mardi 23 juin 2009

Encore une blague et un décorticage !

Je reçois une blaque via un mail :
Un homme entre dans un bibliothèque et demande à la préposée :

- Madame, pouvez-vous m'aider à chercher un livre ?

- Certainement , monsieur, lequel ?

- L'homme, le sexe fort. écrit par Émile Girard.

- Les livres de science-fiction sont au sous-sol, monsieur.

Ma réponse :


Donc j'ai cherché : J'ai pas trouvé le livre ... : il n'existe pas .
Alors tu vas peut être me dire "mais justement, c'est de la science fiction !".

Je reconnais alors dans la blague soit une auteure qui cherche à se "venger" gentiment des hommes, soit un auteur qui s'amuse ou se plaint de ne pas être le "sexe fort"que l'on vante partout.

On le vante partout et ce, dès le jeune âge avec des jeux pour garçons qui les somme d'être des super héros, chevaliers et autres justiciers ... faire usage de force, rapidité, ... de violence, en somme. Un élève m'a dit "papa m'a dit que les garçons étaient plus forts que les filles". Fils de prof du secondaire (mais prof-e, "celle qui fait le ménage pendant que papa regarde les matches de rugby", dixit cet élève).

Le livre n'est pas écrit : à quoi bon en effet écrire un livre dont le titre n'attire pas l'oeil et ne choque personne ?; c'est un fait établi : tout le monde croit que les hommes sont le sexe fort. Et les femmes, le sexe faible ou le beau sexe.

Dans le livre Les femmes, actrices de l'histoire France, 1789-1945, écrit par Yannick Ripa qui, je préfère préciser, est une historienne de renom, universitaire, un petit rappel historique y est fait: depuis (au moins) la Bible avec une version que l'on a bien retenue : Eve est née à partir d'Adam; celle ci LUI est inférieure. Par elle, arrive le péché originel. Même si le démon est incarné par cette femme tentatrice, sera créé plus tard au Moyen age le culte marial. Femme, ange et démon. Sainte ou salope.
Les philosophes du XVIIIè ne remettrons pas cela en cause. Peu de voix s'y opposeront (Montesquieu) pour prôner l'égalité des sexes à commencer par l'éducation; pas entendues.
Infériorité physique (dictée par son utérus et ses humeurs !) mais aussi mentale ... Crâne en moyenne plus petit donc plus bête. Depuis, on a vu que Einstein avait un "petit" cerveau... La taille n'a rien à voir avec l'intelligence. Bref, je m'égare. Tellement à dire.

Bien sûr, plusieurs façons de comprendre un titre : premier degré comme je l'ai fait ou deuxième degré, ironique .. mais personne, non plus, c'est "amusé" à écrire ce livre, même avec un point d'interrogation.

Car on peut comprendre aussi de deux façons différentes l'expression "sexe fort" :

- sens premier encore, on parle bien de la force physique et malgré la construction culturelle de la virilité, beaucoup seront d'accord sur ce point....
Remarque au passage de la petite Emma du CP lundi "Les femmes ne peuvent pas couper le bois" -cf histoire de garçons partis couper du bois dans le conte l'Oie d'or-; "Heureusement que" la maman d'un élève va couper le bois sinon j'aurais été obligée de lui raconter ta vie .... ;-) On oublie de voir qu'il y a de grandes différences (physiques) entre les hommes tout comme entre les femmes.

- sens plus général : qui mène ... dans le couple par exemple.

C'est probablement là où la blague veut en venir: "les mecs ne mènent pas (plus) grand'chose dans le couple". Le "pater familias", le père "chef" de famille, n'existe plus LEGALEMENT depuis 1970. Même si en 1991-92, je l'ai sorti en plein repas à mon père qui se sentait être TOUJOURS le chef de la famille car, lui, "il avait longtemps ramené de l'argent à la maison". Que nenni du travail non rémunéré domestique de sa compagne/épouse.... Mes parents réprésentent bien le schéma classique qui perdure.

Pour en revenir à la blaque : les décisions seraient donc prises par des femmes fortes qui mèneraient tambour battant leur vie, celle de leur famille, du couple et peut être même celle du mari !
Je veux bien que cette répartition des tâches dans le couple puisse être disproportionnée : madame fait encore et toujours le ménage, la cuisine, l'éducation des enfants mais elle bosse aussi: triple ou quadruple casquette ... -chapeau, je dis alors à madame- ! Difficile de voir ce qui se passe ensuite au niveau des décisions prises dans le couple....

Aurions-nous donc ici plutôt une blague qui, sous ses airs faussement féministes - faussement, car rire des clichés c'est souvent les faire perdurer-, serait plutôt une blague antiféministe : "les femmes ont pris le pouvoir : on ne décide plus rien et l'homme, sexe fort est un mythe qui (hélàs) n'est plus: c'est de la science fiction".

Une blague qui parlerait à Eric Zemmour.

Quand on me dit "c'est la réalité !" ... Je devrais dire maintenant une réalité ne doit pas être une fatalité !

lundi 22 juin 2009

"Quand est ce que vous vous y mettez aussi ?"

Difficile de réagir facilement à des propos qui sont porteurs d'une certaines idéologie ... les femmes doivent toutes avoir des enfants ? Propos entendus dans la bouche d'une personne qui connait quelques projets faits mais la manière de le dire soutenait tellement fort cette idée que j'ai dû la calmer un peu (ne mettons pas la charrue avant les boeufs... ai-je dit?).
Je pense que cette personne soutient l'homoparentalité ; en tout cas elle en donne tous les signes.

"Qu'on vous voit un peu avec les couches ?!" ... L'humour encore ...Cela passerait, cet humour, si je ne connaissais pas d'autres propos tenus par cette personne : n'aime pas homo trop efféminé, soyez discrets: pas de coming out,et humour encore (ou façon de dire ce que l'on pense sans être pris au sérieux mais l'idée est encore donnée, reléguée, entendue : si il est devenu "homo", c'est à cause de son ex-femme etc.) Pourquoi continuer alors de reléguer des stéréotypes discriminatoires ? Si on "devient" homo à cause de quelqu'un, c'est que l'on est un peu idiot: on aurait pu chercher encore quelqu'un de ce sexe !!

L'impression de vouloir nous tester : allez, on veut vous voir comme des femmes "accomplies" -donc mères-. Dickat de la vision de la femme = mère !!

