Nécrologie
Carole Roussopoulos, documentariste
LE MONDE | 28.10.09 | 16h17 • Mis à jour le 28.10.09 | 16h18
Auteure de plus de 120 films documentaires, Carole Roussopoulos est morte, le 22 octobre dans le Valais (Suisse), d'un cancer, à l'âge de 64 ans. Née Carole de Kalbermatten le 25 mai 1945 à Lausanne, elle s'est installée à Paris en 1967. Elle travaille d'abord pour le magazine Vogue. Licenciée, elle achète avec ses indemnités l'une des premières caméras vidéo portables vendues en France. Avec son compagnon Paul Roussopoulos, physicien et peintre réfugié de la Grèce des colonels, elle fonde, en 1971, le collectif de vidéo militante, Vidéo Out.
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Dates clés
25 mai 1945
Naissance à Lausanne (Suisse).
1971
Fonde le collectif Vidéo Out.
2000
"Debout ! Une histoire du Mouvement de libération des femmes (1970-1980)".
22 octobre 2009
Morte en Suisse.
Sur le même sujet
Ses premières images sont consacrées aux Palestiniens bombardés sur ordre du roi Hussein de Jordanie lors de Septembre noir, qu'elle est allée filmer avec l'écrivain Jean Genet et le représentant de l'OLP à Paris, Mahmoud El-Hamchari. Puis, dans le courant de la contestation culturelle issu de Mai 68, elle accompagne les luttes des opprimé(e)s et des exclu(e)s : luttes ouvrières (Flins, Lip), anti-impérialistes (Black Panthers, mouvements de libération), homosexuelles et féministes.
Elle est aux côtés des pionnières du MLF, combat caméra au poing en faveur de l'avortement et de la contraception libre et gratuite (Y'a qu'à pas baiser), recueille le témoignage de femmes violées, soutient la mobilisation des prostituées de Lyon en 1975, les insurgées de Chypre et de l'Espagne franquiste ou du Mali. Les titres de ses films sont éloquents : L'Inceste, la conspiration des oreilles bouchées (1988), Viol conjugal, viol à domicile (2003), Femmes mutilées, plus jamais (2008)...
"Casser les clichés"
SCUM Manifesto (1976) donne écho au livre de Valérie Solanas, intellectuelle féministe américaine qui avait été violée par son père. La militante communiste des droits de l'homme Angela Davies lui inspire l'un de ses premiers films. Auteure de portraits de l'historienne du cinéma allemande Lotte Eisner, de Ruth Fayon (survivante d'Auschwitz), de l'écrivaine Simone de Beauvoir, de l'actrice Delphine Seyrig (avec laquelle elle avait fondé, en 1982, le Centre audiovisuel Simone-de-Beauvoir), Carole Roussopoulos conjuguait énergie et dialogue, détermination et goût de la fête.
En complicité avec ses amies Delphine Seyrig, Iona Wieder et Nadja Ringart (coauteur avec elle de Maso et Miso vont en bateau, 1976), elle avait inventé le terme d'"insoumuses". Avant la création du collectif de distribution Mon Œil, en 1975, elle diffusait ses bandes-vidéo sur les marchés avec la chanteuse Brigitte Fontaine et l'accordéoniste Julie Dassin. Grande, souriante, dotée d'une crinière à mèches blanches, elle avait la volonté de "faire comprendre que c'est un grand bonheur et une grande rigolade de se battre ! Nous avons toutes à gagner de lever la tête, tout le monde, tous les opprimés de la terre".
Ce qui l'intéressait, c'était le quotidien, la parole qui se libère, sans contrôle des médias, sans experts. Elle était persuadée que "l'image appartient aux personnes filmées, et non à ceux qui filment". Entre 1986 et 1994, elle avait dirigé et animé le cinéma d'art et d'essai L'Entrepôt, dans le 14e arrondissement de Paris, créé par Frédéric Mitterrand. Revenue en Suisse en 1995, elle n'avait jamais cessé ses interventions féministes ou sociales. Elle avait le souci que le féminisme ne devienne pas un enjeu d'anciennes combattantes "en chaise roulante", tenait à militer avec des jeunes et des hommes...
"Le rôle des images dans la transmission est décisif, elles permettent de casser les clichés", expliquait-elle à propos de son long métrage Debout ! Une histoire du Mouvement de libération des femmes (1970-1980). Inlassable, elle s'était engagée dans l'association Archives du féminisme. Honorée ces dernières années dans les festivals de La Rochelle, Nyon, Trieste, à la Tate Modern de Londres, en Turquie et au Québec, elle avait reçu en 2004 l'hommage de la Cinémathèque française.
Jean-Luc Douin
mercredi 28 octobre 2009
dimanche 18 octobre 2009
Allaiter, c'est féministe ou pas ?
Allaiter, c'est féministe ou pas ?
http://www.rue89.com/2009/03/05/allaiter-cest-feministe-ou-pas-0
Par Renée Greusard | Etudiante en journalisme | 05/03/2009 | 18H32
Lors d'une manifestation pour promouvoir l'allaitement au Brésil (Paulo Santos/Reuters).
C'était mardi dernier. L'Académie de médecine préconisait dans un rapport l'allaitement maternel et des congés postnatals plus longs. Je me suis demandé ce qu'en pensaient les féministes. Furax contre une nouvelle pression sur les femmes ? Pas vraiment.Elles sont plutôt divisées sur la question.
Premier réflexe : appeler Héloïse, ma copine féministe, militante depuis peu aux Tumultueuses. Au bout du fil, elle s'offusque contre la tentation de prendre les femmes pour des « vaches à lait ». Elle n'est pas du tout contre l'allaitement, mais dénonce « un discours ambiant pro-allaitement » :
« Ce qui m'agace le plus, c'est que la société n'entende pas que c'est long, que c'est notre corps et qu'on a le droit d'en disposer. Dans les faits, ça prend cinq heures par jour et ça fait mal. Donc, il faut vraiment que ce soit un choix. »
En 2006 déjà, Libération avait publié un article (« Ce sacro-sein allaitement ») qui m'avait surprise. Eduquée au : « l'allaitement, c'est merveilleux et c'est bon pour la santé de l'enfant », j'avais été étonnée de découvrir des femmes qui se plaignaient du regard de la société.
« Etre un animal »
OK. Donc, les féministes dénoncent toutes les pressions exercées sur les femmes pour allaiter ? Ce n'est pas le cas de Marie-Sophie, une consœur journaliste et féministe :
« Il me semble que si tu veux allaiter, c'est un combat. Il faut te justifier, assumer d'être un “animal”, avoir la force d'aller au taf avec son tire-lait, ou de rester plusieurs mois à la maison et se faire mal voir par son entreprise… »
Emma, l'une des trois auteures du blog Mauvaise Mères, a choisi d'allaiter. Elle n'a pas trouvé ça facile du tout et s'est effectivement sentie jugée au travail :
« C'est clair que ça fait sourire les collègues quand on part à 18 heures pour l'heure de la tétée. »
Au Planning familial, Anne, une conseillère féministe partage pleinement son avis. Pour elle, la pression vient de partout :
« L'image de la mauvaise femme qui allaite est quand même bien présente. Combien de fois, on entend “Comment ça vous allaitez dans un espace public ? Vous n'avez pas honte ? ” »
De quoi agacer encore plus Marie-Sophie :
« Ça choque beaucoup les gens qu'on montre un sein dans la rue. En revanche, les femmes à poil sur les affiches publicitaires, ça ne choque pas. »
Et Anne d'expliquer qu'elle a même ressenti un jugement de la part des ses amies féministes :
« Etre féministe et avoir un enfant, ce n'est pas évident. Mes amies me disaient “Tu es féministe et tu allaites ? Mais qu'est-ce que tu fous ? ” »
L'allaitement victime de Vichy
Claude Didierjean Jouveau est animatrice en France de la Leche League, association d'information et de soutien aux femmes qui aillaitent. En 2003, elle avait publié un article pour la revue Spirale, sur les relations des féministes à l'allaitement.
« Les rapports entre féminisme et allaitement n »ont jamais été simples, et ont beaucoup varié selon les époques et les pays », y explique-t-elle, avant d'évoquer les militantes du début du siècle dernier, favorables à l'allaitement, puis celles de l'après-Vichy, qui s'y sont au contraire opposées :
« Le gouvernement de Vichy exaltait tellement l »idée de la mère et de la femme au foyer (« Travail, famille, patrie »), accompagnée d »une telle régression des droits des femmes, qu »on peut comprendre qu »on ait ainsi « jeté le bébé avec l »eau du bain »… »
Aujourd'hui, Claude Didierjean-Jouveau estime qu'au niveau sociétal, « c'est vrai que l'idée que c'est mieux d'allaiter a un peu pris le dessus ». Concrètement, à la Leche League, on estime que 64% des bébés français sont allaités.
Quel que soit leur choix, les femmes ressentent toujours des pressions, dans un sens comme dans l'autre. Conclusion d'Anne, du Planning familial :
« Dans tous les cas on est toujours une mauvaise femme, une mauvaise mère et une mauvaise féministe. »
30/11/2006
Ce sacro-sein allaitement
ROTMAN Charlotte
http://www.liberation.fr/vous/010167892-ce-sacro-sein-allaitement
Quand elle est arrivée à la maternité, pour sa première réunion d'information, une sage-femme lui a dit : «Ici, on allaite.» Au moins, c'était clair. «Ils sont dans un trip nature, ils favorisent les projets sans péridurales. Et l'allaitement, ils pensent que c'est ce qu'il y a de mieux pour les bébés.» Sonia, 30 ans, Parisienne, n'a pas avoué qu'elle ne souhaitait pas du tout allaiter. «Tout le monde hochait la tête et disait : "C'est vachement bien." Je n'ai pas osé demander s'ils avaient quand même des biberons.» Sonia va accoucher à la fin du mois, et elle «flippe» : et si on ne lui donnait pas le médicament qui empêche la montée de lait ? «L'allaitement, peut-on lire sur un prospectus de la Leche League, ardent prosélyte, c'est la santé, c'est économique, c'est écologique, c'est la liberté, c'est naturel.» Dans un ordre ou dans un autre, ces arguments sont toujours servis dans un même but : encourager les femmes à allaiter. Quitte à donner mauvaise conscience à celles qui n'en ont aucune envie.
