent en parlant de Florence Foresti :




Florence Foresti, humoriste la plus populaire de France
LE MONDE | 30.09.09

Boule d'énergie, boule d'étoupe qui s'enflamme, boule à facettes, c'est Florence Foresti. Lors de la première parisienne de son spectacle Motherfucker, mardi 29 septembre, la brunette exubérante a tenu en haleine une salle comble et hilare.
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Féministe, Foresti ? Oui, à sa façon décomplexée, en lutte contre les difficultés à concilier les envies d'une trentenaire et les devoirs de mère (d'une fillette de 2 ans). Telle est la trame autobiographique de son spectacle qui, sur le mode hilarant, dézingue les postures socioculturelles imposées aux nouvelles entrantes dans la maternité.

Sa cible ? Les faux-semblants, la sacralisation de la grossesse et ce qui s'ensuit, la responsabilité parentale confondue avec la respectabilité, celles qui se vantent de ne prodiguer à leur progéniture que du bio, du bon (pas de télé) et du beau (des jeux en bois). Résultat : des jeunes mères privées d'expression de leur baby blues, de leur ennui des journées passées au parc pour ne pas apparaître comme indignes.

Enfin, un cri de libération : "Que c'est chiant, la sagesse !", cette société où fumer est prohibé, le risque de cancer omniprésent, où il est malséant de se mettre la tête à l'envers, d'afficher une gueule de bois, pis, une tête à claques. Foresti, c'est un franc-parler qui se conjugue à un rare sens du tempo et un abattage sans égal, à l'instar de Muriel Robin qui fut son modèle et avec laquelle elle a en commun une voix flirtant avec la raucité, l'ironie corrosive, un tranchant sans méchanceté et l'autodérision.

Jamais la cote de popularité de Foresti n'a été aussi haute. Deux sondages récents (TNS Sofres et Reader's Digest) la classent femme préférée des Français et l'humoriste la plus appréciée devant Gad Elmaleh et Anne Roumanoff.

Tout de noir vêtue

Comment expliquer un tel succès ? L'effet télévision, bien sûr, a joué depuis ses premières apparitions en 2004 dans les émissions de Laurent Ruquier ("On a tout essayé", puis "On n'est pas couché"). Ses personnages, de la châtelaine Anne-Sophie de la Coquillette à Clotilde l'ado rebelle, ses imitations d'Amy Winehouse, d'Isabelle Adjani et de Ségolène Royal ont achevé d'emporter l'adhésion.

Florence Foresti prend soin de s'émanciper des stéréotypes. Elle a toujours gommé dans son apparence et son registre ce qui pourrait diviser le public. Sur scène, par exemple, elle se vêt tout de noir. "Je ne me reconnais pas tout à fait dans les codes féminins, pas tout à fait dans les codes masculins. (...) Je serais presque capable de me gratter les couilles alors que je n'en ai pas, de montrer mes seins alors que je n'en ai pas. (...) On ne sait plus se situer entre tous les modèles qu'on nous propose", disait-elle en préambule d'un gala, l'an passé.

Démonstration aujourd'hui, avec le récit d'un accouchement sur le mode parodique des vétérans du Vietnam avec description des cicatrices et crevasses.

Dans ce deuxième spectacle, pas de lamento sur la chirurgie esthétique, encore moins de vulgarité gratuite, travers dans lequel tombent certaines de ses consoeurs désireuses de damer le pion aux hommes et usant à leur endroit de clichés, footeux, passionnés de bagnole, accros des jeux vidéos. Les 72 représentations programmées au Palace affichent déjà complet. Une tournée suivra, de mars à juillet 2010.



"Motherfucker"

de Florence Foresti. Le Palace, 8, rue du Faubourg-Montmartre, Paris 9e. M° Grands Boulevards. Du mardi au samedi à 20

h 30. De 35 à 52 €. Jusqu'au 9 janvier 2010. Tél. : 01-40-22-60-00.
Macha Séry

dimanche 27 septembre 2009

Rétrocontroverse : 1992, la parité et l’égalité des sexes

Rétrocontroverse : 1992, la parité et l’égalité des sexes

retrouvé sur http://sr07.unblog.fr/2007/08/08/retrocontroverse-1992-la-parite-et-legalite-des-sexes/

Née au sein des institutions internationales - le Conseil de l'Europe mais aussi les Nations unies et la Communauté européenne -, l'idée de parité fait peu à peu son chemin, en France, dans les années 1990. Lancée en 1992 par un livre de Françoise Gaspard, Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall, Au pouvoir citoyennes : liberté, égalité, parité (Seuil), cette petite révolution surgit dans le débat public avec la publication dans Le Monde, à l'automne 1993, du “Manifeste des 577 pour une démocratie paritaire”. “La parité des sexes est une condition de la réalisation de la démocratie, au même titre que la séparation des pouvoirs et le suffrage universel”, proclame-t-il.

Le manifeste, qui compte autant de signataires que d'élus à l'Assemblée nationale, part d'un constat simple. “Les Françaises sont électrices et éligibles depuis 1945. Combien sont-elles au Parlement aujourd'hui ? 5 % seulement, moins encore qu'il y a 48 ans ! Les dernières élections législatives prouvent une fois de plus que rien ne changera, sinon par la loi.”