Visage du sexisme (car aussi "femme naturellement et physiquement plus faible", certains métiers ne sont pas pour les femmes, c'est bien des filles qui posent des questions tout le temps, ...) et de l'homophobie très politiquement corrects ...

dimanche 21 juin 2009

J'en ai marre ...

Parler du sexisme et d'homophobie n'attire pas la sympathie; bien au contraire... C'est bizarre, pour la lutte contre le racisme, les gens y adhèrent d'entrée: halte à la ségrégation qui poserait comme principe une inégalité dite naturelle.

C'est étrange, cette façon discrète et méprisante de ne pas vouloir voir cette vérité qui dérange ... Je suis mal de voir ces deux attitudes si différentes. A croire que les différences ne se "valent" pas. J'ai l'impression non seulement de ramer à contre-courant mais d'avoir des crocodiles affamés qui me guettent, s'ils ne se jettent pas tout de suite sur moi.

J'en ai marre.

Je viens de lire un article très intéressant de l'historienne Yannick Ripa: Les féministes ont-elles un sexe ? (dans L'Histoire n°277; juin 2003) qui montre bien le lien entre féminismes et revendications de posséder son propre corps. D'avoir une sexualité.

Et pourtant en 150 années d'existence, le ou les féminismes ont adopté différentes stratégies pour se faire entendre, dont celle de reléguer à plus tard des revendications liées à la liberté du corps. Car l'antiféminisme aime à réduire les féministes au corps, au sexe, à une sexualité "anormale" (:trop de sexualité ou pas assez de sexualité, ou "différente"). Pour les dévaluer parce que "dangereuses".

Il est intéressant de voir d'ailleurs que le premier féminisme, celui du fouriérisme des années 1830 avaient des revendications sexuelles (liberté et remise en cause du couple) que l'on retrouvera dans les années 1960 ... Entre les deux époques, les féministes veulent presque toutes "que" l' égalité politique, civique, faisant figure pour la majorité de la bonne épouse, de la bonne mère ... Le sexe, c'est dans le couple, c'est pour la reproduction et la maternité. Il faut faire profil bas pour être écoutée. Et encore "écoutée": attendre 70 ans pour obtenir le droit de vote, je trouve que la lutte fut longue et, de plus, confisquée aux féministes !
Je vois bien pourquoi il faut faire profil bas car on vous tombe dessus à grand coup de hache. Parler de la burka est symptomatique aussi du voile que les Occidentaux se mettent devant les yeux !
Cette société est non seulement hypocrite: elle est aussi violente.

Cela illustre bien la relégation des femmes à des "êtres sexuels" ;la meilleure critique faite à une femme est bien celle d'être une "putain" à partir du moment où elle fait ce qu'elle veut de son corps et de son sexe. La femme est prisonnière de son corps, de son sexe, de sa sexualité: c'est un fait culturel dont il faut finir de se débarrasser. La femme qui vend son corps est à la fois méprisable, méprisée mais désirée. Hypocrisie, violence.

L'autre fois, j'ai lu qu'au Kenya, les femmes avaient fait la grève du sexe -je ne parle pas des prostituées- et qu'elles étaient arrivées à leurs fins, rapidement !


Grève du sexe au Kenya
Les femmes mettent les hommes à la diète… pour la bonne cause

« Pas de réforme, pas de sexe ! », tel est le mot d’ordre du mouvement lancé, mercredi, au Kenya, par l’Organisation de développement des femmes pour protester contre les différends qu’entretiennent le Premier ministre et le Président de la République. Des différends qui menacent le précaire équilibre du pays. Même Ida Odinga, l’épouse du chef du gouvernement kenyan, s’est dite solidaire de l’initiative. Les hommes kényans devront se passer jusqu’à jeudi des plaisirs de la chair, à l’égal des personnages imaginés par le dramaturge grec antique Aristophane, dans sa pièce Lysistrata.


lundi 4 mai 2009,

La « Semaine de l’abstinence » décrétée par les kényanes fait de nombreuses adeptes, au grand dam des hommes. Elles espèrent convaincre le Premier ministre, Raila Odinga, et le président, Mwai Kibaki, d’agir contre la pauvreté plutôt que de se quereller sur des questions de protocole et de préséance. Patricia Nyaundi, directrice exécutive de la Fédération des avocates (FIDA), l’organisation qui a impulsé le mouvement composé aujourd’hui d’une coalition d’associations et de citoyennes convaincues, estime que la grève du sexe est une excellente façon pour les femmes d’exercer leur force de persuasion. « Les grandes décisions sont prises sur l’oreiller, donc nous demandons aux deux dames (les épouses du Premier ministre et du président) lorsqu’elles se retrouvent dans l’intimité avec leurs maris de leur demander : "Mon chéri, peux-tu faire quelque chose pour le Kenya ?" », a expliqué Patricia Nyaundi à la BBC.

Dès jeudi dernier, au lendemain du lancement du mouvement, Ida Odinga, l’épouse du Premier ministre kenyan, s’est dite solidaire. Ce week-end, lors de l’émission Africa Network diffusée par la BBC, elle a déclaré, pour justifier sa décision, qu’« il y a beaucoup de femmes qui subissent des viols, qui souffrent de la faim, et jusqu’à maintenant nos gouvernants ne pensent pas au gens du peuple, ils ne se soucient que de savoir qui sera responsable de ceci ou de cela ». Elle n’a cependant rien déclaré au sujet de l’acariâtre première dame, Lucy Kibaki. Celle-ci n’a pas dit si elle faisait subir à son auguste mari les affres de l’abstinence.

Ne pas faire l’amour pour combattre la guerre

Les femmes kenyanes espèrent qu’en privant tous les hommes du pays de sexe (elles ont même promis un dédommagement aux prostituées afin qu’elles s’associent au mouvement et interdisent tout échappatoire aux mâles en rut), ils réfléchiront mieux aux moyens de faire taire leurs différends au sein de la société comme au sommet de l’Etat. Quelque 1500 personnes avaient été tuées et plus de 300 000 déplacées suite aux violences nées au cours des élections présidentielles de décembre 2007. En février 2008, Raila Odinga avait accepté de devenir le Premier ministre de Mwai Kibaki. Mais depuis, les relations des deux hommes se sont dégradées, menaçant les intérêts du pays et la paix sociale.

L’initiative des femmes kényanes n’est pas sans rappeler Lysistrata, une comédie grecque écrite en 411 avant JC par Aristophane. La pièce, dont l’action se déroule au cours d’une guerre entre Athène et Sparte, raconte l’initiative de Lysistrata, une belle Athénienne qui a réussi à convaincre les femmes de toutes les cités de déclencher une grève totale du sexe, jusqu’à ce que les hommes reviennent à la raison et cessent le combat. Jeudi, nous saurons si l’initiative de Patricia Nyaundi aura eu le même succès que celle de Lysistrata.