Point de salut
On ne compte plus les articles qui vantent «les bienfaits de l'allaitement maternel», «pas assez pratiqué en France» (60 % des femmes allaitent au sortir de la maternité). Ni les bouquins de pédiatrie qui affirment que «breast is best», comme le disent les Britanniques. L'OMS le préconise. La CPAM du Morbihan a même décidé en 2003 de donner une «prime à l'allaitement» de 50 euros pour un allaitement minimum d'une semaine. Parfois, la question est posée avec un sourire entendu, en désignant le nouveau-né : «Tu le nourris ?» Comprendre : «Tu allaites ?» Et si la réponse est non, on est bonne, au mieux, pour un silence désapprobateur. Ou pour une bonne leçon de morale : «Mais tu sais que c'est mieux pour l'enfant...» Et voilà la longue liste des bénéfices de l'allaitement : le bébé sera «moins malade» (plus d'anticorps), aura «moins d'allergies», voire sera plus intelligent. Que les générations de bébés nourris au lait artificiel se rassurent, cette dernière hypothèse a été très sérieusement démentie (1).
Camille est enceinte de huit mois. La question de l'allaitement, on la lui pose «tout le temps». Son beau-frère : «Tu fais comme tu veux, mais... c'est plus naturel, ça donne plein d'anticorps.» Sa belle-mère : «Vous faites comme vous voulez, mais... essayez au moins quinze jours.» «Je n'ai pas pris de décision, ajoute-t-elle, mais là, c'est une dictature.» «Un diktat», dit à son tour Emmanuèle, 39 ans, mère de deux enfants nourris au biberon. Elle a du mal à supporter qu'on fasse des femmes allaitantes «des héroïnes de la maternité». Et du lait maternel, le seul salut. «C'est comme si quelqu'un s'invitait dans ma chambre à coucher et venait me dire "la position du missionnaire, c'est ce qu'il y a de mieux".»
Mauvaise mère
«Ne pas allaiter, c'est être une mauvaise mère», constate Elsa, 28 ans, ingénieure en biologie.A l'hôpital, on le lui a répété : «L'allaitement, c'est la meilleure chose.»«Ça doit rester un choix, mais tout le monde s'en mêle.» Elsa a donc allaité sa petite fille, née il y a trois mois. «Non seulement il faut le faire, mais en plus avec le sourire.» Pour elle, cela s'est mal passé (« je me sentais vampirisée»). Elsa a choisi de passer au biberon. Tout en se répétant en boucle la nuit où elle a pris sa décision : «Pourquoi ça ne me plaît pas ? Je ne suis pas normale.» A son pédiatre, à ses collègues qui ont allaité (y compris après leur fin de congé maternité, en profitant des pauses tire-lait prévues par la loi), elle n'a osé avouer pourquoi elle avait arrêté de donner le sein.
Sacrifice, angoisse et fusion
Flora n'a pas allaité son premier fils. Toutes ses copines, elles, ont donné le sein. «Et c'est toutes des filles qui bossent, qui ne sont pas homéopathie et bioénergie et tout ça.» Enceinte d'une deuxième enfant, elle n'a pas envie de ce «truc sacrificiel». La fusion avec l'enfant, «l'imbroglio psychologique que cela crée» l'angoissent plus qu'autre chose. Elle ne voulait pas non plus que son compagnon soit «tenu à l'écart». Mirabelle pensait qu'elle aimerait ça. «Je n'ai eu aucune pression directe, si ce n'est que, dans l'inconscient collectif, tu ne peux pas ne pas le faire.» Elle a eu aussi les encouragements de sa mère. «Elle m'a dit : "Tu verras, c'est simple, c'est formidable."» Mirabelle s'est sentie comme «une vache laitière», «aliénée» et en plus sa fille «crevait de faim». Au bout de quinze jours, elle s'est finalement décidée à aller voir un médecin qui lui a dit grosso modo : «Il vaut mieux une mère épanouie qui file le biberon.» Soulagement : «Pour la première fois, quelqu'un me déculpabilisait. Jusque-là, je voyais l'allaitement comme quelque chose de naturel que je n'étais même pas capable de faire.» Mirabelle a détesté allaiter. Mais, si elle a un deuxième enfant, elle pense qu'elle essaiera à nouveau : «C'est l'image que j'ai de la bonne mère.» Malgré tout.
(1) En 1929 était née l'idée selon laquelle allaiter augmentait le QI d'un enfant. Les chercheurs du Medical Research Council et de l'université d'Edimbourg ont démontré, dans une étude publiée en octobre 2006 par le British Medical Journal, que l'éventuel écart de QI est dû au profil sociologique des mères.
L’allaitement est-il compatible avec le féminisme ?
http://ecohumanist.wordpress.com/2008/05/16/allaitement-et-feminisme/
Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau [*]
Plan de l’article
• Un peu d’histoire française
• Ailleurs dans le monde
• L’allaitement, puissance de la femme ?
• Biblio
« Le lait de sa mère auquel il [l’enfant] a droit. »
« L’allaitement est aussi une servitude épuisante […] c’est au détriment de sa propre vigueur que la nourrice alimente le nouveau-né. »
A priori, rien de commun entre ces deux phrases. Et pourtant… Toutes deux ont été écrites par des féministes. La première par Marie Béquet de Vienne, féministe franc-maçonne, qui créa en 1876 la Société de l’allaitement maternel. Quant à la seconde, elle est tirée du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir.
Les rapports entre féminisme et allaitement n’ont jamais été simples, et ont beaucoup varié selon les époques et les pays. Car il y a féminisme et féminisme. En simplifiant énormément les choses, on pourrait dire que le féminisme se divise en deux courants :
* celui pour qui être une femme, avec un corps de femme et les fonctions biologiques qui vont avec (menstruations, grossesse, allaitement…), est une joie et une fierté ;
* celui pour qui tout ce qui est proprement féminin est au contraire une calamité qui a de tout temps fait le malheur des femmes, et pour qui le combat à mener est d’obtenir une stricte égalité entre hommes et femmes (entre autres : partage des tâches domestiques, dont les soins aux enfants).
Selon donc que l’on considère la variante « essentialiste » (ou « identitaire » ou « différentialiste »), ou la variante « égalitariste » du féminisme, on pourra passer d’une exaltation de la maternité et de l’allaitement (comme pouvoirs spécifiquement féminins), à une vision de la maternité comme un esclavage (« lieu de domination masculine ») et de l’allaitement comme un esclavage à la puissance 10.
En France, au cours des dernières décennies, c’est manifestement le deuxième courant qui a dominé le mouvement féministe. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Un peu d’histoire française
À la fin du xix e siècle et au début du xx e, les féministes françaises tiennent un discours qui en étonnerait plus d’un(e) de nos jours. Comme le montre très bien Anne Cova dans son ouvrage Maternité et droits des femmes en France (xix e-xx e siècles) [1], elles parlent alors de l’allaitement comme de « cette obligation [qui] découle de la nature des choses », comme d’un « devoir maternel » et d’une « question vitale de notre pays » (La Fronde, 14 avril 1899). Elles luttent contre la mise en nourrice, ce « coup trop sanglant pour la maternité » (Le journal des femmes, février 1893), et les bureaux de nourrices, décrits comme « des officines épouvantables par lesquelles tant de pauvres petits diables qui ne demandaient qu’à vivre ont trouvé la mort » (La Fronde, 10 février 1899).
Dès sa création en 1897, La Fronde entre aussi en campagne contre le biberon à tube, accusé à juste titre d’être un « tueur de bébés ». Le journal ouvre un registre destiné à recueillir des signatures demandant l’interdiction de cet « ustensile meurtrier » (obtenue en 1910, par la loi du 6 avril).
À cette occasion, le journal féministe parle de « ressusciter la maternité intégrale ». Il recommande d’ailleurs la lecture du roman de Zola Fécondité, qui est un hymne à la maternité et à l’allaitement ; et dans son numéro du 19 novembre 1899, il publie une interview de l’écrivain qui déclare : « L’allaitement maternel est une obligation si naturelle, qu’il semble inutile de la commenter. »
À cette époque, les féministes soutiennent activement le travail de Marie Béquet de Vienne. Sa Société de l’allaitement maternel, créée pour encourager les mères pauvres à allaiter et leur fournir une aide matérielle, adhère en 1898 à la Fédération française des sociétés féministes. La Fronde en parle comme d’une « œuvre admirable ».
Elles luttent aussi, activement, pour que les travailleuses qui allaitent disposent de droits spéciaux. Elles se réjouiront du vote de la loi du 5 août 1917 instituant l’« heure d’allaitement » et les « chambres d’allaitement », tout en regrettant la durée trop courte prévue pour les tétées et en se plaignant de la mauvaise application de la loi (voir l’étude de Gabrielle Letellier, Les chambres d’allaitement dans les établissements industriels et commerciaux, 1920).
Les féministes se féliciteront également de la loi du 24 octobre 1919 qui énonce que « toute Française […] allaitant son enfant au sein, reçoit, pendant les douze mois qui suivent l’accouchement, une allocation supplémentaire de quinze francs, entièrement à la charge de l’État » (voir leurs journaux Le Droit des femmes et La Française), tout en regrettant là aussi sa mauvaise application et le trop faible montant de l’allocation (par exemple lors des premiers états généraux du féminisme, du 14 au 16 février 1929).
