vendredi 16 juillet 2010

Où sont les femmes ?

Où sont les femmes ?
LEMONDE | 19.06.10 | 14h35 • Mis à jour le 19.06.10 | 19h54


Yves Simon (Chronique)

Selon l'Indien Amartya Sen, Prix Nobel d'économie, manquent aujourd'hui à l'appel cent millions de femmes de par le monde ! Vous avez bien lu : cent millions de femmes manquantes parmi nous. Où sont-elles ? Disparues, mutilées, droguées à la méthamphétamine, mortes de malnutrition et de manque de soins avant d'avoir atteint l'âge d'un an, ou encore, adolescentes se résignant à mourir de mélancolie ou du sida plutôt que de survivre dans les bordels de la Chine et de l'Inde.
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Cent millions, c'est plus d'une fois et demie la population française : des mères, des soeurs, des jeunes filles que nous ne tiendrons jamais dans nos bras afin qu'elles connaissent les mots de l'amour, du réconfort, de l'empathie. Cent millions de bouches et de lèvres qui n'effleureront ni nos joues ni nos fronts, qui n'embrasseront jamais les êtres qu'elles auraient pu aimer, ne chuchoteront à personne les mots de leur souffrance, de leurs rêves, de leurs idéaux : des bouches et des lèvres murées avant d'avoir appris à parler et qui garderont à jamais le silence des damnées.

Un proverbe indien dit : "Elever une fille, c'est comme arroser le jardin de son voisin." Autrement dit, c'est une perte de temps et d'argent que de nourrir une fillette dans une famille déjà percluse de pauvreté. "Je ne veux pas avoir de fille pour qu'elle vive les mêmes souffrances que moi", dit Indira, une Indienne de 25 ans d'une caste supérieure. "Trop de douleur tue, trop de violence au quotidien qui encourage les femmes à s'éliminer elles-mêmes", écrit Manon Loizeau, prix Albert Londres, dans sa préface d'un livre devenu en quelques mois un best-seller mondial La Moitié du ciel (Les Arènes, 200 p., 22 euros). Cruauté du réel comme du ciel, le titre reprend une vieille sentence poétique chinoise : "La femme est l'autre moitié du ciel", alors que c'est dans ce pays justement, et chez ses voisins de l'Asie orientale, que cette moitié céleste disparaît le plus sur la liste des états civils du monde !

Ce sont deux journalistes du New York Times, Nicholas Kristof et son épouse chinoise, Sheryl WuDunn, qui viennent de publier ce livre après dix ans d'enquête. Il faut l'avoir lu pour connaître l'ampleur d'une disparition cosmique se passant au vu et au su de l'ONU et de la planète médiatique comme si là était un trou noir de l'espace qu'aucune lumière ne peut pénétrer. Pourtant, lorsqu'un seul dissident chinois est arrêté à Shanghaï ou à Pékin, nous nous mobilisons, pétitionnons, à juste raison, au nom des droits de l'homme et de la liberté d'expression afin de le faire libérer. "Quand ce sont cent mille filles qui sont kidnappées et victimes des réseaux de prostitution, cela n'est même pas considéré comme une information", répliquent les auteurs.

Depuis l'arrivée de l'échographie, des millions de femmes en Asie avortent lorsqu'elles savent qu'elles vont mettre au monde un enfant de sexe féminin. Eliminées par le seul fait chromosomique qu'elles possèdent un double X infamant, des millions de futures femmes ne verront pas le jour. Peut-on appeler cela un gynécide ?

Ce n'est pas un hasard si c'est Amartya Sen qui a lancé ce cri et ce chiffre alarmants de cent millions d'absentes. Dans ses livres et ses discours, il n'emploie que le féminin lorsqu'il parle d'une personne, qu'elle soit un homme ou une femme. Cet Indien bengali cherche à savoir comment procéder pour éliminer les "injustices réparables". Ce n'est toujours pas un hasard si ce sont des femmes qui, en Inde et en Chine, cherchent à mettre fin à ces "injustices réparables", elles se sont mises à rechercher les disparues, à convaincre les mères, les familles, les municipalités, les Etats, que l'avenir de notre planète passait par les femmes. Bref, que celles-ci ne sont pas des parasites sociaux. "Eduquer un homme, c'est éduquer un individu. Eduquer une femme, c'est éduquer une famille", prophétisait Gandhi.

Mais les misères, intellectuelle et sociale, ne sont pas les seules causes de ces disparitions de masse, la religion qui discrimine les femmes depuis quatorze siècles dans le monde musulman cloue au pilori, lapide, brûle, chaque jour, des centaines de jeunes femmes. Dans le seul Pakistan, durant ces dix dernières années, dans les villes jumelles d'Islamabad et de Rawalpindi, ce sont cinq mille femmes et filles jugées coupables de désobéissance qui ont été aspergées de kérosène, d'acide, puis immolées par les membres de leur famille ou de leur belle-famille ! Benazir Bhutto y fut assassinée, Taslima Nasreen (Bangladesh) et Shirin Ebadi (Iran), Prix Nobel de la paix, vivent en exil. "La majorité des occupants de l'enfer seront des femmes, qui jurent trop et sont ingrates envers leurs époux", a éructé Muhammad Imran, cité en exergue du livre de Manon Loizeau.

Elle est longue la liste des exactions commises envers l'autre moitié du ciel : esclavage moderne en Asie, au Moyen-Orient comme en Occident, femmes battues (une morte chaque deux jours en France), discrimination à l'embauche, absence coupable dans la plupart des parlements européens, des postes de décision économique... Un autre fléau les frappe, le sida devenu première cause de mortalité des femmes dans une majorité des pays d'Afrique, Même si elles occupent nombre de places visibles sur nos écrans télé, en Occident, les femmes ne meurent pas en premier lieu d'être femmes, elles souffrent, dans des mondes moins lumineux, de n'être que des ombres, des doublures, des êtres de second rang. "La femme est l'avenir de l'homme", a chanté Aragon. Seule une longue marche de l'humanité pourra parvenir, un jour peut-être, à faire coïncider Réel et Poésie.

Romancier et auteur-compositeur. A reçu le prix Médicis pour "La Dérive des sentiments" et le Grand Prix Chanson de l'Académie française pour son oeuvre discographique. Dernier roman : "Je voudrais tant revenir" (Seuil, 2007). Dernier CD : "Rumeurs" (Barclay/Universal, 2007)
Yves Simon (Chronique)

Vie de meuf, le blog contre le machisme au boulot

Vie de meuf, le blog contre le machisme au boulot

Par Nathalie Ratel, publié le 15/07/2010 à 19:08



Le collectif Osez le féminisme a inauguré lundi le blog "Vie de meuf", pour toutes les femmes victimes du sexisme sur leur lieu de travail.

Vie de meuf, le blog contre le machisme au boulot

Flickr/caseywest

"T'as tes ragnagnas ou quoi?" Ce type de réflexions machistes, Flo, elle connaît. Sur le blog Vie de meuf, lancé lundi par le collectif Osez le féminisme à la veille du 27e anniversaire de la première loi sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, elle confie avoir régulièrement droit à ce type de remarques de la part de ses collègues masculins, dès lors qu'elle ne saisit pas un point technique au cours d'une réunion. Son cas n'est pas isolé, comme en témoignent les 200 commentaires laissés sur Vie de meuf où, comme sur le site Vie de merde, les internautes sont invités à raconter leurs soucis quotidiens.

Quel que soit le secteur d'activité, certaines femmes sont encore recalées à leurs entretiens d'embauche au motif qu'elles auront des enfants un jour. Marie B. s'est ainsi vu refuser un poste parce qu'elle envisageait de devenir maman dans les cinq années à venir: "Avoir des enfants avant 35 ans est un signe de manque d'ambition flagrant", lui a t-on répondu. "C'est une femme qui m'a dit ça!" écrit-elle, atterrée.

Pour les femmes déjà en poste, le congé maternité peut aussi servir de prétexte pour freiner l'évolution de carrière. "Nous avons des points de compétence tous les 3 ans (et une augmentation de 49 euros bruts). Je pars pour mon congé maternité à 2 ans et 11 mois d'ancienneté. De retour, on m'annonce que du fait de mon arrêt, j'ai perdu des compétences et que le compteur reprend à zéro..." se désespère Lolo.

"T'es pas sérieuse, c'est un boulot de mec"

Lorsqu'il s'agit de gérer des équipes ou d'endosser un peu plus de responsabilités, de nombreuses femmes se heurtent encore au postulat selon lequel elles n'auraient pas assez de poigne. "Le lobbying? T'es pas sérieuse, c'est un boulot de mec. Influencer, prendre des positions politiques fortes: il y a trop de responsabilités pour une femme", a entendu Charlotte, après avoir décroché un emploi au sein d'une grande compagnie aérienne.

Employée par une société de services en ingénierie informatique, C. a elle aussi crû à une hallucination quand son collègue lui a demandé ce qu'elle avait fait au chef pour qu'il lui confie la gestion d'un projet important. "Ce n'est pas possible qu'une fille fasse du bon boulot dans l'informatique?" s'indigne-t-elle.

Les internautes de Vie de meuf se plaignent également de leurs associés ou managers qui, comme c'est le cas pour Eve, leur adressent la parole les yeux rivés sur leur poitrine. D'autres, comme Nadia, s'exaspèrent de se voir qualifier de "secrétaire" quand leurs homologues masculins, qui exercent pourtant les mêmes fonctions, sont appelés "collaborateurs". Un sexisme tellement prégnant qu'il affecte même certains hommes: "Aujourd'hui, je cherche un boulot de cuisinier/plongeur, le patron refuse de me donner le poste parce que 'les femmes savent mieux faire ces choses là'", soupire Armand.

mercredi 14 juillet 2010

L'Argentine pourrait autoriser le mariage homosexuel

L'Argentine pourrait autoriser le mariage homosexuel
LEMONDE.FR avec AFP | 14.07.10 | 21h07

Deux Argentins ont été les premiers homosexuels à se marier en Amérique latine le 28 décembre en Terre de Feu (sud), avant d'être imités par six autres couples gays ou lesbiens.
REUTERS/MARCOS BRINDICCI
Deux Argentins ont été les premiers homosexuels à se marier en Amérique latine le 28 décembre en Terre de Feu (sud), avant d'être imités par six autres couples gays ou lesbiens.

Le Sénat argentin a commencé à débattre mercredi 14 juillet d'un projet, déjà accepté par les députés, qui pourrait faire de ce pays très majoritairement catholique le premier en Amérique latine à autoriser le mariage homosexuel.

La session a commencé en début d'après-midi, avec 37 sénateurs sur 72 (tout juste le quorum requis), et risque de s'éterniser. La Chambre haute est très divisée et l'issue du scrutin est indécise.
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"Je crois que nous pouvons faire passer la loi, j'espère que le Sénat va s'engager en faveur des minorités, mais nous verrons le résultat final", a déclaré avant les débats le sénateur Miguel Angel Pichetto, président du groupe favorable au gouvernement, minoritaire au Sénat.

UNE SOCIÉTÉ TRÈS PARTAGÉE

La société est également très partagée sur le sujet, comme l'illustrent des sondages contradictoires. Pour l'institut Isonomia, 46,2 % des personnes interrogées sont contre le mariage homosexuel et 39,8 % en sa faveur. En revanche, selon un sondage Analogias, réalisé pour sa part seulement dans les grandes villes, 68,5 % des personnes interrogées sont pour le projet et 29,6 % contre.

L'Eglise catholique, dont se réclament 91 % des Argentins, a lancé une offensive contre le mariage homosexuel, avec en point d'orgue une manifestation qui a réuni des dizaines de milliers de personnes mardi soir face au Congrès.

"L'Union entre un homme et une femme est la voie naturelle pour la procréation : l'adoption d'une telle loi marquerait un grave revers", a une nouvelle fois plaidé l'archévêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio, dans un message lu à la tribune.

UN RETOUR "À L'INQUISITION"

La présidente de centre gauche Cristina Kirchner, dont le gouvernement soutient le projet, a critiqué lundi les arguments de l'Eglise, qui renvoient selon elle "à l'Inquisition".

Deux Argentins ont été les premiers homosexuels à se marier en Amérique latine le 28 décembre en Terre de Feu (sud), avant d'être imités par six autres couples gays ou lesbiens.