Lu sur rue 89
Alors que le boycott expirait mercredi dernier, Ann Njogu, directrice du Center for Rights Education and Awareness, l'une des ONG membres de la coalition, n'a aucun doute : la grève a atteint ses objectifs. Le président, Mwai Kibaki, et le premier ministre, Raila Odinga, qui ne s'adressaient pas la parole depuis des mois, se sont rencontrés trois fois. Mais beaucoup reste à faire et les femmes s'apprêtent à présenter au président une feuille de route pour réconcilier le pays, toujours divisé selon des clivages ethniques, et s'attaquer au problème de la faim.


Autre sentiment d'impuissance en lisant ceci:
Sur le site suisse, je viens de lire ceci sur le lien entre Ecole et homosexualité (http://www.lambda-education.ch/content/menus/ecole/laloidu.html)
Dans un tel contexte, les jeunes le comprennent très tôt: afin de préserver leur réputation auprès de leurs camarades, de leurs professeurs, et l'amour de leurs parents, ainsi que toutes leurs chances d'accès au bonheur, il est impératif de garder le silence et de jouer le jeu de la majorité.
L'école, en n'abordant pas les questions d'orientation sexuelle, approuve tacitement l'opprobre social et sémantique qui stigmatise l'homosexualité, et conforte les jeunes qui peinent à s'identifier à la norme hétérosexuelle dans leur sentiment d'isolement. Exclus de la course au bonheur, on comprend le désarroi de certains jeunes homos qui ne trouvent plus de raison de continuer.

Les peurs des profs homos
Les élèves ne sont pas les seuls à ne pouvoir exister dans le cadre scolaire. Des enseignants gays ou lesbiennes, les écoles romandes en comptent aussi à la pelle. Mais qui ose l'afficher en classe ou même dans la salle des maîtres? Par peur de perdre leur poste ou des clichés qu'on véhicule, la plupart d'entre eux restent dans l'ombre. "Sur mon lieu de travail, je ne peux pas parler de ma vie privée ou de mes loisirs. J'esquive les questions personnelles que posent les élèves", avoue Alain*, enseignant vaudois. "Je dois tout le temps réfléchir à ce que je dis. Même en dehors du travail, je suis toujours sur mes gardes." La peur est d'autant plus grande qu'il n'est pas encore nommé: "Chaque année, mon contrat est renouvelé. Si on apprenait que je suis gay, cela ne m'étonnerait pas que l'année suivante on me dise qu'il n'y a plus assez d'heures pour moi. Certains de mes collègues le disent ouvertement: un homosexuel ne devrait pas pouvoir enseigner. Leur argument principal est la peur qu'on ait une influence quelconque sur les élèves." Valérie*, qui enseigne sur la côte vaudoise, souffre elle aussi: "C'est difficile de devoir mentir constamment sur son lieu de travail. C'est pesant, cela me démoralise parfois vraiment de ne pas pouvoir le dire. Je suis frappée de voir à quel point les ados, les garçons surtout, peuvent tenir des discours homophobes." Philippe*, qui enseigne dans une classe de 6e primaire à Genève, renchérit: "Je ne me sens pas la force d'assumer si un élève me demande. J'ai peur pour mon poste, et je crains la réaction des parents d'élèves". Dominique*, prof de français au cycle d'orientation à Genève, confie: "Je ne m'affiche pas comme gay, car je n'ai pas envie d'engendrer des remarques douteuses ou des plaisanteries grasses. Et j'ai peur de la hiérarchie."

Double discours
Paranoïa? A en juger des réactions au sein de certaines directions d'école, les profs homos ont raison d'être sur leurs gardes: "Le prosélytisme me fait frémir", avoue Mme Bouvard, directrice de l'ECG Jean Piaget à Genève. "Je n'engagerais pas d'enseignant homosexuel", enchaîne Anne-Marie Rebetez, de l'école St-Paul à Porrentruy. Georges Schürch, pendant quinze à la tête de l'école des Colombières à Versoix, aujourd'hui directeur général du cycle d'orientation à Genève, note que les enseignants sont des "modèles de citoyen" pour les élèves. "Le prosélytisme homo dépasserait la fonction de l'enseignement. La neutralité est de mise." Et les profs hétérosexuels d'affirmer: "Je ne vois pas pourquoi un prof gay devrait parler de sa sexualité à ses élèves. Moi je ne parle de mon hétérosexualité à personne." Pourtant, ils affichent confortablement leur identité et leur orientation sexuelles tous les jours. Ils portent des alliances au doigt, ils racontent à leurs élèves où ils ont passé le week-end avec leur femme ou leur mari, ils invitent leurs conjoints aux réceptions de l'école, et n'ont pas besoin de lâcher des mensonges lorsque leurs élèves leur posent des questions personnelles. Inconscients de leurs privilèges, ils font l'amalgame entre orientation et activité sexuelle. "Dès qu'il est question d'homosexualité, les gens pensent immédiatement à ce que nous faisons au lit", relève Dominique. "Il ne s'agit pas de l'activité sexuelle, mais de l'orientation et de l'identité sexuelles, ce qui est complètement différent. En sus, la confusion entre homosexualité et pédophilie est courante. Les profs homos souffrent beaucoup de cela."

Cependant, à en croire les instances dirigeantes, il n'y a pas de discrimination au moment de l'engagement. Pierre Ronget, de la direction générale de l'enseignement secondaire à Genève, est catégorique: "Nous engageons les maîtres selon leur capacités professionnelles. La sphère privée n'entre pas en ligne de compte." Que se passe-t-il si un enseignant gay répond honnêtement à une question d'élève concernant son orientation sexuelle? "Les profs gays ont le droit de parler au même titre que les hétérosexuels. Il serait absurde d'y voir du prosélytisme. Cela dit, un enseignant se doit d'adopter une attitude neutre par rapport aux questions de religion ou de politique. Cela vaut aussi pour l'orientation sexuelle". Werner Kull, chef de service au Département de l'Education du canton de Fribourg, confirme: "L'orientation sexuelle n'est pas prise en considération lors de l'engagement des maîtres." Verena Schmidt, juriste au Département de l'Instruction Publique à Genève, relève qu'il n'y a pas de règlement de non-discrimination par rapport à la nomination des enseignants. "L'article 4 de la Constitution est la norme de référence. Il reste que la nomination est un acte d'appréciation".

