Vaste sujet que celui du sexisme des langues et notamment de la langue française:
je lis Marina Yaguello et son ouvrage de sociolinguistique Les mots et les femmes mais sur le net, j'ai trouvé des pages et des références:
- qui nous viennent du Canada
- qui nous viennent de Suisse
Des références supplémentaires à suivre car le langage permet le sexisme de s'installer d'une manière assez subtile, discrète, comme allant de soi pour beaucoup d'hommes et certaines femmes ...
Une langue figée qui n'évoluerait pas est souvent vue comme une vérité absolue, à respecter à la lettre alors qu'elle véhicule des idées anciennes et rétrogrades qui infériorisent encore les femmes.
Sexisme réel car pensé, hypocrisie, minorisation du fait ou réel aveuglément aboutissent à faire perdurer le sexisme: les mots sont des actes.
vendredi 31 juillet 2009
jeudi 30 juillet 2009
Hijab, niqab, burka, tchador
Quand de jeunes femmes se disent libres de porter le voile en France, en contradiction parfois avec les valeurs familiales, il faut pousser plus loin en se posant la question de l'embrigadement de ces jeunes qui par provocation et/ou ignorance choisissent en apparence librement de s'enfermer elles-mêmes.
De l'importance des éducations. Eviter le désespoir qui pousse à ces extrémismes.
Dounia-Bouzar-anthropologue-du-fait-religieux
sur les différents "voiles" les différents voiles
De l'importance des éducations. Eviter le désespoir qui pousse à ces extrémismes.
Dounia-Bouzar-anthropologue-du-fait-religieux
sur les différents "voiles" les différents voiles
mardi 28 juillet 2009
Texte envoyé à ma mère ...
... qui lit Mon histoire des femmes que je lui ai offert pour la fête des mères ...:
Elle m'écrit "J'en suis au chapitre "cheveux"."
Je réponds ceci:
"ah oui très intéressant cette "domestication du corps des femmes" ... il suffit de regarder la pub, lire les journaux dits "féminins" pour voir qu'elle est encore présente dans nos sociétés dites civilisées. Qu'on ne se leurre pas en pensant que cet enfermement est le seul fait du vêtement qui cacherait le corps; il est aussi et surtout mental : "femmes, soyez belles, jeunes et minces,... sinon ....".
Relis Benoite Groult dans Ainsi soit-elle; certes, elle l'écrit en 1975 mais cela n'a pas tant changé, hélas ...
Cette domination historique des hommes sur les femmes est surtout très subtile et demande énormément de connaissances -et pas seulement historiques- pour le prouver ...
Je crois qu'elle est justement, de plus en plus subtile. Autrefois, il était assez clairement écrit que les femmes étaient rejetées pour x raisons que l'on trouve actuellement stupides. L'argument biologique qui renverrait à une "nature féminine" est cependant encore bien utilisé de nos jours. Les idées ont la dent dure ...
Je viens de lire un article de scientifique qui explique par exemple que les critères habituels de reconnaissance des squelettes des ancêtres des hommes -et donc des femmes- selon des critères morphologiques -crâne ou même largeur de bassin, définis au XIXème- ne seraient pas fondés pour déterminer le sexe -Lucy serait peut être un Lucien- car la diversité entre les êtres de même sexe est importante etc.
L'identification à un sexe ne pourrait se faire que pour 40 % environ des individus retrouvés; les 60 % restants auraient des critères intermédiaires entre les caractères dits masculins et dits féminins et l'identification avec certitude serait alors impossible ...
La société -et les femmes en premier- a, je dirai, la mémoire courte: il suffit de lire ce qui s'écrivait sur les femmes il n'y a pas si longtemps pour voir de quoi nous nous extirpons et cela non sans difficultés ...
La haine actuelle portée contre le féminisme se traduit par un antiféminisme virulent qui, hélàs, a réussi à convaincre les femmes des jeunes générations -qui n' ont pas connu l'avant-féminisme de la deuxième vague- : il n'y aurait plus rien à faire... Cet aveuglément suicidaire est ce qu'il faut combattre. Cet antiféminisme est un retour en arrière qui méconnait ce qu'il critique -ce qui est un comble !-. L'ignorance est à combattre.
Je crois de plus en plus, très sincèrement, sans aucune prétention de ma part, que les féminismes et les sciences -surtout humaines- qui ont su se renouveler ces 30-40 dernières années demandent de notre part une réelle envie de connaître, de comprendre, de réfléchir, une acceptation d'être destabilisé(e) en remettant à plat ce que l'on prenait pour vérités absolues ...
Il y a un fossé énorme entre ce que je perçois de notre société qui, vraiment, ne cherche pas plus loin que le bout de son nez -la bêtise humaine ?- et ces chercheur-e-s: "on" ne peut -ou ne veut- pas lire ceux qui consacrent souvent leur vie à l'échange d'idées ... Les bibliothèques existent même s' il faut le vouloir de faire des "rayons féministes" -en cela ma bibliothèque est un trésor- mais internet est là déjà pour QUI VEUT ne plus être ignorant. Mais il faut savoir ce que l'on cherche ... La connaissance n'arrive pas par hasard ... J'y suis arrivée par un entremêlement de rencontres, d'expériences, un peu de hasard certes -cf émission de France culture- mais mon attitude qui est d'accepter de ne rien savoir pour apprendre est, il me semble, déjà un bon préalable même s'il peut me porter préjudice -passer pour "conne" pour le dire vite-.
Il faudrait davantage vulgariser les idées féministes pour éviter ces malentendus sur ces courants d'idées que sont les féminismes.
Il faudrait maîtriser un champ énorme de connaissances en constante effervescence de nos jours -et c'est tant mieux- mais, plus difficile encore, il faudrait schématiser une pensée multiple et complexe.
Mission impossible ?"
Elle m'écrit "J'en suis au chapitre "cheveux"."
Je réponds ceci:
"ah oui très intéressant cette "domestication du corps des femmes" ... il suffit de regarder la pub, lire les journaux dits "féminins" pour voir qu'elle est encore présente dans nos sociétés dites civilisées. Qu'on ne se leurre pas en pensant que cet enfermement est le seul fait du vêtement qui cacherait le corps; il est aussi et surtout mental : "femmes, soyez belles, jeunes et minces,... sinon ....".
Relis Benoite Groult dans Ainsi soit-elle; certes, elle l'écrit en 1975 mais cela n'a pas tant changé, hélas ...
Cette domination historique des hommes sur les femmes est surtout très subtile et demande énormément de connaissances -et pas seulement historiques- pour le prouver ...
Je crois qu'elle est justement, de plus en plus subtile. Autrefois, il était assez clairement écrit que les femmes étaient rejetées pour x raisons que l'on trouve actuellement stupides. L'argument biologique qui renverrait à une "nature féminine" est cependant encore bien utilisé de nos jours. Les idées ont la dent dure ...
Je viens de lire un article de scientifique qui explique par exemple que les critères habituels de reconnaissance des squelettes des ancêtres des hommes -et donc des femmes- selon des critères morphologiques -crâne ou même largeur de bassin, définis au XIXème- ne seraient pas fondés pour déterminer le sexe -Lucy serait peut être un Lucien- car la diversité entre les êtres de même sexe est importante etc.
L'identification à un sexe ne pourrait se faire que pour 40 % environ des individus retrouvés; les 60 % restants auraient des critères intermédiaires entre les caractères dits masculins et dits féminins et l'identification avec certitude serait alors impossible ...
La société -et les femmes en premier- a, je dirai, la mémoire courte: il suffit de lire ce qui s'écrivait sur les femmes il n'y a pas si longtemps pour voir de quoi nous nous extirpons et cela non sans difficultés ...
La haine actuelle portée contre le féminisme se traduit par un antiféminisme virulent qui, hélàs, a réussi à convaincre les femmes des jeunes générations -qui n' ont pas connu l'avant-féminisme de la deuxième vague- : il n'y aurait plus rien à faire... Cet aveuglément suicidaire est ce qu'il faut combattre. Cet antiféminisme est un retour en arrière qui méconnait ce qu'il critique -ce qui est un comble !-. L'ignorance est à combattre.
Je crois de plus en plus, très sincèrement, sans aucune prétention de ma part, que les féminismes et les sciences -surtout humaines- qui ont su se renouveler ces 30-40 dernières années demandent de notre part une réelle envie de connaître, de comprendre, de réfléchir, une acceptation d'être destabilisé(e) en remettant à plat ce que l'on prenait pour vérités absolues ...
Il y a un fossé énorme entre ce que je perçois de notre société qui, vraiment, ne cherche pas plus loin que le bout de son nez -la bêtise humaine ?- et ces chercheur-e-s: "on" ne peut -ou ne veut- pas lire ceux qui consacrent souvent leur vie à l'échange d'idées ... Les bibliothèques existent même s' il faut le vouloir de faire des "rayons féministes" -en cela ma bibliothèque est un trésor- mais internet est là déjà pour QUI VEUT ne plus être ignorant. Mais il faut savoir ce que l'on cherche ... La connaissance n'arrive pas par hasard ... J'y suis arrivée par un entremêlement de rencontres, d'expériences, un peu de hasard certes -cf émission de France culture- mais mon attitude qui est d'accepter de ne rien savoir pour apprendre est, il me semble, déjà un bon préalable même s'il peut me porter préjudice -passer pour "conne" pour le dire vite-.
Il faudrait davantage vulgariser les idées féministes pour éviter ces malentendus sur ces courants d'idées que sont les féminismes.
Il faudrait maîtriser un champ énorme de connaissances en constante effervescence de nos jours -et c'est tant mieux- mais, plus difficile encore, il faudrait schématiser une pensée multiple et complexe.
Mission impossible ?"
Des lectures ...
En pleine immersion dans mes lectures diverses et variées, je suis tombée sur un article dans le site des chiennes de gardes qui me plait bien car il y est traité le grave problème de l'humour, du poids des mots et des différents degrés d'acceptations des idées qu'elles véhiculent ...
Un texte de "Mathieu" qui date de 2001 :
Le second degré
(ah ah)
samedi 5 mai 2001
par Mathieu
Le "second degré", j’entends ça à longueur de journée, et ça m’agace. Ca m’agace parce que trop souvent ceux qui prétendent en faire usage n’ont pas compris de quoi il s’agit. Et encore, je laisse de côté ceux pour qui ça n’est qu’un alibi destiné à leur permettre tout et n’importe quoi.
L’erreur courante consiste à prendre pour second degré ce qu’on dit sans le penser. Par exemple, si on insulte un juif « pour rire », alors qu’on n’est pas antisémite. On va encore me dire que je prends un exemple extrême.
Exactement, je prends un exemple "extrême", parce que ce qui vaut pour une catégorie vaut pour une autre, donc pour comprendre de quelle manière fonctionne le soi-disant "second degré" sexiste, il est utile de le comparer à d’autres formes de pseudo-humour similaires.
Souvent l’erreur est de bonne foi. Peu m’importe. Je ne suis pas dans la tête des gens, je ne sais pas ce qu’ils pensent, mais je sais ce qu’ils disent lorsqu’ils le disent devant moi. Sur ce qui est dit devant moi, j’ai le droit de porter un jugement, de même qu’autrui peut juger ce que je dis.
Donc, comme point de départ je propose cette distinction entre action et intention. Ce qu’on dit ne préjuge pas de ce que l’on pense.
Mais ce qui et dit est dit, selon l’adage. Un énoncé est un acte, un acte de langage mais un acte tout de même, au même titre que publier un article ou mettre une main aux fesses.
Donc, dire quelque chose que l’on ne pense pas n’enlève rien à ce qu’on a dit. Ce décalage n’est pas, en soi, une altération du message. Par conséquent, dire une chose que l’on ne pense pas n’est pas en soi du second degré, et ne saurait l’être.
Le second degré doit donc être signalé, explicité. Il y a de nombreuses manières de s’y prendre. Mais puisqu’il s’agit d’expliciter, les formes les plus subtiles, comprises d’un cercle de proches, ne sont pas perceptibles par un public d’inconnus ou presque inconnus. Quand l’auditeur prend au premier degré des propos qui se voulaient au second, la faute peut provenir des deux côtés, et notamment de celui qui a parlé sans se tenir compte de ce que les éléments qui révélaient le second degré n’étaient pas entre compréhensibles de son auditoire.
Le second degré est délicat car il joue sur les références. Pour être efficace, en plus des ressorts habituels de l’humour (caricature, outrance, décalage, absurde...), il doit trouver le moyen de souligner que celui qui parle n’en pense pas un mot. Le ton, surtout à l’oral, doublé de l’expression du visage, peut suffire si l’on a quelque talent approprié. Alors on peut même se permettre l’antiphrase, figure de style consistant à exprimer le contraire de ce qu’on pense, sans équivoque, le plus souvent sur un mode descriptif ("quelle chaleur", alors qu’il fait moins 5 degrés, ou "manger des limaces pleines de terre, mais bien sûr j’aime ça, c’est même mon plat favori").
A l’écrit la chose devient plus délicate.
C’est pourquoi le second degré généralement le plus efficace consiste à se saisir d’un stéréotype et de le modifier, le "détourner". On montre alors aisément en quoi le stéréotype en est précisément un, une image fausse et caricaturale de la réalité. Encore faut-il qu’il soit perceptible clairement que c’est bien du stéréotype que l’on se moque, au lieu qu’on se contente de le recycler, de lui donner une nouvelle jeunesse.
Le second degré qui est perçu au premier degré est un échec, quel qu’en soit le responsable, l’auteur ou le public, l’échec est le même. Il y a échec parce que le référent n’est pas le même pour tout le monde. Plus le public est large et plus l’échec est probable. Si une tentative de second degré échoue, est perçu au premier degré, alors, tout simplement, C’EST du premier degré, ni plus ni moins.