En 1925, La Française parle des propositions de lois faites par un groupe de députés communistes, qui demandent notamment le versement pendant un an d’allocations d’allaitement s’élevant à 25 % du salaire moyen de la région, et l’installation effective de chambres d’allaitement (d’après le rapport d’Henriette Alquier en 1927, « jamais aucune loi ne fut aussi transgressée que celle sur les chambres d’allaitement »).
L’article 9 de la loi sur les assurances sociales (1928/1930) prévoit, pour les mères salariées qui allaitent, des allocations mensuelles dont le montant s’étale sur plusieurs mois et est dégressif avec le temps. Les féministes s’inquiètent de ce barème décroissant qui incite, selon elles, les mères à n’allaiter que pendant les premiers mois.
De cette période, on peut dire que les féministes françaises mettent la maternité, et l’allaitement, au cœur de leurs préoccupations, luttant pour la reconnaissance de « la maternité, fonction sociale » (Henriette Alquier), et donc pour que l’État intervienne en sa faveur. À l’époque, peu nombreuses sont les féministes qui, comme Madeleine Pelletier, jugent la maternité aliénante.
Après la Deuxième Guerre mondiale et tout au long des années 1950 et 1960, on assiste à un renversement complet de tendance : même s’il subsiste quelques féministes pour chanter la maternité (notamment dans la mouvance du Parti communiste), la majorité se retrouvent dans le discours de Simone de Beauvoir et de son ouvrage, Le deuxième sexe, pour dénoncer l’esclavage de la maternité, et centrer le combat féministe sur le droit à la contraception et à l’avortement.
Le gouvernement de Vichy exaltait tellement l’idée de la mère et de la femme au foyer (« Travail, famille, patrie »), accompagnée d’une telle régression des droits des femmes, qu’on peut comprendre qu’on ait ainsi « jeté le bébé avec l’eau du bain »…
Mais du coup, toute une génération de féministes est passée complètement à côté de la maternité. Comme le dit la philosophe Élisabeth G. Sledziewski [2], « pour les deux générations féministes de l’après-guerre, que l’on pourrait nommer d’une part celle du « Deuxième sexe », d’autre part celle du mlf, l’intérêt pour la dimension maternelle de l’identité sociale et psychique des femmes a été et demeure une concession inenvisageable au système de l’oppression sexiste ». Citons également Marielle Issartel [3] : « Je fais partie des générations de femmes interdites de maternage. Mes amies de jeunesse entachaient de défiance leur lien avec leur enfant dès avant sa naissance. Crèche à trois semaines sans nécessité, dressage à la débrouille dès les premiers mois, honte des bouffées de compassion et, systématique ou presque : le refus d’allaiter. »
En fait, les années 1970 (la « génération du mlf ») seront sur ce plan assez contradictoires, voyant à la fois la continuation, sur un mode assez violent, de la dénonciation de la « maternité esclave » (titre d’un ouvrage collectif paru en 1975), et l’épanouissement d’un courant « essentialiste » (Hélène Cixous, Annie Leclerc, Luce Irigaray, Julia Kristeva…) qui prône la reconquête de leur corps par les femmes (« notre corps, nous-mêmes ») et permet à un certain nombre de femmes de vivre un allaitement heureux, voire sensuel et hédoniste (voir dans La guenon qui pleure d’Hortense Dufour : « Je fais ce que je veux avec lui et il rampe et il tète et je dors et je me réveille et je le reprends et je le lèche et il tète et je l’oublie et je le reprends et le remets encore à ma source de lait »).
Plus récemment, même si les féministes anti-allaitement se font moins entendre, elles restent sur les mêmes positions. J’en veux pour preuve un article retentissant intitulé « L’oms, valeur ajoutée ? », paru en 1993 dans Chronique féministe, l’organe de l’Université des femmes de Bruxelles. On y lit que l’oms fait « pression pour, moralement, obliger les mères à allaiter », ce qui est « une manœuvre pour un retour des femmes au foyer », alors que « allaiter est très fatigant pour la mère » et que les mères doivent « avoir le droit de choisir le mode d’allaitement – sein ou biberon – qui leur convient ».
Le nombre croissant de femmes poursuivant l’allaitement après la reprise du travail semble bien contredire cette vision, au point que certains ont vu dans le tire-lait un instrument féministe ! C’est un peu comme si l’on revenait au féminisme des années 1900, qui se préoccupait des droits de la femme allaitante au travail…
Ailleurs dans le monde
Un pays comme les États-Unis a vu, lui aussi, s’affronter les « égalitaristes » et les « différentialistes ». D’un côté, celles pour qui le féminisme est basé sur la remise en cause radicale des déterminismes biologiques ; qui voient dans leur corps et leurs capacités reproductives la source de l’oppression des femmes ; qui pensent que la technologie (dont le biberon) est libératrice (R. Lazaro) ; qui voient toute information donnée sur l’allaitement comme un risque de « culpabilisation » des femmes et insistent sur la « liberté de choix ».
De l’autre côté, celles qui critiquent la vision technologique capitaliste de la grossesse, de l’accouchement (B. Rothman) et de la puériculture où des « experts » dictent leur conduite aux femmes (Ursula Franklin) ; celles qui dénoncent la dichotomie sein allaitant/sein érotique et la réduction des seins à des objets sexuels ; celles qui voient le corps des femmes comme source de spiritualité et de pouvoir et non d’oppression, au risque de « romanticiser » la maternité et l’allaitement (ecofeminism ou biological feminism), ou qui insistent sur la production sociale que représente la maternité (M. Mies) et sur l’allaitement comme exemple de politisation de la sphère privée.
Comme en France, la « seconde vague » féministe, du début des années 1960 au milieu des années 1970, a vu la domination du courant rejetant la maternité. Un article de magazine de l’époque comparait même le fait de s’occuper à plein temps d’un bébé ou d’un bambin au fait de « passer toute la journée, tous les jours, en la seule compagnie d’un débile mental incontinent »… Au milieu des années 1970, d’autres voix se firent entendre, comme celle d’Adrienne Rich (Of Woman Born, 1976) qui militait pour une culture féminine séparée.
On peut également parler de La Leche League qui, depuis sa création en 1956, a accompagné un demi-siècle d’allaitement aux États-Unis et dans le monde. Certains s’étonneront sans doute qu’on puisse en parler comme d’un mouvement féministe. Pourtant, les groupes lll ne sont-ils pas les ancêtres des groupes de femmes, des groupes de self-help (« groupes d’auto-support ») qui devaient fleurir dans les années 1970 ? Comme le dit Mary-Ann Cahill, l’une des fondatrices de lll, dans le livre d’entretiens, Seven Voices, one Dream : « Même si nous ne le réalisions pas à l’époque, nous étions les précurseurs du mouvement de “libération de la femme”, dans la mesure où il était pour nous capital d’avoir le contrôle sur les décisions importantes de notre vie, comme la façon d’accoucher ou de nourrir nos bébés. » Marian Tompson, une autre fondatrice de lll, ajoute : « Nous voulions jouer un rôle actif dans le processus de la naissance et la façon de répondre aux besoins nutritionnels et émotionnels de nos bébés. Nous ne nous contentions pas de “faire comme on vous dit de faire” ni d’être de “bonnes filles obéissantes”. Nous insistions pour avoir notre mot à dire sur ces décisions qui nous concernaient si profondément en tant que femmes, et affectaient nos bébés et nos familles. »
Dans les pays scandinaves, les féministes se sont plutôt battues, comme les féministes françaises du début du xx e siècle, pour que soit reconnue la fonction sociale de la maternité (congés maternité, allocations…). Parmi tous les pays occidentaux, c’est là que les taux d’allaitement sont actuellement les plus élevés, avoisinant les 100 % à la naissance, ainsi que… le pourcentage de femmes élues dans les différentes assemblées. Un exemple : alors qu’en France, le taux d’allaitement à la naissance est de 52 % et le pourcentage de femmes élues à l’Assemblée nationale de moins de 12 % (élections de juin 2002), en Suède, il y a 99 % d’allaitement à la naissance et 43 % de femmes élues au niveau national… Comme quoi, et contrairement à ce que disent tous ceux qui accusent les défenseurs de l’allaitement maternel d’être « contre les femmes », l’allaitement est tout à fait compatible avec un engagement des femmes dans la vie publique.
L’opposition entre les différents féminismes renaît chaque fois que des féministes venues de différents pays se retrouvent dans une réunion internationale. C’est ainsi qu’au deuxième Forum social mondial de Porto Alegre, en février 2002, dans un atelier justement intitulé « Féminisme et allaitement », l’animatrice brésilienne annonça dès le début que le débat porterait principalement sur la façon dont l’allaitement est vécu par les femmes approchant la ménopause, et non pas sur le féminisme en soi, chose selon elle déjà assez discutée par ailleurs…
L’allaitement, puissance de la femme ?
L’allaitement échappe au système marchand, puisque le lait de femme est gratuit (sauf lorsqu’il est recueilli par les lactariums) et que sauf exception, il ne nécessite aucun dispositif pour sa production ni son utilisation. Il rend donc la femme indépendante de ce commerce.
Il lui donne aussi une extraordinaire confiance en ses capacités, un sentiment de force, de puissance, de compétence, de plénitude. Elle sait en effet qu’elle a pu faire grandir et grossir son enfant avec quelque chose que son propre corps a produit. Elle n’a pas eu à s’en remettre à un produit industriel, elle n’a pas eu à suivre les directives d’un « expert » sur les quantités à donner, les horaires à respecter, etc. C’était elle l’expert en ce qui concernait la nutrition et le bien-être de son enfant.