La peur de montrer son vrai visage peut se justifier. Mais en l'absence de discrimination théorique, la censure ne provient-elle pas plus de l'homophobie et de la psychose des profs gays eux-mêmes que de celle de l'institution? Peur de passer pour un "prosélyte"? On n'accuse pourtant pas les enseignants hétéros de faire du prosélytisme hétérosexuel. En jouant la carte de la transparence et de l'honnêteté, en mettant en pratique le droit élémentaire qu'ils ont à être ce qu'ils sont, les enseignants gays et lesbiennes peuvent eux-mêmes remédier à leur isolement. Et surtout donner une image positive de l'homosexualité à leurs élèves, et ainsi briser le cercle vicieux de cette invisibilité hypocrite.
"


Je pourrais coller tout l'article car je me vraiment la question du sexisme, de l'homophobie ou tout simplement de l'hétérocentrisme à l'école. Celui-ci est omniprésent. Si présent que l'on voit pas ; en tout cas, on trouve cela "normal".

J'ai l'impression de trouver un soutien qu'auprès des ces gens qui sont loin; ceux qui ont écrit dans des livres ou des sites internet. Solitude et désespoir. Isolement. Je veux rencontrer, échanger avec des gens qui partagent ces idées, qui, même s'ils n'ont pas franchi le pas du militantisme, se posent aussi ces questions.

Les fêtes des pères et des mères -au singulier bien sûr- sont pour moi pas très claires. Bien sûr, qu'il a fallu des cellules reproductrices mâles et femelles pour que l'on naisse mais pas toujours un homme et une femme qui seront "le père" et "la mère". Les familles recomposées, monoparentales et bien sûr homoparentales -dans leur diversité- amènent à voir la réalité : la "fête des mères et des pères" nous font faire des conneries.
Idéalement, je voulais faire une "fête des parents" qui est plus neutre et recouvre ainsi plusieurs réalités. Je sais que des réactions dans la famille ont jailli : "mais ce n'est pas comme cela que cela se passe: ce n'est pas le même jour !" Ah le super argument ... J'ai même voulu que ce cadeau soit doublé en cas de séparation des parents: parler de ce dont on ne parle pas; lui donner un visage "normal". "Oui, cela arrive." Mais je ne suis pas sûre que j'ai réussi à mettre les élèves concernés plus à l'aise. Je préfère que l'on en parle plutôt qu'on le taise comme si on devait en avoir honte. J'ai encore à apprendre je pense pour en parler le mieux possible, voire carrément justifier cette position qui, je pense, respecte le plus les enfants dans leur diversité...


Se justifier, il faudra et cela ne suffira pas, je le sais -je serais "suspecte"- mais voici un document émanant du ministère de l'Education :

:
cf PRÉPARATION DE LA RENTRÉE 2008
C. n° 2008-042 du 4-4-2008
NOR : MENE0800308C
RLR : 520-0
MEN - DGESCO

9 - Lutter contre toutes les violences et toutes les discriminations, notamment l’homophobie

L’école doit offrir à tous les enfants des chances égales et une intégration réussie dans la société. Sa mission est donc aussi de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, de permettre une prise de conscience des discriminations, de faire disparaître les préjugés, de changer les mentalités et les pratiques. Au sein des établissements, une importance particulière devra être accordée aux actions visant à prévenir les atteintes à l’intégrité physique et à la dignité de la personne : violences racistes et antisémites, violences envers les filles, violences à caractère sexuel, notamment l’homophobie.
Par tous les moyens, prévention et sanction, la lutte contre la violence dans et autour des établissements demeure une priorité absolue.

Ainsi que les syndicats:
Lutte contre les discriminations et l’homophobie

Le SNUipp se félicite de la mention appuyée dans la circulaire de rentrée de la lutte contre les discriminations et l’homophobie. L’évolution des questions de société, les recommandations tant au plan européen qu’au niveau de la HALDE ont sans doute aidé à cette prise en compte, mais il faut aussi y voir l’effet des actions intersyndicales et associatives unitaires dans lesquelles la FSU est particulièrement à l’initiative. Ainsi, le collectif Education associant UNL, FIDL, UNEF, FCPE, UNSA-Education, SGEN-CFDT, Ferc-CGT et FSU vient d’être reçu par Xavier Darcos sur ces questions.

Les questions de lutte contre les discriminations et contre l’homophobie en particulier sont des questions syndicales, pour les personnels comme pour la vie et la formation des élèves. L’actualité de juin est marquée par l’organisation des marches des fiertés en région et à Paris le 27 juin. Le SNUipp appelle à participer à ces marches qui constituent les plus importantes manifestations revendicatives et festives sur cette question.
Égalité de genres

Le SNUipp se félicite de l’existence de la charte pour la promotion de l’égalité dans la Fonction Publique signée entre la HALDE et le Ministère de la Fonction Publique , et du séminaire de La Halde sur ce thème organisé le 19 mai dernier. Il suivra avec attention ce dossier et notamment la déclinaison de la charte dans l’éducation nationale.
Sanctions contre les collègues inquiétés pour leur action

Le SNUipp rappelle son soutien aux collègues inquiétés ou victimes de sanctions ou de retenues sur salaires pour leur action militante. A cet égard, il appelle à signer en ligne la pétition du SNUipp 38 pour la levée des sanctions infligées à Jean-Yves Le Gall, directeur de l’école publique en Isère sanctionné pour avoir refusé de renseigner Base Elèves. De même, le SNUipp dénonce la pénalisation de l’action militante, rappelle son soutien aux collègues traduits en justice pour leur action militante comme dernièrement Sami Benméziane. Le SNUipp appelle à participer à la souscription ouverte par le comité de sou
tien à Sami. La solidarité doit être la réponse à la répression et à l’injustice."

samedi 20 juin 2009

Burka !


Samedi. Je viens de regarder un peu la télé et notamment la fin de Revu et corrigé sur france 5 qui a débattu sur la burka.

Premier constat fait cet a.m: un zapping des chaînes hertziennes et de la tnt : peu de femmes (désolée, j'ai pas noté et calculé le pourcentage).

Pour revu et corrigé qui a parlé de l'Iran et a fait intervenir une "chercheure" (mon correcteur d'orthographe n'en veut pas) ... iranienne ..: Paul Amar interroge ensuite les deux HOMMES politiques de droite et de gauche sur la burka ; la FEMME iranienne n'aura pas réellement son mot à dire .... bizarre ? malaise ...