Le second degré est un humour qui se moque de lui-même. Il contient donc une critique de ce qui en serait le premier degré. Il est bien clair que tout ce qui est admis au second degré n’est pas admissible au premier degré. Pourquoi ?
Parce que l’humour est une forme de l’expression. Une forme parmi d’autres. Humour ou pas, le message est transmis, l’acte de dire existe, ce qui est dit est dit. L’humour n’enlève rien au contenu du message. Une blague antisémite reste antisémite, une blague anti-belges reste anti-belges, une blague homophobe reste homophobe, une blague sexiste reste sexiste, une blague raciste reste une blague raciste. Répliquer "t’as pas d’humour" est souvent un faux diagnostic, qui a l’inconvénient d’esquiver toute réflexion sur le contenu de la blague incriminée.
Une blague sur les belges n’est pas nécessairement une blague anti-belges, mais elle peut très bien l’être. Une blague sur les juifs peut être antisémite, mais il y a aussi des "blagues juives", qui ne le sont pas. Une blague sexiste n’est pas la même chose qu’une blague féministe, même si les deux prennent pour objet un sexe ou l’autre.
L’humour n’est pas un talisman, il n’est pas une excuse, il n’est pas un antidote, il est juste une manière drôle de dire quelque chose, mais de le dire tout de même, indéniablement. La différence entre une blague sexiste et une non-sexiste n’est pas que l’une serait drôle et pas l’autre, les deux sont potentiellement aussi drôles, mais l’une est acceptables et pas l’autre. Si l’on estime que le racisme est répréhensible, et donc les plaisanteries racistes, alors on doit appliquer le meme raisonnement pour ce qu’on estime condamnable. Cela inclue le sexisme.
Enfin, cessons de croire que tout peut être analysé en une seule dimension. Une plaisanterie peut être prise au premier ET au second degré, tout simplement parce que le langage est complexe, que les jeux de références le sont tout autant, et qu’on dit rarement une seule chose à la fois. Il en va de même pour la publicité.
Prenons l’exemple d’une publicité pour des vêtements pour hommes. Sous différentes variations, on voit des hommes, notamment un jeune, habillés avec cette marque, entourés de femmes en maillot, très dénudées, très maquillées, aux poitrines abondantes et particulièrement mises en évidence, et ces femmes nombreuses entourent l’homme dont visiblement elles se sont entichées. Décriée par les féministes, cette publicité a été soutenue par l’agence de publicité qui se défendait en invoquant le second degré.
Certes. mais encore ?
Il y a dans ces affiches à la fois un premier degré et un second degré. Le second degré porte sur l’attraction provoquée par les vêtements : mets ces fringues et les nanas vont tomber. Là, évidemment, c’est tellement gros que personne n’y croit, c’est une fausse naïveté et on est dans le registre du second degré.
En revanche, à l’évidence il y a une utilisation de la femme-objet au premier degré. La manière dont ces femmes, qui toutes se ressemblent, sont dévêtues et dont tout est fait pour montrer les seins est très exactement sexiste, et vise à susciter le désir du spectateur. Seule l’association fringues/tombeur peut invoquer le second degré, mais l’image du "tombeur", elle, est bel et bien utilisée au premier degré, et ces femmes sont montrées telles qu’elles sont vues par le photographe etles publicitaires, en objets sexuels. Dans ce cas, l’objectivation du corps féminin, au coeur de la culture sexiste depuis des siècles, est poussée à son comble. Les publicitaires ont sans doute cru y mettre du second degré en accentuant le côté glamour des modèles et par leur nombre élevé. Mais ce faisant ils n’ont fait que rendre plus visible le fantasme de la femme-objet, ils n’ont fait que rendre plus visibles leurs corps, leur poitrine. Faute d’avoir compris en quoi le principe d’une telle publicité est critiquable, ils ont accentué ce caractère alors même peut-être (soyons généreux) qu’ils croyaient le faire disparaître.
C’est bien pratique d’avoir une expression magique derrière laquelle se réfugier plutôt que de réfléchir à ce qu’on dit. C’est pratique, mais c’est surtout une grosse arnaque.
Un texte de "Mathieu" qui date de 2001 :
Le second degré
(ah ah)
samedi 5 mai 2001
par Mathieu
Le "second degré", j’entends ça à longueur de journée, et ça m’agace. Ca m’agace parce que trop souvent ceux qui prétendent en faire usage n’ont pas compris de quoi il s’agit. Et encore, je laisse de côté ceux pour qui ça n’est qu’un alibi destiné à leur permettre tout et n’importe quoi.
L’erreur courante consiste à prendre pour second degré ce qu’on dit sans le penser. Par exemple, si on insulte un juif « pour rire », alors qu’on n’est pas antisémite. On va encore me dire que je prends un exemple extrême.
Exactement, je prends un exemple "extrême", parce que ce qui vaut pour une catégorie vaut pour une autre, donc pour comprendre de quelle manière fonctionne le soi-disant "second degré" sexiste, il est utile de le comparer à d’autres formes de pseudo-humour similaires.
Souvent l’erreur est de bonne foi. Peu m’importe. Je ne suis pas dans la tête des gens, je ne sais pas ce qu’ils pensent, mais je sais ce qu’ils disent lorsqu’ils le disent devant moi. Sur ce qui est dit devant moi, j’ai le droit de porter un jugement, de même qu’autrui peut juger ce que je dis.
Donc, comme point de départ je propose cette distinction entre action et intention. Ce qu’on dit ne préjuge pas de ce que l’on pense.
Mais ce qui et dit est dit, selon l’adage. Un énoncé est un acte, un acte de langage mais un acte tout de même, au même titre que publier un article ou mettre une main aux fesses.
Donc, dire quelque chose que l’on ne pense pas n’enlève rien à ce qu’on a dit. Ce décalage n’est pas, en soi, une altération du message. Par conséquent, dire une chose que l’on ne pense pas n’est pas en soi du second degré, et ne saurait l’être.
Le second degré doit donc être signalé, explicité. Il y a de nombreuses manières de s’y prendre. Mais puisqu’il s’agit d’expliciter, les formes les plus subtiles, comprises d’un cercle de proches, ne sont pas perceptibles par un public d’inconnus ou presque inconnus. Quand l’auditeur prend au premier degré des propos qui se voulaient au second, la faute peut provenir des deux côtés, et notamment de celui qui a parlé sans se tenir compte de ce que les éléments qui révélaient le second degré n’étaient pas entre compréhensibles de son auditoire.
Le second degré est délicat car il joue sur les références. Pour être efficace, en plus des ressorts habituels de l’humour (caricature, outrance, décalage, absurde...), il doit trouver le moyen de souligner que celui qui parle n’en pense pas un mot. Le ton, surtout à l’oral, doublé de l’expression du visage, peut suffire si l’on a quelque talent approprié. Alors on peut même se permettre l’antiphrase, figure de style consistant à exprimer le contraire de ce qu’on pense, sans équivoque, le plus souvent sur un mode descriptif ("quelle chaleur", alors qu’il fait moins 5 degrés, ou "manger des limaces pleines de terre, mais bien sûr j’aime ça, c’est même mon plat favori").
A l’écrit la chose devient plus délicate.
C’est pourquoi le second degré généralement le plus efficace consiste à se saisir d’un stéréotype et de le modifier, le "détourner". On montre alors aisément en quoi le stéréotype en est précisément un, une image fausse et caricaturale de la réalité. Encore faut-il qu’il soit perceptible clairement que c’est bien du stéréotype que l’on se moque, au lieu qu’on se contente de le recycler, de lui donner une nouvelle jeunesse.
Le second degré qui est perçu au premier degré est un échec, quel qu’en soit le responsable, l’auteur ou le public, l’échec est le même. Il y a échec parce que le référent n’est pas le même pour tout le monde. Plus le public est large et plus l’échec est probable. Si une tentative de second degré échoue, est perçu au premier degré, alors, tout simplement, C’EST du premier degré, ni plus ni moins.
Le second degré est un humour qui se moque de lui-même. Il contient donc une critique de ce qui en serait le premier degré. Il est bien clair que tout ce qui est admis au second degré n’est pas admissible au premier degré. Pourquoi ?
Parce que l’humour est une forme de l’expression. Une forme parmi d’autres. Humour ou pas, le message est transmis, l’acte de dire existe, ce qui est dit est dit. L’humour n’enlève rien au contenu du message. Une blague antisémite reste antisémite, une blague anti-belges reste anti-belges, une blague homophobe reste homophobe, une blague sexiste reste sexiste, une blague raciste reste une blague raciste. Répliquer "t’as pas d’humour" est souvent un faux diagnostic, qui a l’inconvénient d’esquiver toute réflexion sur le contenu de la blague incriminée.
Une blague sur les belges n’est pas nécessairement une blague anti-belges, mais elle peut très bien l’être. Une blague sur les juifs peut être antisémite, mais il y a aussi des "blagues juives", qui ne le sont pas. Une blague sexiste n’est pas la même chose qu’une blague féministe, même si les deux prennent pour objet un sexe ou l’autre.
L’humour n’est pas un talisman, il n’est pas une excuse, il n’est pas un antidote, il est juste une manière drôle de dire quelque chose, mais de le dire tout de même, indéniablement. La différence entre une blague sexiste et une non-sexiste n’est pas que l’une serait drôle et pas l’autre, les deux sont potentiellement aussi drôles, mais l’une est acceptables et pas l’autre. Si l’on estime que le racisme est répréhensible, et donc les plaisanteries racistes, alors on doit appliquer le meme raisonnement pour ce qu’on estime condamnable. Cela inclue le sexisme.
Enfin, cessons de croire que tout peut être analysé en une seule dimension. Une plaisanterie peut être prise au premier ET au second degré, tout simplement parce que le langage est complexe, que les jeux de références le sont tout autant, et qu’on dit rarement une seule chose à la fois. Il en va de même pour la publicité.
Prenons l’exemple d’une publicité pour des vêtements pour hommes. Sous différentes variations, on voit des hommes, notamment un jeune, habillés avec cette marque, entourés de femmes en maillot, très dénudées, très maquillées, aux poitrines abondantes et particulièrement mises en évidence, et ces femmes nombreuses entourent l’homme dont visiblement elles se sont entichées. Décriée par les féministes, cette publicité a été soutenue par l’agence de publicité qui se défendait en invoquant le second degré.
Certes. mais encore ?
Il y a dans ces affiches à la fois un premier degré et un second degré. Le second degré porte sur l’attraction provoquée par les vêtements : mets ces fringues et les nanas vont tomber. Là, évidemment, c’est tellement gros que personne n’y croit, c’est une fausse naïveté et on est dans le registre du second degré.
En revanche, à l’évidence il y a une utilisation de la femme-objet au premier degré. La manière dont ces femmes, qui toutes se ressemblent, sont dévêtues et dont tout est fait pour montrer les seins est très exactement sexiste, et vise à susciter le désir du spectateur. Seule l’association fringues/tombeur peut invoquer le second degré, mais l’image du "tombeur", elle, est bel et bien utilisée au premier degré, et ces femmes sont montrées telles qu’elles sont vues par le photographe etles publicitaires, en objets sexuels. Dans ce cas, l’objectivation du corps féminin, au coeur de la culture sexiste depuis des siècles, est poussée à son comble. Les publicitaires ont sans doute cru y mettre du second degré en accentuant le côté glamour des modèles et par leur nombre élevé. Mais ce faisant ils n’ont fait que rendre plus visible le fantasme de la femme-objet, ils n’ont fait que rendre plus visibles leurs corps, leur poitrine. Faute d’avoir compris en quoi le principe d’une telle publicité est critiquable, ils ont accentué ce caractère alors même peut-être (soyons généreux) qu’ils croyaient le faire disparaître.
C’est bien pratique d’avoir une expression magique derrière laquelle se réfugier plutôt que de réfléchir à ce qu’on dit. C’est pratique, mais c’est surtout une grosse arnaque.
samedi 18 juillet 2009
Suite du débat sur la burka (cf 20 juin)
Un article lu sur Libération.fr
«L’islam n’est pas la burqa, il ne faut pas mélanger»
Laïcité. Olivia Cattan, de l’association Paroles de femmes, a été entendue par la mission parlementaire sur le port du voile :
Par LEÏLA-MATHILDE MÉCHAOURI
Olivia Cattan est présidente de l’association Paroles de femmes, créée en 2006. Elle a été auditionnée mercredi dans le cadre de la mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral.
Pourquoi avoir souhaité participer à cette mission sur le port du voile intégral ?
Je ne voulais pas que l’islam soit instrumentalisé, notamment en tant que juive. J’ai souhaité équilibrer le débat, montrer que l’islam peut être éclairé. Pourquoi ne parlerait-on pas du problème de répudiation des femmes au lieu de se pencher sur la question de la burqa ? Parce que la burqa est plus visible. On parle moins facilement des violences invisibles faites aux femmes. La burqa fait peur. Elle me fait peur aussi. Mais l’islam n’est pas la burqa, il ne faut pas mélanger les choses. On est en train de lancer une polémique d’intellos dans laquelle la grande majorité des musulmans de France ne se retrouve pas.
Lors des auditions, la plupart des associations féministes ont dénoncé le port du voile, et non celui du voile intégral. Pourquoi ?
Il y a une forte confusion entre voile et voile intégral. Si une musulmane décide de porter le hijab ou une juive de porter une perruque, cela ne me dérange pas. Par contre, le voile intégral annihile la femme. Elle se crée son propre ghetto, et elle perd son regard sur le monde extérieur. Or, le regard est le miroir de l’âme. La burqa et le foulard sont deux choses très différentes.