N’oublions pas le plaisir éprouvé par les femmes à allaiter leurs petits. On en parle peu, comme s’il était suspect (« elle se fait plaisir à allaiter ») ; il est pourtant décrit par tant de textes. Comme Annie Leclerc qui, dans Parole de femme, écrivait : « C’est le corps qui est heureux quand le lait monte dans les seins comme une sève vivace, c’est le corps qui est heureux quand le bébé tète. »
Un auteur comme le Canadien Joël Martine renoue avec la « radicalité politico-psychanalytique » des années 1970, en insistant non seulement sur l’enjeu sanitaire de l’allaitement, mais aussi sur son « enjeu socio-économique, les « profondeurs charnelles et fantasmatiques du vécu féminin », la qualité du « dialogue charnel pré-verbal » de la mère avec son bébé, l’importance pour le mouvement féministe d’intervenir sur l’enfantement et le maternage, et de jouer ainsi « un rôle exemplaire dans la mise en œuvre d’une éthique de solidarité et d’émancipation [4] ».
Pour Penny Van Esterik, Américaine féministe et militante de l’allaitement, les groupes féministes devraient intégrer l’allaitement dans leurs luttes pour plusieurs raisons :
* l’allaitement suppose des changements sociaux structurels qui ne pourraient qu’améliorer la condition des femmes ;
* l’allaitement affirme le pouvoir de contrôle de la femme sur son propre corps, et met en question le pouvoir médical ;
* l’allaitement met en cause le modèle dominant de la femme comme consommatrice ;
* l’allaitement s’oppose à la vision du sein comme étant d’abord un objet sexuel ;
* l’allaitement exige une nouvelle définition du travail des femmes qui prenne en compte de façon plus réaliste à la fois leurs activités productives et leurs activités reproductives ;
* l’allaitement encourage la solidarité et la coopération entre femmes, que ce soit au niveau du foyer, du quartier, au niveau national et international.
Comme le dit Élisabeth G. Sledziewski [5], « le féminisme pourrait, en osant penser à neuf la maternité, trouver l’occasion historique de transformer un discours défensif et militant en discours sur les nouvelles exigences de la condition humaine, et donc en message éthique universel ». L’osera-t-il ? Je l’espère.
BIBLIOGRAPHIE
· Cova, A. 1997. Maternité et droits des femmes en France (xix e-xx e siècles), Anthropos.
· Penny Van Esterik, Breastfeeding : A Feminist Issue, waba (World Alliance for Breastfeeding Action).
· Penny Van Esterik. 1994. « Breastfeeding and feminism », International Journal of Gynecology & Obstetrics, 47 Suppl. S41-S54.
· Blum, L.M. 1999. At the Breast : Ideologies of Breastfeeding and Motherhood in the Contemporary United States, Beacon Press.
· DeJager Ward, J. 2000. La Leche League at the crossroads of medicine, feminism and religion, The University of North Carolina Press.
NOTES
[*] Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, ancienne présidente de La Leche League, rédactrice d’Allaiter aujourd’hui.
[1] Les informations sur cette période sont tirées de cet ouvrage.
[2] Intervention lors du 3e Congrès de maternologie, 10 novembre 1999.
[3] Dans Mémoires lactées, Autrement, 1994.
[4] Voir son site http:// joel. martine. free. fr
[5] Intervention lors du 3e Congrès de maternologie, 10 novembre 1999
Parlez pour vous, M. Mitterrand !
Action n°46 - 16 octobre 2009
http://encorefeministes.free.fr/actions/action46Mitterrand.php3
Parlez pour vous, M. Mitterrand !
Lettre ouverte à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture
Monsieur,
Quand vous avez été nommé directeur de la Villa Médicis, puis ministre de la Culture, s'est vérifiée une « exception française » : dans les autres pays occidentaux, un homme ayant payé de jeunes prostitués à Bangkok et l'ayant rapporté dans un récit autobiographique se serait de ce fait exclu de tout poste officiel.
Quand vous avez soutenu le chanteur Orelsan, vous avez déclaré « ne rien voir de choquant » dans la chanson « Sale pute ! » Ne percevoir que l'expression légitime d'un « dépit amoureux » dans des paroles comme « T'es juste bonne à te faire péter le rectum […] On verra comment tu suces quand j'te déboiterai la mâchoire. […] J'vais te mettre en cloque (sale pute) Et t'avorter à l'Opinel », et rapprocher Orelsan de Rimbaud ont achevé de donner la mesure de votre sensibilité culturelle.
Quand vous avez défendu Roman Polanski, poursuivi pour un viol sur une fille de 13 ans, en parlant d'une « histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens », vous avez banalisé le crime de viol, sur mineure qui plus est. On a alors appris que, dans une lettre à en-tête de la Villa Médicis, vous aviez minimisé, en le qualifiant d'« écart », le viol d'une mineure commis par deux garçons que vous protégez. Vous persistez donc à secourir des agresseurs en vous plaçant au-dessus de la loi.
Quand le scandale éclate et que le 8 octobre vous vous expliquez au Journal de TF1, vous déclarez, au sujet de vos actes de prostitution à Bangkok : « Que vienne me jeter la première pierre celui qui n'a jamais commis ce genre d'erreur au moins une fois dans sa vie ! » Selon vous, exploiter la misère en payant des actes sexuels ne serait qu'une « erreur », et vous la justifiez en osant prétendre qu'elle est générale.
M. MITTERRAND, NE PARLEZ PAS POUR NOUS !
NON, tous les hommes n'ont pas payé pour un acte de prostitution! Et toutes les femmes encore moins !
Respectez celles et ceux pour qui la sexualité humaine est la rencontre, dans la gratuité, de deux désirs !
Sur le site de "Encore féministes !", des hommes disent NON au viol et NON à la prostitution !
http://encorefeministes.free.fr/actions/action46Mitterrand.php3
Parlez pour vous, M. Mitterrand !
Lettre ouverte à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture
Monsieur,
Quand vous avez été nommé directeur de la Villa Médicis, puis ministre de la Culture, s'est vérifiée une « exception française » : dans les autres pays occidentaux, un homme ayant payé de jeunes prostitués à Bangkok et l'ayant rapporté dans un récit autobiographique se serait de ce fait exclu de tout poste officiel.
Quand vous avez soutenu le chanteur Orelsan, vous avez déclaré « ne rien voir de choquant » dans la chanson « Sale pute ! » Ne percevoir que l'expression légitime d'un « dépit amoureux » dans des paroles comme « T'es juste bonne à te faire péter le rectum […] On verra comment tu suces quand j'te déboiterai la mâchoire. […] J'vais te mettre en cloque (sale pute) Et t'avorter à l'Opinel », et rapprocher Orelsan de Rimbaud ont achevé de donner la mesure de votre sensibilité culturelle.
Quand vous avez défendu Roman Polanski, poursuivi pour un viol sur une fille de 13 ans, en parlant d'une « histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens », vous avez banalisé le crime de viol, sur mineure qui plus est. On a alors appris que, dans une lettre à en-tête de la Villa Médicis, vous aviez minimisé, en le qualifiant d'« écart », le viol d'une mineure commis par deux garçons que vous protégez. Vous persistez donc à secourir des agresseurs en vous plaçant au-dessus de la loi.
Quand le scandale éclate et que le 8 octobre vous vous expliquez au Journal de TF1, vous déclarez, au sujet de vos actes de prostitution à Bangkok : « Que vienne me jeter la première pierre celui qui n'a jamais commis ce genre d'erreur au moins une fois dans sa vie ! » Selon vous, exploiter la misère en payant des actes sexuels ne serait qu'une « erreur », et vous la justifiez en osant prétendre qu'elle est générale.
M. MITTERRAND, NE PARLEZ PAS POUR NOUS !
NON, tous les hommes n'ont pas payé pour un acte de prostitution! Et toutes les femmes encore moins !
Respectez celles et ceux pour qui la sexualité humaine est la rencontre, dans la gratuité, de deux désirs !
Sur le site de "Encore féministes !", des hommes disent NON au viol et NON à la prostitution !
Les films commerciaux sur les gays utilisent toujours les mêmes clichés depuis trente ans
Les films commerciaux sur les gays utilisent toujours les mêmes clichés depuis trente ans.
http://gaadjou.joueb.com/news/les-homos-prisonniers-de-la-cage-aux-folles
Il y a de grandes affiches, partout en France, qui vous sautent au visage avec leurs couleurs vives. On y voit un Gérard Jugnot méconnaissable, les jambes gainées de blanc, le visage peinturluré, posé sur une fraise rose vif, une perle se balançant élégamment au bout de son oreille gauche. Disparus le sage professeur des Choristes ou le ronchon Monsieur Batignole! Voici Pic Saint Loup, grand couturier forcément excentrique qui règne sur la mode du XVIe siècle comme aujourd'hui Karl Lagerfeld...
Avec cette photo et ce pitch, s'il fallait deviner une chose, une seule, sur le personnage que joue Gérard Jugnot dans Rose et noir (son nouveau film comme acteur et comme réalisateur), on trouverait tout de suite... Pic Saint Loup aime les hommes bien sûr, il s'entoure de mignons, il a des gestes affectés et une voix qui part dans les aigus. Il a aussi le goût de la déco et des vêtements, et une peur paralysante du danger. Bref, Pic Saint Loup est une grande folle.
Il y a de grandes affiches, partout dans Paris, qui vous sautent au visage avec leurs couleurs vives. On y voit Didier Bourdon travesti en perruque blonde, boa de plumes et fourreau rouge façon Marilyn dans Les Hommes préfèrent les blondes. A ses côtés, Christian Clavier, en costume d'homme mais d'une délicate nuance de parme et dans une pose efféminée. Entre ça et le titre — La Cage aux folles (actuellement au théâtre de la porte Saint-Martin), encore moins de doute qu'avec Jugnot: Clavier et Bourdon jouent, eux aussi, de grandes folles.