Une bataille juridique s'en est suivie. Des juges ont tenté d'annuler ces actes au motif que l'article 172 du code civil ne prévoit pas le mariage entre personnes du même sexe. Mais les mariés ont fait à chaque fois appel et se disent sûrs de l'emporter, s'il le faut, devant la Cour suprême.

Premiers mariages homosexuels féminins en Amérique latine

Premiers mariages homosexuels féminins en Amérique latine
LEMONDE.FR avec AFP | 11.03.10 | 20h00 • Mis à jour le 11.03.10 | 21h00

Lol Kin Castaneda et Judith Vazquez sont devenues, jeudi 11 mars, à Mexico les deux premières femmes à se marier en Amérique latine, grâce à la légalisation du mariage homosexuel approuvée en décembre dans la capitale mexicaine. Les deux pionnières ont été suivies par un autre couple féminin et deux masculins, dans une cérémonie collective retransmise à la télévision.
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La ville de Mexico, administrée par la gauche – minoritaire au niveau national –, avait légalisé le mariage homosexuel le 21 décembre, une "première" en Amérique latine. Deux mariages entre hommes ont déjà été célébrés en Argentine, mais en vertu d'une décision de justice et non pas de la loi, qui précise que le mariage est contracté "entre un homme et une femme".

La même formulation existait dans la loi de la capitale mexicaine, une des composantes de la fédération du pays avec trente et un Etats, mais le texte a été modifié par le vote du 21 décembre pour préciser que le mariage est désormais l'union de "deux personnes". La décision de la ville de Mexico a immédiatement été attaquée en justice par le parquet fédéral et plusieurs Etats du pays administrés par le Parti conservateur du président Felipe Calderon. La Cour suprême a rejeté plusieurs de ces recours.

"DES DROITS HISTORIQUEMENTS NIÉS"

Lol Kin et Judith ont demandé à pouvoir se marier le 4 mars, le jour même de l'entrée en vigueur de la loi. Quelques heures après, le registre de l'état-civil leur a annoncé qu'elles allaient devenir le premier couple homosexuel à se marier au Mexique, devant le maire de gauche de la capitale, la seule ville autorisant le mariage gay dans le pays et dans la région. "C'est un engagement énorme. Je suis moins préoccupée par la réception que par la préparation d'un bon discours. Mon engagement implique que je ne parle pas de moi-même mais d'une réalité, il s'agit de dire dans des termes politiques que des droits ont été historiquement niés", expliquait Lol Kin, 33 ans, avant de passer devant le maire.

Selon les deux femmes, la loi existe grâce aux gouvernements progressistes qui se sont succédé à Mexico, où ces treize dernières années la dépénalisation de l'avortement, le divorce simplifié ou des droits pour les couples du même sexe ont été approuvés. Les deux premières femmes à pouvoir se marier en Amérique latine ont reconnu qu'elles ne s'étaient jamais imaginé un tel dénouement avant le vote de la loi en décembre. C'est là qu'elles ont décidé de franchir le pas. "Le mariage ne transforme pas notre relation, ni ne change notre amour, et ne consolide rien. Il donne uniquement des droits qui nous étaient refusés et qu'il est important pour nous de garantir", affirme Lol Kin.

Egalité professionnelle : un demi pas en avant, vingt-sept ans en arrière

Point de vue
Egalité professionnelle : un demi pas en avant, vingt-sept ans en arrière
LEMONDE.FR | 14.07.10 | 10h57


Caroline De Haas, réseau "Osez le féminisme !"

Il y a vingt-sept ans, le 13 juillet 1983, Yvette Roudy faisait adopter à l'Assemblée nationale la première loi sur l'égalité professionnelle. Après les avancées nombreuses de 1965 (autorisation de travailler sans l'accord de son mari, possibilité d'ouvrir un compte en banque à son nom…), cette loi visait à corriger les inégalités encore profondément ancrées dans le monde du travail.

Près d'un quart de siècle plus tard, les choses ont-elle réellement changé ? La réalité est assez cruelle : nous n'en sommes pas beaucoup plus loin qu'au début des années 1980. Les chiffres publiés chaque année par le Service Droits des Femmes du gouvernement nous le rappellent : les femmes touchent des salaires inférieurs de 27 % à ceux des hommes et représentent 82 % des salariés à temps partiel. La moitié des emplois féminins se concentre dans 14 % des catégories professionnelles. Près de trois femmes sur dix attendent 65 ans pour liquider leur retraite, faute de n'avoir pu rassembler les trimestres nécessaires, contre un homme sur vingt. Les femmes n'occupent, en 2007, qu'un peu plus d'un quart des postes d'encadrement des entreprises du secteur privé et semi-public alors qu'elles sont majoritaires à l'université.

L'année 2010 n'est pas anodine pour l'égalité professionnelle. C'est la date donnée en 2006, lors du vote de la dernière loi pour l'égalité pour évaluer ses effets et éventuellement sanctionner les entreprises. Ces dernières ont jusqu'au 31 décembre pour se mettre en conformité avec la loi, c'est-à-dire ouvrir des discussions en leur sein sur l'égalité professionnelle. Aujourd'hui, quatre ans après la loi et six mois avant la date butoir, seules 8 % des entreprises ont signé un accord avec les partenaires sociaux. Il y a donc de quoi s'inquiéter.

TOUJOURS LA MÊME RÉALITÉ

Que risquent les entreprises qui ne respectent pas la loi ? En 2006, les parlementaires avaient prévu dans ce cas qu'un nouveau projet de loi pourrait instaurer une taxe sur les salaires pour les sanctionner. Le gouvernement, pour faire d'une pierre deux coups, a directement intégré cette question au projet de réforme des retraites qui sera discuté à la rentrée à l'Assemblée nationale.

L'article 13 de la réforme des retraites concerne en effet l'égalité professionnelle. Les sanctions qu'il prévoit sont en réalité largement en deçà de celles prévues en 2006. Elles seront appliquées uniquement aux entreprises de plus de 300 salariés – moins de 36 % des emplois – et porteront non pas sur l'absence de négociations mais sur l'absence de publications de chiffres sur l'égalité (le RSC, rapport de situation comparée). Pour échapper aux sanctions, il suffira aux entreprises de commander un rapport sur l'égalité professionnelle. Que celui-ci donne lieu ensuite à des changements, peu importe…

L'égalité professionnelle semble depuis vingt-sept ans une marotte sur laquelle tout le monde s'accorde mais pour laquelle personne ne fait rien. Des lois, des déclarations, des promesses et au final, toujours la même réalité. Lorsqu'on naît femme, on est destinée à être moins payée qu'un homme.

A une réforme des retraites qui, en reculant l'âge légal de départ à taux plein, va toucher en premier lieu les femmes, le gouvernement ajoute donc un recul net en matière d'égalité professionnelle. Le 13 juillet, nous pourrons souhaiter à toutes les femmes un "triste anniversaire". Vingt-sept ans après, les batailles sont manifestement toujours d'actualité.

Le réseau Osez le féminisme ! a construit un site d'information sur ce sujet : Vie de meuf.
Caroline De Haas, réseau "Osez le féminisme !"

mardi 13 juillet 2010

Vie de meuf, vie de merde ?

Vie de meuf, vie de merde ?
27 commentaires
Créé le 13.07.10 à 12h10 -- Mis à jour le 13.07.10 à 13h50
Des membres du Rassemblement du Collectif féministe "La Barbe" manifestent le 16 avril 2009 au Carrousel du Louvre à Paris

Des membres du Rassemblement du Collectif féministe "La Barbe" manifestent le 16 avril 2009 au Carrousel du Louvre à Paris G.CLEMENT/AFP
WEB - Un site recense les expériences d'inégalités professionnelles entre hommes et femmes sur le modèle du site vie de merde...

«Je suis responsable d'une association de soins, j'étais enceinte depuis 5 mois lorsque notre audit qualité a eu lieu, mon Directeur Général m'a alors demandé de faire en sorte qu'on ne voit pas mon ventre...» Un témoignage laissé par Flo C. sur le blog «vie de meuf» lancé lundi.

27 ans après le premier vote de la loi sur l'égalité professionnelle (dite Loi Roudy), ce blog créé par le réseau féministe Osez le féminisme, propose aux femmes de raconter des situations d'inégalités hommes femmes dans le milieu professionnel.

Ouvert lundi à 18h, le site inspiré du célèbre «vie de merde» a déjà reçu une cinquantaine de témoignages publiés au rythme de 2-3 par heure. «L'objectif c’est de montrer que les femmes, cadres ou précaires, doivent toujours faire face à des inégalités dans le milieu professionnel et que ce problème est massif» explique Caroline De Haas, présidente et co-fondatrice du réseau Osez le féminisme.

Toujours pas de loi

«Tristement drôle» constate le journaliste Alexandre Piquard sur twitter, derrière l’idée de ce site, trouvée à l’issue d’une réunion précise Caroline De Haas, il s’agit aussi de montrer que l’égalité professionnelle n’avance pas et que la loi promise par Xavier Bertrand, alors ministre du travail, en 2007 qui devait stipuler que les entreprises ne publiant pas un rapport dit de «situation comparée» sur l’égalité professionnelle seraient sanctionnées, n’a toujours pas été discutée.

«Absentéisme pour congé maternité, mauvais caractère, un homme nous a envoyé son témoignage lors d’un entretien d'embauche où l'employeur lui expliquait qu’il préférait l’embaucher lui plutôt qu'une femme» continue Caroline De Haas. Elle ne sait pas encore si l'engouement qui a pris rapidement sur internet et en particulier sur twitter, débouchera sur une discussion avec les décideurs concernés.

Et vous, hommes ou femmes, êtes-vous confrontés à des discriminations sur votre lieu de travail ? Racontez nous votre « vie de meuf » dans les commentaires...

Mélissa Bounoua

La chevalière du ciel

La chevalière du ciel

PORTRAIT. Virginie Guyot. Leader de la Patrouille de France qui survolera Paris demain, cette pilote est la première femme à occuper ce poste.

