mardi 28 juillet 2009

Texte envoyé à ma mère ...

... qui lit Mon histoire des femmes que je lui ai offert pour la fête des mères ...:
Elle m'écrit "J'en suis au chapitre "cheveux"."

Je réponds ceci:
"ah oui très intéressant cette "domestication du corps des femmes" ... il suffit de regarder la pub, lire les journaux dits "féminins" pour voir qu'elle est encore présente dans nos sociétés dites civilisées. Qu'on ne se leurre pas en pensant que cet enfermement est le seul fait du vêtement qui cacherait le corps; il est aussi et surtout mental : "femmes, soyez belles, jeunes et minces,... sinon ....".
Relis Benoite Groult dans Ainsi soit-elle; certes, elle l'écrit en 1975 mais cela n'a pas tant changé, hélas ...

Cette domination historique des hommes sur les femmes est surtout très subtile et demande énormément de connaissances -et pas seulement historiques- pour le prouver ...
Je crois qu'elle est justement, de plus en plus subtile. Autrefois, il était assez clairement écrit que les femmes étaient rejetées pour x raisons que l'on trouve actuellement stupides. L'argument biologique qui renverrait à une "nature féminine" est cependant encore bien utilisé de nos jours. Les idées ont la dent dure ...
Je viens de lire un article de scientifique qui explique par exemple que les critères habituels de reconnaissance des squelettes des ancêtres des hommes -et donc des femmes- selon des critères morphologiques -crâne ou même largeur de bassin, définis au XIXème- ne seraient pas fondés pour déterminer le sexe -Lucy serait peut être un Lucien- car la diversité entre les êtres de même sexe est importante etc.
L'identification à un sexe ne pourrait se faire que pour 40 % environ des individus retrouvés; les 60 % restants auraient des critères intermédiaires entre les caractères dits masculins et dits féminins et l'identification avec certitude serait alors impossible ...

La société -et les femmes en premier- a, je dirai, la mémoire courte: il suffit de lire ce qui s'écrivait sur les femmes il n'y a pas si longtemps pour voir de quoi nous nous extirpons et cela non sans difficultés ...

La haine actuelle portée contre le féminisme se traduit par un antiféminisme virulent qui, hélàs, a réussi à convaincre les femmes des jeunes générations -qui n' ont pas connu l'avant-féminisme de la deuxième vague- : il n'y aurait plus rien à faire... Cet aveuglément suicidaire est ce qu'il faut combattre. Cet antiféminisme est un retour en arrière qui méconnait ce qu'il critique -ce qui est un comble !-. L'ignorance est à combattre.

Je crois de plus en plus, très sincèrement, sans aucune prétention de ma part, que les féminismes et les sciences -surtout humaines- qui ont su se renouveler ces 30-40 dernières années demandent de notre part une réelle envie de connaître, de comprendre, de réfléchir, une acceptation d'être destabilisé(e) en remettant à plat ce que l'on prenait pour vérités absolues ...
Il y a un fossé énorme entre ce que je perçois de notre société qui, vraiment, ne cherche pas plus loin que le bout de son nez -la bêtise humaine ?- et ces chercheur-e-s: "on" ne peut -ou ne veut- pas lire ceux qui consacrent souvent leur vie à l'échange d'idées ... Les bibliothèques existent même s' il faut le vouloir de faire des "rayons féministes" -en cela ma bibliothèque est un trésor- mais internet est là déjà pour QUI VEUT ne plus être ignorant. Mais il faut savoir ce que l'on cherche ... La connaissance n'arrive pas par hasard ... J'y suis arrivée par un entremêlement de rencontres, d'expériences, un peu de hasard certes -cf émission de France culture- mais mon attitude qui est d'accepter de ne rien savoir pour apprendre est, il me semble, déjà un bon préalable même s'il peut me porter préjudice -passer pour "conne" pour le dire vite-.

Il faudrait davantage vulgariser les idées féministes pour éviter ces malentendus sur ces courants d'idées que sont les féminismes.
Il faudrait maîtriser un champ énorme de connaissances en constante effervescence de nos jours -et c'est tant mieux- mais, plus difficile encore, il faudrait schématiser une pensée multiple et complexe.
Mission impossible ?"

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