Votre association a-t-elle constaté une croissance du port du voile intégral ?
Je l’ai constaté dans un quartier proche du XIXe arrondissement de Paris. Un nouvel imam est arrivé, et toutes les femmes se sont couvertes du voile intégral. Etait-ce un hasard ? Je ne pense pas. Mais cela reste un épiphénomène.
Ne voyez-vous pas une contradiction entre féminisme et pratique de la religion ?
Notre association tente de faire évoluer le statut de la femme, y compris au sein des communautés religieuses. Il y a un vrai travail à faire en partenariat avec leurs institutions, ce que ne fait pas l’Etat. Par exemple, lorsqu’il accorde des subventions, il pourrait demander des contreparties sur le statut de ces femmes. Mais on ne peut pas leur imposer un autre modèle. En revanche, on peut les aider en leur montrant qu’il y existe d’autres alternatives. Je veux rendre leur autonomie aux femmes et non leur imposer les choses.
Cela doit-il passer par le vote d’une loi ?
Je suis pour le vote d’une loi, mais pas n’importe laquelle. La burqa pose un problème de sécurité évident, parce qu’elle permet de se cacher. J’ai moi-même failli arriver en burqa à l’Assemblée nationale, et je pense qu’on ne m’aurait pas laissée entrer. Mais si on l’interdit totalement comme en Belgique, un autre problème va se poser : celui de l’enfermement de ces femmes qui vont rester à la maison. Dans ce cas, comment allons-nous pouvoir les aider en tant qu’associations ? Le plus important, c’est de les accompagner et non les exclure. Et si une loi est votée, elle doit impérativement être suivie de mesures d’information et d’éducation autour de cette question. On ne peut pas toujours tout régler à coups de loi ! Ce n’est pas dans la rue que l’Etat doit intervenir en priorité. C’est plutôt sur la formation des rabbins, des imams et des curés qu’il faut être vigilant.
Qu’allez-vous proposer à la mission parlementaire ?
Nous avons besoin de statistiques pour savoir combien de femmes sont concernées par le voile intégral en France. Or, aucune étude n’a été faite pour l’instant. Sans cela, comment voter une loi ? Par ailleurs, il faut un état des lieux des trois religions en France pour qu’elles puissent évoluer au même rythme que la société d’aujourd’hui. Et qu’on arrête de pointer le doigt toujours sur les mêmes !
«L’islam n’est pas la burqa, il ne faut pas mélanger»
Laïcité. Olivia Cattan, de l’association Paroles de femmes, a été entendue par la mission parlementaire sur le port du voile :
Par LEÏLA-MATHILDE MÉCHAOURI
Olivia Cattan est présidente de l’association Paroles de femmes, créée en 2006. Elle a été auditionnée mercredi dans le cadre de la mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral.
Pourquoi avoir souhaité participer à cette mission sur le port du voile intégral ?
Je ne voulais pas que l’islam soit instrumentalisé, notamment en tant que juive. J’ai souhaité équilibrer le débat, montrer que l’islam peut être éclairé. Pourquoi ne parlerait-on pas du problème de répudiation des femmes au lieu de se pencher sur la question de la burqa ? Parce que la burqa est plus visible. On parle moins facilement des violences invisibles faites aux femmes. La burqa fait peur. Elle me fait peur aussi. Mais l’islam n’est pas la burqa, il ne faut pas mélanger les choses. On est en train de lancer une polémique d’intellos dans laquelle la grande majorité des musulmans de France ne se retrouve pas.
Lors des auditions, la plupart des associations féministes ont dénoncé le port du voile, et non celui du voile intégral. Pourquoi ?
Il y a une forte confusion entre voile et voile intégral. Si une musulmane décide de porter le hijab ou une juive de porter une perruque, cela ne me dérange pas. Par contre, le voile intégral annihile la femme. Elle se crée son propre ghetto, et elle perd son regard sur le monde extérieur. Or, le regard est le miroir de l’âme. La burqa et le foulard sont deux choses très différentes.
Votre association a-t-elle constaté une croissance du port du voile intégral ?
Je l’ai constaté dans un quartier proche du XIXe arrondissement de Paris. Un nouvel imam est arrivé, et toutes les femmes se sont couvertes du voile intégral. Etait-ce un hasard ? Je ne pense pas. Mais cela reste un épiphénomène.
Ne voyez-vous pas une contradiction entre féminisme et pratique de la religion ?
Notre association tente de faire évoluer le statut de la femme, y compris au sein des communautés religieuses. Il y a un vrai travail à faire en partenariat avec leurs institutions, ce que ne fait pas l’Etat. Par exemple, lorsqu’il accorde des subventions, il pourrait demander des contreparties sur le statut de ces femmes. Mais on ne peut pas leur imposer un autre modèle. En revanche, on peut les aider en leur montrant qu’il y existe d’autres alternatives. Je veux rendre leur autonomie aux femmes et non leur imposer les choses.
Cela doit-il passer par le vote d’une loi ?
Je suis pour le vote d’une loi, mais pas n’importe laquelle. La burqa pose un problème de sécurité évident, parce qu’elle permet de se cacher. J’ai moi-même failli arriver en burqa à l’Assemblée nationale, et je pense qu’on ne m’aurait pas laissée entrer. Mais si on l’interdit totalement comme en Belgique, un autre problème va se poser : celui de l’enfermement de ces femmes qui vont rester à la maison. Dans ce cas, comment allons-nous pouvoir les aider en tant qu’associations ? Le plus important, c’est de les accompagner et non les exclure. Et si une loi est votée, elle doit impérativement être suivie de mesures d’information et d’éducation autour de cette question. On ne peut pas toujours tout régler à coups de loi ! Ce n’est pas dans la rue que l’Etat doit intervenir en priorité. C’est plutôt sur la formation des rabbins, des imams et des curés qu’il faut être vigilant.
Qu’allez-vous proposer à la mission parlementaire ?
Nous avons besoin de statistiques pour savoir combien de femmes sont concernées par le voile intégral en France. Or, aucune étude n’a été faite pour l’instant. Sans cela, comment voter une loi ? Par ailleurs, il faut un état des lieux des trois religions en France pour qu’elles puissent évoluer au même rythme que la société d’aujourd’hui. Et qu’on arrête de pointer le doigt toujours sur les mêmes !
mercredi 15 juillet 2009
ça vaut le coup ...
ça vaut le coup de défouler sa haine destructrice contre une femme -mais ne nous leurrons pas: il s'agit d'une haine des femmes- ...
On se dit que "marietrintignaniser", ça "coûte" que 4 ans de prison ...
Qu'en parler et de proposer d'"avorter son ex à coups d'opinel", ça nous propulse au niveau de l'artiste -incompris, bien sûr-
Il a bien senti le coup de com' terriblement gratuit, auréolé du sceau "victime de la censure", ... quoi de mieux pour devenir "artiste" comme Rimbaud ...
c'est tout bénef !!!
Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?
On se dit que "marietrintignaniser", ça "coûte" que 4 ans de prison ...
Qu'en parler et de proposer d'"avorter son ex à coups d'opinel", ça nous propulse au niveau de l'artiste -incompris, bien sûr-
Il a bien senti le coup de com' terriblement gratuit, auréolé du sceau "victime de la censure", ... quoi de mieux pour devenir "artiste" comme Rimbaud ...
c'est tout bénef !!!
Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?
Je soutiens Ségolène Royal
parce qu'elle ose afficher son opposition à la banalisation et à la diffusion du sexisme et des violences faites aux femmes ...
parce qu'on lui tombe sur le coin de la figure justement parce que femme et parce que luttant contre le sexisme ...
parce qu'il suffit de lire leS texteS d'Orelsan pour comprendre que c'est bien le fond de sa "pensée", ces appels à la haine et à la violence contre les femmes ..; on remarquera chez lui une tendance à l'homophobie ... comme c'est étonnant ...
Je pourrais recenser ses propos; j'y perdrais le temps que j'ai déjà passé à lire sur cet individu ...
Il n'en vaut pas la peine.
Et pourtant, vu le battage médiatique pour le défendre, je dénonce ici la manipulation, l'hypocrisie et au moins, l'aveuglement de beaucoup dans ce débat ...
Alors, je félicite Ségolène Royal pour cette prise de position anti-conformiste ... la norme, c'est le sexisme ...
parce qu'on lui tombe sur le coin de la figure justement parce que femme et parce que luttant contre le sexisme ...
parce qu'il suffit de lire leS texteS d'Orelsan pour comprendre que c'est bien le fond de sa "pensée", ces appels à la haine et à la violence contre les femmes ..; on remarquera chez lui une tendance à l'homophobie ... comme c'est étonnant ...
Je pourrais recenser ses propos; j'y perdrais le temps que j'ai déjà passé à lire sur cet individu ...
Il n'en vaut pas la peine.
Et pourtant, vu le battage médiatique pour le défendre, je dénonce ici la manipulation, l'hypocrisie et au moins, l'aveuglement de beaucoup dans ce débat ...
Alors, je félicite Ségolène Royal pour cette prise de position anti-conformiste ... la norme, c'est le sexisme ...
De l'histoire des femmes
En vacances ... je lis, je lis ... et une lecture entraîne une autre ...
Je lis le manuel universitaire Introduction aux genders studies, sur la partie politique et j'ai en tête des arguments de détracteurs éventuels...
La révolution française renforce la mise à l'écart des femmes de la sphère publique, politique -aux hommes, la sphère publique; aux femmes, la sphère privée-... Certains diront que la société a évolué depuis .. ou que les femmes ne se manifestaient pas tant que cela à l'époque...
Certes, un Locke ou un Rousseau sont bien dans leur époque avec une vision naturalisante de la femme qui légitime une différence des sexes et donc des rôles mais on trouvera des contemporains de ce dernier comme Condorcet qui n'a pas la même vision "enfermante" des femmes, de leur place et de leur rôle dans la société...
Certes, cette vision des femmes et le peu de cas accordé aux filles et femmes de cette période est présente dans la vision de l'éducation de l'époque que l'on se fait globalement -au contraire encore, cependant, d'un Condorcet !- mais on remarquera que des femmes bourgeoises, sous l'Ancien Régime, dans leur salon littéraire et politique, se trouvent à mi-chemin entre la sphère publique et la sphère privée mais aussi que les "tricoteuses", les femmes, sont présentes durant la Révolution française et intègrent d'ailleurs quelques clubs révolutionnaires ou créent même des clubs féminins ...
Or, en 1793, un décret interdit ceux-ci et la présence des femmes dans les lieux publics et politiques... à chacunE sa place, dit et renforce la Révolution française...
Alors, ne caricaturons pas mais ouvrons les yeux sur le deuxième point : les nombreux historiens -et quelques historiennes- des XIX ème et XX ème siècles ont oublié au mieux, ignoré intentionnellement, probablement à la fois ces femmes actives et cette occultation par les hommes de pouvoir de ces femmes qui participaient à cette vie politique -ou voulaient y participer ...-; l'">Histoire" les a méprisées comme, jadis, leurs contemporains ...
Il s'agit pourtant d'une histoire faite au XXème siècle, qui a vu évoluer la condition de la femme, s'améliorer ... Ceux qui écrivent l'Histoire n'avaient pas trouvé que cette répartition des sphères privées et publiques et cette mise à l'écart des femmes de la "chose publique", décidées par ces hommes philosophes ou politiques, valaient la peine de s'y intéresser ...
Il revient à dire que, finalement, entre ces XVII-XVIIIèmes siècles et ce XXème siècle, les choses n'avaient pas tant changé que cela. La "nature" des femmes, leur rôle de mère et d'épouse n'avaient pas tant été remis en cause ....
C'est vrai, il a fallu vraiment la deuxième vague du féminisme des années 1970 qui suit les contestations de mai 68, pour que l'on ouvre les yeux sur les femmes et sur l'histoire des femmes .... Le statut de la femme-mère-épouse va être remis en cause. Le "privé est public": le corps des femmes, à savoir la sexualité ainsi que l'avortement et la contraception, qui relevaient du privé vont être, enfin, mis sur la place publique ... la libération, l'émancipation des femmes, enfin ne date que d'il y a environ 40 ans ...
Les femmes ont donc subi une double peine: doublement oubliées et méprisées, au mieux étaient-elles des "citoyennes passives" comme l'enfant, le pauvre, le domestique, l'étranger ... Le rôle des femmes était d'être mères des futurs citoyens.Une fois mariée, elle était mineure -Napoléon, 1804, Code civil-.
Et jusque dans les années 1970, soit depuis bientôt 40 ans, elles ne valaient pas la peine d'être étudiées en tant que telles et leur mise au ban de l'histoire n'était pas intéressante ...
Pire encore, cet oubli des femmes, de leur place dans l'histoire et de leur histoire
amenait selon moi à une vision faussée de l'histoire.
La proclamation de l'égalité entre les êtres humains, tant admirée et proclamée par l'étude de la révolution française, nous a fait croire, à nous élèves et étudiant-e-s, que celle-ci s'appliquait à tous et tout-E-s.
"Déclaration de l'homme et du citoyen" : on a eu la naïveté de croire que la femme, femelle du genre humain, était un homme comme un autre ... Comment avons-nous pu le croire, comment a-t-on osé nous le faire croire ?
Comment as-tu pu oublier nous parler du pamphlet d'Olympe de Gouge qui en 1791 répond à cette injustice en écrivant sa Déclaration de la femme et de la citoyenne ?
Elle qui réclamait pour les femmes le droit de monter à la tribune puisque, disait-elle de manière prémonitoire, elles ont le droit de monter à l'échafaud ?