Dans le ciel, demain, elle passera en trombe au-dessus des Champs-Elysées. Seule dans son Alphajet, à 600 km par heure, c’est elle qui sera le chef d’orchestre. Derrière, ses équipiers, évoluant à deux ou trois mètres les uns des autres, obéiront sans moufter. Cette année, Virginie Guyot est le leader de la très select Patrouille de France, vitrine de l’armée de l’air française. Première femme à commander cette unité d’élite, elle était la candidate parfaite. Peut-être même un peu trop.
Elle est pilote de chasse. Femme et pilote de chasse. Ce qui lui vaut d’appartenir à la confrérie des «FAF (French Air Force) Angels», référence vintage aux Drôles de dames. Avec la devise : «Pas de panique, les femmes sont aux commandes», brodée dans un coin de l’uniforme. Aujourd’hui, elles sont onze à avoir leur macaron de chasseur, dans une profession réservée aux hommes jusqu’en 1999.
Le commandant Guyot a fait sauter un verrou de plus, en rejoignant en 2008 la Patrouille de France, réservée à la crème des pilotes expérimentés. Jolie blondinette pas très grande, fine, un peu de mascara. La trentaine. Elle surprend par sa douceur et son apparente simplicité, qui tranche du tout au tout avec la galère sans nom pour la rencontrer. «Une heure avec elle ? Mais c’est énooorme, je vois mal comment elle va pouvoir se libérer», nous prévient-on d’emblée. Va pour un créneau dans le TGV Aix-Paris, «mais attention, pas plus d’une heure. Ensuite, elle doit parler à son mari». Ambiance.
La voilà donc dans la très glamour voiture-bar, à décapsuler sa «munition» du moment, un Coca zéro. En équilibre sur un tabouret, elle déroule par le menu son cursus à rallonge, sa vie millimétrée depuis l’âge de 12 ans. Son baptême de l’air d’abord, peut-être la seule fois où elle a éprouvé le pur plaisir de voler. «Ensuite, c’est différent. Beaucoup de travail et de pression. Les gens ne se rendent pas forcément compte, mais dans l’avion, c’est la guerre. On perd deux litres d’eau à chaque vol, c’est superphysique. Faut être au taquet.» Comme dans une brochure de recrutement, elle insiste sur «le goût de l’effort, ce plaisir d’aller au bout de soi-même».
Elle a appris ça petite. Le père est officier dans l’armée de terre, la mère infirmière puis au foyer. Elle passe ses vacances en famille sur les plages du Débarquement en Normandie, dans les tranchées à Verdun. Ou sur le tracé de la ligne Maginot. En bonne fille de militaire, elle fait ses classes de prépa maths sup-maths spé à la Flèche, lycée sarthois fréquenté par les enfants du sérail. Intègre la prestigieuse Ecole de l’air, à Salon-de-Provence. Elle se défonce, méthodique, atterrit dans un avion de combat, le Mirage F1. Monoplace, évidemment. «C’était important pour moi de ne pas être dans un biplace. Je voulais être seule dans mon avion, pouvoir tout contrôler.»
A l’école de chasse de Cazaux, en Gironde, elle apprend à se servir de l’avion comme d’une arme. Connaît sur le bout des doigts les règles d’usage du tir de roquette, de la bombe et du canon. Re-brochure : «Bien sûr, faut l’esprit un peu agressif, aimer dépasser ses limites. Et puis, avoir la vocation militaire aussi. Ce souci de servir le pays, c’est indispensable.» Basée à Reims, elle fait sa première mission de reconnaissance tactique au Tchad. Opération Epervier. «Les renseignements étaient destinés aux ONG. On devait évaluer la situation des camps de réfugiés venant du Darfour.» En 2005, elle part au Tadjikistan, puis en Afghanistan. Elle y revient deux ans plus tard dans la région de Kandahar, au sud du pays. A-t-elle déjà ouvert le feu ? Réponse du parfait soldat : «On est des pilotes mais aussi des militaires. On peut être amenés à intervenir pour aider des soldats au sol en difficulté. Sur le terrain, notre plus grosse inquiétude, c’est de respecter à la lettre les règles pour éviter les dommages collatéraux. On est hyper à cheval là-dessus.» A-t-elle déjà eu peur d’y rester ? «Non, tant qu’on n’est pas touché, pas de souci», répond-t-elle du tac au tac. Elle gère.
A la maison aussi, tout est sous contrôle. Elle annonce la couleur : un mari en or, gendarme à défaut de pouvoir être pilote, 200 hommes sous ses ordres, «au taquet» comme elle. Un gamin de 3 ans, Timothée. Et une organisation au carré, établie en «amont pour partir au travail sans press (pression, s’entend)». D’où cette réunion de crise «au sommet» avant de postuler à la Patrouille. «J’ai fait le point avec ma famille, suffisait juste de s’organiser, c’est pas plus compliqué que ça.» Jeune fille au pair à plein temps, parents et beaux-parents fiers et dévoués dans les parages, elle délègue sans complexe. «Le seul truc pénible, c’est pour agrandir la famille. J’ai déja 33 ans. Pour le premier, j’ai dû m’arrêter de voler pendant un an. Si je pouvais, je ferais tout en même temps.»
Pilote, femme, mère… En France, on appelle ça «une femme en or», et ça vaut même une remise de trophée à Paris, avec champagne et photographes. Elle s’en serait passé. On hésite à évoquer le sujet, imaginant déjà la réponse. Et ça ne loupe pas. Le soldat Guyot en a par-dessus la tête des compliments du type : «Bravo, une femme à ce niveau, quel exploit.» A ces journalistes qui lui courent après depuis un an, elle répond inlassablement, avec la sérénité qui la caractérise : «Je n’ai pas plus de mérite qu’un homme. On fait le même métier, on a passé les mêmes épreuves.» Et diriger huit hommes, ça se passe comment ? «Ce n’est pas une femme qui commande des hommes mais une pilote qui s’adresse à d’autres.» Entendu. Le capitaine Antoine Monhée, qui l’a eue comme stagiaire avant de passer sous ses ordres, y va d’un : «On a une telle pression dans le métier qu’on oublie ce genre de détail» (comprendre : qu’elle soit une femme).
Elle refuse d’être cataloguée comme féministe et se dit contre la discrimination positive. Virginie Guyot fait partie de cette génération de femmes qui n’ont pas imaginé l’espace d’un instant que certaines portes puissent leur rester fermées. Peut-être aussi parce qu’elle est militaire et qu’en la matière, les compétences priment sur le reste. Avant elle, des démineuses ont défriché la piste, avec en tête Caroline Aigle, la première pilote de chasse, décédée brutalement en 2007.
Parcours du parfait pilote, sans faux pas. Rien ne dépasse. Virginie Guyot est l’atout modernité de l’armée de l’air. Elle va poursuivre sa montée des marches, peut-être même atteindre les sommets avec les étoiles de général. Mais chaque chose en son temps. Dans l’armée, on n’aime pas brûler les étapes. Il y a un (des) ordre(s) à respecter et la pilote Guyot, disciplinée, a intégré la logique. «J’ai appris à gravir les étapes l’une après l’autre. Sans penser à la suivante, ni se projeter dans l’avenir. Tout peut s’arrêter du jour au lendemain.»
 
Virginie Guyot en 5 dates
30 décembre 1976: Naissance à Angers.
1997: Entrée dans l’armée de l’air.
2001: Brevet de pilote de chasse.
2008: Intègre la Patrouille de France.
14 juillet 2010: Dirige la Patrouille de France pour la parade sur les Champs-Elysées.
 
Photo Aimée Thirion
 


Par MARIE PIQUEMAL

dimanche 11 juillet 2010

Pas de quartier pour la violence faite aux femmes

Société - le 11 Juillet 2010
L'humanité.fr

Pas de quartier pour la violence faite aux femmes

En France, une femme sur dix est victime de violence conjugale. Une d’entre elles décède tous les quatre jours sous les coups et la barbarie. De façon générale la société française ne parvient pas à préserver le genre féminin d’une menace qui sait rester silencieuse et discrète. Dans ce contexte la Bourse du Travail de Saint Denis accueille l’université d‘été des Alternatifs du 9 au 12 juillet ; le mouvement politique proposait ce dimanche matin une conférence intitulée : « Y a-t-il une oppression spécifique des femmes dans les quartiers populaires » ?

A l’origine de cette conférence-débat, la commission féministe des Alternatifs souhaitait favoriser l’échange entre les participants tout en incluant des témoignages de femmes mais aussi d’hommes. L’assemblée était notamment composée de Florence Ciaravola, tête de liste de la région PACA aux régionales 2010, et de Pierre Tévanian co-auteur du livre « Les filles voilées parlent ».

Violences physique ou morale, sexisme, machisme, insultes, mariages forcés ou encore excision, la condition féminine reste vulnérable et souvent négligée par les plus hautes instances. Et tout de suite tous les intervenants de la conférence s’entendent sur la spécificité du traitement des femmes dans les quartiers populaires. Malheureusement, aujourd’hui, le terme de « spécificité » tend à être traduit, compris comme « quelque chose de pire ». La perception répandue et caricaturale de quartiers violents et dangereux construit dans l’imaginaire de la société la représentation d’une femme soumise et asservie dans la cité. Le comité insiste sur le fait que la violence sur les femmes concerne toutes les catégories sociales et que la stigmatisation des ces quartiers doit être combattue. Notons qu’il existe en France un mouvement féministe qui trouve peu d’écho dans les médias. La philosophe Elsa Dorlin et la chercheuse au CNRS sur les questions du genre, Christine Delphy, ont par exemple œuvré à la réflexion sur la place des femmes dans la société contemporaine.

La principale oppression, dont sont victimes les femmes, est sociale

Florence Ciaravola s’interroge sur le rôle des médias dans le traitement de la violence envers les femmes dans les quartiers populaires. Pour cette membre des Alternatifs, les médias pointent régulièrement le profil du « garçon arabe » comme le responsable de la soumission féminine dans les banlieues. En effet, les quartiers populaires - où la population issue de l’immigration est nombreuse - est elle-même victime d’une autre stigmatisation, celle du racisme. La conception du sexisme dans les quartiers populaires par le monde extérieur est flouée, caricaturée. Leila est une femme de 29 ans, elle porte le voile et expose ses sentiments sur la question. La cité elle connait, elle y a grandit et elle y vit encore. Selon elle la principale oppression dont sont victimes les femmes est sociale. Elle se sent plus discriminée par l’administration, les institutions que les hommes de son quartier. Elle parle d’un « sexisme d’Etat ». « Avec mon foulard on croit que je ne parle pas français ». Les formes de son oppression viennent aussi et surtout de l’extérieur de son quartier. Les insultes sont fréquentes dans les « quartiers plus huppés ». Leila affirme que c’est à cause de son foulard. Sa religion et sa façon de la vivre ouvrent la voie à un sexisme fondé sur l’intolérance. Ce sexisme là est plus le fait des quartiers aisés que des banlieues.

Le féminisme permet-il l’instrumentalisation du racisme ?

Pour tous les intervenants vivant en banlieue, la violence résulte avant tout de la précarité. Par ailleurs ils tiennent à rappeler que les quartiers sont aussi le lieu de l’entraide et de la solidarité, quelque soit le sexe évidement. Finalement émane une question sous-jacente au débat : le féminisme permet-il l’instrumentalisation du racisme ? Lors de certaines manifestations féministes certaines femmes voilées avaient été exclues du cortège. La confusion entre l’implication religieuse et la revendication politique reste aujourd’hui très forte. Le port du voile est encore perçu comme le signe d’une oppression. Il est finalement assez étonnant de constater que l’on juge l’émancipation d’une personne à sa tenue vestimentaire en priorité. La thèse du grand-frère autoritaire ne tient pas. D’après tous les témoignages on amplifie bien trop l’autorité masculine sur les femmes en milieu populaire. De plus, les tenues « légères », souvent opposés au foulard musulman, et définies comme le signe de l’émancipation féminine, ne sont-elles pas l’expression d’une oppression d’un autre type, d’une mode et d’un modèle hégémonique diffusé par la société de consommation ?

Si les violences faites aux femmes en milieu populaire comme en milieu plus favorisé restent intolérables, les acteurs de cette conférence manquaient de chiffres pour nourrir une telle comparaison et dresser un constat exact de la situation. Aujourd’hui le mouvement féministe est menacé par les divisions. La question du voile, au centre de cette fracture, a de nouveau fait débat. Cependant les femmes veulent rester unies pour relever les nombreux défis qui concernent toutes les catégories sociales. Quant à l’université d’été des Alternatifs elle se termine demain sur le thème de « la guerre contre les cités ».

Matthieu Windey

L'Eglise d'Angleterre rejette la consécration de femmes évêques

L'Eglise d'Angleterre rejette la consécration de femmes évêques
LEMONDE.FR avec AFP | 11.07.10 | 11h42


L'Eglise d'Angleterre, ébranlée par des divisions internes sur l'ordination des femmes et des homosexuels, a rejeté une proposition visant à autoriser la consécration de femmes évêques dans le pays, selon des résultats annoncés par l'Eglise samedi soir.

La proposition de compromis dévoilée par l'archevêque de Canterbury et leader des Anglicans dans le monde, Rowan Williams, et son numéro deux l'archevêque John Sentamu, peu avant l'ouverture samedi d'un synode général de neuf jours, n'a pas convaincu les réfractaires. Ils ont reçu samedi soir l'accord de deux des trois groupes constituant le synode général, qui compte 467 membres au total: la maison des évêques et la maison du laïcat ont voté en faveur, tandis que la maison du clergé l'a repoussée. Par conséquent, la réforme a été rejetée.

Les archevêques avaient proposé un dispositif permettant un partage des rôles et des responsabilités entre un évêque femme et un évêque homme, pour emporter les réticences.
L'Eglise épiscopale écossaise autorise depuis 2003 les femmes à devenir évêques, mais aucune n'a encore accédé à cette fonction. L'Eglise du Pays de Galles s'est prononcée contre un tel projet en avril 2008.
Après le vote défavorable en Angleterre, l'archevêque de Canterbury a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une remise en question de son rôle en tant que chef de l'Eglise.


Libération

Monde 11/07/2010 à 15h51
L'Eglise d'Angleterre rejette la consécration des femmes évêques

Les archevêques avaient proposé un dispositif permettant un partage des rôles et des
et des responsabilités entre un évêque femme et un évêque homme.

L’Eglise d’Angleterre, ébranlée par des divisions internes sur l’ordination des femmes et des homosexuels, a rejeté une proposition visant à autoriser la consécration de femmes évêques dans le pays, selon des résultats annoncés par l’Eglise samedi soir sur son site internet.

