Un sujet que je devrais à l'avenir approfondir : notre besoin de faire des catégories étanches et d'y ranger tout et n'importe quoi ...
Vu sur http://www.halde.fr/elearning/
: la catégorisation est nécessaire, les stéréotypes s'installent plus ou moins inconsciemment par contre les stéréotypes discriminatoires, les actes et comportements discriminatoires qui donnent lieu à des idéologies comme le racisme, xénophobie, sexisme et homophobie, ce sont eux que je veux ici dénoncer.
Je relisais mes journaux intimes et notamment ceux de mon adolescence: je m'insurgeais à 16 ans contre ces catégories dans lesquelles on nous met avec tout un lot de clichés, de stéréotypes qui sont censés nous "identifier"... et vice-versa.
L'antisémitisme, le racisme, l'homophobie et le sexisme procèdent ainsi. Notre esprit a besoin de faire des catégories, de classer mais doit-on tout classer, y compris l'inclassable ?
Il est vrai que les mots sont importants: nommer les choses, c'est les rendre concrètes, précises. Leur donner vie ou plus précisément : les rendre enfin visibles. Le langage est un support qui véhicule les idées. Il est plus que symbolique: il matérialise. En cela, il n' a rien d'anodin. "Méfiez-vous de l'eau qui dort", j'ai envie de dire : la langue à travers les mots fait des choix. Jamais vraiment au hasard.
J'ai envoyé le mail ci-dessous à une ancienne collègue qui ne me fait que des envois de blagues. J'ai eu droit à un énième powerpoint sur les blondes alors je lui ai envoyé cela qui est resté sans réponse.
Car je me pose la question de l'humour et surtout du choix fait par cet humour bien-pensant: quels en sont les sujets -ou les victimes- ? Quand l'humour prend toujours les mêmes cibles, on peut se poser la question de sa crédibilité. N'est-il pas lui-même une forme de discrimination ?
"Pourquoi n'importe quoi sous prétexte d'humour ???! Diktat de l'humour bien pensant, probablement ... Je ne suis plus blonde depuis longtemps -j'ai viré au brun mais chuttt !!! je le cache sous une couleur rousse ...- mais, franchement, "l'abruti(e)", ici, n'est pas celle -ou "celui" même s'il n'est pas question ici, bizarrement, des "Blonds" qui doivent être d'ailleurs très jaloux !!- que l'on pense ...
J'attends alors les blagues sur les blonds -donc-, les brun-e-s, les roux et les rousses, les blanc-he-s, les noir-e-s, les petit-e-s, les grand-e-s, les gros-ses, les maigres et toutes ces catégories que l'on adore faire en se fiant aux seuls aspects physiques ...
Qui a dit que les blondes étaient .... hum... superficielles ??"
On touche alors alors à la gravissime question de l'humour: L'humour est porteur de discriminations puisqu'il fait appel à ses catégories pensées par la société, puisqu'il use -et abuse- des clichés et des stéréotypes et qu'il contribue ainsi par son martelage et son ciblage forcené -sous des airs bien innocents- à renforcer ces clichés, les installer définitivement, et dans le langage et dans la pensée: on ne le remettra pas en cause.
Car, bien sûr, THE argument à toute remarque dans ce sens: "Tu n'as pas d'humour"....
Mais de quoi (sou)rit-on, au fait ? Du sexisme ou des femmes ?
Rarement du sexisme : beaucoup plus de "La Femme" qui, résumons-le au cas où nous aurions un Martien qui lirait ces lignes- serait ainsi: bête, faible, futile, obsédée par sa beauté, bonne au ménage et à emmerder son mari .... bref : rien à voir avec "L'Homme" .... J'ose penser -et écrire- qu'il peut avoir même pas mal de malentendus sur la compréhension d'une blague. certains pensent rire des stéréotypes et des discriminations alors qu'en riant de la blague qui stigmatise des discriminé(s)s, ils adhèrent (in)volontairement à cette mise à l'écart de catégories de populations.
Ces stéréotypes ne feraient pas sourire s'ils n'avaient pas une (minime) base de vrai : les femmes n'ont pas eu droit à l'éducation comme les hommes, on les a éduquées afin d'être juste belles, pas trop fortes et obéissantes à leur compagnon, les déchargeant du travail domestique, s'occupant de la lignée de leur compagnon(mère et nourrice) : voici ce qu'est le patriarcat (oh encore un mot). On pourrait parler au présent pour beaucoup de familles et de sociétés.
Je crois donc que ce que l'on critique de la femme, c'est justement ce dans quoi on a toujours voulu la mettre : le superficiel et la domination, l'infériorité. Alors qui de la poule et de l'oeuf est arrivé en premier ?...
Il n'y a pas de nature inférieure de la femme : on l'a mise sous domination masculine, domination individuelle et collective. Je pense qu'aujourd'hui, individuellement, les femmes sortent de cette domination mais la domination collective, plus indirecte, existe bien et sous des formes bien cachées.
Dans ce blog ou peut-être un autre, je les dénoncerai.