L'homo, forcément, aime la déco
Il n'y avait pas d'affiches mais on tombait dessus cet été à la télé, un peu tard le soir. Dans Mon incroyable fiancé sur TF1, le candidat, Christopher, devait faire croire à sa famille (moyennant finance cela va sans dire... 100.000 euros, donc nettement plus que pour arriver à l'heure à l'école dans l'académie de Créteil) qu'il était tombé amoureux d'un homme et allait l'épouser.
Pour convaincre son entourage qu'il est bien gay, cet homme s'intéresse pour la première fois à la déco (car l'homosexuel est fin décorateur), et aux vêtements. Il se coltine un «incroyable fiancé» qui pique des crises d'hystérie et a des gestes maniérés, évidemment. Stupeur de Christopher qui craque un soir: «moi, je suis un vrai homme!». Avant de se reprendre: «Les gens qui sont vraiment homosexuels et doivent l'avouer à leur famille ont pas 100.000 euros derrière». C'est sûr.
Les folles sont partout, si bien qu'on finit par se poser la question. Pourquoi cette caricature est-elle la représentation la plus courante des homosexuels sur nos écrans? Comme Mon incroyable fiancé, Rose et noir plaide, bien sûr, pour la tolérance. A la fin de l'émission, tout le monde pleure en disant que l'important, c'est l'amour, quel que soit le sexe des protagonistes. Quant au film, c'est une fable située pendant l'Inquisition et qui montre Saint Loup et ses amis, un juif et un musulman, menacés de mort lors d'un séjour en Espagne.
Les mêmes clichés éculés: souffrance contre éternelle folle
Mais pour en arriver à ce message final, il faut en passer par tous les clichés les plus éculés. Jugnot explique, dans le dossier de presse du film, qu'il voit Saint Loup «comme un archétype: la folle ches les homos comme il y a le macho ou la femme écervelée chez les hétéros». Il a raison, bien sûr; l'archétype existe. C'est celui qu'utilise justement Jean Poiret dans La Cage aux folles, avec son duo de personnages principaux: d'un côté, Zaza, le travesti extravagant et maniéré; de l'autre, Georges, son compagnon, comique parce qu'il prétend - dans une parodie de vie domestique - être le mari de cette femme-là. Comique parce qu'il masque, au fond, sa nature féminine en singeant la virilité... Exactement — trente ans avant — le couple mis en scène par TF1 cet été.
Dans la représentation de l'homosexualité, le cinéma français est divisé en deux camps. Côté auteurs, la tendance Téchiné: une représentation de l'homosexualité volontiers souffrante, douloureuse, masochiste. Côté grosses machines commerciales, la vision Pédale douce: la folle, l'éternelle folle, encore et toujours. Dans les deux cas, le triste résultat est que le personnage en question est résumé à son orientation sexuelle — homosexuel(le) donc victime d'un destin tragique ou bien homosexuel(le) donc comique, et excentrique. On est loin de Pedro Almodovar — pour rester sur le registre des travestis — qui donne à ses personnages mille autres traits distinctifs que leur préférence sexuelle, et qui, quand il met en scène des travestis, ne cherche ni à nier leur identité, ni à la tourner en ridicule.
«La communauté a raté une occasion de s'emparer d'un sujet homosexuel qui, c'est très rare, a été le sujet N°1 cette semaine en France», écrivait lundi Didier Lestrade, à propos de l'affaire Mitterrand. Peut-être la société toute entière pourrait-elle profiter de la sortie de Rose et noir pour s'interroger, un moment, sur le regard qu'elle porte, et que ses fictions reflètent, sur ce fameux «sujet homosexuel». Et si on se demandait pourquoi, en fin de compte, la vision d'un homme qui prend des attitudes féminines, ou qui porte une robe, est censée nous faire rire aux éclats? Et si on sortait, enfin, les homosexuels de la cage aux folles?
Jonathan Schel
Ecrit par post-Ô-porno, le Jeudi 15 Octobre 2009, 21:18 dans la rubrique "Straightland".
http://gaadjou.joueb.com/news/les-homos-prisonniers-de-la-cage-aux-folles
Il y a de grandes affiches, partout en France, qui vous sautent au visage avec leurs couleurs vives. On y voit un Gérard Jugnot méconnaissable, les jambes gainées de blanc, le visage peinturluré, posé sur une fraise rose vif, une perle se balançant élégamment au bout de son oreille gauche. Disparus le sage professeur des Choristes ou le ronchon Monsieur Batignole! Voici Pic Saint Loup, grand couturier forcément excentrique qui règne sur la mode du XVIe siècle comme aujourd'hui Karl Lagerfeld...
Avec cette photo et ce pitch, s'il fallait deviner une chose, une seule, sur le personnage que joue Gérard Jugnot dans Rose et noir (son nouveau film comme acteur et comme réalisateur), on trouverait tout de suite... Pic Saint Loup aime les hommes bien sûr, il s'entoure de mignons, il a des gestes affectés et une voix qui part dans les aigus. Il a aussi le goût de la déco et des vêtements, et une peur paralysante du danger. Bref, Pic Saint Loup est une grande folle.
Il y a de grandes affiches, partout dans Paris, qui vous sautent au visage avec leurs couleurs vives. On y voit Didier Bourdon travesti en perruque blonde, boa de plumes et fourreau rouge façon Marilyn dans Les Hommes préfèrent les blondes. A ses côtés, Christian Clavier, en costume d'homme mais d'une délicate nuance de parme et dans une pose efféminée. Entre ça et le titre — La Cage aux folles (actuellement au théâtre de la porte Saint-Martin), encore moins de doute qu'avec Jugnot: Clavier et Bourdon jouent, eux aussi, de grandes folles.
L'homo, forcément, aime la déco
Il n'y avait pas d'affiches mais on tombait dessus cet été à la télé, un peu tard le soir. Dans Mon incroyable fiancé sur TF1, le candidat, Christopher, devait faire croire à sa famille (moyennant finance cela va sans dire... 100.000 euros, donc nettement plus que pour arriver à l'heure à l'école dans l'académie de Créteil) qu'il était tombé amoureux d'un homme et allait l'épouser.
Pour convaincre son entourage qu'il est bien gay, cet homme s'intéresse pour la première fois à la déco (car l'homosexuel est fin décorateur), et aux vêtements. Il se coltine un «incroyable fiancé» qui pique des crises d'hystérie et a des gestes maniérés, évidemment. Stupeur de Christopher qui craque un soir: «moi, je suis un vrai homme!». Avant de se reprendre: «Les gens qui sont vraiment homosexuels et doivent l'avouer à leur famille ont pas 100.000 euros derrière». C'est sûr.
Les folles sont partout, si bien qu'on finit par se poser la question. Pourquoi cette caricature est-elle la représentation la plus courante des homosexuels sur nos écrans? Comme Mon incroyable fiancé, Rose et noir plaide, bien sûr, pour la tolérance. A la fin de l'émission, tout le monde pleure en disant que l'important, c'est l'amour, quel que soit le sexe des protagonistes. Quant au film, c'est une fable située pendant l'Inquisition et qui montre Saint Loup et ses amis, un juif et un musulman, menacés de mort lors d'un séjour en Espagne.
Les mêmes clichés éculés: souffrance contre éternelle folle
Mais pour en arriver à ce message final, il faut en passer par tous les clichés les plus éculés. Jugnot explique, dans le dossier de presse du film, qu'il voit Saint Loup «comme un archétype: la folle ches les homos comme il y a le macho ou la femme écervelée chez les hétéros». Il a raison, bien sûr; l'archétype existe. C'est celui qu'utilise justement Jean Poiret dans La Cage aux folles, avec son duo de personnages principaux: d'un côté, Zaza, le travesti extravagant et maniéré; de l'autre, Georges, son compagnon, comique parce qu'il prétend - dans une parodie de vie domestique - être le mari de cette femme-là. Comique parce qu'il masque, au fond, sa nature féminine en singeant la virilité... Exactement — trente ans avant — le couple mis en scène par TF1 cet été.
Dans la représentation de l'homosexualité, le cinéma français est divisé en deux camps. Côté auteurs, la tendance Téchiné: une représentation de l'homosexualité volontiers souffrante, douloureuse, masochiste. Côté grosses machines commerciales, la vision Pédale douce: la folle, l'éternelle folle, encore et toujours. Dans les deux cas, le triste résultat est que le personnage en question est résumé à son orientation sexuelle — homosexuel(le) donc victime d'un destin tragique ou bien homosexuel(le) donc comique, et excentrique. On est loin de Pedro Almodovar — pour rester sur le registre des travestis — qui donne à ses personnages mille autres traits distinctifs que leur préférence sexuelle, et qui, quand il met en scène des travestis, ne cherche ni à nier leur identité, ni à la tourner en ridicule.
«La communauté a raté une occasion de s'emparer d'un sujet homosexuel qui, c'est très rare, a été le sujet N°1 cette semaine en France», écrivait lundi Didier Lestrade, à propos de l'affaire Mitterrand. Peut-être la société toute entière pourrait-elle profiter de la sortie de Rose et noir pour s'interroger, un moment, sur le regard qu'elle porte, et que ses fictions reflètent, sur ce fameux «sujet homosexuel». Et si on se demandait pourquoi, en fin de compte, la vision d'un homme qui prend des attitudes féminines, ou qui porte une robe, est censée nous faire rire aux éclats? Et si on sortait, enfin, les homosexuels de la cage aux folles?
Jonathan Schel
Ecrit par post-Ô-porno, le Jeudi 15 Octobre 2009, 21:18 dans la rubrique "Straightland".