La proposition de compromis dévoilée par l’archevêque de Canterbury et leader des Anglicans dans le monde, Rowan Williams, et son numéro deux l’archevêque John Sentamu, peu avant l’ouverture samedi d’un synode général de neuf jours, n’a pas convaincu les réfractaires.

Ils ont reçu samedi soir l’accord de deux des trois groupes constituant le synode général, qui compte 467 membres au total: la maison des évêques et la maison du laïcat ont voté en faveur, tandis que la maison du clergé l’a repoussée. Par conséquent, la réforme a été rejetée.

Les archevêques avaient proposé un dispositif permettant un partage des rôles et des responsabilités entre un évêque femme et un évêque homme, pour emporter les réticences.

L’Eglise épiscopale écossaise autorise depuis 2003 les femmes à devenir évêques, mais aucune n’a encore accédé à cette fonction. L’Eglise du Pays de Galles s’est prononcée contre un tel projet en avril 2008.

Après le vote défavorable en Angleterre, l’archevêque de Canterbury a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’une remise en question de son rôle en tant que chef de l’Eglise.

Reste qu’il a du mal à maintenir l’unité en son Eglise qui se déchire sur la question des femmes évêques - plus de 5.000 femmes ont été ordonnées prêtres depuis la réforme de 1994 - mais aussi sur la question des évêques homosexuels.
Candidature d'un pasteur homo écartée

La commission de nomination des évêques a écarté la candidature d’un pasteur homosexuel à la prélature, ont rapporté jeudi plusieurs médias.

Jeffrey John avait été pressenti pour devenir le nouvel évêque du diocèse londonien de Southwark, dont il avait le soutien, mais son nom a été rayé de la liste des impétrants au terme de débats houleux, selon les journaux.

Les opposants à la consécration de femmes évêques avaient prévenu que s’ils n’obtenaient pas satisfaction, un «grand nombre» des membres du clergé et du laïcat pourraient rejoindre les rangs de l’Eglise catholique.

Le pape Benoît XVI, qui se rendra au Royaume-Uni en septembre, a annoncé fin 2009 la création d’une «Constitution apostolique» pour faciliter la conversion des Anglicans.

L’Eglise anglicane est née d’une rupture avec l’Eglise catholique au 16e siècle après que le pape Clément VII eut refusé d’accorder au roi d’Angleterre Henri VIII un divorce.

L’Eglise d’Angleterre est l’Eglise mère de la communion anglicane qui compte quelque 77 millions de fidèles. L’Eglise catholique revendique de son côté 1,1 milliard de fidèles.
(Source AFP)

samedi 10 juillet 2010

La presse prend les fillettes au berceau

Enquête
La presse prend les fillettes au berceau
LEMONDE | 03.10.06 | 13h26 • Mis à jour le 03.10.06 | 15h32


Et de trois ! Après Les P'tites Sorcières (8-12 ans) et Les P'tites Princesses (5-8 ans), voici Les P'tites Filles à la vanille : un mensuel destiné aux enfants de 3 à 5 ans, édité comme les deux titres précédents par Fleurus Presse (groupe Le Monde), et, comme eux, exclusivement réservé à la gent féminine.

Quarante-six pages aux coins arrondis, une illustration soignée... Et des histoires dont Vanille, Nina, Mélie et Zélie sont les héroïnes. Comme leurs lectrices, elles ont l'âge de la maternelle. Mais, contrairement à elles, elles semblent évoluer dans un monde dépourvu de garçons. Un choix destiné à valoriser l'identité féminine qui a de bonnes chances de se révéler commercialement rentable, si l'on en juge le succès rencontré ces dernières années par Les P'tites Sorcières et Les P'tites Princesses (diffusés chacun à 60 000 exemplaires), et, plus généralement, par les magazines destinés aux fillettes et aux adolescentes.

Plus encore que les enfants, ce sont leurs mères qu'il s'agit ici de séduire. Des femmes modernes et affirmées, à qui l'idée d'un magazine destiné à leurs petites filles plairait beaucoup. "Nous en avons eu l'assurance au cours des tests que nous avons effectués", affirme Béatrice Guthart, conceptrice du projet et directrice du développement éditorial de Fleurus Presse. A l'époque même où les discours, les comportements et les pratiques sexistes ne cessent d'être dénoncés, le "renouveau" de cette presse exclusivement féminine n'en laisse pas moins perplexe.

Le renouveau ? Depuis l'apparition des premiers journaux pour enfants, au XIXe siècle, en effet, la presse réservée aux filles (et plus rarement aux garçons) a toujours existé. Mais, à la fin des années 1960, tout change. Les magazines "de genre" disparaissent et laissent la place à une nouvelle presse enfantine, visant un public mixte. Pomme d'Api (Bayard Presse), Toboggan (Milan Presse), Perlin (Fleurus Presse) : tous s'adaptent aux principes éducatifs et au contexte social de l'époque.

DES PORTRAITS VARIÉS ET MODERNES

"Même si certaines études montrent du doigt la primauté du masculin dans ces titres, filles et garçons doivent désormais accéder à la même éducation et à la même culture, donc à la même lecture", note Corinne Destal, sociologue à l'université Bordeaux-III et auteure d'une recherche sur "La presse pour fillettes". Dès lors, que penser du retour en force de ces titres féminins ? Et que viennent y chercher leurs jeunes lectrices ?

"Cette presse n'est pas aisée à décrypter", précise Mme Destal. Pour son étude, elle a principalement retenu quatre titres : Les P'tites Sorcières et Les P'tites Princesses, ainsi que Manon (5-8 ans) et Julie (8-12 ans), tous deux édités par Milan Presse. Elle constate qu'il n'existe pas, dans un même magazine, "une représentation uniforme, stéréotypée, sans équivoque d'une petite fille", mais plutôt des portraits variés et modernes.

"C'est une presse qui, dans ses articles et dossiers, respecte l'enfant, ses angoisses, ses préoccupations, qui marque une certaine compréhension, qui ne juge guère, reste tout en nuances, mais qui, pour rappeler le genre de son lectorat, s'habille, se décore superficiellement de signes caractéristiques des filles : paillettes, colliers, rubans et volants roses", résume-t-elle, en soulignant tout de même qu'on oriente les lectrices "vers des attitudes de modération, de tempérance".

Les P'tites Filles à la vanille iraient-elles au-delà de cette tendance ? Après lecture du premier numéro, c'est ce que suggère la sociologue Patricia Paperman, spécialiste des questions d'éthique féministe à l'université Paris-VIII. "Les héroïnes s'amusent, font des bêtises, ont des émotions, elles sont à l'image des petites filles d'aujourd'hui, observe-t-elle. On ne les enferme pas dans des stéréotypes, on ne les montre pas faisant le ménage, apprenant à repasser, à être au service d'autrui. Là, elles pensent à se faire plaisir."

Reste que la presse pour fillettes, si elle n'interdit pas sa lecture aux garçons (pour qui l'équivalent de tels magazines n'existe pas actuellement), ne la leur propose pas non plus. Un "esprit de genre" que ne partagent pas tous les éditeurs de presse enfantine.

"La question de l'altérité sexuelle est un des thèmes forts de notre réflexion éditoriale, mais nous sommes pour le mélange, et plus encore pour la confrontation des genres. Pas pour leur séparation", souligne Pascal Ruffenach, responsable de la direction jeunesse chez Bayard Presse, dont les titres sont restés résolument mixtes. Ainsi Okapi ménage-t-il, dans sa rubrique "On se dit tout", un coin "garçons" et un coin "filles". Sachant que "les filles vont lire en priorité les questions des garçons, et réciproquement", le but est alors atteint : non pas gommer les différences entre les unes et les autres, mais favoriser le dialogue.
Catherine Vincent

Morano exclut un projet de loi sur l'adoption pour les couples homosexuels

Morano exclut un projet de loi sur l'adoption pour les couples homosexuels
LEMONDE.FR avec AFP | 10.07.10 | 17h46 • Mis à jour le 10.07.10 | 17h52


Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille.
AFP/STEPHANE DE SAKUTIN
Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille.

Après la décision rendue jeudi par la Cour de cassation qui permet la reconnaissance en France d'un jugement d'adoption obtenu aux Etats-Unis par deux femmes, la secrétaire d'Etat à la famille a admis que la question de l'adoption par des couples de même sexe "mérite un débat politique". Mais elle a exclu de présenter un projet de loi sur la question.
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Nicolas Sarkozy avait dit "pendant sa campagne électorale qu'il n'était pas favorable à l'adoption par des couples homosexuels, donc très clairement, si vous me posez la question de savoir s'il y aurait un projet de loi en ce sens, je vous réponds 'non'", a-t-elle assuré.
"S'il est nécessaire de modifier la loi, il faudra en passer par un débat politique", a-t-elle déclaré, soulignant que "des initiatives parlementaires" pourraient soulever la question.A titre personnel, elle s'es tdit une nouvelle favorable à l'adoption par des couples homosexuels.

Pour Mme Morano, l'arrêt pose un "problème politique" mais aussi "juridique" car il introduit une "inégalité de traitement" entre les couples vivant en France et les couples habitant à l'étranger.
Le fait que des enfants vivent dans des couples homoparentaux est une "réalité" mais "les enfants sont dans une insécurité juridique (...): qu'est ce qui se passe si la mère biologique tombe malade ou décède?", s'est-elle interrogée.

L'Institut d'études démographiques recensait en 2005 entre 24 000 à 40 000 enfants résidant avec un couple de même sexe. Ils sont 200.000, selon l'association des parents et futurs parents gays et lesbiens.

vendredi 9 juillet 2010

Homoparentalité: «Il y aura un avant et un après l'arrêt du 8 juillet 2010»

Société 09/07/2010 à 15h03 (mise à jour à 18h13)
Homoparentalité: «Il y aura un avant et un après l'arrêt du 8 juillet 2010»
Interview

L'avocate Caroline Mécary explique la portée de l'arrêt prononcé jeudi par la Cour de cassation à l'égard d'un couple homosexuel franco-américain.

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RECUEILLI PAR PAULINE ANDRE
Un couple d'homosexuelles et leur enfant.

Un couple d'homosexuelles et leur enfant. (© AFP José Luis Roca)


Caroline Mécary, l'avocate d'Emmanuelle B., spécialisée dans la défense des droits homosexuels, réagit à l'arrêt du 8 juillet 2010 rendu par la Cour de cassation. Celle-ci vient de valider en droit français une décision de justice américaine accordant l'adoption à un couple homosexuel binational. Emmanuelle B, de nationalité française vit avec sa conjointe américaine aux Etats-Unis, dans l'Etat de Géorgie. «Un pas énorme», selon l'avocate.

Comment recevez-vous la décision de la Cour de cassation qui accorde l'adoption conjointe à ce couple homosexuel franco-américain?

Je ne peux que me féliciter de cet arrêt qui reconnaît officiellement le fait qu'un enfant puisse avoir deux parents de même sexe. C'est un pas énorme, il y aura un avant et un après l'arrêt du 8 juillet 2010. Il s'agit d'un arrêt de principe qui a vocation à s'appliquer à tout autre cas similaire.

Cette décision ne concerne-t-elle pas uniquement les couples homosexuels qui vivent à l'étranger?

Cette décision est capitale pour les couples homosexuels, à condition qu'ils vivent à l'étranger en effet. Elle n'a aucune conséquence directe pour un couple d'homosexuels français vivant en France. Cet arrêt témoigne donc aussi de ce que l'on appel «une discrimination à rebours». Les couples d'homosexuels français qui vivent en France sont moins bien traités que des Français qui vivent à l'étranger.

Quelles sont les conséquences sur le droit français ?

Cela ne modifie pas la loi sur l'adoption mais remet en cause sa pertinence. Il s'agit d'un pas énorme encore une fois. Même si il y a un clivage extrêmement fort entre la droite et la gauche sur le sujet qui ne favorise pas les avancées en matière de droit des homosexuels.

Société 08/07/2010 à 19h04
Une adoption aux Etats-Unis par un couple homo est valable en France

164 réactions



La Cour de cassation a ordonné jeudi l’exécution en France d’une décision de justice américaine selon laquelle un enfant adopté peut avoir pour parents deux personnes de même sexe, une décision importante en matière d’adoption par les couples homosexuels.

La haute juridiction ordonne qu’un jugement d’adoption prononcé aux Etats-Unis au bénéfice de la compagne française de la mère américaine d’une petite fille soit reconnu en France.