Parce que, je le crois, en lisant sur Françoise Gaspard et la difficile accession au pouvoir politique des femmes, ce mépris des femmes est toujours là, qu'être une femme en politique vous renvoie de toutes façons, d'abord, à votre nature: vous êtes femme et, avant de vous écouter, vous serez jugée, "jaugée" sur votre physique de femme et votre apparence, vous offrant ainsi aux moqueries ou remarques déplacées, machistes, sexistes ..
..
La politique et ses dirigeants ne montrent pas l'exemple ...
Cette émancipation de la femme n'est pas acquise pour toutes et partout ... tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon... début juillet, une jeune femme issue des cités mourrait étranglée et brûlée, par, probablement, son jeune frère qui ne supportait pas de la voir s'émanciper ...
Ce statut des femmes devra être toujours défendu quand je vois un jeune rappeur Orelsan, déverser ses propos haineux à l'encontre des femmes -il invente même un verbe: "marietrintignaniser" -qui nous rappelle le décès de cette actrice qui mourut sous les coups de son compagnon ... celui-ci, célèbre, fit 4 ans de prison et c'est tout ...-...
Que notre nouveau ministre de la culture défende ce jeune "artiste" au nom de la sacro sainte liberté d'expression me laisse un goût amer sur notre prétendue société moderne ...
A quand une loi qui lutterait contre les propos sexistes ? Yvette Roudy en mai 1983 avait en ce sens élaboré un projet de loi ... qui ne passa pas et provoqua une levée de boucliers .... bizarre, non ?
Je lis le manuel universitaire Introduction aux genders studies, sur la partie politique et j'ai en tête des arguments de détracteurs éventuels...
La révolution française renforce la mise à l'écart des femmes de la sphère publique, politique -aux hommes, la sphère publique; aux femmes, la sphère privée-... Certains diront que la société a évolué depuis .. ou que les femmes ne se manifestaient pas tant que cela à l'époque...
Certes, un Locke ou un Rousseau sont bien dans leur époque avec une vision naturalisante de la femme qui légitime une différence des sexes et donc des rôles mais on trouvera des contemporains de ce dernier comme Condorcet qui n'a pas la même vision "enfermante" des femmes, de leur place et de leur rôle dans la société...
Certes, cette vision des femmes et le peu de cas accordé aux filles et femmes de cette période est présente dans la vision de l'éducation de l'époque que l'on se fait globalement -au contraire encore, cependant, d'un Condorcet !- mais on remarquera que des femmes bourgeoises, sous l'Ancien Régime, dans leur salon littéraire et politique, se trouvent à mi-chemin entre la sphère publique et la sphère privée mais aussi que les "tricoteuses", les femmes, sont présentes durant la Révolution française et intègrent d'ailleurs quelques clubs révolutionnaires ou créent même des clubs féminins ...
Or, en 1793, un décret interdit ceux-ci et la présence des femmes dans les lieux publics et politiques... à chacunE sa place, dit et renforce la Révolution française...
Alors, ne caricaturons pas mais ouvrons les yeux sur le deuxième point : les nombreux historiens -et quelques historiennes- des XIX ème et XX ème siècles ont oublié au mieux, ignoré intentionnellement, probablement à la fois ces femmes actives et cette occultation par les hommes de pouvoir de ces femmes qui participaient à cette vie politique -ou voulaient y participer ...-; l'">Histoire" les a méprisées comme, jadis, leurs contemporains ...
Il s'agit pourtant d'une histoire faite au XXème siècle, qui a vu évoluer la condition de la femme, s'améliorer ... Ceux qui écrivent l'Histoire n'avaient pas trouvé que cette répartition des sphères privées et publiques et cette mise à l'écart des femmes de la "chose publique", décidées par ces hommes philosophes ou politiques, valaient la peine de s'y intéresser ...
Il revient à dire que, finalement, entre ces XVII-XVIIIèmes siècles et ce XXème siècle, les choses n'avaient pas tant changé que cela. La "nature" des femmes, leur rôle de mère et d'épouse n'avaient pas tant été remis en cause ....
C'est vrai, il a fallu vraiment la deuxième vague du féminisme des années 1970 qui suit les contestations de mai 68, pour que l'on ouvre les yeux sur les femmes et sur l'histoire des femmes .... Le statut de la femme-mère-épouse va être remis en cause. Le "privé est public": le corps des femmes, à savoir la sexualité ainsi que l'avortement et la contraception, qui relevaient du privé vont être, enfin, mis sur la place publique ... la libération, l'émancipation des femmes, enfin ne date que d'il y a environ 40 ans ...
Les femmes ont donc subi une double peine: doublement oubliées et méprisées, au mieux étaient-elles des "citoyennes passives" comme l'enfant, le pauvre, le domestique, l'étranger ... Le rôle des femmes était d'être mères des futurs citoyens.Une fois mariée, elle était mineure -Napoléon, 1804, Code civil-.
Et jusque dans les années 1970, soit depuis bientôt 40 ans, elles ne valaient pas la peine d'être étudiées en tant que telles et leur mise au ban de l'histoire n'était pas intéressante ...
Pire encore, cet oubli des femmes, de leur place dans l'histoire et de leur histoire
amenait selon moi à une vision faussée de l'histoire.
La proclamation de l'égalité entre les êtres humains, tant admirée et proclamée par l'étude de la révolution française, nous a fait croire, à nous élèves et étudiant-e-s, que celle-ci s'appliquait à tous et tout-E-s.
"Déclaration de l'homme et du citoyen" : on a eu la naïveté de croire que la femme, femelle du genre humain, était un homme comme un autre ... Comment avons-nous pu le croire, comment a-t-on osé nous le faire croire ?
Comment as-tu pu oublier nous parler du pamphlet d'Olympe de Gouge qui en 1791 répond à cette injustice en écrivant sa Déclaration de la femme et de la citoyenne ?
Elle qui réclamait pour les femmes le droit de monter à la tribune puisque, disait-elle de manière prémonitoire, elles ont le droit de monter à l'échafaud ?
Parce que, je le crois, en lisant sur Françoise Gaspard et la difficile accession au pouvoir politique des femmes, ce mépris des femmes est toujours là, qu'être une femme en politique vous renvoie de toutes façons, d'abord, à votre nature: vous êtes femme et, avant de vous écouter, vous serez jugée, "jaugée" sur votre physique de femme et votre apparence, vous offrant ainsi aux moqueries ou remarques déplacées, machistes, sexistes ..
..
La politique et ses dirigeants ne montrent pas l'exemple ...
Cette émancipation de la femme n'est pas acquise pour toutes et partout ... tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon... début juillet, une jeune femme issue des cités mourrait étranglée et brûlée, par, probablement, son jeune frère qui ne supportait pas de la voir s'émanciper ...
Ce statut des femmes devra être toujours défendu quand je vois un jeune rappeur Orelsan, déverser ses propos haineux à l'encontre des femmes -il invente même un verbe: "marietrintignaniser" -qui nous rappelle le décès de cette actrice qui mourut sous les coups de son compagnon ... celui-ci, célèbre, fit 4 ans de prison et c'est tout ...-...
Que notre nouveau ministre de la culture défende ce jeune "artiste" au nom de la sacro sainte liberté d'expression me laisse un goût amer sur notre prétendue société moderne ...
A quand une loi qui lutterait contre les propos sexistes ? Yvette Roudy en mai 1983 avait en ce sens élaboré un projet de loi ... qui ne passa pas et provoqua une levée de boucliers .... bizarre, non ?
lundi 6 juillet 2009
un article intéressant
Il y en a des masses mais celui-ci est assez intéressant, parlant de plusieurs ouvrages... http://www.peripheries.net/article47.html
dénonçant l'hypocrisie de nos sociétés ... et la force de l'antiféminisme et de la misogynie ...
dénonçant l'hypocrisie de nos sociétés ... et la force de l'antiféminisme et de la misogynie ...
dimanche 5 juillet 2009
Enfant, j'étais déjà féministe ! ( II ): histoire d'une prise de conscience individuelle
Je vais essayer de compléter au fur et à mesure de mes souvenirs les marques qui sont pour moi ceux d'un féminisme naissant mais qui ne se nomme pas:
Je pense que mon féminisme découle de plusieurs faits (cf Enfant, j'étais déjà féministe ( I ) ) et notamment de l'acceptation de mon homosexualité.
- de janvier à juin 2007, je suis avec passion la campagne pour les présidentielles. Je suis en Guyane et je lis le canard enchaîné. Le sexisme de la campagne de Sarkozy passe parfaitement surtout quand il fait parler à sa place les femmes du parti. MAM décrit le "changement d'idées autant de robes" ... J'étais scandalisée d'une manière générale de l'aveuglement des Français sur la réalité du personnage qui parle de la masse populaire et même s'approprie les idées de la gauches avec un cynisme déconcertant. Lui, l'ami des riches entrepreneurs, qui se faire des couilles en or avec des histoires assez louches... bref ! A ce moment, je me dis "c'est sexiste" mais je ne vais pas plus loin dans l'analyse. C'est cette hypocrisie, ce machisme qui va durant les 6 derniers mois de la campagne me faire soutenir Ségolène Royal même si elle n'était pas pour moi la candidate rêvée. Pour moi, l'honnêté et la sincérité n'est pas chez lui. Elle invente un mot ? on lui tombe dessus ! Il invente un mot ? rien.
Elle se trompe ? On lui tombe dessus. Lui ? Mais non ! Sans parler de la peur qu'inspirait l'ancien ministre de l'intérieur -"je vais tous vous virer!" dit-il à france 3-, la campagne a été machiste; les médias aussi -sans parler de ce cher journaliste à grande responsabilité d 'Europe 1 dont le nom m'échappe qui casse du sucre sur elle-... Quand on parle de "la Barbie et de la Barbante" au congrès de Reims de novembre 2008, il y a à s'inquiéter du peu de progrès fait au sein du PS et dans le monde politique en général.
- septembre 2007: je fais mon coming out professionnel. Les langues se délient un peu à l'école vu que j'ai banalisé mon orientation sexuelle. Peu de résistances et d'opposition en apparence. Ce qui m'aide beaucoup à l'époque.
- vers oct-nov 2008, je discute sur un forum de jeunes artistes que je connais (8 à 10 ans plus jeunes que moi) non complexés par la sexualité, par l'orientation sexuelle et par le genre. Je commence à réfléchir... Simone de Beauvoir est alors citée...
- novembre 2008: je tombe par hasard sur une émission de France Inter sur l'homophobie, ce qui fait écho à des réflexions écrites ou lues sur le forum ... Le dictionnaire de l'homophobie est citée comme référence. Cette émission s'inscrit dans une analyse plus profonde: du racisme, antisémitisme, misogynie et anti-américanisme. La lecture du dictionnaire de l'homophobie est primordiale.
- de décembre 2008 à avril 2009, avant que je prenne conscience de la vigueur du féminisme et prenne connaissance de l'histoire des femmes et du genre:
Je m'indignai contre un poème qui confortait l'idée que les jouets étaient différents selon les sexes (période de Noël oblige ...). Je décidai néanmoins de le donner parmi d'autres -au choix donc- à mes élèves. Il faut majoritairement pris par ceux-ci. Je me rendis compte que les enfants avaient déjà en tête une image de la fille et du garçon et de ce que avec quoi ils doivent jouer ... Une classe avec beaucoup de filles et beaucoup de "princesses"; quelques garçons -des petits durs- mais aussi comme chaque année, quelques (rares) enfants qui ne rentraient pas dans ces stéréotypes ... mais je pris cela un peu comme une fatalité...
Je me révoltai contre des blagues sexistes envoyées par mail, des montages vidéo censés (dé)montrer, sous couvert d'humour bien sûr, que les femmes ne savent pas (bien) conduire et sur le blog qui mettait en ligne cette vidéo, j'exprimais mon désaccord grâce certains arguments -cela dura toute une journée tout au long d'une joute par commentaires interposés, la mauvaise foi me choqua-.
Je m'élevai à l'école pour la féminisation des mots et leur poids plus que symbolique -autour du 8 mars-: c'est la résistance de certaines collègues femmes qui m'amena à ce que je cherche, je m'informe; avec un collègue remplaçant, je discutai de la loi salique et du "pauvre mari de la reine d'Angleterre" qui, me disait-il, n'est rien. Je lui répondis alors que c'était le cas de toutes les femmes de France ;-) Le "mari de", équivalent de "femme de"... et je ne fis pas de remarque sur l'emploi du mot "femme" qui est double; synonyme d'épouse.
"La femme de quelqu'un" comme "la chose de quelqu'un"?
Pour l'homme marié, on dit très majoritairement "mari" et non "homme" ou alors il y a une charge assez familière, affectueuse voire humoristique ("mon homme"). Pas dans "ma femme".
Comme si "la femme" était la propriété de "l'homme". Ce que j'écris sur ces mots est récent mais on distinguera que l'homme, c'est à la fois l'être humain et le mâle de cette espèce. A force d'utiliser le mot général, on fait la confusion avec le mot particulier. Ce que le latin ne faisait pas ("homo", l'espèce et "vir", le mâle).Le masculin neutre oublie tout simplement la femme. Les droits de l'homme de 1789 ne parle que du mâle et d'un mâle blanc. On donne un autre nom pour la "femelle, la femme de l'espèce, -qui vient du latin "qui allaite"- et par contre, c'est le même mot pour l'"épouse" de l'homme. Lui, il est alors le "mari". Certes, il a le mot "épouse" mais au quotidien, c'est le mot "femme" qui est le plus usité.
Cette "femme" quand elle n'est pas encore "épouse" est plutôt une "fille", une "mademoiselle" car elle n'a pas encore le statut de "madame". changement statut donné donc par le mariage avec "monsieur", lequel peut être appelé ainsi quand il veut, quelque soit son âge, puisqu'il n'existe pas de "mondamoiseau" ...