Réaliser l'égalité hommes-femmes pourrait doper le PIB dans l'UE
Réaliser l'égalité hommes-femmes pourrait doper le PIB dans l'UE
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 16.10.09 | 12h14 • Mis à jour le 16.10.09 | 12h14
L'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes tient du mirage. L'objectif semble bien difficile à atteindre. Et pourtant ! L'égalité entre les femmes et les hommes entraînerait une croissance du PIB de l'ordre de 15 % à 45 %, estime une étude menée par Åsa Löfström, du département d'économie de l'université d'Umeå. Vendredi a lieu à Stockholm une réunion intitulée : "L'égalité des chances, moteur de la croissance économique ?" Elle regroupera des ministres européens chargés de l'égalité des chances et des ministres des finances, en marge de la conférence de la présidence de l'Union européenne.
Selon cette étude, qui fera l'objet des débats de la conférence, les retombées d'une amélioration de l'égalité entre les femmes et les hommes sont considérables. Dans un scénario optimal, le comblement de l'écart des taux d'emploi pourrait entraîner une hausse du PIB de 15 % à 45 % dans l'UE. La conférence examinera les initiatives politiques en faveur de l'égalité nécessaires pour améliorer la situation des femmes sur le marché du travail.
LA FRANCE ENVISAGE DES DISPOSITIFS CONTRAIGNANTS
Le ministre du travail, Xavier Darcos, s'est prononcé, début octobre sur RMC, en faveur de dispositifs "contraignants" pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu de l'égalité professionnelle hommes-femmes, tout en pensant qu'"elles joueront le jeu". Selon M. Darcos, la secrétaire d'Etat chargée de la famille et des femmes, Nadine Morano, "a raison de dire qu'on ne peut pas être simplement dans l'imprécation dans cette affaire, aujourd'hui, les choses ne sont pas acceptables puisque sur la totalité des salaires perçus par les hommes par rapport aux femmes vous avez 27 % d'écart". Le ministre a dit s'appuyer sur le rapport de Brigitte Gresy, inspectrice générale des affaires sociales (IGAS) remis en juillet au gouvernement et préparant une concertation avec les partenaires sociaux cet automne.
En août, un majorité (plus de 70 %) de Français se prononçaient dans un sondage publié par Madame Figaro pour l'instauration d'un quota de 40 % de femmes dans les instances dirigeantes des grandes entreprises. Le 29 septembre, un sondage du Figaro indiquait qu'une majorité d'élèves de grandes écoles se disait favorable à l'instauration de quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises en France.
Les Françaises restent sous-représentées dans les conseils d'administration des grandes entreprises cotées, où elles n'occupent que 9 % des sièges, ce qui les situe un peu en dessous de la moyenne européenne, selon les données d'une étude présentée à la mi-septembre à Paris. Selon ce travail coréalisé par l'IFA (Institut français des administrateurs), l'ORSE (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises) et EuropeanPWN-Paris (European Professional Women's Network-Paris), ce chiffre place la France à égalité en Europe avec la Turquie, devant l'Espagne, l'Irlande et le Portugal. Seuls trois pays égalent ou dépassent les 20 % de femmes dans les conseils d'administration : la Norvège, en pointe dans ce combat avec 41 %, la Suède (27 %) et la Finlande (20 %).
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 16.10.09 | 12h14 • Mis à jour le 16.10.09 | 12h14
L'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes tient du mirage. L'objectif semble bien difficile à atteindre. Et pourtant ! L'égalité entre les femmes et les hommes entraînerait une croissance du PIB de l'ordre de 15 % à 45 %, estime une étude menée par Åsa Löfström, du département d'économie de l'université d'Umeå. Vendredi a lieu à Stockholm une réunion intitulée : "L'égalité des chances, moteur de la croissance économique ?" Elle regroupera des ministres européens chargés de l'égalité des chances et des ministres des finances, en marge de la conférence de la présidence de l'Union européenne.
Selon cette étude, qui fera l'objet des débats de la conférence, les retombées d'une amélioration de l'égalité entre les femmes et les hommes sont considérables. Dans un scénario optimal, le comblement de l'écart des taux d'emploi pourrait entraîner une hausse du PIB de 15 % à 45 % dans l'UE. La conférence examinera les initiatives politiques en faveur de l'égalité nécessaires pour améliorer la situation des femmes sur le marché du travail.
LA FRANCE ENVISAGE DES DISPOSITIFS CONTRAIGNANTS
Le ministre du travail, Xavier Darcos, s'est prononcé, début octobre sur RMC, en faveur de dispositifs "contraignants" pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu de l'égalité professionnelle hommes-femmes, tout en pensant qu'"elles joueront le jeu". Selon M. Darcos, la secrétaire d'Etat chargée de la famille et des femmes, Nadine Morano, "a raison de dire qu'on ne peut pas être simplement dans l'imprécation dans cette affaire, aujourd'hui, les choses ne sont pas acceptables puisque sur la totalité des salaires perçus par les hommes par rapport aux femmes vous avez 27 % d'écart". Le ministre a dit s'appuyer sur le rapport de Brigitte Gresy, inspectrice générale des affaires sociales (IGAS) remis en juillet au gouvernement et préparant une concertation avec les partenaires sociaux cet automne.
En août, un majorité (plus de 70 %) de Français se prononçaient dans un sondage publié par Madame Figaro pour l'instauration d'un quota de 40 % de femmes dans les instances dirigeantes des grandes entreprises. Le 29 septembre, un sondage du Figaro indiquait qu'une majorité d'élèves de grandes écoles se disait favorable à l'instauration de quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises en France.
Les Françaises restent sous-représentées dans les conseils d'administration des grandes entreprises cotées, où elles n'occupent que 9 % des sièges, ce qui les situe un peu en dessous de la moyenne européenne, selon les données d'une étude présentée à la mi-septembre à Paris. Selon ce travail coréalisé par l'IFA (Institut français des administrateurs), l'ORSE (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises) et EuropeanPWN-Paris (European Professional Women's Network-Paris), ce chiffre place la France à égalité en Europe avec la Turquie, devant l'Espagne, l'Irlande et le Portugal. Seuls trois pays égalent ou dépassent les 20 % de femmes dans les conseils d'administration : la Norvège, en pointe dans ce combat avec 41 %, la Suède (27 %) et la Finlande (20 %).
Bientôt une Agence des femmes aux Nations unies
Bientôt une Agence des femmes aux Nations unies
Article paru dans l'édition du 01.10.09 http://www.lemonde.fr/web/recherche_breve/1,13-0,37-1099982,0.html
L'ONU s'apprête à créer une « Agence des femmes » qui coordonnera les actions des agences onusiennes qui les concernent et à en impulser d'autres. Si l'initiative relève du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la voix de l'Onusida a été déterminante pour inciter à la création de cette institution symboliquement forte. L'agence disposera d'un budget et d'un conseil d'administration propres.
« La face cachée du sida, c'est la face féminine », insiste le directeur exécutif de l'Onusida, Michel Sidibé rappelant que 72 % des jeunes infectés par le virus sont des jeunes filles.
Viols répétés - comme en Afrique du Sud, où 50 000 femmes en sont victimes chaque année -, avortements sélectifs qui aboutissent à un déficit de filles - comme en Inde -, les violences faites aux femmes sont légion.
Parallèlement, les programmes d'éducation et d'accès à la santé menés auprès des femmes suscitent des progrès considérables sur l'espérance de vie de la population.
Le nom de celui (celle ?) qui dirigera cette agence n'est pas encore connu. « Sa région d'origine importe peu, souligne M. Sidibé, car les questions ramènent toujours aux mêmes fondamentaux. »
Article paru dans l'édition du 01.10.09 http://www.lemonde.fr/web/recherche_breve/1,13-0,37-1099982,0.html
L'ONU s'apprête à créer une « Agence des femmes » qui coordonnera les actions des agences onusiennes qui les concernent et à en impulser d'autres. Si l'initiative relève du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la voix de l'Onusida a été déterminante pour inciter à la création de cette institution symboliquement forte. L'agence disposera d'un budget et d'un conseil d'administration propres.
« La face cachée du sida, c'est la face féminine », insiste le directeur exécutif de l'Onusida, Michel Sidibé rappelant que 72 % des jeunes infectés par le virus sont des jeunes filles.
Viols répétés - comme en Afrique du Sud, où 50 000 femmes en sont victimes chaque année -, avortements sélectifs qui aboutissent à un déficit de filles - comme en Inde -, les violences faites aux femmes sont légion.
Parallèlement, les programmes d'éducation et d'accès à la santé menés auprès des femmes suscitent des progrès considérables sur l'espérance de vie de la population.
Le nom de celui (celle ?) qui dirigera cette agence n'est pas encore connu. « Sa région d'origine importe peu, souligne M. Sidibé, car les questions ramènent toujours aux mêmes fondamentaux. »
Des couffins dans la rue
Des couffins dans la rue, par Caroline Fourest
LE MONDE | 16.10.09 | 14h43
On a trouvé un couffin sur les marches d'une église. Une paroissienne a découvert un bébé emmailloté dans une bassine en plastique, déposée à l'abri du vent, dans un recoin du perron de la cathédrale d'Uzès. Il serait né un ou deux jours plus tôt, dans la clandestinité. Comme au temps où il n'existait ni hôpitaux publics ni procédure permettant d'accoucher de façon anonyme. Est-ce un hasard si cet abandon d'un autre âge intervient moins d'une semaine après qu'une décision de justice ait levé le secret dans une affaire d'accouchement sous X ?
Comme dans toute affaire de droit, cette décision mérite d'être replacée dans son contexte. En juin dernier, une femme de 23 ans donne naissance à une petite fille prématurée. Elle demande à accoucher sous X, mais présente l'enfant à sa mère avant de l'abandonner. Ses parents s'opposent à ce que leur petite-fille devienne pupille d'Etat et forment un recours. Le juge des référés d'Angers leur donne raison et les autorise à prouver leur ascendance en s'appuyant sur l'attitude contradictoire de leur fille : "Tout en sollicitant le secret de son admission et de son identité, elle a, en montrant le bébé à sa mère, établi un lien." On peut comprendre cette décision. Mais que fait-on de la mère et de sa volonté de ne pas reconnaître cet enfant ? Son choix - certes ambigu - est mis sous tutelle du lien biologique. Le respect de l'anonymat en sort fragilisé.