Un statut équivalent de parent est donc reconnu en France à un couple d’adoptants homosexuels alors que dans l’état actuel du droit seul un parent adoptif peut être reconnu, son concubin demeurant un tiers aux yeux de la loi.

Pour la cour de cassation, le refus d’exécuter dans l’Hexagone le jugement américain ne peut se fonder sur le motif qu’il heurte des principes essentiels du droit français.
Il n’en est pas ainsi de «la décision qui partage l’autorité parentale entre la mère et l’adoptante de l’enfant», écrivent les magistrats dans leur arrêt.

La cour annule par ce biais un arrêt de cour d’appel de Paris du 9 octobre 2008 qui avait débouté les deux femmes de leur demande. «C’est un pas considérable fait vers l’égalité de traitement des enfants élevés par deux femmes ou deux hommes», a réagi dans un communiqué Me Caroline Mécary, avocate du couple.

Cet arrêt de la cour de cassation signifie que «tous les couples de même sexe ayant obtenu une décision d’adoption à l’étranger pourront la faire reconnaître» en France sur la base de cette jurisprudence, a-t-elle précisé à l’AFP.

Me Mécary estime par ailleurs que «se trouve posée la question de la pertinence de la législation française actuelle qui ne permet pas l’adoption par le second parent de même sexe et l’adoption par des concubins ou des pacsés, quel que soit leur orientation sexuelle».

(Source AFP)

Grand pas de la Cour de cassation vers l'homoparentalité

Compte rendu
Grand pas de la Cour de cassation vers l'homoparentalité
LEMONDE | 09.07.10 | 14h59 • Mis à jour le 09.07.10 | 14h59


La Cour de cassation a effectué un grand pas jeudi 8 juillet vers la reconnaissance de l'adoption d'un enfant par des parents de même sexe.

Elle a rendu un arrêt en faveur d'un couple franco-américain composé de deux femmes ayant toutes deux l'autorité parentale sur leur enfant.

Valérie B. est française. Elle vit depuis 1998 avec une Américaine Nancy N. dans l'état de Georgie aux Etats-Unis. Nancy N. a donné naissance à une fille en mars 1999, après une insémination provenant d'un donneur anonyme. La cour de Georgie a prononcé en juin de la même année l'adoption de l'enfant par Valérie B. L'acte de naissance de la petite fille mentionne aussi Nancy N., comme mère et Valérie B. comme "parente". Les deux femmes exercent l'autorité parentale sur l'enfant, qui a ainsi deux parents de même sexe.
dans

Les affaires se compliquent lorsque Valérie B. demande en 2007 à la justice française l'exequatur du jugement américain, c'est-à-dire la possibilité de l'exécuter en France. Le tribunal de grande instance et la cour d'appel de Paris avaient rejetté sa demande. La Cour de cassation juge au contraire que "la décision qui partage l'autorité parentale entre la mère et l'adoptante d'un enfant" ne heurte pas "les principes essentiels du droit français".

Pour Caroline Mécary, l'avocate de Valérie B., "cet arrêt reconnaît la validité de l'adoption d'un enfant par le second parent et cela indépendamment de l'orientation sexuelle du second parent". Il s'applique aux couples étrangers, ce qui entraîne pour l'avocate le risque d'une "discrimination à rebours, puisque des couples de même sexe étrangers peuvent bénéficier sur le sol français de la reconnaissance de l'adoption, et pas les couples français."

Autorité parentale

Le Conseil constitutionnel va à son tour se pencher sur l'homoparentalité car la Cour de cassation a transmis jeudi une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur l'autorité parentale des concubins. Selon l'article 365 du Code civil, un homme ou une femme peut exercer l'autorité parentale sur les enfants de son conjoint mais pas sur ceux de son concubin, que ce soit dans le cadre d'une union libre ou d'un Pacs. Pour adopter l'enfant d'un concubin, il faut que le père ou la mère biologique renonce à son autorité parentale.

Deux femmes habitant Paris ont ainsi posé une QPC sur la compatibilité de cet article 365 avec la Constitution : "Est-il contraire au droit des partenaires ou des concubins de fonder une famille et de mener une vie familiale normale (...) et au principe de non-discrimination en raison de l'orientation sexuelle ?" La Cour de cassation a jugé la question sérieuse car cet article "institue une distinction entre les enfants au regard de l'autorité parentale, selon qu'ils sont adoptés par le conjoint ou le concubin de leur parent biologique".
Alain Salles

Une porte entrouverte à la reconnaissance de l'homoparentalité

Une porte entrouverte à la reconnaissance de l'homoparentalité
LEMONDE.FR | 09.07.10 | 19h03 • Mis à jour le 09.07.10 | 19h14

La justice entrouvre la porte de l'adoption homosexuelle.

La Cour de cassation a rendu, jeudi 8 juillet, un arrêt par lequel elle admet un lien de filiation entre un enfant et la compagne de sa mère biologique. En ordonnant l'exequatur – c'est-à-dire la reconnaissance juridique sur le sol français – d'une décision prise plus tôt par un tribunal américain en faveur d'une certaine Mme B., la Cour laisse entendre qu'un enfant peut avoir juridiquement deux parents du même sexe.
dans
Compte rendu Grand pas de la Cour de cassation vers l'homoparentalité

Quelle est la portée de cette décision ? Les juristes que nous avons interrogés sont unanimes : cet arrêt constitue un "appel d'air", une "brèche", une "porte ouverte". "Jusque-là, la justice considérait l'homoparentalité comme contraire à l'ordre public. Aujourd'hui, cela ne pose plus de problème", lance même Daniel Borrillo, maître de conférences en droit privé à l'université Paris X-Nanterre et spécialiste du droit des homosexuels.

"Cet arrêt vient de faire sauter un verrou constitutionnel", s'enthousiasme Me Caroline Mecary, l'avocate des deux femmes. "La plus haute juridiction française dit enfin qu'un enfant peut avoir deux parents du même sexe", et ce dans "toute situation similaire" à celle tranchée par la Cour de cassation : c'est-à-dire dans le cadre d'un couple binational, ayant adopté à l'étranger et désirant faire reconnaître en France l'adoption par le second parent. Etats-Unis, Canada, Afrique du Sud, Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Islande, Suède et Danemark autorisent déjà l'adoption conjointe par les couples homosexuels.

UN ARRÊT À LA PORTÉE LIMITÉE

D'autres arrêts devraient donc suivre celui-ci. Caroline Mécary confie avoir "un certain nombre de dossiers du même type" à défendre. Des demandes de Français vivant à l'étranger, en attente depuis 2007. Cet arrêt peut-il accélérer les démarches ? "Pas vraiment. Les juges de première instance, c'est-à-dire les tribunaux de grande instance et les cours d'appel, ne sont pas obligés d'arbitrer dans le même sens. Il faudra alors aller jusqu'à la Cour de cassation pour obtenir une réponse positive", nuance l'avocate.

Des dizaines de milliers de couples homosexuels seraient concernés par l'adoption en France. Parmi eux, seule une petite minorité de couples binationaux pourraient bénéficier de cette jurisprudence. "Mais peu importe le nombre", plaide Caroline Mécary. "L'accouchement sous X ne concerne que 500 enfants par an, et pourtant il existe une loi."

"Pour l'instant la portée de cet arrêt est limitée, car il s'agit d'un seul cas. La portée deviendra politique si d'autres suivent", confirme Daniel Borrillo. Ou si le législateur s'empare de ce domaine. Si l'UMP reste fermement opposée à l'adoption homosexuelle, le Parti socialiste et les Verts se montrent plus ouverts. Pour l'enseignant, "une alternance en 2012 pourrait donner lieu à une loi".

"UNE ÉVOLUTION LÉGISLATIVE ENVISAGEABLE"

Avocate habituée des questions d'homoparentalité, Véronique Levrard semble optimiste. "Les limites commencent à être repoussées, la porte a été entrouverte. Une évolution législative est envisageable." Reste donc à confirmer avec d'autres décisions. Dans son cabinet, les cas de couples homosexuels sont de plus en plus courants. Elle relève pourtant sur son blog que la Cour de cassation "souffle le chaud et le froid" : le même jour, les juges ont en effet refusé une demande de délégation de l'autorité parentale à un autre couple homosexuel.

"La Cour de cassation est hypocrite", accuse le porte-parole de l'Inter-LGBT (Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans), Vincent Loiseau. "Elle accorde des droits à un couple binational, mais ne donne pas les mêmes à un couple français." Les obstacles subsistent alors que 57 % des Français sont favorables à la reconnaissance de la famille homoparentale, selon un sondage BVA de novembre 2009.
Marianne Rigaux

Le mystère du sexe de Caster Semenya résolu

Le mystère du sexe de Caster Semenya résolu

Créé le 06.07.10 à 19h03 -- Mis à jour le 06.07.10 à 19h04

(les commentaires sont représentatifs d'un certain (bas) niveau ...)

Athle - Elle est autorisée à recourir le 800 mètres féminin...

Le genre sexuel de la championne du monde du 800 mètres Caster Semenya ne fait plus débat. Sa féminité a été reconnue par un collège d’experts qui gardent leurs conclusions confidentielles, secret médical oblige. Par conséquent, l’athlète sud-africaine a été autorisée à recourir avec effet immédiat par la fédération internationale d’athlétisme. «Je suis ravie de rentrer dans l'arène mondiale de l'athlétisme et j'attends avec impatience de reprendre la compétition avec ces questions derrière moi», a déclaré la championne âgée de 19 ans dans un communiqué de ses avocats.

La galère avait commencé pour elle lorsque des experts avaient été saisis juste avant la finale du 800 m des Mondiaux-2009 à Berlin dominée de bout en bout par la Sud-Africaine. Caster Semenya, qui n’a plus couru depuis cette finale, peut reprendre la compétition dès mercredi.

La Sud-Africaine Caster Semenya autorisée à recourir avec effet immédiat

La Sud-Africaine Caster Semenya autorisée à recourir avec effet immédiat

L'athlète sud-africaine Caster Semenya, 19 ans, championne du monde du 800 m dont le genre sexuel faisait débat, a été autorisée à recourir avec effet immédiat, a annoncé mardi la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) dans un communiqué.
"L'IAAF souscrit aux recommandations du panel d'experts médicaux concluant que Caster Semenya peut courir, avec effet immédiat. Toutefois, les informations médicales concernant l'athlète demeurent confidentielles et l'IAAF ne fera aucun commentaire à ce sujet", précise le communiqué.

"Je suis ravie de rentrer dans l'arène mondiale de l'athlétisme et j'attends avec impatience de reprendre la compétition avec ces questions derrière moi", a de son côté déclaré la championne âgée de 19 ans, citée dans un communiqué de ses avocats.

L'IAAF avait décidé en août dernier, juste avant la finale du 800 m des Mondiaux-2009 à Berlin dominée de bout en bout par la Sud-Africaine, de nommer un groupe d'experts pour enquêter sur le genre sexuel de l'athlète, dont la morphologie semble très masculine.

Cette décision avait scandalisé l'Afrique du Sud et pris une tournure politique, avec même des relents raciaux dans le contexte particulier du pays.

La Fédération internationale avait chargé début octobre sa commission médicale d'une étude permettant une définition "plus précise" du genre féminin. "On s'est aperçus dans ce domaine-là qu'on n'avait pas de définition. Il y a un manque dans notre législation", avait alors expliqué Pierre Weiss, secrétaire général de l'IAAF.

Mi-novembre, l'IAAF était parvenue à un accord avec l'Afrique du Sud stipulant que Semenya conservait son titre mondial. La Fédération s'était également engagée à ce que tout examen scientifique mené légalement dans le cadre des règlements de l'IAAF soit traité comme sujet confidentiel entre patient et médecin.

Mis en ligne le 07/07/2010

Une adoption aux Etats-Unis par deux parents de même sexe est valable en France

Une adoption aux Etats-Unis par deux parents de même sexe est valable en France
sur E-llico

La Cour de cassation a ordonné jeudi l'exécution en France d'une décision de justice américaine selon laquelle un enfant adopté peut avoir pour parents deux personnes de même sexe, une décision importante en matière d'adoption par les couples homosexuels.
La haute juridiction ordonne qu'un jugement d'adoption prononcé aux Etats-Unis au bénéfice de la compagne française de la mère américaine d'une petite fille soit reconnu en France.