Quel est mon avis (que je construis) !!!???
Une femme qui s'habille comme elle veut exprime sa liberté et PERSONNE ne doit lui dicter comment s'habiller. Et encore moins des HOMMES politiques.
S'extraire du regard de l'homme. C'est difficile. J'ai dû subir ce regard, ce jugement. "Bonne" ou "pas bonne" ? Vécu.
Par contre, une femme à qui on dicte comment elle doit s'habiller, comment elle doit se cacher du regard de l'homme, comme elle n'a pas droit, elle aussi, au désir et à l'expression de son propre corps pour se réserver au désir de son (futur) mari: c'est une aliénation. Condamnable.
Pour moi alors la burka est une prison dont elle doit se libérer.

A propos de "visibilité féminine" dans les médias:

La Commission de réflexion sur l'image des femmes dans les médias, voulue par la secrétaire d'Etat à la Solidarité Valérie Létard et présidée par la philosophe et productrice Michèle Reiser, veuve du dessinateur Reiser, a rendu un rapport le jeudi 25 septembre 2008.


Malgré des avancées, les femmes restent trop souvent "invisibles" ou "secondaires" dans nombre de médias français (radio, télévision, presse), selon les conclusions d'un rapport remis jeudi 25 septembre par Michèle Reiser à la secrétaire d'Etat Valérie Létard.


Prônant la création d'une mission d'observation et de suivi des stéréotypes féminins, Michèle Reiser, également membre du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), a mis en lumière le décalage toujours important entre la vie des femmes aujourd'hui et leur place et image dans les médias, ainsi que la persistance de stéréotypes, malgré des apparences trompeuses.

"Les femmes sont partout, comment voulez-vous qu'il y ait un problème avec l'image des femmes", se sont défendus les présidents et directeurs de chaînes ou de radio, interrogés par la commission Reiser. Elles représentent en effet aujourd'hui plus de 43% des journalistes, une proportion qui devrait croître puisque 60% des élèves en écoles en journalisme sont des femmes.
Pourtant, la commission, qui s'est appuyée notamment sur une analyse de médias par des chercheuses en sémiolinguistique, dans le cadre d'un projet coordonné par l'ONG canadienne Media Watch, constate que les femmes sont toujours moins présentes dans le contenu et dans l'expression ou le temps de parole.

Les femmes présentes dans les médias "sont plus anonymes, moins expertes, davantage victimes que les hommes" souligne le rapport.


Elles sont là, oui ... mais on les laisse moins parler cf la "chercheuse" -ça, ça passe- iranienne. Et puis à quel poste? Hier la fin après 10 ans d'émission Riposte présenté par Serge Moati: il fait venir l'équipe: un certain nombre de femmes dont la "rédactrice en chef" ... le titre a été répété, pas le nom ... Anonymes, derrière la caméra ... Je devrais parler des femmes "faire-valoir" ou potiches ? Les fameuses "filles de la météo" de canal +, recrutées pour leur plastique mannequinesque même si on cherche aussi à ce qu'elles fassent de leur passage, un moment d'humour. La fille de la météo me rappelle quelque part la "playmate" du samedi que l'on regardait oui nous enfants avec notre père dans collarococoshow !! On l'attend, (hum audience, quand tu nous tiens !), on la regarde -et on l'écoute un peu certes, pas beaucoup- !!

Suite de l' info, de juin 2009 :

La commission sur l'image de la femme dans les médias, installée en février 2008 par la secrétaire d'Etat à la Solidarité Valérie Létard, a été pérennisée et remettra chaque année un rapport sur les actions menées.

"J'ai voulu, en accord avec le Premier ministre, que votre analyse ne s'arrête pas là et que vous puissiez, par une action en profondeur, prendre le temps de la réflexion pour inventer de nouveaux outils de mesure des progrès réalisés en matière d'image des femmes dans les médias", a déclaré jeudi Mme Létard devant la commission.

La commission va dans un premier temps définir des indicateurs de suivi des stéréotypes féminins qui permettront aux différents médias d'élaborer un rapport. Les patrons de ces médias seront auditionnés par la commission qui remettra une synthèse à Mme Létard.

Citations du rapport:

"Invisibles" et "inaudibles"

En conclusion, malgré des avancées notables, les femmes demeurent souvent, selon les mots du rapport, "invisibles" ou "secondaires" dans les médias. Selon la commission, le taux des femmes dans les médias est de 37 % (enquête CSA). La commission a aussi relevé que les femmes ont moins de temps de parole que les hommes. "En libre antenne, les femmes ont 7 % de temps de parole sur NRJ, pour 93 % pour les hommes", fait valoir Michèle Reiser dans un entretien accordé, le 25 septembre, au journal Le Parisien. Autre exemple, en presse écrite hebdomadaire, 10 % d'articles sont consacrés aux femmes contre 50 % aux hommes qui font aussi l'objet de trois fois plus de photos.


Propositions d'actions :

Privilégiant le dialogue et la pédagogie, la commission qu'elle préside préconise des pistes d'actions :

- Création d'une mission d'observation et de suivi des stéréotypes féminins
La commission sera chargée de suivre les avancées réalisées sur la base d'un rapport annuel des responsables des médias. Un correspondant sera désigné dans chacun des médias afin d'établir un contact pérenne.

- Inscription d'une analyse des stéréotypes féminins dans le cadre de l'éducation aux médias menée par l'Éducation nationale
La politique de prévention et de sensibilisation est un enjeu important. Un volet de décryptage des stéréotypes dans les médias sera intégré dans la Convention interministérielle pour la promotion de l'égalité entre les filles et les garçons.


- Lancement d'un projet de monitorage des médias au niveau européen
Dans le cadre de la PFUE, initier un projet européen pour analyser les messages et images télévisuels, à l'instar du projet "screening gender" lancé par la Finlande en 1998.


Il est intéressant de voir que, pour une fois, je ne suis pas en décalage avec les actions. Cela a lieu actuellement ! Mes réflexion vont même dans le sens des actions gouvernementales !!
Plus sérieusement, je dois contacter l'association Mix-cité pour en savoir plus sur la façon d'aborder ces stéréotypes à l'école.

jeudi 18 juin 2009

Suis-je ..... ?