Le mot et le statut de "mademoiselle" est un signe de cette infériorité de la femme non mariée -pas d'équivalent chez l'homme: "tu n'es pas grand chose avant le mariage"-, la courtoisie en est une : "je te fais des honneurs car tu es faible" -mais nous posons-nous des questions lorsque nous acceptons cette forme de politesse et de soit-disant respect ?- et regarder les pubs et autres images de la femme suffit à nous montrer que ce fonds de commerce veut nous cantonner à cela et y réussit pas mal . Je me rappelle les repas de famille où les hommes partaient au jardin, les femmes discutaient entre elles et leurs discussions m'emmerdaient profondément : j'allais alors dans le jardin. Je crois hélas que les femmes en grande partie ont accepté cette domination et "ont fait avec"; elles en ont même tiré partie parfois -le culte de la beauté pouvant être un atout-. Je ne pense que c'est sexiste de le dire même si j'ai longtemps eu en fait ce mépris de ces femmes qui acceptaient ces codes imposés, cette domination : c'est pour cela aussi je crois que je ne suis pas devenue féministe plus tôt. Défendre la femme mais quelle femme ? J'ai compris avec l'expérience, le recul qu'il fallait défendre les femmes et remonter plus loin, réfléchir plus pour comprendre, déconstruire ce qui ne va pas: cette domination exercée sur les femmes. Historiquement et géographiquement dans ce monde. Cette domination est transversale.
Dissymétrie des blagues: Le con contre Les connes
Il faudrait -si cela n'a pas été déjà fait- analyser ces fameuses blagues de "blondes" qui sont parfois présentées comme le pendant féminin des blagues de "Régis" -cf "Régis est un con"-. Blagues sensées se moquer de la bêtise humaine.
Je prétends que l'usage de ces deux mots est révélateur : "Régis" est ici une personne -ne renvoie donc pas directement à un groupe de personnes: c'est "un con" ou "le con"- alors que "Les Blondes" renvoient à un groupe de femmes. Le premier nous renvoie à l'individualité : il est un élément, "un cas" alors les secondes sont un groupe : nous généralisons et nous attribuons des stéréotypes liés à ce groupe. Si vous appartenez alors à ce groupe, s'appliqueront sur vous des préjugés : Si tu es blonde, alors tu es conne.
Pour quoi les blondes ? Car, quand on reprend les fameux clichés de ces blagues sur les blondes, ce sont les mêmes clichés utilisés globalement dans les blagues misogynes (cf plus haut). Y a t-il eu une perversité assez habile de la misogynie qui a préféré se cacher derrière une stigmatisation d'un pseudo groupe de filles plutôt que du groupe tout entier ? Ainsi, des femmes elles-mêmes peuvent rire de cette stigmatisation sans se sentir visées trop directement ...
Pas de sexisme anti-gars : juste de l'humour anti-beauf; par contre un sexisme contre les filles. Contre les blondes ? J'ose penser que la blague anti-blonde est une forme voilée de blague anti-femmes: sexiste et misogyne, donc.
J'intellectualise les choses, me dira-t-on ...ce ne sont que des blagues alors pourquoi pas des blagues sur les blonds, les brun-e-s etc...(cf mail plus haut) ? Donnez les moi à lire et on va voir si 1 ) on en trouve .... 2) cela a autant de succès ....
Pourquoi le succès ? Parce que nos sociétés ont construit deux catégories: celle de l'Homme et, complémentaire, celle de la Femme. Et celle-ci a toujours été considérée négativement. Mais c'est tout l'intérêt de s'intéresser à cette façon de penser, de parler, de discriminer de l'esprit humain, de s'intéresser à l'histoire des hommes et des femmes -que l'on a oubliées, bien sûr-, à l'histoire du et des féminismes -oubliées, caricaturées-; et d'approfondir cette notion du genre qui interpelle ces deux catégories que sont les hommes et les femmes ...
Balancez vos blagues sur les noirs et vous aurez des soucis ... Pas celles sur les femmes ou seul(e)s les féministes s'en empareront. Et on se foutera de leur gueule : pas d'humour !!! La lutte contre le racisme a été la lutte de gens dits de couleur mais aussi de blancs qui étaient à l'origine de la discrimination; idem pour l'antisémitisme ... La prise de conscience des "dominants" a permis de faire avancer les droits des "dominés".
Pas encore suffisamment pour le sexisme et pour l'homophobie. Pourquoi ?
Car cette "haine" liée au sentiment de supériorité d'un groupe sur un autre est plus profondément ancrée en nous: les femmes et les homosexuels sont inférieurs!
Pour les homosexuels, l'aveu sortira plus vite: l'homosexualité est tolérée -mais l'idée derrière est que c'est une anomalité génétique- et pour les femmes, ce n'est pas dit mais les comportements le disent ....
J'essaierai de démontrer cela ... car donner à voir à des aveugles, ce n'est pas évident ....
"Femme qui rit, déjà au lit" dit-on ...
"Gens qui rient, discriminent peut-être aussi", môa, je dis !
Ce monde est bien hypocrite, je trouve.
Aveugle.
Aveuglé par ses propres démons qu'il se refuse à voir ou à nommer.
Préoccupé par se rassurer lui-même : je ne suis pas "cet autre" que je montre, nomme, exagère et ridiculise et que, somme toute, je hais profondément.
Ce monde ne veut pas par contre nommer vraiment, explicitement cette haine : "je la contourne et je lui donne un visage plus sympa -on n'y verra que dalle !-. Cela tourne comme cela depuis des lustres alors pourquoi le changer ?!".
samedi 13 juin 2009
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