Trois ans plus tard, L'Express publie un “Manifeste des dix pour la parité” signé par Michèle Barzach, Frédérique Bredin, Edith Cresson, Hélène Gisserot, Catherine Lalumière, Véronique Neiertz, Monique Pelletier, Yvette Roudy, Catherine Tasca et Simone Veil. Alors que les mouvements féministes des années 1970 avaient défendu leurs idées en organisant l'action militante et en descendant dans la rue, les défenseures de la parité choisissent cette fois le terrain du débat public. “Les répertoires les plus utilisés sont les manifestes dans la presse, les conférences et tables rondes dans les lieux les plus emblématiques du pouvoir institutionnel et politique tels que l'Assemblée nationale, le Sénat ou encore l'Unesco, ou les pétitions comme celle du réseau Demain la parité, qui a recueilli près de 10 000 signatures, souligne Eléonore Lépinard dans L'Egalité introuvable (Presses de Sciences Po).

Les “paritaires” se recrutent dans tous les milieux. On y trouve des figures “historiques” du féminisme comme Gisèle Halimi, cofondatrice, avec Simone de Beauvoir, de Choisir la cause des femmes, et avocate du procès de Bobigny sur l'avortement, mais aussi Yvette Roudy, la première ministre des droits de la femme de François Mitterrand. On y rencontre aussi des philosophes comme Sylviane Agacinski ou Geneviève Fraisse, des élues comme Catherine Trautmann ou Elisabeth Guigou, des sociologues comme Françoise Gaspard.

Tout en se gardant de tout essentialisme, les défenseures de la parité estiment que la présence, en nombre égal, d'hommes et de femmes dans les lieux de pouvoir est un élément fondamental de la démocratie. “La démocratie représentative fonde sa légitimité sur sa capacité à symboliser la collectivité, écrivent Françoise Gaspard et Claude Servan-Schreiber dans Le Monde en 1993. (…) Les femmes et les hommes concourent ensemble à la perpétuation de l'espèce. Ils doivent concourir ensemble, et à parité, à l'organisation de la vie commune. Non pas au titre de la “différence” d'un sexe par rapport à l'autre, mais de leur participation conjointe à l'espèce humaine.”

Ces arguments ne convainquent guère les anti-paritaires. “Un préjugé naturaliste a servi à exclure les femmes, réplique la professeur de droit Evelyne Pisier dans Le Monde en 1999. Assumant ce préjugé, la parité prétend désormais les inclure.” Pour combattre l'idée “humiliante” de “quotas”, la philosophe Elisabeth Badinter, qui craint des “dérives mortelles pour notre République”, invoque l'universalisme républicain et brandit la menace du communautarisme. “L'argument du nombre engendrera de nouvelles revendications paritaires de la part d'autres communautés, raciales, religieuses, voire culturelles ou sexuelles”, écrit-elle dans Le Monde en 1996.

Cet argument fait sourire Gisèle Halimi. “Les femmes ne sont ni une race, ni une classe, ni une ethnie, ni une catégorie, répond-elle dans Le Monde en 1997. Elles se trouvent dans tous ces groupes, elles les engendrent, elles les traversent.” Pour la philosophe Sylviane Agacinski, l'universalisme “vénéré” par les anti-paritaires est “trompeur”. “S'il consiste, de façon abstraite, à ignorer la différence sexuelle, c'est-à-dire l'essentielle mixité du genre humain, alors il faut faire la critique philosophique et politique de l'universalisme et montrer que, toutes les fois qu'on efface la différence sexuelle, on identifie en réalité le genre humain à un seul sexe, celui de l'”homme”", écrit-elle dans Le Monde en 1996.

En 1997, cette controverse, qui a permis d'ouvrir un large débat public sur l'égalité des sexes, trouve un débouché politique avec la victoire de la gauche aux élections législatives. Dès sa déclaration de politique générale, le 19 juin 1997, le nouveau premier ministre, Lionel Jospin, promet de “permettre aux Françaises de s'engager sans entraves dans la vie publique”. “Une révision de la Constitution, afin d'y inscrire l'objectif de parité entre les femmes et les hommes, sera proposée”, affirme-t-il à l'Assemblée. C'est chose faite deux ans plus tard : réuni à Versailles, le Parlement ajoute à la Constitution un amendement affirmant que la loi “favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives”.

Anne Chemin

Article paru dans l'édition du Monde du 08.08.07.

compte rendu paru dans le monde

Pour être plus performant, embauchez des femmes !
LE MONDE | 24.09.09 | 14h27 • Mis à jour le 24.09.09 | 14h27



Les entreprises ont tout intérêt à employer davantage de femmes et à les faire progresser dans l'entreprise. C'est ce qu'affirme un travail de recherche mené par Michel Ferrary, professeur au Ceram (Ecole supérieure de commerce à Nice-Sophia Antipolis), à partir d'un échantillon de quarante-deux grandes entreprises. Cette étude démontre que celles qui emploient plus de 35 % de femmes voient leur chiffre d'affaires progresser davantage que les autres (de 28,5 % supérieur).
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Nadine Morano, le 22 novembre 2006.
Les faits Inégalités salariales hommes-femmes : Nadine Morano favorable à des "mesures contraignantes"
Edition abonnés Archive : Les administrateurs favorables à une loi sur des quotas de femmes dans les conseils

Ces entreprises sont aussi plus rentables (avec un taux supérieur de 116,1 %), ont une meilleure productivité (48,6 %) et créent davantage d'emplois (72,9 %). Il en est de même pour celles dont le personnel d'encadrement est à plus de 35 % féminin.