Ce cas particulier s'ajoute à toute une série de tentatives politiques rognant l'accouchement sous X au nom du droit à connaître ses origines. Une brèche a été ouverte en 2002 par Ségolène Royal, alors ministre déléguée à la famille et à l'enfance. Sensible aux demandes des "nés sous X", elle a mis en place un Conseil national pour l'accès aux origines personnelles (CNAOP), chargé de recueillir et éventuellement d'enquêter sur l'identité des mères lorsque le dossier contient des éléments permettant de le faire. Ce qui est rare. Plus de 60 % des femmes accouchant sous X ne souhaitent pas laisser leur nom, même dans un dossier tenu secret par l'administration. Ce recours ne concerne pour l'instant que 1 % à 2 % des accouchements sous X. Il est encadré. On demande à la mère son avis avant de lever le secret et de la mettre en contact avec l'enfant ayant fait cette demande. Et pourtant, cette procédure inquiète les femmes qui envisagent d'accoucher dans l'anonymat. Elles redoutent que la loi ne finisse par changer, que l'on remonte un jour à elles, de gré ou de force.
Le silence des mères anonymes
Les politiques ne font rien pour les rassurer. En 2006, la députée Valérie Pécresse souhaite remplacer l'accouchement sous X par "un accouchement dans la discrétion", où la femme serait obligée de décliner son identité. L'enfant ayant le droit de connaître ce nom à ses 18 ans. L'Académie de médecine s'est prononcée contre, mais la pression politique continue. Nadine Morano envisage à son tour d'assouplir les règles de l'accouchement sous X en vue de permettre l'identification des mères biologiques a posteriori.
Il faut bien mesurer l'impact qu'aurait cette évolution. A force d'écouter la parole des "nés sous X", on finit par ne plus entendre le silence des mères anonymes... Très jeunes, voire mineures, parfois en déni de grossesse, trop avancée pour avorter, ces femmes sont effrayées à l'idée que leur entourage puisse apprendre cette naissance. Au moindre doute sur l'inviolabilité de leur anonymat, elles fuiront les hôpitaux pour accoucher dans la clandestinité, dans des conditions sanitaires aléatoires, tant pour la mère que pour l'enfant. Le traumatisme sera décuplé. Et l'on trouvera de plus en plus de couffins dans la rue.
Malgré une envie légitime de connaître leur mère biologique, les enfants nés sous X exigeant la transparence doivent penser aux enfants qui viennent... Pour eux, le choix n'est pas : connaître ou ne pas connaître ses origines. Mais naître dans un hôpital ou être abandonné sur les marches d'une église.
Caroline Fourest
LE MONDE | 16.10.09 | 14h43
On a trouvé un couffin sur les marches d'une église. Une paroissienne a découvert un bébé emmailloté dans une bassine en plastique, déposée à l'abri du vent, dans un recoin du perron de la cathédrale d'Uzès. Il serait né un ou deux jours plus tôt, dans la clandestinité. Comme au temps où il n'existait ni hôpitaux publics ni procédure permettant d'accoucher de façon anonyme. Est-ce un hasard si cet abandon d'un autre âge intervient moins d'une semaine après qu'une décision de justice ait levé le secret dans une affaire d'accouchement sous X ?
Comme dans toute affaire de droit, cette décision mérite d'être replacée dans son contexte. En juin dernier, une femme de 23 ans donne naissance à une petite fille prématurée. Elle demande à accoucher sous X, mais présente l'enfant à sa mère avant de l'abandonner. Ses parents s'opposent à ce que leur petite-fille devienne pupille d'Etat et forment un recours. Le juge des référés d'Angers leur donne raison et les autorise à prouver leur ascendance en s'appuyant sur l'attitude contradictoire de leur fille : "Tout en sollicitant le secret de son admission et de son identité, elle a, en montrant le bébé à sa mère, établi un lien." On peut comprendre cette décision. Mais que fait-on de la mère et de sa volonté de ne pas reconnaître cet enfant ? Son choix - certes ambigu - est mis sous tutelle du lien biologique. Le respect de l'anonymat en sort fragilisé.
Ce cas particulier s'ajoute à toute une série de tentatives politiques rognant l'accouchement sous X au nom du droit à connaître ses origines. Une brèche a été ouverte en 2002 par Ségolène Royal, alors ministre déléguée à la famille et à l'enfance. Sensible aux demandes des "nés sous X", elle a mis en place un Conseil national pour l'accès aux origines personnelles (CNAOP), chargé de recueillir et éventuellement d'enquêter sur l'identité des mères lorsque le dossier contient des éléments permettant de le faire. Ce qui est rare. Plus de 60 % des femmes accouchant sous X ne souhaitent pas laisser leur nom, même dans un dossier tenu secret par l'administration. Ce recours ne concerne pour l'instant que 1 % à 2 % des accouchements sous X. Il est encadré. On demande à la mère son avis avant de lever le secret et de la mettre en contact avec l'enfant ayant fait cette demande. Et pourtant, cette procédure inquiète les femmes qui envisagent d'accoucher dans l'anonymat. Elles redoutent que la loi ne finisse par changer, que l'on remonte un jour à elles, de gré ou de force.
Le silence des mères anonymes
Les politiques ne font rien pour les rassurer. En 2006, la députée Valérie Pécresse souhaite remplacer l'accouchement sous X par "un accouchement dans la discrétion", où la femme serait obligée de décliner son identité. L'enfant ayant le droit de connaître ce nom à ses 18 ans. L'Académie de médecine s'est prononcée contre, mais la pression politique continue. Nadine Morano envisage à son tour d'assouplir les règles de l'accouchement sous X en vue de permettre l'identification des mères biologiques a posteriori.
Il faut bien mesurer l'impact qu'aurait cette évolution. A force d'écouter la parole des "nés sous X", on finit par ne plus entendre le silence des mères anonymes... Très jeunes, voire mineures, parfois en déni de grossesse, trop avancée pour avorter, ces femmes sont effrayées à l'idée que leur entourage puisse apprendre cette naissance. Au moindre doute sur l'inviolabilité de leur anonymat, elles fuiront les hôpitaux pour accoucher dans la clandestinité, dans des conditions sanitaires aléatoires, tant pour la mère que pour l'enfant. Le traumatisme sera décuplé. Et l'on trouvera de plus en plus de couffins dans la rue.
Malgré une envie légitime de connaître leur mère biologique, les enfants nés sous X exigeant la transparence doivent penser aux enfants qui viennent... Pour eux, le choix n'est pas : connaître ou ne pas connaître ses origines. Mais naître dans un hôpital ou être abandonné sur les marches d'une église.
Caroline Fourest
17 octobre
«Les droits des femmes sont toujours mis en cause»
Des milliers de personnes, en majorité des femmes, ont manifesté samedi à Paris pour réclamer une «réelle égalité femmes-hommes» et le droit à l'avortement, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche.
Des milliers de personnes, en majorité des femmes, ont manifesté samedi à Paris pour réclamer une «réelle égalité femmes-hommes», à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche.
Réuni derrière la bannière «Ensemble pour une réelle égalité», le cortège était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
«La liberté de décider, on s'est battues pour l'avoir, on se battra pour la garder», chantaient ses membres arborant des ballons roses et des pancartes colorées en forme de losange reprenant les six thèmes de la journée: autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et liberté.
«Plus de 80% des pauvres sont des femmes»
Comme beaucoup de manifestantes interrogées par l'AFP, cette militante s'inquiète du droit d'accès à l'avortement du fait de la fermeture de certaines structures le pratiquant. «Trois centres ont été fermés cette année en région parisienne, dont le dernier il y a quelques jours à l'hôpital Tenon à Paris (XXe)», déplore Maya Surduts. (Lire l'interview)
Selon Mina Delleda de Femmes solidaires, «il faut être extrêmement vigilant pour ne pas revenir en arrière, notamment au niveau des plannings familiaux qui font un gros travail sur l'accès à la contraception, à l'avortement et dont le financement a été menacé».
Un peu plus loin, une banderole violette affiche «Collectif 44 Vigilance féministe» avec une délégation venue de Nantes. «Les femmes sont en première ligne d'une grave crise qui est synonyme pour elles de retour en arrière: plus de 80% des pauvres sont des femmes», souligne Michèle Frangeul, présidente du centre Simone de Beauvoir à Nantes.
Des politiques présents dans le cortège
«Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause», a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry.
Marie-George Buffet (PCF) a mis l'accent sur la fermeture récente de plusieurs centres IVG, qui fait reculer les acquis des femmes, et a critiqué «l'aggravation» des différentiels de salaires à poste égal.
Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est pour sa part inquiétée de la situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des milliers de personnes samedi: «Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne», a-t-elle dit.
Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a estimé quant à lui que «parmi les discriminations dont sont victimes les femmes, ce qui se passe au travail est particulièrement important», a -t-il dit, en évoquant 25 à 30% d'écart de rémunération pour les mêmes postes, «le temps partiel subi, les contrats à durée déterminée, bref les petits boulots».
«C'est aussi la discrimination par rapport à la retraite et vous savez qu'une réflexion gouvernementale à propos de la majoration dont bénéficient les femmes (salariées, NDLR) est encore en suspens. De notre point de vue, ce dossier n'est pas totalement bouclé», a déclaré le responsable de la CGT.
(Source AFP)
A Paris, des milliers de personnes pour défendre les droits des femmes
LEMONDE.FR avec AFP | 17.10.09 | 17h48 • Mis à jour le 17.10.09 | 19h35
Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris pour réclamer une "réelle égalité femmes-hommes", notamment sur les salaires et les retraites, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche.