Un statut équivalent de parent est donc reconnu en France à un couple d'adoptants homosexuels alors que dans l'état actuel du droit seul un parent adoptif peut être reconnu, son concubin demeurant un tiers aux yeux de la loi.

Pour la cour de cassation, le refus d'exécuter dans l'Hexagone le jugement américain ne peut se fonder sur le motif qu'il heurte des principes essentiels du droit français.

Il n'en est pas ainsi de "la décision qui partage l'autorité parentale entre la mère et l'adoptante de l'enfant", écrivent les magistrats dans leur arrêt.

La cour annule par ce biais un arrêt de cour d'appel de Paris du 9 octobre 2008 qui avait débouté les deux femmes de leur demande.

"C'est un pas considérable fait vers l'égalité de traitement des enfants élevés par deux femmes ou deux hommes", a réagi dans un communiqué Me Caroline Mécary, avocate du couple.

Cet arrêt de la cour de cassation signifie que "tous les couples de même sexe ayant obtenu une décision d'adoption à l'étranger pourront la faire reconnaître" en France sur la base de cette jurisprudence, a-t-elle précisé à l'AFP

Me Mécary estime par ailleurs que "se trouve posée la question de la pertinence de la législation française actuelle qui ne permet pas l'adoption par le second parent de même sexe et l'adoption par des concubins ou des pacsés, quel que soit leur orientation sexuelle".

> L'Inter-LGBT salue "la reconnaissance" d'une famille homo-parentale par la justice

L'Inter-LGBT se félicite de la "reconnaissance implicite d'une famille homo-parentale" par la Cour de cassation qui a validé en droit français une décision de justice américaine accordant l'adoption conjointe à un couple homosexuel.
"Pour la première fois, et par l'application d'une décision d'une justice étrangère, il y a une reconnaissance implicite d'une famille homo-parentale, via le biais d'un couple bi-national", a salué Vincent Loiseau, son porte-parole.
Il dit toutefois regretter "qu'il y ait toujours autant d'obstacles à l'homo-parentalité en France". "Il n'y a toujours pas en France de reconnaissance de la famille homo-parentale, alors que l'on sait que 57% des Français y sont favorables", a-t-il souligné, rappelant un sondage paru en novembre 2009.

Mis en ligne le 08/07/2010

Tu ne seras pas lesbienne, ma fille

Tu ne seras pas lesbienne, ma fille
donnez votre avis! »
05 jui 2010 | F.T.
La médecine prénatale à la rescousse de l'hétérosexualité? Le débat fait rage aux Etats-Unis, suite à l'expérimentation, dans une clinique réputée de New York, d'un traitement hormonal censé prévenir le développement de petites filles en «garçons manqués».

«Hyperplasie congénitale des surrénales» (HCS). Cette pathologie est au centre d'une polémique qui enfle dans les milieux scientifiques et dans les médias aux Etats-Unis. Touchant un enfant sur 15 000 environ, elle se manifeste notamment par l'apparition de caractéristiques masculines chez les enfants de sexe féminin: voix grave ou pilosité faciale, par exemple.

Depuis quelques temps, une équipe du prestigieux Mount Sinai Medical Center de New York vante l'administration aux femmes enceintes d'un traitement hormonal expérimental face à la HCS. Selon les chercheurs, un stéroïde, la dexaméthasone, préviendrait la survenue de signes de virilisation précoces et d'un appareil génital «ambigu». Mais ces derniers vont plus loin: «Les jeux d'enfants, le métier choisi, les préférences dans l'adolescence et à l'âge adulte, l'instinct maternel et l'orientation sexuelle se masculinisent chez les femmes atteintes de HCS, précise l'une des scientifiques de la clinique new-yorkaise, le Dr Maria New. Ces anormalités ont été liées à des taux excessifs d'androgène... Nous pensons qu'un traitement à la dexaméthasone reduira [ce phénomène].»

Basé sur la vieille idée selon laquelle l'orientation sexuelle est définie par l'exposition in utero à des hormones, le discours semble limpide: le thérapie vise à combattre ces «anormalités» que sont le lesbianisme, le non-désir d'enfants ou le goût des petites voitures chez les fillettes... En février, il était dénoncé par la spécialiste de bioéthique Alice Dreger. Elle accusait le Dr New de promouvoir la dexaméthasone comme une assurance que son enfant ne sera pas lesbienne et préserver ses chances de devenir «une bonne mère de famille». La suspicion d'eugénisme a été relayée et amplifiée par plusieurs blogs influents, dont le Huffington Post, suivi par le magazine «Newsweek» notamment. Si bien qu'aux dernières nouvelles, l'équipe de l'hôpital Mount Sinai aurait cessé ses expérimentations.

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Posté le 05 jui 2010

LES CURIE Marie et Irène scientifiques et féministes

Publié dans La Recherche, n° 423, octobre 2008, pp. 60-62

Au passage, j'ai lu que C.B ne voulait pas d'un tel titre qui réduisait ses grandes femmes à des prénoms ...
LES CURIE
Marie et Irène scientifiques et féministes

Deux femmes, trois prix Nobel. Marie Curie et sa fille Irène Joliot-Curie ont toutes deux utilisé leur notoriété pour défendre la cause féministe. En suivant des chemins différents.

Marie Curie est la première femme à recevoir le prix Nobel, la première personne à le recevoir deux fois, la première titulaire d'une chaire à la Sorbonne, la première directrice d'un laboratoire, la seule femme à ce jour au Panthéon. Sa fille Irène, elle-même Prix Nobel, est l'une des trois premières femmes entrées au gouvernement, à l'époque du Front populaire. Ces deux femmes scientifiques d'exception incarnent un féminisme en actes, qui n'exclut pas l'engagement en faveur des droits des femmes.

Le féminisme n'est-il pas, au départ, une condition sine qua non de l'accès au Nobel ? On pense, pour les Nobel supposant un apprentissage académique, à la nécessaire ouverture des universités aux femmes, qui ne commence en France que dans les années 1870. On pense surtout à la singulière détermination qui conduit certaines femmes exceptionnelles à dépasser les préjugés de leur temps. Marya Sklodowska est de celles-là. Son parcours est devenu légendaire : des convictions précoces (le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la justice sociale...), le choix de la liberté en venant étudier à Paris et un mariage-compagnonnage avec un homme partageant ses rêves, union célébrée discrètement et civilement. Elle ne renonce ni à sa vie de scientifique ni à sa vie de mère. Elle fait mentir le stéréotype misogyne sur les « princesses des sciences » condamnées au malheur pour avoir dévié du droit chemin, comme le leur promet la romancière Colette Yver [1] . Ses deux filles, Marie Curie les élève en leur donnant le sens de l'indépendance, de la pleine possession de leurs moyens physiques, grâce à une pratique étonnamment moderne des sports, en particulier nautiques et alpins. Irène adhère au modèle maternel et le reproduit, en choisissant un mari-compagnon qui soutient sa passion pour la recherche et adhère à un contrat conjugal égalitaire, comme l'indique le choix symbolique de Joliot-Curie comme patronyme. Des choix de vie, des attitudes face à l'existence qu'expliquent aussi la tradition libérale protestante et la libre-pensée mariée au saint-simonisme, chez les Curie et les Joliot.

Rôle précurseur

La conscience féministe se forge aussi dans la confrontation aux obstacles qu'une société historiquement fondée sur la domination masculine dresse sur la route des femmes. Marie Curie voit ainsi son rôle dans la découverte du radium mis en doute, ou réduit à celui d'expérimentatrice. L'iconographie la montre toujours assez passive, témoin plutôt qu'actrice de la découverte. C'est Pierre Curie qui insiste pour que son épouse soit associée à lui pour le Nobel de physique 1903, partagé avec Henri Becquerel. Il défend toujours le rôle de sa femme qui a, « la première, su isoler la matière précieuse », et ne veut pas l' « effacer dans son ombre » [2] . Il refuse une légion d'honneur qu'elle ne partagerait pas. Candidate à l'Académie des sciences, elle échoue en 1910 en raison, selon Irène Joliot-Curie, de la « violente campagne [...] menée contre elle par les antiféministes et les cléricaux » [3] . En 1911, Harvard lui refuse une distinction au motif que, depuis la mort de son mari, elle n'a « rien fait d'important ». Le prix Nobel de chimie, qu'elle obtient seule, la même année, pour ses travaux sur le polonium et le radium, va laver l'affront. Mais Marie Curie ne sera jamais membre de l'Académie des sciences ; d'autres académies, à l'étranger, ainsi que l'Académie de médecine, en 1922, l'accueilleront.

Une génération plus tard, les mêmes causes produisant les mêmes effets, Irène Joliot-Curie obtient le prix Nobel de physique avec son mari en 1935. Mais elle ne devient maître de conférences qu'en 1937 sur le poste libéré par son mari, et ne devient professeur titulaire qu'en 1945. En 1946, elle devient « directeur » du laboratoire Curie (autant de noms de métiers et de fonctions non féminisés). L'Académie des sciences la refuse à quatre reprises. C'est seulement en 1962 qu'elle s'ouvrira à une femme, ancienne technicienne au laboratoire de Marie Curie, découvreuse en 1939 du francium. Encore Marguerite Perey (1909-1975) n'est-elle admise que comme « correspondant » (sic) .

Les actions de Marie

Ces obstacles antiféministes ne détournent aucune des deux femmes de leurs convictions, mais leurs façons d'agir diffèrent. Marie Curie ne souhaite pas s'engager politiquement, en tout cas pas de manière partisane, et ne croit pas au pouvoir des pétitions d'intellectuels, qui pullulent depuis l'affaire Dreyfus. Elle accepte néanmoins en 1912 de signer pour la libération de suffragettes en grève de la faim dans les prisons anglaises à la demande de la physicienne féministe Hertha Ayrton.

Sa vie et son exemple de femme réussissant dans le monde scientifique, si masculin, lui paraissent plus utiles qu'un engagement féministe. Son laboratoire est très largement ouvert aux étudiantes, dont de nombreuses étrangères. Elle s'engage pendant la Grande Guerre au sein de la Croix-Rouge (Union des femmes de France) et crée les unités mobiles de radiologie pour les blessés. Après-guerre, elle siège à la commission internationale de Coopération intellectuelle de la Société des Nations, l'ancêtre de l'ONU. Elle accepte la présidence d'honneur de l'Association française des femmes diplômées des universités, créée en 1920, affiliée à la Fédération internationale des femmes universitaires fondée à Londres l'année précédente. Elle bénéficie du soutien des femmes américaines qui l'aident dans ses recherches en finançant l'achat très onéreux d'un gramme de radium à deux reprises, en 1921 et 1929.

À propos du suffrage des femmes, symbole des féminismes de l'époque, elle trouve que le principe est « essentiellement juste et qu'il devra être reconnu » et fait connaître son opinion aux parlementaires, ne supportant pas qu'un adversaire du suffrage se soit servi de son nom pour appuyer son argumentaire. « Ma mère, affirme Irène Curie, fut toujours extrêmement féministe [...]. Il y avait des questions sur lesquelles ma mère avait des opinions d'une intransigeance absolue. Par exemple, elle estimait que les femmes devaient avoir les mêmes droits, et d'ailleurs les mêmes devoirs, que les hommes [3] . »

Irène Joliot-Curie choisit, dans un contexte bien différent, de s'engager plus ouvertement. Comme sa mère, elle est dotée d'un capital de notoriété exceptionnel, même avant le Nobel, en tant que fille de deux Prix Nobel, elle-même scientifique. Le 14 janvier 1934, elle annonce avec Frédéric Joliot-Curie la découverte de la radioactivité artificielle, ce qui lui confère un surcroît de célébrité, bientôt accru par le prix Nobel. 1934, c'est aussi l'année d'une prise de conscience politique qui se fait avec la mobilisation antifasciste de la gauche. Les Joliot-Curie s'engagent, comme beaucoup de scientifiques de leur entourage.

