Inégalités salariales hommes-femmes : Nadine Morano favorable à des "mesures contraignantes" d'ANNE CHEMIN
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/09/23/inegalites-salariales-hommes-femmes-nadine-morano-favorable-a-des-mesures-contraignantes_1244062_3224.html
LE MONDE | 23.09.09 | 14h53 • Mis à jour le 23.09.09 | 14h53
Elle a convié à déjeuner toutes les anciennes secrétaires d'Etat ou ministres des droits des femmes de ces trente dernières années, d'Yvette Roudy à Simone Veil, en passant par Michèle André, Anne-Marie-Couderc ou Nicole Ameline. "Je veux montrer qu'au-delà des clivages politiques, nous sommes unies pour faire bouger les lignes, explique Nadine Morano, la secrétaire d'Etat en charge des droits des femmes. Au fil des ans, les choses ont avancé, bien sûr, mais il faut maintenant aller plus loin."
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Ce repas, mercredi 23 septembre, permettra de faire une photo de famille inédite mais aussi de tirer le bilan des trois dernières décennies, qui ont vu les femmes accéder à la maîtrise de la procréation, au monde du travail et aux responsabilités politiques. Nadine Morano devrait en profiter pour parler des trois chantiers qui l'occuperont pendant les mois qui viennent : la lutte contre les inégalités salariales, la réforme du congé parental et le combat contre les violences faites aux femmes.
Dans un rapport rendu en juillet, Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales, constatait que malgré la loi Roudy de 1983, la loi Génisson de 2001 et la loi Ameline de 2006, les salaires des femmes restaient inférieurs de 27 % à ceux des hommes, de 16 % si l'on se réfère au salaire horaire. Pour s'engager plus vite sur le chemin de l'égalité, Brigitte Grésy proposait donc d'imposer des pénalités financières aux entreprises récalcitrantes.
"Mesures contraignantes"
Cette voie ne déplaît pas à Nadine Morano. "On ne peut plus se contenter de bonnes intentions, il faut désormais avoir recours à des mesures contraignantes, explique-t-elle. Quel député ou quel chef d'entreprise accepterait, à travail égal, d'être moins bien payé que ses collègues ?" Toujours au chapitre de la contrainte, la secrétaire d'Etat plaide pour l'instauration de quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises du secteur public et du CAC 40. "Sans mesures coercitives, on n'y arrivera pas", prédit-elle.
Nadine Morano souhaite également réformer le congé parental afin d'éviter que les femmes ne s'éloignent trop longtemps du marché du travail, notamment dans les milieux défavorisés. "Beaucoup de mères s'arrêtent non par choix, mais parce qu'elles n'ont pas trouvé de mode de garde", souligne-t-elle. Mme Morano, qui souhaite créer 200 000 places d'ici à 2012, plaide donc pour un congé plus court, mieux rémunéré et mieux partagé avec le père.
Installé en juin, le Haut Conseil à la famille devrait rendre un avis sur cette réforme d'ici la fin de l'année, mais Nadine Morano se dit d'ores et déjà séduite par les modèles suédois ou allemand. Pour inciter les hommes à s'investir dans l'éducation de leurs enfants, les congés parentaux comprennent, dans ces pays, plusieurs mois réservés au père qui sont perdus pour la famille s'il ne les prend pas. "Il faut aller vers un meilleur partage des charges familiales, insiste-t-elle. En France, sur les 590 000 congés parentaux, 1,8 % seulement sont pris par les pères... Pourquoi ne pas prévoir un bonus en temps ou en argent lorsque les hommes décident de s'impliquer ?"
Enfin, Nadine Morano souhaiterait intensifier la lutte contre les violences faites aux femmes en autorisant les magistrats à utiliser le bracelet électronique. "Il permettrait d'empêcher les hommes violents qui ont quitté le domicile conjugal d'approcher de la victime et du périmètre où elle se déplace, souligne-t-elle. Cette solution a été expérimentée en Espagne et elle a permis de faire baisser la mortalité des femmes." Contrairement aux idées reçues, la France n'est pas épargnée par ces violences : en moyenne, une femme meurt tous les trois jours en moyenne sous les coups de son compagnon.
Anne Chemin
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