En vacances ... je lis, je lis ... et une lecture entraîne une autre ...
Je lis le manuel universitaire Introduction aux genders studies, sur la partie politique et j'ai en tête des arguments de détracteurs éventuels...
La révolution française renforce la mise à l'écart des femmes de la sphère publique, politique -aux hommes, la sphère publique; aux femmes, la sphère privée-... Certains diront que la société a évolué depuis .. ou que les femmes ne se manifestaient pas tant que cela à l'époque...
Certes, un Locke ou un Rousseau sont bien dans leur époque avec une vision naturalisante de la femme qui légitime une différence des sexes et donc des rôles mais on trouvera des contemporains de ce dernier comme Condorcet qui n'a pas la même vision "enfermante" des femmes, de leur place et de leur rôle dans la société...
Certes, cette vision des femmes et le peu de cas accordé aux filles et femmes de cette période est présente dans la vision de l'éducation de l'époque que l'on se fait globalement -au contraire encore, cependant, d'un Condorcet !- mais on remarquera que des femmes bourgeoises, sous l'Ancien Régime, dans leur salon littéraire et politique, se trouvent à mi-chemin entre la sphère publique et la sphère privée mais aussi que les "tricoteuses", les femmes, sont présentes durant la Révolution française et intègrent d'ailleurs quelques clubs révolutionnaires ou créent même des clubs féminins ...
Or, en 1793, un décret interdit ceux-ci et la présence des femmes dans les lieux publics et politiques... à chacunE sa place, dit et renforce la Révolution française...
Alors, ne caricaturons pas mais ouvrons les yeux sur le deuxième point : les nombreux historiens -et quelques historiennes- des XIX ème et XX ème siècles ont oublié au mieux, ignoré intentionnellement, probablement à la fois ces femmes actives et cette occultation par les hommes de pouvoir de ces femmes qui participaient à cette vie politique -ou voulaient y participer ...-; l'">Histoire" les a méprisées comme, jadis, leurs contemporains ...
Il s'agit pourtant d'une histoire faite au XXème siècle, qui a vu évoluer la condition de la femme, s'améliorer ... Ceux qui écrivent l'Histoire n'avaient pas trouvé que cette répartition des sphères privées et publiques et cette mise à l'écart des femmes de la "chose publique", décidées par ces hommes philosophes ou politiques, valaient la peine de s'y intéresser ...
Il revient à dire que, finalement, entre ces XVII-XVIIIèmes siècles et ce XXème siècle, les choses n'avaient pas tant changé que cela. La "nature" des femmes, leur rôle de mère et d'épouse n'avaient pas tant été remis en cause ....
C'est vrai, il a fallu vraiment la deuxième vague du féminisme des années 1970 qui suit les contestations de mai 68, pour que l'on ouvre les yeux sur les femmes et sur l'histoire des femmes .... Le statut de la femme-mère-épouse va être remis en cause. Le "privé est public": le corps des femmes, à savoir la sexualité ainsi que l'avortement et la contraception, qui relevaient du privé vont être, enfin, mis sur la place publique ... la libération, l'émancipation des femmes, enfin ne date que d'il y a environ 40 ans ...
Les femmes ont donc subi une double peine: doublement oubliées et méprisées, au mieux étaient-elles des "citoyennes passives" comme l'enfant, le pauvre, le domestique, l'étranger ... Le rôle des femmes était d'être mères des futurs citoyens.Une fois mariée, elle était mineure -Napoléon, 1804, Code civil-.
Et jusque dans les années 1970, soit depuis bientôt 40 ans, elles ne valaient pas la peine d'être étudiées en tant que telles et leur mise au ban de l'histoire n'était pas intéressante ...
Pire encore, cet oubli des femmes, de leur place dans l'histoire et de leur histoire
amenait selon moi à une vision faussée de l'histoire.
La proclamation de l'égalité entre les êtres humains, tant admirée et proclamée par l'étude de la révolution française, nous a fait croire, à nous élèves et étudiant-e-s, que celle-ci s'appliquait à tous et tout-E-s.
"Déclaration de l'homme et du citoyen" : on a eu la naïveté de croire que la femme, femelle du genre humain, était un homme comme un autre ... Comment avons-nous pu le croire, comment a-t-on osé nous le faire croire ?
Comment as-tu pu oublier nous parler du pamphlet d'Olympe de Gouge qui en 1791 répond à cette injustice en écrivant sa Déclaration de la femme et de la citoyenne ?
Elle qui réclamait pour les femmes le droit de monter à la tribune puisque, disait-elle de manière prémonitoire, elles ont le droit de monter à l'échafaud ?
Parce que, je le crois, en lisant sur Françoise Gaspard et la difficile accession au pouvoir politique des femmes, ce mépris des femmes est toujours là, qu'être une femme en politique vous renvoie de toutes façons, d'abord, à votre nature: vous êtes femme et, avant de vous écouter, vous serez jugée, "jaugée" sur votre physique de femme et votre apparence, vous offrant ainsi aux moqueries ou remarques déplacées, machistes, sexistes ..
..
La politique et ses dirigeants ne montrent pas l'exemple ...
Cette émancipation de la femme n'est pas acquise pour toutes et partout ... tous les deux jours et demi, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon... début juillet, une jeune femme issue des cités mourrait étranglée et brûlée, par, probablement, son jeune frère qui ne supportait pas de la voir s'émanciper ...
Ce statut des femmes devra être toujours défendu quand je vois un jeune rappeur Orelsan, déverser ses propos haineux à l'encontre des femmes -il invente même un verbe: "marietrintignaniser" -qui nous rappelle le décès de cette actrice qui mourut sous les coups de son compagnon ... celui-ci, célèbre, fit 4 ans de prison et c'est tout ...-...
Que notre nouveau ministre de la culture défende ce jeune "artiste" au nom de la sacro sainte liberté d'expression me laisse un goût amer sur notre prétendue société moderne ...
A quand une loi qui lutterait contre les propos sexistes ? Yvette Roudy en mai 1983 avait en ce sens élaboré un projet de loi ... qui ne passa pas et provoqua une levée de boucliers .... bizarre, non ?
mercredi 15 juillet 2009
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