Cette étude porte sur la période 2002-2006. Les quarante-deux entreprises retenues sont les plus grandes entreprises françaises par la capitalisation boursière, qui, en outre, ont publié leurs taux de féminisation, donnée nécessaire à cette étude. Plus quelques entreprises choisies pour faciliter des comparaisons intrasectorielles. Comme Casino, Havas ou Hermès, qui ne sont pas dans le CAC40, mais qui sont comparables, respectivement, à Carrefour, Publicis et LVMH.

Dans un même secteur d'activité, Renault, dont l'encadrement est plus féminisé que PSA, a connu de meilleures performances économiques, note l'étude. Même constat quand on compare BNP Paribas et la Société générale, ou Casino et Carrefour.

Des études antérieures sur l'influence du taux de féminisation sur les performances économiques des entreprises avaient abouti à des résultats contradictoires, reconnaît l'auteur. Sans doute parce qu'"il faut qu'un groupe social atteigne une taille critique pour réellement influencer le fonctionnement d'une organisation, changer la nature des interactions et modifier la dynamique du groupe", explique le sociologue.

Ce seuil est atteint lorsque le groupe minoritaire représente au moins 35 % de l'ensemble, selon les travaux de Rosabeth Moss Kanter, professeur à Harvard. Raison pour laquelle Michel Ferrary a choisi de comparer les deux populations d'entreprises selon qu'elles se situaient au-delà ou en deçà de ce seuil.

Autre particularité, cette étude analyse l'ensemble des effectifs des sociétés et pas seulement la féminisation des équipes dirigeantes.

Car souvent, les entreprises ne font que de l'affichage (social window dressing) "en nommant une ou deux femmes dans leurs instances de direction (...) sans que ces femmes aient un réel pouvoir d'influence sur les processus de décision de l'entreprise", estime M. Ferrary.

Appliquée à l'ensemble des effectifs, la diversité améliore la prise de décision, la créativité, l'adaptabilité, entre autres, rappelle M. Ferrary. D'autant que "les femmes et les hommes se comportent différemment notamment face au risque, à leur pratique de management, à leur attrait pour la compétition, à leurs motivations", ajoute-t-il.

Paradoxe

Ces différences pourraient expliquer un autre résultat, paradoxal, de cette étude. Malgré de bonnes performances économiques, les cours de Bourse des entreprises les plus féminisées ont augmenté moins vite que les autres entre 2002 et 2006 : de 30,7 % seulement, contre 83,1 % pour les autres.

Alors qu'une étude antérieure de M. Ferrary (Le Monde du 16 octobre 2008), réalisée au début de la crise financière entre janvier et octobre 2008, avait abouti au résultat inverse. Les prévisions, plus pondérées des femmes en période de croissance, pourraient influencer négativement les investisseurs. Tandis qu'en période de crise ceux-ci s'intéresseraient davantage aux performances réelles, suppose M. Ferrary.
Annie Kahn

Inégalités salariales hommes-femmes : Nadine Morano favorable à des "mesures contraignantes"

Inégalités salariales hommes-femmes : Nadine Morano favorable à des "mesures contraignantes" d'ANNE CHEMIN
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/09/23/inegalites-salariales-hommes-femmes-nadine-morano-favorable-a-des-mesures-contraignantes_1244062_3224.html

LE MONDE | 23.09.09 | 14h53 • Mis à jour le 23.09.09 | 14h53



Elle a convié à déjeuner toutes les anciennes secrétaires d'Etat ou ministres des droits des femmes de ces trente dernières années, d'Yvette Roudy à Simone Veil, en passant par Michèle André, Anne-Marie-Couderc ou Nicole Ameline. "Je veux montrer qu'au-delà des clivages politiques, nous sommes unies pour faire bouger les lignes, explique Nadine Morano, la secrétaire d'Etat en charge des droits des femmes. Au fil des ans, les choses ont avancé, bien sûr, mais il faut maintenant aller plus loin."
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Certaines entreprises ont intérêt à employer davantage de femmes.
Compte rendu Pour être plus performant, embauchez des femmes !
Edition abonnés Archive : Les administrateurs favorables à une loi sur des quotas de femmes dans les conseils

Ce repas, mercredi 23 septembre, permettra de faire une photo de famille inédite mais aussi de tirer le bilan des trois dernières décennies, qui ont vu les femmes accéder à la maîtrise de la procréation, au monde du travail et aux responsabilités politiques. Nadine Morano devrait en profiter pour parler des trois chantiers qui l'occuperont pendant les mois qui viennent : la lutte contre les inégalités salariales, la réforme du congé parental et le combat contre les violences faites aux femmes.

Dans un rapport rendu en juillet, Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales, constatait que malgré la loi Roudy de 1983, la loi Génisson de 2001 et la loi Ameline de 2006, les salaires des femmes restaient inférieurs de 27 % à ceux des hommes, de 16 % si l'on se réfère au salaire horaire. Pour s'engager plus vite sur le chemin de l'égalité, Brigitte Grésy proposait donc d'imposer des pénalités financières aux entreprises récalcitrantes.