Irène Joliot-Curie prend la défense du droit au travail féminin, menacé dans le contexte de crise économique et sociale des années 1930 [4] . Avec humour, dans son édition du 18 novembre 1935, Le Quotidien commente : « Si quelque règlement avait interdit à Irène Joliot-Curie de devenir savante, et l'avait condamnée au raccommodage des chaussettes de M. Joliot, le prix Nobel n'eut peut-être pas été cette année pour la France. »

Très sensible à la question du travail, qui est pour elle « le droit le plus précieux des femmes », Irène Joliot-Curie l'est moins à celle du vote. Certes cette « mesure de justice » a été « trop longtemps différée », mais elle craint un vote réactionnaire des électrices et ne s'oppose pas à un vote par étapes, commençant par le suffrage municipal, si cela permet de surmonter l'obstacle. En tout cas, elle se déclare nettement « féministe » et estime que « dans notre société, presque tout est à refaire en ce qui concerne la position de la femme » [5] .

L'engagement d'Irène

Engagée, Irène Joliot-Curie l'est aussi au sein du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, fondé en 1934. En juin 1936, elle est une des trois femmes appelées au gouvernement par Léon Blum. Pour La Française, cette nomination est « un hommage à la valeur intellectuelle et scientifique de la femme ». Consciente de ce statut de première, la secrétaire d'État à la Recherche scientifique affirme que si elle a accepté malgré ses hésitations, « c'est surtout pour servir la cause du travail féminin, si menacée aujourd'hui dans tous les pays ». Affaiblie par ses problèmes de santé, impatiente de reprendre ses recherches, elle démissionne trois mois après sa nomination, cédant la place à son ami Jean Perrin.

Irène Joliot-Curie n'abandonne pas pour autant le combat antifasciste. Elle soutient les républicains espagnols ; elle participe, en mai 1938, à la Conférence internationale des femmes pour la défense de la paix, de la liberté, de la démocratie, qui dénonce la marche à la guerre entreprise par Hitler. Le Comité mondial des femmes dénonce les accords « criminels » de Munich. En 1939, Irène Joliot-Curie préside l'Union des intellectuels français pour la justice, la liberté et la paix, qui veut rappeler aux « intellectuels égarés » que « la non-résistance tourne invariablement au profit de la force et de l'oppression ». Elle participe à l'accueil des savants étrangers fuyant le nazisme. La résistance, dès 1940, est dans le droit-fil de ses engagements lucides d'avant-guerre. Elle se rapproche, comme son mari, de la mouvance communiste, qu'elle ne quittera plus. À la Libération, elle rejoint l'Union des femmes françaises, dont le premier congrès met en avant la défense de la famille, la libération et la reconstruction de la France. Elle publie dans Femmes françaises, en septembre 1945, ses « Impression d'URSS » où elle s'enthousiasme pour « la participation de la femme à tous les travaux, même les travaux de force », y compris dans l'armée. Puisque l'égalité des sexes est réalisée en URSS, écrit-elle, le féminisme y est devenu sans objet. Mais elle s'écarte de la ligne du parti lorsqu'elle approuve « la liberté de la procréation féminine ». Elle meurt en 1956, l'année qui voit naître le Planning familial et reconnaître la technique de l'accouchement sans douleur : débuts d'une révolution qui donnera aux femmes les moyens de maîtriser leur corps.

Marie Curie et Irène Joliot-Curie échappent en grande partie au regard social dominant qui n'admet qu'avec réticence les femmes dans le monde du travail, et ne les tolère qu'au prix d'une assignation à la « féminité professionnelle ». Indifférentes aux préjugés, à l'opinion d'autrui, elles sont non seulement pionnières mais exceptionnelles. Elles montrent par l'exemple que les sciences et le génie n'ont pas de sexe.

En deux mots Le combat des femmes pour l'égalité des sexes mobilise aussi bien dans la communauté scientifique que dans le reste de la société. L'excellence n'a pas suffi à Marie Curie et à sa fille Irène Joliot-Curie pour obtenir les postes qu'elles convoitaient. Leur notoriété permit néanmoins à la première d'appuyer les suffragettes anglaises et, à la seconde, de s'engager politiquement jusqu'à participer à un gouvernement.

Christine Bard
Christine Bard

[1] Colette Yver, Princesses de sciences, Paris, Calmann-Lévy, 1907.

[2] Pierre Curie, Le Matin, 20 décembre 1903.

[3] Irène Joliot-Curie, « Marie Curie, ma mère », Europe, 108, 98, 1954.

[4] Christine Bard, Les Filles de Marianne. Histoire des féminismes 1914-1940, Fayard, 1995.

[5] Hélène Gosset, « Irène Joliot-Curie, scientifique », L'?uvre, 21 août 1935.

jeudi 8 juillet 2010

La Cour de cassation reconnaît une adoption par le second parent d'un couple homosexuel

La Cour de cassation reconnaît une adoption par le second parent d'un couple homosexuel
LeMonde.fr avec AFP | 08.07.10 | 17h58 • Mis à jour le 08.07.10 | 22h38

Pour l'avocate de Mme B., Caroline Mécary, "cet arrêt pose tout de même la question de la pertinence de la législation actuelle".
AFP/MARTIN BUREAU
Pour l'avocate de Mme B., Caroline Mécary, "cet arrêt pose tout de même la question de la pertinence de la législation actuelle".

La Cour de cassation a rendu, jeudi 8 juillet, un arrêt historique par lequel elle admet un lien de filiation entre un enfant et la compagne de sa mère biologique. En ordonnant l'exequatur – c'est-à-dire la reconnaissance juridique sur le sol français – d'une décision prise plus tôt par un tribunal américain en faveur d'une certaine Mme B., la Cour laisse entendre qu'un enfant peut avoir juridiquement deux parents du même sexe.
L'association Inter-LGBT "salue" cette décision

"Pour la première fois, et par l'application d'une décision d'une justice étrangère, il y a une reconnaissance implicite d'une famille homoparentale, via le biais d'un couple binational", a salué Vincent Loiseau, porte-parole de l'association Inter-LGBT (Lesbien, Gay, Bi et Trans), qui réunit soixante associations.

Il dit toutefois regretter "qu'il y ait toujours autant d'obstacles à l'homoparentalité en France". "Il n'y a toujours pas en France de reconnaissance de la famille homoparentale, alors que l'on sait que 57 % des Français y sont favorables", a souligné M. Loiseau, rappelant un sondage paru en novembre 2009.

Médecin française exerçant aux Etats-Unis, Mme B. et sa compagne Mme N., médecin elle aussi, de nationalité américaine, sont toutes les deux mères d'une petite fille, conçue en 1999, à Atlanta, grâce à une insémination artificielle avec donneur anonyme. Mme B. a réclamé peu de temps après et obtenu de la justice américaine d'être reconnue comme le second parent de l'enfant.

Selon le site d'information gay et lesbien Yagg, le tribunal du comté de DeKalb, en Géorgie, avait estimé que la demande d'adoption était "dans le meilleur intérêt de l'enfant. (…) Il serait contradictoire avec la réalité des dispositions quant à l'éducation de l'enfant de mettre fin aux droits du parent légal ou de refuser le droit d'adoption par le second parent, ladite adoption bénéficiant du consentement formel du parent légal". Un nouvel acte de naissance a donc été établi indiquant que la mère était Mme N. et le second parent Mme B.

UN ARRÊT QUI FERA JURISPRUDENCE

Mais si la justice américaine a autorisé l'adoption, le tribunal de grande instance de Paris, lui, a rejeté la demande en 2007, refusant de traduire en droit français la décision prise par un tribunal américain. Un refus réitéré par la cour d'appel en octobre 2008. C'est cette décision sur laquelle est revenue aujourd'hui la Cour de cassation.

Pour la Cour de cassation, le refus d'exécuter en France le jugement américain ne peut se fonder sur le motif qu'il heurte des principes essentiels du droit français. Il n'en est pas ainsi de "la décision qui partage l'autorité parentale entre la mère et l'adoptante de l'enfant", écrivent les magistrats dans leur arrêt.

"Non seulement cet arrêt bénéficie à cette petite fille, qui a désormais deux parents juridiques aux Etats-Unis et en France, mais il fera jurisprudence pour tous les couples binationaux dont l'un des membres aurait adopté l'enfant de son partenaire à l'étranger", a expliqué l'avocate de Mme B., Caroline Mécary, citée sur le site 20minutes.fr. "Cet arrêt pose tout de même la question de la pertinence de la législation actuelle", estime-t-elle.
Dans un communiqué ultérieur, elle a également souligné que c'était "un pas considérable fait vers l'égalité de traitement des enfants élevés par deux femmes ou deux hommes".

mercredi 7 juillet 2010

"Tout est fait pour décourager les femmes en politique"

Elisabeth Guigou, députée (PS) de la Seine-Saint-Denis
"Tout est fait pour décourager les femmes en politique"
LEMONDE pour Le Monde.fr | 07.06.10 | 15h56 • Mis à jour le 07.06.10 | 16h07


Fernand : Dix ans après le vote de la première loi sur la parité, quel bilan faites-vous de cette réforme?

Elisabeth Guigou : Ce bilan est mitigé : excellent pour les élections au scrutin de liste : élections municipales, régionales et européennes, puisque la loi du 6 juin 2000 a imposé l'alternance stricte homme-femme sur les listes. Nous avons donc la moitié de conseillères municipales, de conseillères régionales. Là où c'est très décevant, c'est dans les élections aux scrutins uninominaux, où nous avons seulement 18,5 % de députés à l'Assemblée nationale. Nous avons presque 22 % de sénatrices. Car une partie des élections des sénateurs se fait à la proportionnelle.

Pour les scrutins de liste, nous avons 44 ,5 % de femmes au Parlement européen, 48 % de conseillères régionales, et 35 % pour les conseillères municipales. En revanche, pour les scrutins uninominaux, nous avons 18,5 % de députés et 22 % de sénatrices.

La loi n'a donc pas atteint son objectif, car elle a procédé de façon indirecte en imposant des pénalités financières pour le scrutin législatif (députés et sénateurs). Il faut reconnaître, hélas, que les partis politiques ont préféré payer les pénalités plutôt que de présenter 50 % de femmes candidates.

Il y a des différences entre les partis : les partis de gauche paient beaucoup moins que les partis de droite : le PS paie 500000 euros par an, alors que l'UMP paie 4 millions d'euros.

Marie : La réforme des collectivités territoriales présentée par le gouvernement va faire mécaniquement diminuer le nombre de femmes élues dans ces assemblées. Comment faire pour éviter ce recul de la parité ?

Il faut savoir que la loi du 6 juin 2000 dont nous fêtons les dix ans n'avait pas de dispositions particulières pour l'élection des conseillères générales. Parce qu'il n'existe pas de financement public pour ce type d'élections, donc il n'y avait pas de moyen de pression comme il en existe pour les législatives.

Evidemment, quand le gouvernement a décidé de remplacer le scrutin de liste régional par un scrutin uninominal pour les futurs conseillers territoriaux qui, à partir de 2014, remplaceront les conseillers régionaux, cela se traduira par un recul terrible de la parité. Toutes les projections montrent qu'on passera de 48 % de conseillères régionales à 17 % de conseillères territoriales. Ce qui est évidemment une régression inacceptable, choquante, indécente, qui d'ailleurs peut être condamnée par le Conseil constitutionnel.

Nous allons faire un recours sur cette base, car l'article 1er de la Constitution dit que "la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives". Et ceci depuis la loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 que j'ai l'honneur de défendre devant le Parlement.

Donc cette disposition, à nos yeux, est inconstitutionnelle. C'est la raison pour laquelle le gouvernement, la semaine dernière, à la fin de la dernière nuit d'examen du projet de loi, a fait passer un amendement qui vise prétendument à favoriser la parité pour les élections des conseillers territoriaux.

Evidemment, cet amendement n'est qu'un garde-fou destiné à prémunir le gouvernement contre une censure du Conseil constitutionnel. C'est un amendement qui instaure des pénalités financières qui n'existaient pas pour les élections locales. C'est un amendement insupportable et absurde, d'abord parce que c'est un micmac financier complexe auquel personne ne comprend rien, que les retenues financières sont ridicules, que, en plus, on prend les pénalités sur l'enveloppe financière destinée aux députés, on affaiblit donc la possibilité de pénalités financières sur les députés.

Et c'est un amendement qui tourne le dos aux propos mêmes du premier ministre, qui, dans une déclaration très théâtrale, avait appelé à la mise en oeuvre de sanctions lourdes et dissuasives. Enfin, cet amendement ne règle pas la question des femmes candidates, évidemment, et encore moins la question des femmes élues. Parce que le paradoxe aujourd'hui, c'est que même quand les parties présentes, à peu près la moitié de femmes candidates, il n'y a pas la moitié de femmes élues, car on donne aux femmes les circonscriptions les moins bonnes.