Je me suis faite appelée récemment "jeune fille": à 34 ans, je pourrais bien le prendre comme beaucoup de femmes coquettes mais non : je reprends la personne alors. Sur la défensive à celui qui cherche à m'agresser et par là même à me minorer. Je vais d'ailleurs tenter de réprimer toute la haine que j'ai à l'encontre de ce "gros con" -ça m'emmerde bien d'utiliser un mot qui désigne le sexe féminin mais le sexisme de la langue est ainsi ... salaud ou salopard n'a pas la même utilisation et signification. La "connerie" étant souvent une définition dans l'identité de la personne alors que les deux autres termes renvoient plus selon moi aux actes ... et pour lui, hélàs, il s'agit bien d'identité ...
La deuxième, je répondis avec le sourire à un monsieur aimable que je ne connaissais pas qui cherchait simplement à dragouiller un peu: je lui répondis ainsi avec le sourire à son "les filles" par "le garçon"; il me répondait alors un peu gêné, par un "jeune fille", je lui dis "non plus" mais on s'arrêta là car il partait ... Deux collègues femmes ne me m'appuyèrent pas du tout : incompréhension et minoration de ma réaction ...
Triste ...
Quand on souligne le sexisme des mots, on se retrouve face à de l'incompréhension : les femmes minorent, sont choquées et les hommes sont au mieux surpris, déstabilisés.
Une femme qui n'accepte pas un mot qui la rajeunit est une rabat-joie "sûrement une lesbienne !". Faux. Je suis certes lesbienne mais ce qui me fait répondre est le fait que je suis féministe, à savoir une femme qui a ouvert les yeux et qui les garde ouverts !! Mais je sais encore que cette phrase quelque peu provocante indignera ... Mais quand on discute entre femmes, quand on parle sérieusement de ce sexisme quotidien, celui-ci tombe vite dans l'oubli -comme je l'ai fait pendant 33 ans et demi ...- ou celui-ci est minoré, caricaturé voire méprisé -les femmes vont de superbes antiféministes...- !
Remarque auprès de mes collègues sur le manque de symétrie dans notre société (cf Don Juan/ salope; le poids des mots ...).
La lecture de quelques livres Dictionnaire de l'homophobie; l'histoire du féminisme; Hommmes et femmes, construction d'une différence m'éclaira beaucoup ... La résistance de certaines collègues femmes m'aida paradoxalement beaucoup... (je les ai déjà remerciées !). Disons le, le sexisme d'une en particulier. Le poids des croyances aussi (cf mayo, vin et autres choses qui tourneraient à cause ... des règles des femmmes !!!! J'étais tombée sur le cul !)
Début mars, en visite à Paris et intéressée par l'Afrique, je me rendis au musée Dapper dont l'expo portait sur les Femmes dans les arts d'Afrique; j'achetai le livre d'expo et poursuivai à mon retour mon intérêt en regardant un docu de la cinquième sur des femmes d'Afrique.
C'est aux vacances d'avril, parce que je cherchais, me semble-t-il, à me procurer le livre de Louis Georges Tin -qui avait dirigé le dictionnaire de l'homophobie qui avait été si éclairant- sur la naissance de l'hétérosexualité au Moyen age que je pris conscience et connaissance d'un champ de recherche en Histoire sur l'histoire des femmes. J'arrivais sur le site de l'université de Toulouse et, moi qui avait toujours été intéressée par la reprise des études, la contactai et reçut de Sylvie Chaperon -spécialiste de Simone de Beauvoir- le conseil de m'adresser à l'Université d'Angers et le nom de Christine Bard apparut très vite. Pendant ces deux semaines de vacances, je surfai sur le web et le monde me tomba dessus !
J'écrivais au secrétariat d'Angers pour avoir des infos. La secrétaire me répondit vers la fin des vacances en disant qu'elle en avait parlé à Christine Bard et que je pourrais suivre des cours de Master1 avec dispense d'assiduité. Surprise. C.Bard était déjà au courant de mon projet, moi qui me sentais déjà un peu submergée par toutes ces connaissances et pas prête ... Néanmoins, comme j'avais lu sur elle -je commençais d'ailleurs à investir dans ma petite bibliothèque des féminismes-, j'osais lui écrire en prenant un week end pour formuler du mieux possible mon projet. Trente minutes après l'envoi du mail, elle me répondait favorablement et ceci lança encore plus le bouleversement que j'avais connu pendant les deux semaines de vacances !
Sur mon blog Karinette en Charente, on peut percevoir une partie de cette prise de conscience qui commence à la mi-décembre 2008. Je mets des mots sur des ressentis; je développe ensuite les ressentis en étant plus attentive à la société -pour dire vite. Avril et les deux semaines de vacances plongent cet intérêt plus poussé dans le champ des connaissances universitaires et intellectuelles.
Impossible de faire marche arrière : j'ai vu de la lumière, je suis entrée et pour rien au monde, je ne ressortirai dans la nuit sombre et obscure ...
Je pense que mon féminisme découle de plusieurs faits (cf Enfant, j'étais déjà féministe ( I ) ) et notamment de l'acceptation de mon homosexualité.
- de janvier à juin 2007, je suis avec passion la campagne pour les présidentielles. Je suis en Guyane et je lis le canard enchaîné. Le sexisme de la campagne de Sarkozy passe parfaitement surtout quand il fait parler à sa place les femmes du parti. MAM décrit le "changement d'idées autant de robes" ... J'étais scandalisée d'une manière générale de l'aveuglement des Français sur la réalité du personnage qui parle de la masse populaire et même s'approprie les idées de la gauches avec un cynisme déconcertant. Lui, l'ami des riches entrepreneurs, qui se faire des couilles en or avec des histoires assez louches... bref ! A ce moment, je me dis "c'est sexiste" mais je ne vais pas plus loin dans l'analyse. C'est cette hypocrisie, ce machisme qui va durant les 6 derniers mois de la campagne me faire soutenir Ségolène Royal même si elle n'était pas pour moi la candidate rêvée. Pour moi, l'honnêté et la sincérité n'est pas chez lui. Elle invente un mot ? on lui tombe dessus ! Il invente un mot ? rien.
Elle se trompe ? On lui tombe dessus. Lui ? Mais non ! Sans parler de la peur qu'inspirait l'ancien ministre de l'intérieur -"je vais tous vous virer!" dit-il à france 3-, la campagne a été machiste; les médias aussi -sans parler de ce cher journaliste à grande responsabilité d 'Europe 1 dont le nom m'échappe qui casse du sucre sur elle-... Quand on parle de "la Barbie et de la Barbante" au congrès de Reims de novembre 2008, il y a à s'inquiéter du peu de progrès fait au sein du PS et dans le monde politique en général.
- septembre 2007: je fais mon coming out professionnel. Les langues se délient un peu à l'école vu que j'ai banalisé mon orientation sexuelle. Peu de résistances et d'opposition en apparence. Ce qui m'aide beaucoup à l'époque.
- vers oct-nov 2008, je discute sur un forum de jeunes artistes que je connais (8 à 10 ans plus jeunes que moi) non complexés par la sexualité, par l'orientation sexuelle et par le genre. Je commence à réfléchir... Simone de Beauvoir est alors citée...
- novembre 2008: je tombe par hasard sur une émission de France Inter sur l'homophobie, ce qui fait écho à des réflexions écrites ou lues sur le forum ... Le dictionnaire de l'homophobie est citée comme référence. Cette émission s'inscrit dans une analyse plus profonde: du racisme, antisémitisme, misogynie et anti-américanisme. La lecture du dictionnaire de l'homophobie est primordiale.
- de décembre 2008 à avril 2009, avant que je prenne conscience de la vigueur du féminisme et prenne connaissance de l'histoire des femmes et du genre:
Je m'indignai contre un poème qui confortait l'idée que les jouets étaient différents selon les sexes (période de Noël oblige ...). Je décidai néanmoins de le donner parmi d'autres -au choix donc- à mes élèves. Il faut majoritairement pris par ceux-ci. Je me rendis compte que les enfants avaient déjà en tête une image de la fille et du garçon et de ce que avec quoi ils doivent jouer ... Une classe avec beaucoup de filles et beaucoup de "princesses"; quelques garçons -des petits durs- mais aussi comme chaque année, quelques (rares) enfants qui ne rentraient pas dans ces stéréotypes ... mais je pris cela un peu comme une fatalité...
Je me révoltai contre des blagues sexistes envoyées par mail, des montages vidéo censés (dé)montrer, sous couvert d'humour bien sûr, que les femmes ne savent pas (bien) conduire et sur le blog qui mettait en ligne cette vidéo, j'exprimais mon désaccord grâce certains arguments -cela dura toute une journée tout au long d'une joute par commentaires interposés, la mauvaise foi me choqua-.
Je m'élevai à l'école pour la féminisation des mots et leur poids plus que symbolique -autour du 8 mars-: c'est la résistance de certaines collègues femmes qui m'amena à ce que je cherche, je m'informe; avec un collègue remplaçant, je discutai de la loi salique et du "pauvre mari de la reine d'Angleterre" qui, me disait-il, n'est rien. Je lui répondis alors que c'était le cas de toutes les femmes de France ;-) Le "mari de", équivalent de "femme de"... et je ne fis pas de remarque sur l'emploi du mot "femme" qui est double; synonyme d'épouse.
"La femme de quelqu'un" comme "la chose de quelqu'un"?
Pour l'homme marié, on dit très majoritairement "mari" et non "homme" ou alors il y a une charge assez familière, affectueuse voire humoristique ("mon homme"). Pas dans "ma femme".
Comme si "la femme" était la propriété de "l'homme". Ce que j'écris sur ces mots est récent mais on distinguera que l'homme, c'est à la fois l'être humain et le mâle de cette espèce. A force d'utiliser le mot général, on fait la confusion avec le mot particulier. Ce que le latin ne faisait pas ("homo", l'espèce et "vir", le mâle).Le masculin neutre oublie tout simplement la femme. Les droits de l'homme de 1789 ne parle que du mâle et d'un mâle blanc. On donne un autre nom pour la "femelle, la femme de l'espèce, -qui vient du latin "qui allaite"- et par contre, c'est le même mot pour l'"épouse" de l'homme. Lui, il est alors le "mari". Certes, il a le mot "épouse" mais au quotidien, c'est le mot "femme" qui est le plus usité.
Cette "femme" quand elle n'est pas encore "épouse" est plutôt une "fille", une "mademoiselle" car elle n'a pas encore le statut de "madame". changement statut donné donc par le mariage avec "monsieur", lequel peut être appelé ainsi quand il veut, quelque soit son âge, puisqu'il n'existe pas de "mondamoiseau" ...
Je me suis faite appelée récemment "jeune fille": à 34 ans, je pourrais bien le prendre comme beaucoup de femmes coquettes mais non : je reprends la personne alors. Sur la défensive à celui qui cherche à m'agresser et par là même à me minorer. Je vais d'ailleurs tenter de réprimer toute la haine que j'ai à l'encontre de ce "gros con" -ça m'emmerde bien d'utiliser un mot qui désigne le sexe féminin mais le sexisme de la langue est ainsi ... salaud ou salopard n'a pas la même utilisation et signification. La "connerie" étant souvent une définition dans l'identité de la personne alors que les deux autres termes renvoient plus selon moi aux actes ... et pour lui, hélàs, il s'agit bien d'identité ...
La deuxième, je répondis avec le sourire à un monsieur aimable que je ne connaissais pas qui cherchait simplement à dragouiller un peu: je lui répondis ainsi avec le sourire à son "les filles" par "le garçon"; il me répondait alors un peu gêné, par un "jeune fille", je lui dis "non plus" mais on s'arrêta là car il partait ... Deux collègues femmes ne me m'appuyèrent pas du tout : incompréhension et minoration de ma réaction ...
Triste ...
Quand on souligne le sexisme des mots, on se retrouve face à de l'incompréhension : les femmes minorent, sont choquées et les hommes sont au mieux surpris, déstabilisés.
Une femme qui n'accepte pas un mot qui la rajeunit est une rabat-joie "sûrement une lesbienne !". Faux. Je suis certes lesbienne mais ce qui me fait répondre est le fait que je suis féministe, à savoir une femme qui a ouvert les yeux et qui les garde ouverts !! Mais je sais encore que cette phrase quelque peu provocante indignera ... Mais quand on discute entre femmes, quand on parle sérieusement de ce sexisme quotidien, celui-ci tombe vite dans l'oubli -comme je l'ai fait pendant 33 ans et demi ...- ou celui-ci est minoré, caricaturé voire méprisé -les femmes vont de superbes antiféministes...- !
Remarque auprès de mes collègues sur le manque de symétrie dans notre société (cf Don Juan/ salope; le poids des mots ...).
La lecture de quelques livres Dictionnaire de l'homophobie; l'histoire du féminisme; Hommmes et femmes, construction d'une différence m'éclaira beaucoup ... La résistance de certaines collègues femmes m'aida paradoxalement beaucoup... (je les ai déjà remerciées !). Disons le, le sexisme d'une en particulier. Le poids des croyances aussi (cf mayo, vin et autres choses qui tourneraient à cause ... des règles des femmmes !!!! J'étais tombée sur le cul !)
Début mars, en visite à Paris et intéressée par l'Afrique, je me rendis au musée Dapper dont l'expo portait sur les Femmes dans les arts d'Afrique; j'achetai le livre d'expo et poursuivai à mon retour mon intérêt en regardant un docu de la cinquième sur des femmes d'Afrique.