Qui suis-je ? Suis-je ....?
Ces questionnements arrivent souvent et ce, depuis mes 16 ans !: suis-je "homosexuelle", "lesbienne" ? suis-je "bisexuelle" ?
Est ce bien important ?
Est-ce seulement bien fondé de parler ainsi ?
Suite à mes doutes sur la catégorisation, je me retrouve comme souvent devant une impasse:
Dois-je utiliser ces mots et catégories qui enferment l'individu -même la catégorie bisexuelle- dans une identité restrictive et simpliste ? Oui car il faut dénoncer d'abord les discriminations, l'homophobie, lutter contre l'invisibilisation et l'adjonction à la discrétion ! nommer pour exister, nommer pour montrer l'existence de quelque chose que l'on ne voit pas ....

Ou dois-je aller plus loin dans la remise en cause du système (patriarcal) et dans la définition des notions de masculin et de féminin et tenter de faire voler en éclats ces catégories hermétiques, même celles de "homme" et de "femme" ? Cette vision radicale est profonde et demande à bien maîtriser le sujet ... car -de toutes manières- je serais mise avec cette vision contestataire dans la catégorie "extrémiste" que je sens poindre à grand pas !!! Pourtant déconstruire pour reconstruire passe par la mise en cause des idées, des mots. Plus que dénoncer un état des choses, le resituer dans le temps et dans l'espace pour démontrer sa relativité, sa construction culturelle et historique.

Car dans mon accès à tout un champ de connaissances nouveaux pour moi, je découvre petit à petit: les idées de l'un ou l'autre vision me parlent et je risque parfois de me contredire en dénonçant quelque chose dont les bases sont fausses dès le départ ...
Je pense que la première vision est chronologiquement la première forme de contestation à adopter car "socialement acceptable" mais qu'il ne faut pas avoir peur d' aller plus loin dans la remise en cause du système ...

Je citerais alors les Panthères roses :

1. Nous mettons en cause les genres masculin et féminin, c’est à dire qu’on cherche à le démolir le système de genre, et, en même temps, nous reconnaissons l’existence des femmes en tant que catégorie opprimée, ce qui nécessite un combat spécifique.

2. Nous voulons abolir les genres. Que dire alors de nos attirances pour des personnes de même sexe ?

3. Une association féministe de gouines et de pédés : ça n’a rien de naturel !

2.1. Ce qui peut apparaître comme un paradoxe "Remettre en cause le genre et reconnaître l’existence des femmes en tant que catégorie opprimée"

La hiérarchie entre les sexes s’appuie sur l’existence et la définition des genres : c’est la création de catégories à partir de critères précis qui fondent la différence. Comme le choix des critères est opéré à partir d’un référentiel dominant - le plus souvent estampillé "naturel" - la différence ainsi constituée est un mécanisme d’oppression : c’est sa fonction intrinsèque. Partant de là, la contestation du genre s’articule directement avec la reconnaissance de l’oppression des femmes et la lutte contre le sexisme et ses effets.

Nous refusons l’identification à un homme ou une femme : nous ne sommes ni l’un ni l’autre parce que nous refusons l’assignation à la féminité ou à la virilité. Au fond, ce que nous refusons c’est la hiérarchie qui découle de ce binarisme et l’aliénation qui l’accompagne, le manque d’inventions et d’expérimentations dans ces deux modèles très étriqués. En même temps, nous sommes féministes, parce que les femmes existent vraiment en tant que personnes discriminées. La discrimination c’est un traitement différent, un truc qui sert à distinguer... depuis le point de vue dominant
.

Ps: Quesaco les panthères roses ?
Les Panthères roses, c’est un groupe politique identitaire (gouine, trans, pédé) féministe et progressiste, se situant à la gauche de la gauche, dont les moyens d’actions sont entre autres l’action directe non violente, les manifestations de rue et toutes formes de communication permettant de contester et de mettre en évidence les oppressions de genre et de sexualité (tract, affiche, website, théâtre de rue, clip, stickers...). Les panthères analysent ces oppressions comme les conséquences d’un système politique qui entérine la suprématie masculine, hétérosexuelle et l’assignation à son sexe génétique. Par similarité, solidarité et volonté politique, nous tentons de tisser des liens avec d’autres mouvements de résistance pour combattre les autres systèmes de domination (sexisme, racisme, antisémitisme, répression policière, capitalisme, ...). Ces systèmes, bien que différents les uns des autres, s’articulent et se renforcent pour mieux asseoir la domination de l’homme blanc hétérosexuel chrétien en bonne santé... Les positionnements du groupe sont dynamiques et évolutifs : ils constituent un « work in progress » à remettre en cause et à alimenter régulièrement. Ses seules positions publiques sont celles qui s’expriment au cours de ses actions, ou au travers de communiqués de presse, tracts, films et émissions télé ou radio.




Poser les bases historiques de la construction de concepts, idées et mots.
Poser les différences culturelles, la relativité des sociétés.
Poser l'inefficacité et les impasses du système .

http://rvrenard.files.wordpress.com/2009/02/martine-devient-lesbienne.jpg

samedi 13 juin 2009

Catégorisation de l'esprit humain, langage et humour ...

Un sujet que je devrais à l'avenir approfondir : notre besoin de faire des catégories étanches et d'y ranger tout et n'importe quoi ...
Vu sur http://www.halde.fr/elearning/
: la catégorisation est nécessaire, les stéréotypes s'installent plus ou moins inconsciemment par contre les stéréotypes discriminatoires, les actes et comportements discriminatoires qui donnent lieu à des idéologies comme le racisme, xénophobie, sexisme et homophobie, ce sont eux que je veux ici dénoncer.

Je relisais mes journaux intimes et notamment ceux de mon adolescence: je m'insurgeais à 16 ans contre ces catégories dans lesquelles on nous met avec tout un lot de clichés, de stéréotypes qui sont censés nous "identifier"... et vice-versa.
L'antisémitisme, le racisme, l'homophobie et le sexisme procèdent ainsi. Notre esprit a besoin de faire des catégories, de classer mais doit-on tout classer, y compris l'inclassable ?

Il est vrai que les mots sont importants: nommer les choses, c'est les rendre concrètes, précises. Leur donner vie ou plus précisément : les rendre enfin visibles. Le langage est un support qui véhicule les idées. Il est plus que symbolique: il matérialise. En cela, il n' a rien d'anodin. "Méfiez-vous de l'eau qui dort", j'ai envie de dire : la langue à travers les mots fait des choix. Jamais vraiment au hasard.