"Mesures contraignantes"

Cette voie ne déplaît pas à Nadine Morano. "On ne peut plus se contenter de bonnes intentions, il faut désormais avoir recours à des mesures contraignantes, explique-t-elle. Quel député ou quel chef d'entreprise accepterait, à travail égal, d'être moins bien payé que ses collègues ?" Toujours au chapitre de la contrainte, la secrétaire d'Etat plaide pour l'instauration de quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises du secteur public et du CAC 40. "Sans mesures coercitives, on n'y arrivera pas", prédit-elle.

Nadine Morano souhaite également réformer le congé parental afin d'éviter que les femmes ne s'éloignent trop longtemps du marché du travail, notamment dans les milieux défavorisés. "Beaucoup de mères s'arrêtent non par choix, mais parce qu'elles n'ont pas trouvé de mode de garde", souligne-t-elle. Mme Morano, qui souhaite créer 200 000 places d'ici à 2012, plaide donc pour un congé plus court, mieux rémunéré et mieux partagé avec le père.

Installé en juin, le Haut Conseil à la famille devrait rendre un avis sur cette réforme d'ici la fin de l'année, mais Nadine Morano se dit d'ores et déjà séduite par les modèles suédois ou allemand. Pour inciter les hommes à s'investir dans l'éducation de leurs enfants, les congés parentaux comprennent, dans ces pays, plusieurs mois réservés au père qui sont perdus pour la famille s'il ne les prend pas. "Il faut aller vers un meilleur partage des charges familiales, insiste-t-elle. En France, sur les 590 000 congés parentaux, 1,8 % seulement sont pris par les pères... Pourquoi ne pas prévoir un bonus en temps ou en argent lorsque les hommes décident de s'impliquer ?"

Enfin, Nadine Morano souhaiterait intensifier la lutte contre les violences faites aux femmes en autorisant les magistrats à utiliser le bracelet électronique. "Il permettrait d'empêcher les hommes violents qui ont quitté le domicile conjugal d'approcher de la victime et du périmètre où elle se déplace, souligne-t-elle. Cette solution a été expérimentée en Espagne et elle a permis de faire baisser la mortalité des femmes." Contrairement aux idées reçues, la France n'est pas épargnée par ces violences : en moyenne, une femme meurt tous les trois jours en moyenne sous les coups de son compagnon.
Anne Chemin

mercredi 16 septembre 2009

Loubna, le pantalon, la suite ...

http://www.liberation.fr/monde/0101589464-loubna-hussein-plus-fut-ee-que-khartoum
Monde 08/09/2009
Loubna Hussein plus fut(ée) que Khartoum

Soudan. Jugée pour le port d’un pantalon, la jeune femme a été emprisonnée après avoir refusé une amende. Le régime est embarrassé.

4 réactions

Par CHRISTOPHE AYAD

En prison pour un pantalon. Loubna Hussein, la jeune Soudanaise devenue célèbre pour avoir dénoncé une loi punissant le port du pantalon de 40 coups de fouet, a été envoyée hier en prison pour avoir refusé de payer l’amende de 200 dollars (140 euros) à laquelle venait de la condamner un tribunal de Khartoum.

En fait, Loubna Hussein, qui est du genre entêtée et a de la suite dans les idées, met les autorités soudanaises dans l’embarras, en refusant tout compromis. C’était exactement son but. Elle avait été arrêtée, ainsi que plusieurs amies, par des sbires de la police des mœurs dans une cafétéria de la capitale soudanaise en juin. Motif : bien que voilée, elle portait un pantalon, «offensant» la morale publique. Contrairement à ses amies, elle refuse la peine de circonstance : dix coups de fouet. Poursuivie devant un tribunal, elle en risque donc 40 au titre d’une loi instaurée en 1991 par la junte islamiste encore au pouvoir. La jeune femme, qui bénéficie d’une immunité du fait qu’elle est employée par les Nations unies à Khartoum, préfère démissionner que s’en prévaloir. Très éduquée et politisée, Loubna Hussein, qui a une formation de journaliste et écrit régulièrement des billets acides dans la presse, veut démontrer l’absurdité de la loi en allant jusqu’au bout, d’autant qu’elle n’est pas systématiquement appliquée et qu’il n’est pas rare de voir des femmes en pantalon à Khartoum.

Après plusieurs reports, le procès a finalement eu lieu hier. Tandis qu’une centaine de femmes manifestaient en faveur de Loubna devant le tribunal, ce dernier a statué à toute vitesse, choisissant une amende plutôt que les coups de fouet pour enterrer au plus vite cette affaire embarrassante. Seulement, Loubna a refusé de payer, malgré les admonestations de ses proches, entraînant son incarcération automatique pour un mois. Elle a décidé de faire appel et dit être prête à aller jusqu’à la Cour constitutionnelle.

Khartoum, qui cherche à redorer son image entachée par les atrocités commises au Darfour et l’inculpation par la CPI de son président, Omar El-Béchir, n’avait pas besoin de cette affaire en ce moment. Mais il n’était pas question non plus de capituler en rase campagne face à une simple jeune femme.


