samedi 18 juillet 2009

Suite du débat sur la burka (cf 20 juin)

Un article lu sur Libération.fr

«L’islam n’est pas la burqa, il ne faut pas mélanger»

Laïcité. Olivia Cattan, de l’association Paroles de femmes, a été entendue par la mission parlementaire sur le port du voile :

Par LEÏLA-MATHILDE MÉCHAOURI

Olivia Cattan est présidente de l’association Paroles de femmes, créée en 2006. Elle a été auditionnée mercredi dans le cadre de la mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral.

Pourquoi avoir souhaité participer à cette mission sur le port du voile intégral ?

Je ne voulais pas que l’islam soit instrumentalisé, notamment en tant que juive. J’ai souhaité équilibrer le débat, montrer que l’islam peut être éclairé. Pourquoi ne parlerait-on pas du problème de répudiation des femmes au lieu de se pencher sur la question de la burqa ? Parce que la burqa est plus visible. On parle moins facilement des violences invisibles faites aux femmes. La burqa fait peur. Elle me fait peur aussi. Mais l’islam n’est pas la burqa, il ne faut pas mélanger les choses. On est en train de lancer une polémique d’intellos dans laquelle la grande majorité des musulmans de France ne se retrouve pas.

Lors des auditions, la plupart des associations féministes ont dénoncé le port du voile, et non celui du voile intégral. Pourquoi ?

Il y a une forte confusion entre voile et voile intégral. Si une musulmane décide de porter le hijab ou une juive de porter une perruque, cela ne me dérange pas. Par contre, le voile intégral annihile la femme. Elle se crée son propre ghetto, et elle perd son regard sur le monde extérieur. Or, le regard est le miroir de l’âme. La burqa et le foulard sont deux choses très différentes.

Votre association a-t-elle constaté une croissance du port du voile intégral ?

Je l’ai constaté dans un quartier proche du XIXe arrondissement de Paris. Un nouvel imam est arrivé, et toutes les femmes se sont couvertes du voile intégral. Etait-ce un hasard ? Je ne pense pas. Mais cela reste un épiphénomène.

Ne voyez-vous pas une contradiction entre féminisme et pratique de la religion ?

Notre association tente de faire évoluer le statut de la femme, y compris au sein des communautés religieuses. Il y a un vrai travail à faire en partenariat avec leurs institutions, ce que ne fait pas l’Etat. Par exemple, lorsqu’il accorde des subventions, il pourrait demander des contreparties sur le statut de ces femmes. Mais on ne peut pas leur imposer un autre modèle. En revanche, on peut les aider en leur montrant qu’il y existe d’autres alternatives. Je veux rendre leur autonomie aux femmes et non leur imposer les choses.

Cela doit-il passer par le vote d’une loi ?

Je suis pour le vote d’une loi, mais pas n’importe laquelle. La burqa pose un problème de sécurité évident, parce qu’elle permet de se cacher. J’ai moi-même failli arriver en burqa à l’Assemblée nationale, et je pense qu’on ne m’aurait pas laissée entrer. Mais si on l’interdit totalement comme en Belgique, un autre problème va se poser : celui de l’enfermement de ces femmes qui vont rester à la maison. Dans ce cas, comment allons-nous pouvoir les aider en tant qu’associations ? Le plus important, c’est de les accompagner et non les exclure. Et si une loi est votée, elle doit impérativement être suivie de mesures d’information et d’éducation autour de cette question. On ne peut pas toujours tout régler à coups de loi ! Ce n’est pas dans la rue que l’Etat doit intervenir en priorité. C’est plutôt sur la formation des rabbins, des imams et des curés qu’il faut être vigilant.

Qu’allez-vous proposer à la mission parlementaire ?

Nous avons besoin de statistiques pour savoir combien de femmes sont concernées par le voile intégral en France. Or, aucune étude n’a été faite pour l’instant. Sans cela, comment voter une loi ? Par ailleurs, il faut un état des lieux des trois religions en France pour qu’elles puissent évoluer au même rythme que la société d’aujourd’hui. Et qu’on arrête de pointer le doigt toujours sur les mêmes !

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