C'est aux vacances d'avril, parce que je cherchais, me semble-t-il, à me procurer le livre de Louis Georges Tin -qui avait dirigé le dictionnaire de l'homophobie qui avait été si éclairant- sur la naissance de l'hétérosexualité au Moyen age que je pris conscience et connaissance d'un champ de recherche en Histoire sur l'histoire des femmes. J'arrivais sur le site de l'université de Toulouse et, moi qui avait toujours été intéressée par la reprise des études, la contactai et reçut de Sylvie Chaperon -spécialiste de Simone de Beauvoir- le conseil de m'adresser à l'Université d'Angers et le nom de Christine Bard apparut très vite. Pendant ces deux semaines de vacances, je surfai sur le web et le monde me tomba dessus !
J'écrivais au secrétariat d'Angers pour avoir des infos. La secrétaire me répondit vers la fin des vacances en disant qu'elle en avait parlé à Christine Bard et que je pourrais suivre des cours de Master1 avec dispense d'assiduité. Surprise. C.Bard était déjà au courant de mon projet, moi qui me sentais déjà un peu submergée par toutes ces connaissances et pas prête ... Néanmoins, comme j'avais lu sur elle -je commençais d'ailleurs à investir dans ma petite bibliothèque des féminismes-, j'osais lui écrire en prenant un week end pour formuler du mieux possible mon projet. Trente minutes après l'envoi du mail, elle me répondait favorablement et ceci lança encore plus le bouleversement que j'avais connu pendant les deux semaines de vacances !
Sur mon blog Karinette en Charente, on peut percevoir une partie de cette prise de conscience qui commence à la mi-décembre 2008. Je mets des mots sur des ressentis; je développe ensuite les ressentis en étant plus attentive à la société -pour dire vite. Avril et les deux semaines de vacances plongent cet intérêt plus poussé dans le champ des connaissances universitaires et intellectuelles.
Impossible de faire marche arrière : j'ai vu de la lumière, je suis entrée et pour rien au monde, je ne ressortirai dans la nuit sombre et obscure ...
samedi 4 juillet 2009
Enfant, j'étais déjà féministe ! ( I ) : être femme sans vraiment le devenir, être lesbienne -et le devenir- et "devenir" féministe ...
En discutant par e-mail avec une vendeuse de livres (libraire non professionnelle ?) de priceminister à qui j'avais commandé des livres, j'ai enfin écrit -et donc nommé, pris conscience- de la chose suivante:
"Je pense que la force et le courage des femmes (.....) c'est aussi d'abord cette force de caractère à aller au-delà de ce que l'on attend de nous. Et dans tous les domaines : physique, intellectuel, professionnel, personnel. Prouver que l'on peut faire comme les hommes. Tout simplement.
Et en cela, je me dis que j'ai toujours été féministe mais je n'avais pas une connaissance réaliste de ce mouvement de pensée pour me nommer en tant que telle."
Avant, j'écris pour me présenter:
"A 34 ans (...), cela peut paraître tardif pour avoir une "révélation" mais gérer le fait d'être une femme, lesbienne dans notre société peut "parasiter" un peu cette prise de conscience; la preuve ! J'ai essayé d'assumer les deux états de fait avant le troisième ! Un par décennie on va dire ;-)"
La dernière phrase est une boutade mais donne l'idée tout de même d'une chronologie.
Petite, je ne voulais pas être une fille et je rêvais d'avoir et d'être tout ce que l'imagerie attribuait aux garçons: la force principalement. Je voulais avoir les mêmes jeux que mon frère car je les trouverais mieux etc. Les mêmes droits, en fait. Je trouvais plus valorisant d'être un garçon. J'avais tout compris de notre société. Mais je n'avais pas les mots pour le dire. Alors je rêvais que j'étais un garçon, que j'étais un super-héros. Plus tard, je rêvais que je me transformais en l'un ou l'autre sexe. Je me transformais en garçon pour être Le héros. Au quotidien, je n'aimais pas les jupes ou robes, je ne restai pas longtemps au cours de danse auquel mes parents m'avaient inscrits. Certes, je restais à celui de gymnastique sans grand enthousiasme (4-5 ans). C'est l'école élémentaire qui m'appris ces jeux -puis sports de balle et de ballons (hand, basket) qui me plaisent tant. Je fis à ce moment du tennis et du tennis de table avec mon frère et mon père. Je passai néanmoins à côté d'une vocation sportive; poussée plus par mes parents aux études qu'au sport. Je les délaissais pour les redécouvrir ponctuellement, plus tard.
Assumer le fait d'être une fille -et je n'écris pas "assumer ma féminité"- a été la première étape et j'essaie je crois encore aujourd'hui de construire mon identité. J'essaie de re-construire cette identité féminine en m'extrayant des idées pré-mâchées sur la "féminité" et la "nature féminine". J'essaie d'être moi, naturellement; je fais abstraction de ce que l'on attend de moi parce que née fille. Au risque de ne pas être pour certains une "fille/femme comme les autres".
J'assumais progressivement d'être une fille -oh fatalitas !- mais je n'acceptais pas tout ce que voulait dire "devenir femme" -et tous les codes vestimentaires, esthétiques, comportementaux que cela suppose: je ne voulais pas de la "féminité" ou en tout cas, je fis un tri !-. Se maquiller, s'habiller sexy, jouer à un jeu de séduction avec les garçons et avoir des discussions qui tournent autour de ces sujets ne m'intéressaient aps. Je me sentais très éloignée des jeunes de mon âge. J'étais pour eux une "intello" sauf pour la meilleure copine très bonne élève aussi. Je m'intéressais à des choses très différentes des jeunes de mon âge. Mal-être terrible que l'adolescence.
Assumer mon orientation sexuelle a commencé à partir de la prise de conscience écrite dans mon journal intime -donc formulée et consciente- à 16-17 ans.
12-13 ans, il m'a fallu pour l'assumer dans le cercle des proches -amis et famille-, oser aller à l'encontre de ce que ma famille, la société et mon éducation m'avaient inculquée: l'homosexualité est honteuse voire inexistante !
J'"étais lesbienne" au fond de moi mais accepter de "devenir lesbienne" -au sens actif du terme, dans la pratique ;-)- prit un certain temps. Devenir, au sens d'accepter pleinement. On ne peut devenir homosexuel, on ne peut l'assumer quand faisant selon moi un coming out personnel et professionnel (sans cesse renouvelé tant que la société n'aura pas évolué).
3 ans pour l'assumer dans le cercle professionnel. Éviter les malentendus et les secrets. Destructeurs pour moi.
C'est, je crois, à partir de ce choix d'une plus grande sincérité vis-à-vis des collègues que s'est opéré le déclenchement de la véritable prise de conscience, en deux ans, avec une accélération terrible en 9 mois. A partir du moment où vous "désobéissez" à cette injonction tacite à la discrétion, un certain nombre de réalités apparaissent.
L'homosexualité peut alors devenir un sujet de conversation et même de blagues -en rire m'a fait dans un premier temps énormément de bien-. Les idées à son propos peuvent se libérer, les stéréotypes aussi. Dans un premier temps, on est soulagé : on croit qu'il n'y a pas d'homophobie.
Et puis,on comprend que l'homophobie n'est pas le fait de quelques déséquilibrés. Elle est partout et sommeille en tous, à différentes doses. Il y a différents degrés dans l'homophobie. Pour moi, l'injonction plus ou moins tacite à une discrétion -une invisibilisation- est la plus répandue.
C'est à cause d'elle que la lutte contre l'homophobie "directe", violente, est difficile. Elle reste secondaire aux yeux qui n'ont rien en apparence contre les homosexuels mais qui vont être gênés par certaines attitudes démonstratives et revendicatives (c'est "trop" ... cf Thomas de la nouvelle star...combien de fois ce mot a-t-il été prononcé; ce qui est sûr c'est chanteur homo efféminé, ça ne passe pas aux yeux d'un jury composé d'hommes...). Pour eux, il n'y a (plus) rien à faire; tout est acquis. Aveuglément.
A ce propos :
Il faudra aussi toute sa vie assumer cette homosexualité: de manière ouverte et publique -par exemple, par rapport aux parents d'élèves ou même aux élèves- et le renouveler à chaque nouvelle rencontre pour ne pas laisser émerger et formuler l'idée erronée d'une hétérosexualité présumée ...
Je suis persuadée qu'il vaut mieux l'annoncer, même au détour d'une "discussion banalement personnelle", AVANT que l'interlocuteur/trice ne formule, de manière quasi-inconsciente, ma supposée hétérosexualité -une évidence pour lui/elle-. Éviter le malentendu.
Je pense que cette évidence pour eux/elles est une violence pour moi et qu'il est plus difficile d'affronter ces présupposés formulés que de le dire simplement dès que l'occasion se présente :"Ma copine et moi, nous sommes allées voir un film" plutôt que "tu sais... j'ai une copine". Cela peut paraître brutal pour certain(e)s. Je me rappelle l'étonnement dans les yeux de celle que je connaissais depuis plus moins de deux semaines... Mais cette violence est moins forte que de lui faire croire tacitement le contraire et, en cela, les tromper d'une certaine manière. Elle est aussi moins forte, cette violence, que celle que nous rencontrons, nous à l'orientation sexuelle différente, tous les jours dans ce présupposé d'une hétérosexualité. Violence sourde et discrète qui ne dit pas son nom. Je préfère l'honnêté à la dissimulation. Je préfère la visibilité à l'invisibilité. L'existence à l'indifférence.
Je ne dramatise pas le coming out, je le banalise: je l'inscris dans le quotidien, dans la normalité alors que de mettre en scène le coming out ou même de protester en disant "Mon copain ? bah en fait il s'agit de ma copine, plutôt !" va dans le sens de l'extraordinaire, de la différence et de l'anormalité. Bien sûr, cela arrivera encore car la norme hétérosexuelle est tellement omniprésente qu'elle peut débouler avant que je la sente arriver ;-) Et cela restera gérable. Ne le seraient pas le silence ou le mensonge.
Je réaffirme donc ce que j'ai expérimenté après quelques déboires -et essais de tous genres-: mieux vaut l'annoncer tout de suite -à l'occasion-; comme ça, le sujet n'est pas un problème, celui-ci est éludé avant qu'il ne se pose ...
Car nous ne sommes pas encore dans une société qui présupposerait réellement des sexualités diverses et variées. On ne vous pas pose la question "as-tu un ami ou une amie?" mais plutôt "as-tu un ami ?".
La société commence à l'admettre toutefois mais au quotidien, nous rencontrons encore beaucoup de gens (cultivés) qui vous collent l'étiquette hétérosexuel(le) avant même de vous avoir parlé ....
Je préfère donc prendre les devants plutôt que de ressentir cette honte ou au moins ce malaise que j'ai ressentis pendant 13 ans "heu non... je ne suis pas comme vous...".
Je maîtrise ma vie et ce que je délivre sur elle. En en parlant la première, je donne à voir que ce n'est pas un problème pour moi et c'est le cas, même si la société a tout fait pour !
Les propos tenus, homophobes, sur des chanteurs homosexuels (cf Thomas Nouvelle Star 2009) m'ont aussi indignée. L'homophobie est là, malgré les avancées.
Je n'ai pas voulu me considérer comme féministe car "la femme", "les femmes" avaient une image que je récusais ; je n'en voulais pas ... Bizarrement, je n'aimais pas ces femmes-là ... moi, la lesbienne ... ;-)
J'aimais certaines beautés dès l'âge de 8-10 ans. Grace Kelly puis Sigourney Weaver pour citer les plus importantes.
Déjà la dernière sortait des standards de la première: grande -plus d'1 m 80-, elle a quelque chose en elle de fort qui ne renvoie pas à la fragilité de la première. Souvent, je me suis maladroitement dit que j'aimais le masculin de certaines femmes féminines. Des femmes qui sortaient de l'image rêvée de la femme idéale, féminine et fragile. Une force (de caractère) qui, je le pense maintenant, n'est pas masculine mais dans notre vision binaire du monde, nous renvoie malgré tout à l'autre sexe. Manque de vocabulaire. La force de caractère n'a pas de sexe.
Et c'est peut être cela qui a été difficile pour moi: savoir de quelle(s) femme(s) parle-t-on quand on se définit comme fille/femme, savoir quelle(s) femmme(s) on aime quand on se définit lesbienne.
J'ai eu du mal avec cette image de la femme car j'ai subi une vision unique de la féminité et de l'identité féminine: je ne m'y reconnaissais pas, je ne l'aimais et je ne me voyais donc pas la défendre ...
Aujourd'hui, j'ai pris conscience que ce que j'avais ressenti comme malaises par rapport à ces identités du sexe et de l'orientation sexuelle ont été et sont ressentis par d'autres: la lecture sur l'homophobie m'a fait un bien fou car j'y ai lu des ressentis jusqu'alors non exprimés car, je le croyais, seulement personnels et peu communicables.
Le dictionnaire de l'homophobie m'a permise de m'interroger aussi sur le genre, sur ce que l'on attend, justement, de nous comme fille ou comme garçon ...: non seulement une sexualité unique -l'hétérosexualité- mais aussi une attitude, une apparence, une culture sexuée, genrée. J'ai compris que l'homophobie découlait du sexisme.
Et c'est cette démarche qui sort du cas particulier pour aller vers la généralité, l'universalité qui m'a permis de comprendre que tous les malaises que j'avais ressentis avaient pour origine un système.
Le système patriarcal qui fonde la domination des hommes sur les femmes.
Le problème est donc beaucoup plus vaste que je ne l'avais cru.
J'avais eu tout au long de mes 34 premières années rejeté certains faits, souffert de ce que l'on attendait de moi car femme, lutté contre une image de la femme qui ne me correspondait pas, j'avais osé l'indépendance, les voyages originaux, et surtout franchi le pas de l'affirmation de mon orientation sexuelle.