Chronique
Cachez ce pantalon..., par Jean-Philippe Rémy
LE MONDE | 10.09.09 | 13h38

Que le sort du Soudan puisse avoir quelque chose en commun avec les replis d'un pantalon, porté par une femme de surcroît, voilà l'une des particularités du destin de Loubna Ahmed Al-Hussein, arrêtée, menacée de quarante coups de fouet, et finalement libérée à Khartoum dans un contexte de grande confusion.

En juillet, la police de l'ordre public, l'organe de sécurité en charge de ce type de questions, avait organisé une descente dans un café très fréquenté du centre de Khartoum. Ses responsables traquent avec la même opiniâtreté les femmes en pantalon, la consommation d'alcool et les pique-niqueurs n'ayant pas été unis par les liens du mariage. Les pique-niques le long du Nil et la consommation de thé sont deux des joies à portée de tout un chacun à Khartoum. Ce jour de juillet, la cible de la police était les pantalons portés par quelques femmes. Une dizaine d'entre elles avaient été arrêtées, parmi lesquelles Loubna Ahmed Al-Hussein, alors employée comme journaliste par les Nations unies au Soudan.

L'article 152 du code pénal soudanais, instauré en 1991 lorsque les dirigeants soudanais se voyaient en groupe d'avant-garde de la révolution islamiste mondiale, établit que le port par une femme d'une tenue vestimentaire "indécente", voire "obscène", est passible d'une peine incluant un châtiment corporel pouvant aller jusqu'à quarante coups de fouet et une amende. Qui décrète ce qui est indécent ou pas, voilà la première question.

Si l'idée était d'éviter le scandale en faisant disparaître le spectacle de femmes en pantalon dans un lieu public, c'est évidemment raté. En ayant refusé, d'abord, de recevoir une peine de coups de fouet sans jugement pour en terminer au plus vite, et éviter que l'affaire ne s'ébruite, ce à quoi se résolvent bon nombre de femmes arrêtées pour ce type d'affaires, Loubna Ahmed Al-Hussein a choisi d'attirer l'attention, mais aussi de pousser la machine judiciaire dans ses retranchements.

Après avoir démissionné de son emploi aux Nations unies, institution qui l'a courageusement défendue ensuite par le biais d'une déclaration dont on peut imaginer l'impact sur les autorités soudanaises, Loubna Ahmed Al-Hussein a choisi de voir son cas porté devant la justice. Selon le site d'information Sudan Tribune, qui cite le responsable de l'ordre public soudanais, 43 000 femmes auraient été arrêtées pour des motifs similaires en 2008. Toutes sont châtiées dans la plus grande discrétion.

Loubna Ahmed Al-Hussein a donc choisi, au contraire, de suivre la loi à la lettre, quitte à faire apparaître les contradictions du processus judiciaire. Le jour du procès, lundi 7 septembre, il y avait foule devant le palais de justice, entre les femmes venues soutenir celle que, désormais, on appelle Loubna, un groupe de militants islamistes bien décidés à leur administrer une leçon, et les forces de police, qui semblaient avoir reçu pour mission de réconcilier tout le monde en distribuant force coups de bâton... sans discrimination. Le fait mérite d'être noté. Ce ne sont pas seulement les femmes qui ont été châtiées automatiquement. Il se passait donc quelque chose. Certes, des femmes ont encore été arrêtées ce jour-là, et personne ne croit avoir vu d'hommes subir le même sort.

Mais, surprise, le tribunal n'a pas jugé bon de condamner Loubna au fouet, se contentant de lui infliger une amende qu'elle a refusé de payer, préférant être enfermée à la prison d'Omdourman. Libérée contre son gré vingt-quatre heures plus tard, sans doute sur ordre des autorités qui ont fait en sorte que son amende soit payée, elle a eu le temps de décompter le nombre des femmes détenues : 800. La majorité d'entre elles, a-t-elle raconté à sa sortie de prison, avaient été arrêtées par la police de l'ordre public.

Pourquoi tant de mansuétude à l'égard de Loubna Ahmed Al-Hussein, alors que les femmes arrêtées pour ces motifs, en général, n'échappent pas au fouet ? La raison est à chercher du côté de la raison d'Etat. Après avoir été traitées avec hostilité par les administrations américaines précédentes, les autorités soudanaises se trouvent face à une tentative d'ouverture de la part de Washington. Le pouvoir soudanais est traversé par des influences qui intègrent à la fois de solides bases islamistes et une détermination à développer le pays en puissance pétrolière.

Alors que le président soudanais, Omar Al-Bachir, est poursuivi pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au Darfour, dans l'ouest du pays, l'occasion de chercher la voie d'une normalisation est trop belle. De plus, le Soudan approche d'une étape importante, avec l'organisation d'élections générales en 2010 et d'un référendum d'autodétermination pour le Sud l'année suivante, qui pourrait permettre à la région où se trouve l'essentiel des ressources pétrolières du pays de faire sécession.

Mercredi, arrivait justement au Soudan le général Scott Gration, envoyé spécial du président Obama. Le moment aurait été particulièrement mal choisi de faire fouetter une femme. La morale invoquée pour justifier le châtiment a donc été remisée rapidement au profit d'impératifs politiques.

samedi 12 septembre 2009

Au secours ! Le Maréchal est de retour !