J'ai envoyé le mail ci-dessous à une ancienne collègue qui ne me fait que des envois de blagues. J'ai eu droit à un énième powerpoint sur les blondes alors je lui ai envoyé cela qui est resté sans réponse.
Car je me pose la question de l'humour et surtout du choix fait par cet humour bien-pensant: quels en sont les sujets -ou les victimes- ? Quand l'humour prend toujours les mêmes cibles, on peut se poser la question de sa crédibilité. N'est-il pas lui-même une forme de discrimination ?

"Pourquoi n'importe quoi sous prétexte d'humour ???! Diktat de l'humour bien pensant, probablement ... Je ne suis plus blonde depuis longtemps -j'ai viré au brun mais chuttt !!! je le cache sous une couleur rousse ...- mais, franchement, "l'abruti(e)", ici, n'est pas celle -ou "celui" même s'il n'est pas question ici, bizarrement, des "Blonds" qui doivent être d'ailleurs très jaloux !!- que l'on pense ...

J'attends alors les blagues sur les blonds -donc-, les brun-e-s, les roux et les rousses, les blanc-he-s, les noir-e-s, les petit-e-s, les grand-e-s, les gros-ses, les maigres et toutes ces catégories que l'on adore faire en se fiant aux seuls aspects physiques ...

Qui a dit que les blondes étaient .... hum... superficielles ??"

On touche alors alors à la gravissime question de l'humour: L'humour est porteur de discriminations puisqu'il fait appel à ses catégories pensées par la société, puisqu'il use -et abuse- des clichés et des stéréotypes et qu'il contribue ainsi par son martelage et son ciblage forcené -sous des airs bien innocents- à renforcer ces clichés, les installer définitivement, et dans le langage et dans la pensée: on ne le remettra pas en cause.
Car, bien sûr, THE argument à toute remarque dans ce sens: "Tu n'as pas d'humour"....

Mais de quoi (sou)rit-on, au fait ? Du sexisme ou des femmes ?
Rarement du sexisme : beaucoup plus de "La Femme" qui, résumons-le au cas où nous aurions un Martien qui lirait ces lignes- serait ainsi: bête, faible, futile, obsédée par sa beauté, bonne au ménage et à emmerder son mari .... bref : rien à voir avec "L'Homme" .... J'ose penser -et écrire- qu'il peut avoir même pas mal de malentendus sur la compréhension d'une blague. certains pensent rire des stéréotypes et des discriminations alors qu'en riant de la blague qui stigmatise des discriminé(s)s, ils adhèrent (in)volontairement à cette mise à l'écart de catégories de populations.

Ces stéréotypes ne feraient pas sourire s'ils n'avaient pas une (minime) base de vrai : les femmes n'ont pas eu droit à l'éducation comme les hommes, on les a éduquées afin d'être juste belles, pas trop fortes et obéissantes à leur compagnon, les déchargeant du travail domestique, s'occupant de la lignée de leur compagnon(mère et nourrice) : voici ce qu'est le patriarcat (oh encore un mot). On pourrait parler au présent pour beaucoup de familles et de sociétés.
Je crois donc que ce que l'on critique de la femme, c'est justement ce dans quoi on a toujours voulu la mettre : le superficiel et la domination, l'infériorité. Alors qui de la poule et de l'oeuf est arrivé en premier ?...
Il n'y a pas de nature inférieure de la femme : on l'a mise sous domination masculine, domination individuelle et collective. Je pense qu'aujourd'hui, individuellement, les femmes sortent de cette domination mais la domination collective, plus indirecte, existe bien et sous des formes bien cachées.
Dans ce blog ou peut-être un autre, je les dénoncerai.
Le mot et le statut de "mademoiselle" est un signe de cette infériorité de la femme non mariée -pas d'équivalent chez l'homme: "tu n'es pas grand chose avant le mariage"-, la courtoisie en est une : "je te fais des honneurs car tu es faible" -mais nous posons-nous des questions lorsque nous acceptons cette forme de politesse et de soit-disant respect ?- et regarder les pubs et autres images de la femme suffit à nous montrer que ce fonds de commerce veut nous cantonner à cela et y réussit pas mal . Je me rappelle les repas de famille où les hommes partaient au jardin, les femmes discutaient entre elles et leurs discussions m'emmerdaient profondément : j'allais alors dans le jardin. Je crois hélas que les femmes en grande partie ont accepté cette domination et "ont fait avec"; elles en ont même tiré partie parfois -le culte de la beauté pouvant être un atout-. Je ne pense que c'est sexiste de le dire même si j'ai longtemps eu en fait ce mépris de ces femmes qui acceptaient ces codes imposés, cette domination : c'est pour cela aussi je crois que je ne suis pas devenue féministe plus tôt. Défendre la femme mais quelle femme ? J'ai compris avec l'expérience, le recul qu'il fallait défendre les femmes et remonter plus loin, réfléchir plus pour comprendre, déconstruire ce qui ne va pas: cette domination exercée sur les femmes. Historiquement et géographiquement dans ce monde. Cette domination est transversale.


Dissymétrie des blagues: Le con contre Les connes
Il faudrait -si cela n'a pas été déjà fait- analyser ces fameuses blagues de "blondes" qui sont parfois présentées comme le pendant féminin des blagues de "Régis" -cf "Régis est un con"-. Blagues sensées se moquer de la bêtise humaine.
Je prétends que l'usage de ces deux mots est révélateur : "Régis" est ici une personne -ne renvoie donc pas directement à un groupe de personnes: c'est "un con" ou "le con"- alors que "Les Blondes" renvoient à un groupe de femmes. Le premier nous renvoie à l'individualité : il est un élément, "un cas" alors les secondes sont un groupe : nous généralisons et nous attribuons des stéréotypes liés à ce groupe. Si vous appartenez alors à ce groupe, s'appliqueront sur vous des préjugés : Si tu es blonde, alors tu es conne.
Pour quoi les blondes ? Car, quand on reprend les fameux clichés de ces blagues sur les blondes, ce sont les mêmes clichés utilisés globalement dans les blagues misogynes (cf plus haut). Y a t-il eu une perversité assez habile de la misogynie qui a préféré se cacher derrière une stigmatisation d'un pseudo groupe de filles plutôt que du groupe tout entier ? Ainsi, des femmes elles-mêmes peuvent rire de cette stigmatisation sans se sentir visées trop directement ...
Pas de sexisme anti-gars : juste de l'humour anti-beauf; par contre un sexisme contre les filles. Contre les blondes ? J'ose penser que la blague anti-blonde est une forme voilée de blague anti-femmes: sexiste et misogyne, donc.