Ne plus subir.
A travers mon cas personnel, j'ai compris les autres. J'ai compris que TOUTES les femmes, y compris celles que je n'aimais pas, avaient quelque chose de commun avec moi : cette injonction subtile à la conformité.
Certaines ne peuvent/veulent pas lutter contre cette mise à l'ordre qui n'en a pas l'apparence; moi, j'y ai résisté individuellement.
Je viens de réaliser que je n'étais pas seule.
Hier en me couchant et en pensant à ce message qui n'était pas fini, je finis par me dire que c'est la prise de conscience de ce que je suis qui m'a permis de penser; ainsi je peux donc dire "Je suis donc je pense !" ! Je suis (femme, lesbienne) donc je pense (féministe). Autrefois, je refusais ce rapprochement car cela tombait pour moi dans la caricature "la lesbienne-qui-aime-les-femmes ne peut que soutenir aveuglément les femmes". Or, comme je l'ai dit précédemment, ce n'était pas vrai : je ne me sentais pas proche, pas vraiment "femme" au sens "j'appartiens à un groupe". C'est en me définissant, en m'affirmant, que la pensée et la réflexion ont émergé: cette conscience (d'appartenance à une classe ?) engendre pensées -et actions-.
Et aujourd'hui dans ma recherche sur le net sur Françoise Gaspard, je tombe sur un article sur Nancy Huston :
Celle-ci " renverse les termes du « Je pense, donc je suis » cartésien : « Je suis (humaine), donc je pense. » Désigner l’existence physique comme origine de la pensée et du langage, et non l’inverse, c’est aussi ce que fait le géographe Augustin Berque dans son livre Ecoumène : « C’est par les sens que nous avons du sens. » Ou : « Il ne peut y avoir pleinement signification que dans un certain lien avec les sensations de la chair vivante. » Nancy Huston : « Les fonctions de l’esprit ne sont ni plus ni moins bestiales que celles du corps. Le langage est une capacité innée, instinctive, de l’animal qui se nomme être humain. » Augustin Berque, lui aussi, refuse l’idée de la primauté du langage, qui créerait le sens à partir de rien : « La question du sens est inséparable de celle du langage, mais elle ne s’y réduit pas ; c’est au contraire le sens qui englobe le langage, qui le précède et qui subsiste quand il n’y a plus de langage. » "
Curieux de retrouver quelques 10 ans (au moins) Augustin Berque qui était pour moi un spécialiste du paysage ...
Il serait intéressant de s'intéresser aux deux personnages cités. Drôle de citer un ouvrage de Descartes qui m'avait fallu lire en terminale -il y 16 ans ...- et cela avec beaucoup de peine et de souffrance -j'avais peur de la philosophie-. Philosopher à partir de rien ou de pas grand chose m'inquiétait. Il m'aura fallu attendre mon âge avancé mon comprendre ce que c'est la philosophie -ou, en tout cas, lui donner plus d'importance que cela en avait à l'époque à mes yeux !-.
J'ai mis les doigts dans un engrenage de pensée dans lequel on ne peut plus reculer. La seule solution est d'avancer, de progresser au risque de prendre quelques maux de tête ;-)
Mon tsunami est parti pour durer et tout renverser sur son passage.
Je me dis à présent que j'ai dû d'abord assumer d'être une femme -sans vraiment le devenir- -j'ai refusé beaucoup de codes de la féminité-, que j'ai dû assumer d'être lesbienne -ce qui était, je crois, dans la continuité de mon refus d'une féminité "forcément" hétérosexuelle; j'ai dû attendre un certain temps avant de "devenir lesbienne".
Ainsi, je suis "devenue féministe" -c'est- à-dire que j'ai pris conscience que je l'étais- quand j'ai réalisé qu'"être femme" était aussi "devenir femme" avec tous les codes que l'on attendait de nous. Tous les codes, tous les impératifs non dits mais montrés partout dans les images de La femme, si omniprésentes que l'on n'y fait plus attention.
J'ai en fait d'abord accepté d'être femme et d'être lesbienne.
J'ai accepté ensuite de devenir lesbienne.
Pour moi, "devenir", c'est "accepter d'être" avec tout ce que cela suppose comme conséquences à assumer.
Et en acceptant de prendre en compte ce que "devenir femme" signifiait,j'ai accepté alors d'être féministe puisque j'ai accepté de prendre en compte les impératifs de la norme de la "féminité".
Je ne les ai pas acceptés, au sens premier, en les prenant comme naturels et à adopter.
Je les ai pris en compte, en les prenant comme culturels et donc imposés. Pour les combattre.
Je pense que c'est l'acceptation de mon homosexualité qui m'a permise d'avancer vers l'acceptation de mon féminisme.
Par contre, la prise de conscience de mon homosexualité -première chronologiquement- a freiné la prise de conscience de mon féminisme.
Ce n'est pas parce que l'on est lesbienne que l'on est féministe, contrairement à ce que l'on pense. Les féministes peuvent être des hommes hétéro ou homo ou des femmes hétéro.
En étant lesbienne, je me suis dédouanée de certains impératifs liés à la "féminité"; j'en ai refusés, j'ai refusé de les accepter et même de les voir, je me suis sentie différente des autres femmes, je n'ai pas voulu prendre en considération cette conscience collective du féminisme même si j'avais, isolément, ponctuellement, des propos ou des agissements féministes ou ,au moins, anti-sexistes...
J'ai, paradoxalement, refusé de devenir féministe parce que lesbienne ....
Et parce que j'ai accepté de devenir lesbienne -par le coming out-, j'ai accepté de voir l'homophobie et le sexisme. J'ai accepté de devenir pleinement femme, et pour moi, cela veut dire que j'ai accepté de devenir féministe,; c'est-à-dire pleinement consciente de mon appartenance à un groupe minoré.
Mon titre "Enfant, j'étais féministe !" est certes sympa et drôle mais je crois qu'il est faux :
J'étais tout au contraire misogyne, sexiste et homophobe et il m'a fallu lutter contre ce que la société et l'éducation avaient créés.
Je n'aimais pas les images de la femme. Je les refusais. MISOGYNE.
Je laissais le machisme et le sexisme s'opérer dans ma famille. J'y contribuais. Je me sentais différente de ma mère et de ces femmes. SEXISTE.
J'ai hésité, résisté à l'homosexualité. HOMOPHOBE.
J'étais tout ce que la société portait, tout en étant malgré tout au fond de moi UNE FEMME, UNE FÉMINISTE, UNE LESBIENNE. Oui, malgré tout, car en devenant un être réfléchi, en grandissant, j'ai compris que cette haine que l'on m'avait inculquée et dès mon plus jeune âge, allait à l'encontre des valeurs qui étaient VRAIMENT LES MIENNES.
C'est un constat affligeant, honteux, certes mais honnête.
C'est le dictionnaire des cultures gaies et lesbiennes que ma chérie m'a offert qui vient de faire prendre conscience de cela: la misogynie existe chez les gays mais aussi chez les lesbiennes....
"Je pense que la force et le courage des femmes (.....) c'est aussi d'abord cette force de caractère à aller au-delà de ce que l'on attend de nous. Et dans tous les domaines : physique, intellectuel, professionnel, personnel. Prouver que l'on peut faire comme les hommes. Tout simplement.
Et en cela, je me dis que j'ai toujours été féministe mais je n'avais pas une connaissance réaliste de ce mouvement de pensée pour me nommer en tant que telle."
Avant, j'écris pour me présenter:
"A 34 ans (...), cela peut paraître tardif pour avoir une "révélation" mais gérer le fait d'être une femme, lesbienne dans notre société peut "parasiter" un peu cette prise de conscience; la preuve ! J'ai essayé d'assumer les deux états de fait avant le troisième ! Un par décennie on va dire ;-)"
La dernière phrase est une boutade mais donne l'idée tout de même d'une chronologie.
Petite, je ne voulais pas être une fille et je rêvais d'avoir et d'être tout ce que l'imagerie attribuait aux garçons: la force principalement. Je voulais avoir les mêmes jeux que mon frère car je les trouverais mieux etc. Les mêmes droits, en fait. Je trouvais plus valorisant d'être un garçon. J'avais tout compris de notre société. Mais je n'avais pas les mots pour le dire. Alors je rêvais que j'étais un garçon, que j'étais un super-héros. Plus tard, je rêvais que je me transformais en l'un ou l'autre sexe. Je me transformais en garçon pour être Le héros. Au quotidien, je n'aimais pas les jupes ou robes, je ne restai pas longtemps au cours de danse auquel mes parents m'avaient inscrits. Certes, je restais à celui de gymnastique sans grand enthousiasme (4-5 ans). C'est l'école élémentaire qui m'appris ces jeux -puis sports de balle et de ballons (hand, basket) qui me plaisent tant. Je fis à ce moment du tennis et du tennis de table avec mon frère et mon père. Je passai néanmoins à côté d'une vocation sportive; poussée plus par mes parents aux études qu'au sport. Je les délaissais pour les redécouvrir ponctuellement, plus tard.
Assumer le fait d'être une fille -et je n'écris pas "assumer ma féminité"- a été la première étape et j'essaie je crois encore aujourd'hui de construire mon identité. J'essaie de re-construire cette identité féminine en m'extrayant des idées pré-mâchées sur la "féminité" et la "nature féminine". J'essaie d'être moi, naturellement; je fais abstraction de ce que l'on attend de moi parce que née fille. Au risque de ne pas être pour certains une "fille/femme comme les autres".
J'assumais progressivement d'être une fille -oh fatalitas !- mais je n'acceptais pas tout ce que voulait dire "devenir femme" -et tous les codes vestimentaires, esthétiques, comportementaux que cela suppose: je ne voulais pas de la "féminité" ou en tout cas, je fis un tri !-. Se maquiller, s'habiller sexy, jouer à un jeu de séduction avec les garçons et avoir des discussions qui tournent autour de ces sujets ne m'intéressaient aps. Je me sentais très éloignée des jeunes de mon âge. J'étais pour eux une "intello" sauf pour la meilleure copine très bonne élève aussi. Je m'intéressais à des choses très différentes des jeunes de mon âge. Mal-être terrible que l'adolescence.
Assumer mon orientation sexuelle a commencé à partir de la prise de conscience écrite dans mon journal intime -donc formulée et consciente- à 16-17 ans.
12-13 ans, il m'a fallu pour l'assumer dans le cercle des proches -amis et famille-, oser aller à l'encontre de ce que ma famille, la société et mon éducation m'avaient inculquée: l'homosexualité est honteuse voire inexistante !
J'"étais lesbienne" au fond de moi mais accepter de "devenir lesbienne" -au sens actif du terme, dans la pratique ;-)- prit un certain temps. Devenir, au sens d'accepter pleinement. On ne peut devenir homosexuel, on ne peut l'assumer quand faisant selon moi un coming out personnel et professionnel (sans cesse renouvelé tant que la société n'aura pas évolué).
3 ans pour l'assumer dans le cercle professionnel. Éviter les malentendus et les secrets. Destructeurs pour moi.
C'est, je crois, à partir de ce choix d'une plus grande sincérité vis-à-vis des collègues que s'est opéré le déclenchement de la véritable prise de conscience, en deux ans, avec une accélération terrible en 9 mois. A partir du moment où vous "désobéissez" à cette injonction tacite à la discrétion, un certain nombre de réalités apparaissent.
L'homosexualité peut alors devenir un sujet de conversation et même de blagues -en rire m'a fait dans un premier temps énormément de bien-. Les idées à son propos peuvent se libérer, les stéréotypes aussi. Dans un premier temps, on est soulagé : on croit qu'il n'y a pas d'homophobie.
Et puis,on comprend que l'homophobie n'est pas le fait de quelques déséquilibrés. Elle est partout et sommeille en tous, à différentes doses. Il y a différents degrés dans l'homophobie. Pour moi, l'injonction plus ou moins tacite à une discrétion -une invisibilisation- est la plus répandue.
C'est à cause d'elle que la lutte contre l'homophobie "directe", violente, est difficile. Elle reste secondaire aux yeux qui n'ont rien en apparence contre les homosexuels mais qui vont être gênés par certaines attitudes démonstratives et revendicatives (c'est "trop" ... cf Thomas de la nouvelle star...combien de fois ce mot a-t-il été prononcé; ce qui est sûr c'est chanteur homo efféminé, ça ne passe pas aux yeux d'un jury composé d'hommes...). Pour eux, il n'y a (plus) rien à faire; tout est acquis. Aveuglément.
A ce propos :
Il faudra aussi toute sa vie assumer cette homosexualité: de manière ouverte et publique -par exemple, par rapport aux parents d'élèves ou même aux élèves- et le renouveler à chaque nouvelle rencontre pour ne pas laisser émerger et formuler l'idée erronée d'une hétérosexualité présumée ...
Je suis persuadée qu'il vaut mieux l'annoncer, même au détour d'une "discussion banalement personnelle", AVANT que l'interlocuteur/trice ne formule, de manière quasi-inconsciente, ma supposée hétérosexualité -une évidence pour lui/elle-. Éviter le malentendu.
Je pense que cette évidence pour eux/elles est une violence pour moi et qu'il est plus difficile d'affronter ces présupposés formulés que de le dire simplement dès que l'occasion se présente :"Ma copine et moi, nous sommes allées voir un film" plutôt que "tu sais... j'ai une copine". Cela peut paraître brutal pour certain(e)s. Je me rappelle l'étonnement dans les yeux de celle que je connaissais depuis plus moins de deux semaines... Mais cette violence est moins forte que de lui faire croire tacitement le contraire et, en cela, les tromper d'une certaine manière. Elle est aussi moins forte, cette violence, que celle que nous rencontrons, nous à l'orientation sexuelle différente, tous les jours dans ce présupposé d'une hétérosexualité. Violence sourde et discrète qui ne dit pas son nom. Je préfère l'honnêté à la dissimulation. Je préfère la visibilité à l'invisibilité. L'existence à l'indifférence.