Une mère de famille honorée

http://www.sudouest.com/charente/actualite/cognac/article/704047/mil/5094505.html

« Il ne suffit pas d'avoir de nombreux enfants, il faut avoir eu une conduite méritante au sein du cocon familial. » C'est ce qu'a déclaré Christine Granet, chargée de mission à l'Udaf Charente, membre du CCAS de Saint-Simon, lors de la cérémonie conviviale en l'honneur de Maryse Garot, mère de famille.

Accueillis, salle de la mairie, par Jean-Jacques Delage, maire, et Brigitte Marciniak, adjointe, en présence de Jean-Paul Zucchi, conseiller général du canton, Maryse et Claude Garot, viticulteurs à Saint-Simon, leurs quatre enfants, Émilie et Chloé, Sébastien et Mickaël, et huit petits-enfants, ont apprécié, un peu émus, cette distinction, créée en 1920 pour les femmes exemplaires. Maryse Garot a été décorée de la médaille de bronze de la famille française avec diplôme et insigne du mérite, « en signe de sa reconnaissance, de son mérite, de son courage, de son sacerdoce de la famille », a ajouté le maire.

De la différence des sexes ... en sport

Caster Semenya, l’incroyable athlète qui bouleverse l’éthique sportive
http://www.mediapart.fr/club/edition/article/110909/caster-semenya-l%E2%80%99incroyable-athlete-qui-bouleverse-l%E2%80%99ethique-sportive


11 Septembre 2009


Selon les examens de la Fédération internationale d'athlétisme, la championne du monde du 800 m féminin, Caster Semenya, serait hermaphrodite. Elle possèderait, dans l'abdomen, deux testicules qui produisent de la testostérone et qui expliquent en partie sa musculature. Anaïs Bohuon*, docteure en histoire du sport, spécialiste des tests de féminité et de la production des normes corporelles sportives féminines, revient sur cette affaire pour Mediapart.





Mercredi 19 août 2009, à l'occasion des championnats du monde d'athlétisme à Berlin, la jeune athlète sud-africaine Caster Semenya accomplit un véritable exploit : elle devance toutes les autres concurrentes lors de la finale du 800 mètres féminin : elle la remporte en 1 minute 55 s 45 avec une aisance et une facilité impressionnantes.



Très vite, cette victoire va défrayer la chronique : non par le rythme effréné qu'elle a imposé ni par le fait qu'elle pulvérise son record personnel mais parce que des doutes visuels sont immédiatement émis au sujet de son appartenance au genre féminin. La légitimité de sa participation à la compétition est remise en cause. Une de ses rivales, l'italienne Elisa Cusma, sixième de cette course, déclare à l'issue de la compétition : « On ne devrait pas laisser ce genre de personne courir avec nous ». Semenya est jugée trop musclée, sans poitrine. On lui reproche également d'avoir un bassin trop étroit et une pilosité anormalement abondante. Le médecin Jean-Pierre de Mondenard déclarera sur Europe 1 au journal de 18h, le lendemain de sa victoire : « Les 11 autres finalistes ont un morphotype féminin de coureuse de 800m, elles ont des épaules étroites, on voit leurs clavicules, elles ont un bassin un peu plus large [...]. En revanche, quand la sud-africaine court, elle a des épaules de déménageur, un bassin étroit.... D'ailleurs, ça c'est vraiment anecdotique mais si on a regardé la finale du 800 m, on a pu voir que 11 athlètes avaient une culotte et un seul avait un bermuda ». Il est évident que c'est parce que Semenya ne correspond pas aux critères traditionnels normatifs de la féminité qu'elle est avant tout soupçonnée : les sportives doivent être imberbes, minces, fines, gracieuses dans leurs efforts comme dans leur tenue.



Dans ces mêmes championnats, un autre exploit est accompli, cette fois par un athlète masculin : le sprinter jamaïquain Usain Bolt établit un nouveau record du monde du 100 mètres encore plus stupéfiant : 9 s 58. Il pulvérise, lui aussi, son record mais les réactions sont d'un tout autre registre. Admiration sans nom et qualificatifs hagiographiques envahissent la presse. Et, si certains évoquent implicitement le dopage pour commenter l'incroyable performance d'Usain Bolt, Caster Semenya, elle, n'a pas eu ce « privilège ». C'est son identité sexuée qui est remise en cause. Pourquoi ne seraient-ils pas l'un comme l'autre simplement soumis à un contrôle de dopage ?







Le monde du sport, qualifié par les sociologues Elias et Dunning de « fief de la virilité », s'interroge encore sur l'identité sexuée des sportives alors qu'en ce qui concerne les hommes, la pratique sportive vient confirmer leur identité sexuée. En investissant ces bastions masculins, les athlètes sportives ont suscité et continuent de susciter des interrogations qui prennent toutes pour point de départ leur morphologie ou leurs records, considérés trop masculins. Quand on juge une performance sportive, il semble impossible pour les femmes mais tout à fait possible pour les hommes « d'échapper à une appréciation esthétique », selon la sociologue Catherine Louveau.







C'est pourquoi les fameux tests de féminité, auxquels Caster Semenya doit se soumettre, sont à nouveau d'actualité dans le monde du sport.