J'intellectualise les choses, me dira-t-on ...ce ne sont que des blagues alors pourquoi pas des blagues sur les blonds, les brun-e-s etc...(cf mail plus haut) ? Donnez les moi à lire et on va voir si 1 ) on en trouve .... 2) cela a autant de succès ....
Pourquoi le succès ? Parce que nos sociétés ont construit deux catégories: celle de l'Homme et, complémentaire, celle de la Femme. Et celle-ci a toujours été considérée négativement. Mais c'est tout l'intérêt de s'intéresser à cette façon de penser, de parler, de discriminer de l'esprit humain, de s'intéresser à l'histoire des hommes et des femmes -que l'on a oubliées, bien sûr-, à l'histoire du et des féminismes -oubliées, caricaturées-; et d'approfondir cette notion du genre qui interpelle ces deux catégories que sont les hommes et les femmes ...
Balancez vos blagues sur les noirs et vous aurez des soucis ... Pas celles sur les femmes ou seul(e)s les féministes s'en empareront. Et on se foutera de leur gueule : pas d'humour !!! La lutte contre le racisme a été la lutte de gens dits de couleur mais aussi de blancs qui étaient à l'origine de la discrimination; idem pour l'antisémitisme ... La prise de conscience des "dominants" a permis de faire avancer les droits des "dominés".
Pas encore suffisamment pour le sexisme et pour l'homophobie. Pourquoi ?
Car cette "haine" liée au sentiment de supériorité d'un groupe sur un autre est plus profondément ancrée en nous: les femmes et les homosexuels sont inférieurs!
Pour les homosexuels, l'aveu sortira plus vite: l'homosexualité est tolérée -mais l'idée derrière est que c'est une anomalité génétique- et pour les femmes, ce n'est pas dit mais les comportements le disent ....
J'essaierai de démontrer cela ... car donner à voir à des aveugles, ce n'est pas évident ....


"Femme qui rit, déjà au lit" dit-on ...
"Gens qui rient, discriminent peut-être aussi", môa, je dis !

Ce monde est bien hypocrite, je trouve.
Aveugle.
Aveuglé par ses propres démons qu'il se refuse à voir ou à nommer.
Préoccupé par se rassurer lui-même : je ne suis pas "cet autre" que je montre, nomme, exagère et ridiculise et que, somme toute, je hais profondément.
Ce monde ne veut pas par contre nommer vraiment, explicitement cette haine : "je la contourne et je lui donne un visage plus sympa -on n'y verra que dalle !-. Cela tourne comme cela depuis des lustres alors pourquoi le changer ?!".

De la discrétion !

Petit extrait texte de Christine Delphy, auteure et chercheure au CNRS depuis1966.

"Au début des mouvements féministes et homosexuels, on dénonçait la famille ; maintenant on veut en être. J’ai dit ce que je pensais du contrat d’union civile. Il est dommage que les lesbiennes et les gays soient devenus aveugles ou indifférents à la nature patriarcale du mariage, et revendiquent à leur bénéfice un contrat fondé sur le postulat de dépendance de l’un des deux membres du couple. Mais d’un autre côté, le contrat d’union civile (devenu ensuite le PACS) me semble présenter une qualité qui, si elle ne rédime pas tous ses défauts, en fait néanmoins une proposition valable aujourd’hui et maintenant : il promeut la visibilité.

Or la visibilité est précisément ce que la société ne tolère pas. Le message de Finkielkraut :
«Faîtes ce que vous voulez, mais de la discrétion, que diable !»

C’est le discours le plus classique, un discours qui paraît anodin, et justement, libéral : après tout on n’est pas tenu de «s’afficher». Et c’est pourtant ce qui montre qu’il n’y a aucune différence entre la position «non éclairée» dite homophobe et la position libérale: la dernière n’est pas moins
répressive, elle est plus hypocrite, c’est tout.

Car dans une société obsédée par la «différence sexuelle », qui guette tous les signes de conformité – maximale, adéquate, insuffisante – aux prescriptions de genre, obsédée par l’hétérosexualité (et non pas, comme on le croît, par la sexualité), vivre sans se cacher nuit et jour, c’est forcément s’afficher. Il n’y a pas de demi-mesure, de position médiane ou neutre, pas plus qu’il n’y a de troisième sexe. Ou bien on «passe» – on passe pour hétérosexuel-le – ou bien les gens «se posent des questions» et finissent par trouver des réponses.

La discrétion, c’est la double vie : la clandestinité en temps de paix. Mais y a-t-il un temps de paix pour les femmes, ou pour les «homos», constamment sur le qui-vive, constamment en danger ? D’être «démasqués» quand elles/ils tentent de «passer»,ostracisés et discriminés voire agressés dès qu’elles/ils sont démasqués. Et puisqu’on ne se cache pas quand on n’a rien à dissimuler, les « homos » finissent par croire elles/eux-mêmes qu’elles/ils font quelque chose de mal.

La discrétion, c’est aussi écouter les histoires hétérosexuelles de ses collègues, des voisins de restaurant, sans jamais mouffeter, et sans jamais parler de soi. C’est être seul-e. C’est mentir. Un peu, beaucoup, par action, par omission. Même à ses amis. L’estime de soi ne résiste pas longtemps à ce traitement. Vivre dans la peur, dans le mensonge, dans la solitude, dans le mépris de soi : voilà ce que nous imposent ces libéraux qui ne demandent que de la discrétion."


Je retrouve dans ce texte qui m'émeut mon parcours, mes idées et aussi les arguments de ceux et celles qui se disent non homophobes mais qui ne perçoivent pas -je pense- la part d'homophobie dans leurs propos. Je pense que tout le monde doit chasser ses propres démons mais il faut pouvoir les regarder ne face... c'est ce que j'essaie de faire et mon engagement actuel me renvoie à chaque fois à la construction de mon identité.

C'est drôle comment l'aventure du petit Thomas de Barbezieux à la nouvelle star a réveillé en moi les idées que j'avais déjà de par mon propre vécu sur cette société bien pensante ... les propos qui y ont été tenus autour de lui révèlent cette homophobie qui ne dit pas son nom...

Désespérant ? Oui et non. Mettre les mots sur les choses, c'est commencer à les désarmorcer.
Je crois en ce pouvoir des mots et de la communication des idées pour les faire avancer ...
Lancer les débats, les discussions même si des oppositions, des idées différentes émergent, c'est déjà avancer... je crois.
Plutôt que de se dire "n'en parlons pas; circulez, y'a rien à voir et les vaches seront bien gardées " !!!