Je ne dramatise pas le coming out, je le banalise: je l'inscris dans le quotidien, dans la normalité alors que de mettre en scène le coming out ou même de protester en disant "Mon copain ? bah en fait il s'agit de ma copine, plutôt !" va dans le sens de l'extraordinaire, de la différence et de l'anormalité. Bien sûr, cela arrivera encore car la norme hétérosexuelle est tellement omniprésente qu'elle peut débouler avant que je la sente arriver ;-) Et cela restera gérable. Ne le seraient pas le silence ou le mensonge.
Je réaffirme donc ce que j'ai expérimenté après quelques déboires -et essais de tous genres-: mieux vaut l'annoncer tout de suite -à l'occasion-; comme ça, le sujet n'est pas un problème, celui-ci est éludé avant qu'il ne se pose ...
Car nous ne sommes pas encore dans une société qui présupposerait réellement des sexualités diverses et variées. On ne vous pas pose la question "as-tu un ami ou une amie?" mais plutôt "as-tu un ami ?".
La société commence à l'admettre toutefois mais au quotidien, nous rencontrons encore beaucoup de gens (cultivés) qui vous collent l'étiquette hétérosexuel(le) avant même de vous avoir parlé ....
Je préfère donc prendre les devants plutôt que de ressentir cette honte ou au moins ce malaise que j'ai ressentis pendant 13 ans "heu non... je ne suis pas comme vous...".
Je maîtrise ma vie et ce que je délivre sur elle. En en parlant la première, je donne à voir que ce n'est pas un problème pour moi et c'est le cas, même si la société a tout fait pour !
Les propos tenus, homophobes, sur des chanteurs homosexuels (cf Thomas Nouvelle Star 2009) m'ont aussi indignée. L'homophobie est là, malgré les avancées.
Je n'ai pas voulu me considérer comme féministe car "la femme", "les femmes" avaient une image que je récusais ; je n'en voulais pas ... Bizarrement, je n'aimais pas ces femmes-là ... moi, la lesbienne ... ;-)
J'aimais certaines beautés dès l'âge de 8-10 ans. Grace Kelly puis Sigourney Weaver pour citer les plus importantes.
Déjà la dernière sortait des standards de la première: grande -plus d'1 m 80-, elle a quelque chose en elle de fort qui ne renvoie pas à la fragilité de la première. Souvent, je me suis maladroitement dit que j'aimais le masculin de certaines femmes féminines. Des femmes qui sortaient de l'image rêvée de la femme idéale, féminine et fragile. Une force (de caractère) qui, je le pense maintenant, n'est pas masculine mais dans notre vision binaire du monde, nous renvoie malgré tout à l'autre sexe. Manque de vocabulaire. La force de caractère n'a pas de sexe.
Et c'est peut être cela qui a été difficile pour moi: savoir de quelle(s) femme(s) parle-t-on quand on se définit comme fille/femme, savoir quelle(s) femmme(s) on aime quand on se définit lesbienne.
J'ai eu du mal avec cette image de la femme car j'ai subi une vision unique de la féminité et de l'identité féminine: je ne m'y reconnaissais pas, je ne l'aimais et je ne me voyais donc pas la défendre ...
Aujourd'hui, j'ai pris conscience que ce que j'avais ressenti comme malaises par rapport à ces identités du sexe et de l'orientation sexuelle ont été et sont ressentis par d'autres: la lecture sur l'homophobie m'a fait un bien fou car j'y ai lu des ressentis jusqu'alors non exprimés car, je le croyais, seulement personnels et peu communicables.
Le dictionnaire de l'homophobie m'a permise de m'interroger aussi sur le genre, sur ce que l'on attend, justement, de nous comme fille ou comme garçon ...: non seulement une sexualité unique -l'hétérosexualité- mais aussi une attitude, une apparence, une culture sexuée, genrée. J'ai compris que l'homophobie découlait du sexisme.
Et c'est cette démarche qui sort du cas particulier pour aller vers la généralité, l'universalité qui m'a permis de comprendre que tous les malaises que j'avais ressentis avaient pour origine un système.
Le système patriarcal qui fonde la domination des hommes sur les femmes.
Le problème est donc beaucoup plus vaste que je ne l'avais cru.
J'avais eu tout au long de mes 34 premières années rejeté certains faits, souffert de ce que l'on attendait de moi car femme, lutté contre une image de la femme qui ne me correspondait pas, j'avais osé l'indépendance, les voyages originaux, et surtout franchi le pas de l'affirmation de mon orientation sexuelle.
Ne plus subir.
A travers mon cas personnel, j'ai compris les autres. J'ai compris que TOUTES les femmes, y compris celles que je n'aimais pas, avaient quelque chose de commun avec moi : cette injonction subtile à la conformité.
Certaines ne peuvent/veulent pas lutter contre cette mise à l'ordre qui n'en a pas l'apparence; moi, j'y ai résisté individuellement.
Je viens de réaliser que je n'étais pas seule.
Hier en me couchant et en pensant à ce message qui n'était pas fini, je finis par me dire que c'est la prise de conscience de ce que je suis qui m'a permis de penser; ainsi je peux donc dire "Je suis donc je pense !" ! Je suis (femme, lesbienne) donc je pense (féministe). Autrefois, je refusais ce rapprochement car cela tombait pour moi dans la caricature "la lesbienne-qui-aime-les-femmes ne peut que soutenir aveuglément les femmes". Or, comme je l'ai dit précédemment, ce n'était pas vrai : je ne me sentais pas proche, pas vraiment "femme" au sens "j'appartiens à un groupe". C'est en me définissant, en m'affirmant, que la pensée et la réflexion ont émergé: cette conscience (d'appartenance à une classe ?) engendre pensées -et actions-.
Et aujourd'hui dans ma recherche sur le net sur Françoise Gaspard, je tombe sur un article sur Nancy Huston :
Celle-ci " renverse les termes du « Je pense, donc je suis » cartésien : « Je suis (humaine), donc je pense. » Désigner l’existence physique comme origine de la pensée et du langage, et non l’inverse, c’est aussi ce que fait le géographe Augustin Berque dans son livre Ecoumène : « C’est par les sens que nous avons du sens. » Ou : « Il ne peut y avoir pleinement signification que dans un certain lien avec les sensations de la chair vivante. » Nancy Huston : « Les fonctions de l’esprit ne sont ni plus ni moins bestiales que celles du corps. Le langage est une capacité innée, instinctive, de l’animal qui se nomme être humain. » Augustin Berque, lui aussi, refuse l’idée de la primauté du langage, qui créerait le sens à partir de rien : « La question du sens est inséparable de celle du langage, mais elle ne s’y réduit pas ; c’est au contraire le sens qui englobe le langage, qui le précède et qui subsiste quand il n’y a plus de langage. » "
Curieux de retrouver quelques 10 ans (au moins) Augustin Berque qui était pour moi un spécialiste du paysage ...
Il serait intéressant de s'intéresser aux deux personnages cités. Drôle de citer un ouvrage de Descartes qui m'avait fallu lire en terminale -il y 16 ans ...- et cela avec beaucoup de peine et de souffrance -j'avais peur de la philosophie-. Philosopher à partir de rien ou de pas grand chose m'inquiétait. Il m'aura fallu attendre mon âge avancé mon comprendre ce que c'est la philosophie -ou, en tout cas, lui donner plus d'importance que cela en avait à l'époque à mes yeux !-.
J'ai mis les doigts dans un engrenage de pensée dans lequel on ne peut plus reculer. La seule solution est d'avancer, de progresser au risque de prendre quelques maux de tête ;-)
Mon tsunami est parti pour durer et tout renverser sur son passage.
Je me dis à présent que j'ai dû d'abord assumer d'être une femme -sans vraiment le devenir- -j'ai refusé beaucoup de codes de la féminité-, que j'ai dû assumer d'être lesbienne -ce qui était, je crois, dans la continuité de mon refus d'une féminité "forcément" hétérosexuelle; j'ai dû attendre un certain temps avant de "devenir lesbienne".
Ainsi, je suis "devenue féministe" -c'est- à-dire que j'ai pris conscience que je l'étais- quand j'ai réalisé qu'"être femme" était aussi "devenir femme" avec tous les codes que l'on attendait de nous. Tous les codes, tous les impératifs non dits mais montrés partout dans les images de La femme, si omniprésentes que l'on n'y fait plus attention.
J'ai en fait d'abord accepté d'être femme et d'être lesbienne.
J'ai accepté ensuite de devenir lesbienne.
Pour moi, "devenir", c'est "accepter d'être" avec tout ce que cela suppose comme conséquences à assumer.
Et en acceptant de prendre en compte ce que "devenir femme" signifiait,j'ai accepté alors d'être féministe puisque j'ai accepté de prendre en compte les impératifs de la norme de la "féminité".
Je ne les ai pas acceptés, au sens premier, en les prenant comme naturels et à adopter.
Je les ai pris en compte, en les prenant comme culturels et donc imposés. Pour les combattre.
Je pense que c'est l'acceptation de mon homosexualité qui m'a permise d'avancer vers l'acceptation de mon féminisme.
Par contre, la prise de conscience de mon homosexualité -première chronologiquement- a freiné la prise de conscience de mon féminisme.
Ce n'est pas parce que l'on est lesbienne que l'on est féministe, contrairement à ce que l'on pense. Les féministes peuvent être des hommes hétéro ou homo ou des femmes hétéro.
En étant lesbienne, je me suis dédouanée de certains impératifs liés à la "féminité"; j'en ai refusés, j'ai refusé de les accepter et même de les voir, je me suis sentie différente des autres femmes, je n'ai pas voulu prendre en considération cette conscience collective du féminisme même si j'avais, isolément, ponctuellement, des propos ou des agissements féministes ou ,au moins, anti-sexistes...
J'ai, paradoxalement, refusé de devenir féministe parce que lesbienne ....
Et parce que j'ai accepté de devenir lesbienne -par le coming out-, j'ai accepté de voir l'homophobie et le sexisme. J'ai accepté de devenir pleinement femme, et pour moi, cela veut dire que j'ai accepté de devenir féministe,; c'est-à-dire pleinement consciente de mon appartenance à un groupe minoré.
Mon titre "Enfant, j'étais féministe !" est certes sympa et drôle mais je crois qu'il est faux :
J'étais tout au contraire misogyne, sexiste et homophobe et il m'a fallu lutter contre ce que la société et l'éducation avaient créés.
Je n'aimais pas les images de la femme. Je les refusais. MISOGYNE.
Je laissais le machisme et le sexisme s'opérer dans ma famille. J'y contribuais. Je me sentais différente de ma mère et de ces femmes. SEXISTE.
J'ai hésité, résisté à l'homosexualité. HOMOPHOBE.
J'étais tout ce que la société portait, tout en étant malgré tout au fond de moi UNE FEMME, UNE FÉMINISTE, UNE LESBIENNE. Oui, malgré tout, car en devenant un être réfléchi, en grandissant, j'ai compris que cette haine que l'on m'avait inculquée et dès mon plus jeune âge, allait à l'encontre des valeurs qui étaient VRAIMENT LES MIENNES.
C'est un constat affligeant, honteux, certes mais honnête.
C'est le dictionnaire des cultures gaies et lesbiennes que ma chérie m'a offert qui vient de faire prendre conscience de cela: la misogynie existe chez les gays mais aussi chez les lesbiennes....
1er jour de vacances, Angers
1ère visite d'Angers. Peu touristique. Très studieuse. J'ai rencontré Christine Bard. Très accessible, elle met à l'aise. Elle avait préparé des documents à me donner et avait réfléchi à la féministe dont je vais faire la biographie -ou plutôt "l'étude de cas"-. Elle m'a proposé Françoise Gaspard et j'ai accepté !
En lisant un peu sur elle -j'attends les livres qu'elle a écrits-, j'ai l'impression que son féminisme/sa politique prend une dimension "géographique" au fur et à mesure des années:
- d'abord local et personnel : maire de Dreux, affirmation de son homosexualité
Elle essaie malgré tout à la même époque -années 70- de fonder au niveau nationale une branche féministe au P.S qui échouera. Travail sur les immigrés.
- puis national : après échec en 83, députée à l'A.N et l'assemblée européenne, elle luttera pour la parité. Débat du voile.
- puis international: jusqu'à sa récente retraite, rôle dans commissions internationales sur les droits des femmes etc. D'ailleurs souvent part aux Etats unis.
Vérifier l'imbrication de la vie privée et vie publique à travers cette progression et probablement la simultanéité de ces revendications et actions poilitiques et militantes.
En lisant un peu sur elle -j'attends les livres qu'elle a écrits-, j'ai l'impression que son féminisme/sa politique prend une dimension "géographique" au fur et à mesure des années:
- d'abord local et personnel : maire de Dreux, affirmation de son homosexualité
Elle essaie malgré tout à la même époque -années 70- de fonder au niveau nationale une branche féministe au P.S qui échouera. Travail sur les immigrés.
- puis national : après échec en 83, députée à l'A.N et l'assemblée européenne, elle luttera pour la parité. Débat du voile.
- puis international: jusqu'à sa récente retraite, rôle dans commissions internationales sur les droits des femmes etc. D'ailleurs souvent part aux Etats unis.
Vérifier l'imbrication de la vie privée et vie publique à travers cette progression et probablement la simultanéité de ces revendications et actions poilitiques et militantes.
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