Tout d'abord, en quoi consistent plus précisément ces tests ? Le premier, mis en place lors des championnats d'Europe d'athlétisme à Budapest de 1966 et imposé à toutes les concurrentes, est un contrôle gynécologique et morphologique (dynamomètre et spiromètre à la clé) où le sexe apparent (anatomique, visible) mais aussi la force musculaire et la capacité respiratoire, qui doivent rester en deçà des capacités - estimées - masculines, sont pris en compte. Jugé trop humiliant par les sportives, ce contrôle est remplacé en 1968 par le test du corpuscule de Barr. Il s'agit d'un prélèvement de muqueuse buccale, permettant de révéler la présence d'un deuxième chromosome X. La fiabilité de ce test ayant été remise en cause, le test PCR/SRY, cherchant cette fois à établir la présence ou l'absence d'un chromosome Y, est instauré en 1992 par la fédération internationale d'athlétisme.



Ces changements dans les critères du test de féminité (les organes génitaux, la présence d'un deuxième chromosome X puis celle du chromosome Y) montrent les multiples dimensions du sexe biologique et la difficulté à déterminer le « vrai » sexe d'une personne. Cette difficulté se transforme en impossibilité lorsque les personnes se révèlent être intersexes et donc inclassables en tant que mâles ou femelles. Plus encore, nombre de chercheuses féministes (biologistes, sociologues et historiennes des sciences) ont souligné l'impossibilité de déterminer de façon certaine le sexe biologique de tous les individus, qu'ils soient non intersexes comme intersexes. Le sexe génétique (XX ou XY), le sexe gonadal (ovaires et testicules), le sexe apparent mais également le sexe social et psychologique, comme pour le cas des transsexuel·le·s avant un éventuel changement de sexe, doivent être précisés, voire dissociés puisqu'un seul ne suffit pas à définir la catégorie d'appartenance de sexe.



Tout ceci bouleverse la représentation d'une construction binaire entre le sexe masculin et le sexe féminin. Cette question n'est pas propre au monde du sport mais elle y est particulièrement évidente en raison de son histoire et de sa culture. Tout d'abord, la corporalité est omniprésente et la performance corporelle encensée. Concernant les pratiques physiques et sportives, les jugements se fondent sur l'articulation de la « matérialité » du corps et des attributs sociaux : ainsi, le fait d'être « garçon manqué » ou d'être considérée comme masculine a pu freiner l'accession des femmes à de nombreuses disciplines sportives. Par ailleurs, ce critère a contribué et contribue encore à l'exclusion officielle des femmes de certains sports. Par exemple, le décathlon leur est toujours interdit et elles n'ont officiellement accès à la perche que depuis les Jeux olympiques de Sydney en 2000 ou, au 3000 mètres steeple, depuis 2008 lors des Jeux olympiques de Pékin. Enfin, à quelques exceptions près, comme la voile ou l'équitation, le sport reste un domaine où la mixité n'existe pas. Les inégalités présentes dans la société sont ainsi encore plus visibles dans le champ sportif.







De manière plus générale, cette polémique au sujet de Semenya pose la question de l'égalité. Par nature, le sport se définit plus que toute autre pratique sociale, par la règle, le règlement et même par une charte olympique. Or, une des premières règles constitutives du sport est la catégorisation : de poids, d'âge, d'handicaps et...de sexe afin de faire concourir tous les athlètes à « armes égales ».



Le cas d'Oscar Pistorius, athlète sud-africain qui dispose de deux prothèses en carbone spécialement conçues pour la compétition handisport a par exemple posé problème aux instances dirigeants sportives. Ces prothèses ont été considérées comme lui conférant un avantage certain et lui ont, par conséquent, en premier lieu interdit de concourir chez les valides aux Jeux olympiques de Pékin de 2008, pour déboucher finalement sur une autorisation.



Mais la véritable question se pose en réalité en ces termes : comment légiférer sur un critère si subjectif que l'avantage physique ? Le sport est par essence générateur et révélateur d'inégalités : de talents, de capacités physiques, morphologiques etc.







Il en va de même pour l'histoire de Caster Semenya. Quels sont les critères objectifs qui remettent en cause sa victoire et plus encore qu'est-ce qu'une « vraie femme » autorisée à concourir au sein des compétitions féminines internationales?



La définition qui semble la plus évidente est une définition hormonale. Comme le suggère le généticien Axel Kahn, il conviendrait plutôt de détecter le sexe « hormonal » qui commande la masse musculaire : « Ce qui fait la différence entre un homme et une femme, sur le plan de la compétition, c'est une hormone mâle, la testostérone. C'est elle qui conditionne la puissance musculaire et donne l'avantage aux hommes, comme le savent les spécialistes du dopage. C'est elle que devraient rechercher les organisateurs des JO ». Selon le quotidien britannique le Daily Telegraph, les contrôles effectués avant les Mondiaux de Berlin ont révélé que Caster Semenya possédait un taux de testostérone trois fois supérieur à la moyenne d'une athlète dite « normale ». Cependant, des athlètes féminines dites « femmes biologiques » peuvent bénéficier d'avantages hormonaux, par exemple présenter un taux de testostérone plus élevé que la moyenne, ce qui est alors perçu comme un avantage dans certains sports. La définition hormonale, dite de l'avantage physique, ne suffit donc pas à établir la ligne de partage entre les « vraies femmes », autorisées à participer aux compétitions sportives et les autres. La catégorisation musculaire dans le monde du sport est de surcroît complexe car la pratique sportive pose la question de la ressemblance, voire de la confusion entre hommes et femmes. Les morphotypes des sportives mais aussi leurs techniques gestuelles se sont en effet progressivement rapprochés de ceux des sportifs.