Donc le vrai sujet aujourd'hui, pour faire progresser la parité, c'est de faire respecter par des sanctions financières dissuasives l'obligation d'avoir 50 % de femmes candidates à toutes les élections, qu'elles soient uninominales ou de listes. Pour cela, nous avons proposé qu'on supprime purement et simplement aux partis politiques qui ne présentaient pas 50 % de femmes candidates tout financement public.

Deuxième mesure pour traiter le problème de l'écart entre nombre de candidates et nombre d'élues, qu'on instaure des sanctions financières dissuasives contre les partis politiques qui n'assurent pas 50 % de femmes élues. Cela a été repoussé par le gouvernement. D'ailleurs, celui-ci ne comprend pas ce qu'est la parité, car la parité, ce ne sont pas des quotas, 30 ou 40 %, la parité, c'est 50-50.

Diego : Dans ces dernières décennies, toutes les démocraties européennes semblent avoir fait un pas en avant dans le système électoral, avec un pourcentage croissant de femmes élues parlement. Seule la France ne parvient apparemment pas à décoller. Est-ce un problème politique ou social ?

Je pense que ce sont les deux. En France, la politique est encore considérée aujourd'hui comme le lieu par essence du pouvoir. C'est un territoire où les hommes n'ont jamais voulu que les femmes s'aventurent. C'est pourquoi les Françaises ont eu le droit de vote bien après les Européennes, même 36 ans après les Turques...

Cela remonte à la Révolution française, où malgré l'insistance de Condorcet ou de féministes comme Olympe de Gouges - qui disait : "Les femmes ont le droit de monter à l'échafaud, je ne vois pas pourquoi elles n'auraient pas le droit de monter à la tribune de l'Assemblée nationale" -, jamais la Révolution française n'a accordé aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes. Tout cela sous des prétextes du genre : "les femmes seront influencées par les prêtres donc vont voter pour la réaction"; "pourquoi donner des droits particuliers aux femmes alors que l'universalisme républicain leur reconnaît en théorie les mêmes droits ?"

On a surmonté tout cela avec la réforme constitutionnelle, mais ce qui est terrible, c'est que la politique fonctionne en France comme un territoire sacré, lieu ultime du pouvoir où les femmes n'ont pas le droit de s'aventurer.

C'est un peu le cas dans tous les pays européens : là où on pense que se situe le pouvoir suprême, on n'admet pas les femmes. Par exemple, dans les pays du nord de l'Europe, qui sont exemplaires sur la parité en politique, mais où on considère que le vrai pouvoir se trouve dans l'économie et dans les entreprises, il y a autant de femmes que d'hommes dans les parlements, mais une infime minorité de femmes à la tête des entreprises.

Donc il faut se battre sur tous les fronts, et surtout lutter contre la régression actuelle, non seulement en politique, mais aussi dans la vie professionnelle. Car c'est quand même inouï qu'à notre époque, les femmes continuent à être payées 30 % moins cher que les hommes, et qu'elles continuent à être pénalisées dans leur carrière dans les entreprises privées parce qu'elles doivent forcément interrompre quelques semaines leur travail pour donner naissance aux enfants, dont notre pays a, nous le savons, un urgent besoin.

La lutte pour la parité dans tous les domaines de la vie en société, c'est un combat qui doit absolument reprendre. Sinon, la régression s'accentuera et nous aurons une société bancale, car une société ne peut fonctionner de façon harmonieuse que si elle reflète ce qu'est l'humanité, tout simplement.

Martine : Pourquoi si peu de femmes ont-elles envie de se lancer dans une carrière politique ?

Parce que tout est fait pour décourager les femmes en politique ! Les femmes ont encore en France l'essentiel de la charge des enfants et de la vie familiale. Pour des raisons biologiques et sociales. Si elles veulent faire de la politique, elles doivent ajouter une troisième vie à leurs deux vies déjà difficiles à concilier : la vie professionnelle et la vie familiale.

En plus, les partis politiques ne font rien pour les aider : on leur donne les plus mauvaises circonscriptions. Quand on voit des tribunes de partis politiques, même au PS où on est en principe en faveur de la parité encore aujourd'hui, il est très rare qu'on ait la parité.

Les partis politiques restent dominés par un fonctionnement très masculin. Je vais tout faire, je peux vous l'assurer, pour que lors des prochaines investitures pour les élections législatives en France, le PS soit exemplaire et qu'il investisse 50 % de femmes, pas une de moins, dans 50 % de circonscriptions gagnables.

Je sais que je peux compter sur Martine Aubry, mais il faut surmonter les réticences ordinaires d'un appareil qui n'a pas l'habitude de raisonner comme ça. Nous sommes quelques-unes, à l'Assemblée nationale, au Sénat, dans le parti, à être très déterminées et à faire avancer les choses.

Sam : Quelle différence faites-vous entre ce que l'on appelle la discrimination positive, qui serait anti-républicaine, et les lois sur la parité qui me semblent relever du même principe ?

La réponse est que les femmes ne sont pas une catégorie, qu'il y a des femmes dans toutes les catégories. Et par ailleurs, les femmes, c'est juste la moitié de l'humanité... Et sans les femmes, il n'y aurait pas d'humanité. Donc ce n'est pas du tout une forme de discrimination positive, c'est reconnaître que si la politique veut être humaine, il faut qu'elle ressemble à l'humanité et à la société dont elle est l'émanation.

C'est pour cela que nous sommes loin des quotas, et qu'il faut tenir bon sur le 50-50. Chaque fois qu'on préconise des quotas, c'est une régression.

Martel : Comment font les pays où la parité est respectée ?

Ils ont une politique très avancée. A vrai dire, cela se passe surtout dans les pays nordiques, ou ce sont des lois qui l'imposent de façon beaucoup plus draconienne que chez nous. En Afrique du Sud, par exemple, c'est illégal. Donc il faut que nous ayons dans notre législation des mesures absolument obligatoires.

Jean-Michel Lucas : Sur ces dix ans, voyez-vous une quelconque corrélation entre l'évolution des taux de participation aux élections et l'évolution de la parité ? Qu'en est-il par ailleurs du lien entre le taux de présence des élus à leur siège et parité ?

Globalement, les femmes sont beaucoup plus assidues à l'Assemblée nationale et dans leur mandat en général. C'est un fait. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'hommes qui sont très présents, mais globalement, les femmes le sont davantage. Et je pense qu'il y a beaucoup plus de femmes qui plaident pour le non-cumul des mandats. Aujourd'hui, au PS, ce sont des femmes qui mènent ce combat.

Le non-cumul est la condition, le préalable absolu de réalisation et de la parité, et de la diversité, et du renouvellement en général, et de la revalorisation du rôle du Parlement, d'ailleurs. Et je pense que cela peut même être un argument électoral formidable. Les Français ont bien compris qu'ils auraient avantage à avoir des élus qui s'occupent d'un seul mandat. Ce peut donc être un atout électoral.

Raskolnikov : Ne pensez vous pas que la loi sur la parité était une fausse bonne idée, dans le sens où elle biaise le regard des députés, qui verront en leur collègue féminine, une femme faisant parti d'un quota, plutôt que leur égal en compétence?

Je rends cette justice à mes collègues hommes : je n'ai jamais senti chez eux ce type de raisonnement. D'abord, quand on est élu à un scrutin uninominal, on est élu sous son nom propre. Ensuite, sur les scrutins de liste, si les hommes se mettaient à regarder les femmes comme des élus de quotas, on pourrait leur retourner la politesse.

Chat modéré par Anne Chemin et Pascal Galinier

mardi 6 juillet 2010

L'association FEMEL'association FEMEN lutte contre la censure et l'agression des médias

attention article dans Entrevue ..; quelle référence ...


En Ukraine, les femmes prennent le pouvoir !
L'association FEMEN lutte contre la censure et l'agression des médias
Mardi 06 Juilet 2010 12:30


Shorty, soutien-gorges à dentelles, chaussures à talons, ces militantes ukrainiennes du mouvement féministe FEMEN protestaient le jeudi 3 juin en faveur des droits des médias.

Depuis un certain temps, les forces de l’ordre utilisent l’intimidation et agressent les médias afin qu’ils procèdent à l’autocensure. Pour l’illustrer, les activistes portaient des gilets de policiers anti-émeutes, des matraques en plastique et un bouclier sur lequel se lisait « la presse sous presse ».

Adeptes des méthodes de choc, elles se sont, par exemple, déshabillées le jour de la fête de l’indépendance ou encore ont bombardé des « sexistes » de gâteaux à la crème.

Et ces méthodes marchent puisque les images font le tour du monde…

Des féministes suédoises brûlent 10 000 euros pour protester contre les discriminations

Des féministes suédoises brûlent 10 000 euros pour protester contre les discriminations
LEMONDE.FR avec AFP | 06.07.10 | 14h05


Un parti féministe suédois a brûlé mardi 100 000 couronnes en billets de banque, soit 10 385 euros, pour dénoncer les discriminations salariales entre hommes et femmes.
AFP/JANERIK HENRIKSSON
Un parti féministe suédois a brûlé mardi 100 000 couronnes en billets de banque, soit 10 385 euros, pour dénoncer les discriminations salariales entre hommes et femmes.

Un parti féministe suédois a brûlé mardi 100 000 couronnes en billets de banque, soit 10 385 euros, pour dénoncer les discriminations salariales entre hommes et femmes. "C'est ce que perdent les femmes à chaque minute dans le système actuel où les salaires sont déterminés en fonction du sexe", a déclaré Gudrun Schyman, chef du parti Initiative féministe, commentant l'action à la radio publique suédoise.

Détruire des billets de banque n'est pas illégal en Suède, a précisé un porte-parole de la banque centrale. "Ce n'est pas drôle de brûler de l'argent. Je sais que c'est beaucoup d'argent. Cela représente beaucoup d'argent pour moi et pour beaucoup d'autres", a convenu Gudrun Schyman, ajoutant qu'il y avait une longue liste d'organisations caritatives qui auraient pu en bénéficier.

"Mais, a-t-elle expliqué, Initiative féministe est un parti politique, pas une organisation caritative. Nous œuvrons pour changer la réalité. La question que nous voulons soulever à travers ce geste, ce sont les discriminations salariales." Initiative féministe a été fondé en 2005 et a présenté ses premières candidates aux législatives de 2006 mais n'a pas remporté de siège au Parlement.

lundi 5 juillet 2010

Une histoire politique du pantalon

Une histoire politique du pantalon
Christine Bard

Sciences humaines / Histoire

Date de publication : 19/08/2010

EAN13 : 9782021004076



Successeur de la culotte, le pantalon symbolise la masculinité et, partant, le pouvoir, comme en témoigne le dicton « porter la culotte ». Au cours de la Révolution, il se charge d’une signification plus précise en exprimant les valeurs républicaines et devient un élément clé du nouvel ordre politique. Mais l’Ancien Régime continue pour les femmes, qui, sur le plan tant vestimentaire que social, n’accèdent ni à la liberté ni à l’égalité. Privées de droits, assignées à résidence dans leur genre, elles sont interdites de pantalon.

Rien de tel qu’un interdit pour susciter le désir… Surchargé de fantasmes, le pantalon accompagne toutes les transgressions qui jalonnent la route de l’émancipation des femmes. Artistes, féministes, révolutionnaires, voyageuses, actrices, lesbiennes, sportives, innombrables sont les femmes connues et inconnues qui s’approprient l’habit masculin. Il faut attendre les années 1960-1970 pour que le pantalon soit féminisé et devienne un vêtement mixte. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait. Pourquoi l’ordonnance de 1800 interdisant aux femmes de s’habiller en homme n’est-elle toujours pas abrogée ? Pourquoi les collégiennes ne portent-elles plus que des pantalons ? Pourquoi une « journée de la jupe » ? L’actualité des questions de sexe et de genre gagne à être située dans l’histoire longue de la peur de la confusion des rôles et de la contestation du pouvoir masculin.

Christine Bard, professeure d’histoire à l’université d’Angers (CERHIO / Centre d’histoire de Sciences Po), est notamment l’auteure des Garçonnes (Flammarion, 1998) et de Ce que soulève la jupe (Autrement, 2010).