Au final, si les tests de féminité ont pour objectif premier de chercher à déterminer le sexe biologique des athlètes, les nombreuses références à la féminité ou au genre des athlètes traduisent explicitement la confusion au sein des instances sportives entre le sexe biologique et le sexe social mais surtout l'inanité du projet à définir une « vraie femme ».







Il est fondamental de rappeler que le pourcentage de personnes intersexes, exclues des compétitions sportives, suite au résultat du test de féminité (Sur 6561 femmes testées, 13 ont été exclues des compétitions de 1972 à 1990, soit 1 femme sur 505 compétitrices) atteste des enjeux de la gestion des identités sexuées, au sein du monde sportif.



Or, lors des Jeux olympiques de Sydney en 2000, le CIO supprime « symboliquement » les tests. Il annonce cette décision comme non définitive et la présente comme une expérience sous réserve de modification. Le CIO décide également qu'un personnel médical sera autorisé à intervenir en cas de doutes sur l'identité sexuée de certaines athlètes, doutes qui ne peuvent dès lors se baser que sur une appréciation esthétique du corps et qui renvoient inévitablement à la question des normes de genre.



Ainsi, en 2006, l'athlète indienne Santhi Soundarajan, médaillée d'argent au 800 mètres lors des Jeux asiatiques, s'est vue retirer sa médaille suite à son échec au test de féminité. Selon ses proches, Santhi Soundarajan, désignée à la naissance de sexe féminin, ne serait jamais devenue pubère et, en raison de la situation financière de ses parents, n'aurait jamais pu voir un médecin. Elle attentera par la suite à ses jours et recevra une somme de 33 500 dollars, versée par le gouvernement indien, pour la dédommager. Cette tentative de suicide présente d'étranges résonances avec le cas de nombreuses athlètes ayant échoué au test, au cours de l'histoire.



Les raisons pour lesquelles Santhi Soundarajan a été confrontée au test sont confuses. Deux versions sont connues : une première, selon laquelle elle aurait été soumise au test suite à des soupçons émis par ses principales concurrentes. La seconde, une version plus officielle, explique que, lors des tests de dopage où l'athlète doit uriner dans un flacon, un officiel aurait aperçu ses organes génitaux et aurait émis des doutes quant à son appartenance au sexe féminin.



Ce nouveau cas d'intersexualité dans le monde sportif va alors permettre aux instances dirigeantes de réitérer leur volonté de maintenir le droit d'imposer un test de féminité si des soupçons sont émis quant au sexe de l'athlète. Patrick Schamach, directeur de la Commission médicale du CIO explique « On se garde la possibilité de faire des contrôles en cas de suspicion. Ce cas montre qu'il y a encore des problèmes et que nous devons rester vigilants ».



Cependant, quels peuvent être les fondements des soupçons émis, comment sont-ils légitimés ? Le doute visuel suffit-il à imposer ce contrôle, comme l'illustre le cas traumatisant de Caster Semenya ? Elle est, selon l'IAAF, la huitième athlète désignée « de genre suspect » depuis 2005. Quatre d'entre elles ont dû mettre fin à leur carrière tandis que les autres ont été réhabilitées. Il est très difficile de connaître aujourd'hui les examens et, de ce fait, les critères désignés pour exclure ou autoriser ces athlètes à concourir.



Selon le quotidien australien « Sydney Morning Herald », les examens sanguins, chromosomiques et gynécologiques démontreraient que Caster Semenya présenterait des organes sexuels à la fois masculins et féminins. D'après les rapports médicaux cités par ce journal, elle disposerait de testicules intra-abdominaux qui produisent d'importantes quantités de testostérone. Doit-elle être pour autant disqualifiée ? Doit-on disqualifier les athlètes exceptionnelles, parce qu'elles ne se conforment pas à la moyenne, à la norme ?







En définitive, il paraît fondamental de se demander avant toute chose comment cette jeune fille de 18 ans va pouvoir poursuivre sa carrière, vivre de sa passion, après avoir vu son intimité exposée au monde entier, après avoir été taxée de tricheuse du fait d'une différenciation dont elle n'est en rien responsable - par opposition au dopage - et après avoir essuyé tant de remarques humiliantes et traumatisantes. Pourquoi lui refuser de concourir dans la catégorie qui correspond à ce qu'elle pense être au plus profond d'elle-même ? Enfin, pourquoi évoquer le dopage quand l'exploit est masculin et mettre en doute l'identité sexuée de l'athlète quand l'exploit est féminin ?











*Anaïs Bohuon est docteure en histoire du sport et enseigne à l'UFR STAPS de Reims. Ses travaux portent sur l'analyse des conditions socio-historiques de construction des discours médicaux au sujet du sport féminin et sur la production des normes corporelles sportives féminines. Elle a notamment publié « Sports et bicatégorisation par sexe : test de féminité et ambiguïtés du discours médical » dans la revue Nouvelles Questions Féministes en 2008.