En Ile-de-France, cette manifestation s'inscrit dans un contexte de vigilance en ce qui concerne le droit à l'avortement. Depuis le mois de mai 2009, les centres IVG ferment les uns après les autres, avertissaient cette semaine dans Le Monde plusieurs féministes. (Lire la tribune : "Non, ma fille, tu n'iras plus avorter à l'hôpital public !"). "Trois centres ont été fermés cette année en région parisienne, dont le dernier il y a quelques jours à l'hôpital Tenon à Paris (XXe)", déplore la féministe Maya Surduts appelant à "stopper ce mouvement de régression".
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Mina Delleda, de l'association Femmes solidaires, s'est inquiété de la menace d'un "retour en arrière", "notamment au niveau des plannings familiaux qui font un gros travail sur l'accès à la contraception, à l'avortement et dont le financement a été menacé".
Dans la manifestation, Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est fait l'écho des inquiétudes surl a situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des centaines de milliers de personnes samedi : "Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne", a-t-elle dit.
LA CRISE PÈSE SUR LE COMBAT POUR L'ÉGALITÉ
Réuni derrière la bannière "Ensemble pour une réelle égalité", le cortège était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
"Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause", a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry.
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a estimé que "parmi les discriminations dont sont victimes les femmes, ce qui se passe au travail est particulièrement important", évoquant 25 à 30% d'écart de rémunération pour les mêmes postes, "le temps partiel subi, les contrats à durée déterminée, bref les petits boulots".
Manifestation pour l'égalité hommes-femmes à Paris
Lefigaro.fr(avec AFP)
17/10/2009
Plusieurs associations féministes, syndicats et partis de gauche ont manifesté pour défendre l'égalité en matière de salaire, et le droit à l'avortement alors que plusieurs centres IVG ont fermé.
Malgré la pluie, il étaient plusieurs milliers de personnes, en majorité des femmes, à manifester samedi à Paris pour réclamer «une réelle égalité hommes-femmes», notamment dans le milieu du travail, et pour défendre le droit à l'avortement. 15.000 personnes ont défilé dans les rues, selon les organisateurs, 2.600 selon la police, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche. Des pancartes colorées reprenaient les six revendications de la manifestation: autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et liberté.
Réuni derrière la bannière «Ensemble pour une réelle égalité», le cortège était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
Une manifestation qui s'incrit dans un contexte de fermeture de plusieurs centres d'IVG. «Trois centres ont été fermés cette année en région parisienne, dont le dernier il y a quelques jours à l'hôpital Tenon à Paris (XXe)», a déploré la militante féministe Maya Surduts, appelant à «stopper ce mouvement de régression».
La crise accentue les inégalités
Autre revendication mise en avant, l'égalité hommes-femmes dans le milieu du travail. «Dans le monde professionnel notamment, le plafond de verre est toujours une réalité, même si des femmes y ont pris leur place», a estimé Maya Surduts, membre du CNDF. «Seuls 34% des cadres sont des femmes et en moyenne les salaires sont inférieurs de 26% à poste égal», a-t-elle déploré. «Parmi les discriminations dont sont victimes les femmes, ce qui se passe au travail est particulièrement important», a souligné également Bernard Thibault, en évoquant 25 à 30% d'écart de rémunération pour les mêmes postes.
Des inégalités accentuées par le contexte de crise. «La crise économique frappe tout le monde, mais les femmes en particulier, et nous assistons à une aggravation des inégalités», a insisté Maya Surduts. «Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause» a déclaré également Martine Aubry.
Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est pour sa part inquiétée de la situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des milliers de personnes samedi: «Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne».
LA NOUVELLE GÉNÉRATION FÉMINISTE MANIFESTE À PARIS
http://www.elle.fr/elle/Societe/News/La-nouvelle-generation-feministe-manifeste-a-Paris/(gid)/1016041
Elles étaient plusieurs centaines de femmes aujourd’hui, selon la police, plusieurs milliers selon les organisateurs, place de la Bastille à Paris. « Lapidation », « éducation », « retraite », « droit à l’IVG » « salaires »… Si les combats de ces femmes semblent multiples sur les banderoles, dans leurs esprits, la cause est la même pour toutes : la condition féminine et l'égalité hommes-femmes en France et dans le monde. Derrière la bannière « Pour une réelle égalité », féministes des années 70, jeune génération et personnalités politiques (Martine Aubry, Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot) se sont retrouvées à 14 heures sous une pluie fine pour une marche pour les droits des femmes.
« Les droits des femmes sont marqués par une régression, ces derniers temps, notamment en tant de crise. On pense que l’égalité hommes et femmes est acquise. Dans les faits, ce n’est pas la réalité » explique Hélène, 25 ans, de l’UNEF, le syndicat des étudiants. « Il y en a marre d’entendre parler de parité alors qu’elle n’est nulle part, ni dans les écoles, ni dans l’emploi en général, ni dans les retraites » martèle Corine, 41 ans, avant d’évoquer les « différentes attaques dont les mères sont victimes ces derniers temps avec la réforme des retraites ou le manque de moyens mis pour la garde des enfants ». Elle refuse les quotas et autre « parité positive » et dénonce la « ségrégation » dont sont victimes les femmes au travail. Selon elle, la condition féminine est « bafouée tous les jours ». Géraldine, 39 ans, membre de l’association « Femmes solidaires » se bat pour « l’autonomie des femmes ». Entourée d’une quinzaine de militantes venues d’Amiens, elle rappelle qu’ « une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son compagnon ». Elle lutte pour l’égalité des salaires entre hommes et femmes et la fin des temps partiels imposés aux mères, afin de « leur permettre de partir de leur couple quand elles sont battues ».
Le mouvement « Osez le féminisme ! » rassemble de nombreux militants. (voir l’interview de Caroline De Haas). Créé en réaction à la suppression des crédits alloués au Planning familial, ce mouvement mixte a pour objectif la « création d’un ministère spécialisé dans l’égalité homme-femmes, l’adoption de la loi cadre contre les violences faites aux femmes et des sanctions pour les entreprises ne respectant pas la parité ». Carole et Aude, 23 ans, étaient là dès les balbutiements en janvier dernier lors de rencontres dans les centres du Planning familial. Aujourd’hui, les deux jeunes femmes « se mobilisent pour les droits des femmes, remis en cause chaque jour et contre les inégalités hommes-femmes ».
Cette manifestation s’inscrit dans une actualité morose. Trois centres pratiquant l’interruption volontaire de grossesse ont fermé à Paris. Une question se pose : les centres IVG vont-ils fermer les uns après les autres ? L’inquiétude se faisait sentir cet après-midi, place de la Bastille. Mais, à en croire ces centaines de femmes venues de toute la France, le combat n'est pas terminé. J.DLR.
17/10/2009
La manifestation féministe n'a pas fait le plein
http://www.leparisien.fr/societe/la-manifestation-feministe-n-a-pas-fait-le-plein-17-10-2009-678493.php
L'idée est juste : rappeler aux hommes que les femmes sont leurs égales. Pourtant, à Paris, sous de grosses gouttes de pluie froide, elles n'étaient pas plus de 5000 à répondre à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche pour défendre leurs droits. Est-ce parce que la cause est sans fin ? Ou plutôt parce que le samedi, les femmes qui ne travaillent pas partagent leur temps entre leurs enfants et les tâches ménagères, dont elles réalisent encore 80% toutes seules ?.
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Réuni derrière la bannière «Ensemble pour une réelle égalité», le cortège d'hommes et de femmes était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
Des milliers d'anti-avortement dans les rues en Espagne
Les revendications du jour étaient bâties autour de six thèmes: autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et libertés. Sur certains panneaux, on pouvait lire «merci maman, merci grand-mère, merci grand-père, vous avez refusé le voile et le corset»!
«Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause», a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry.
Marie-George Buffet (PCF) a critiqué «l'aggravation» des différentiels de salaires à poste égal. Elle a aussi mis l'accent sur la fermeture récente de plusieurs centres IVG, qui fait reculer les acquis des femmes.
Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est pour sa part inquiétée de la situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des milliers de personnes samedi: «Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne», a-t-elle déploré.
Des milliers de personnes, en majorité des femmes, ont manifesté samedi à Paris pour réclamer une «réelle égalité femmes-hommes» et le droit à l'avortement, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche.
Des milliers de personnes, en majorité des femmes, ont manifesté samedi à Paris pour réclamer une «réelle égalité femmes-hommes», à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche.
Réuni derrière la bannière «Ensemble pour une réelle égalité», le cortège était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
«La liberté de décider, on s'est battues pour l'avoir, on se battra pour la garder», chantaient ses membres arborant des ballons roses et des pancartes colorées en forme de losange reprenant les six thèmes de la journée: autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et liberté.
«Plus de 80% des pauvres sont des femmes»
Comme beaucoup de manifestantes interrogées par l'AFP, cette militante s'inquiète du droit d'accès à l'avortement du fait de la fermeture de certaines structures le pratiquant. «Trois centres ont été fermés cette année en région parisienne, dont le dernier il y a quelques jours à l'hôpital Tenon à Paris (XXe)», déplore Maya Surduts. (Lire l'interview)
Selon Mina Delleda de Femmes solidaires, «il faut être extrêmement vigilant pour ne pas revenir en arrière, notamment au niveau des plannings familiaux qui font un gros travail sur l'accès à la contraception, à l'avortement et dont le financement a été menacé».
Un peu plus loin, une banderole violette affiche «Collectif 44 Vigilance féministe» avec une délégation venue de Nantes. «Les femmes sont en première ligne d'une grave crise qui est synonyme pour elles de retour en arrière: plus de 80% des pauvres sont des femmes», souligne Michèle Frangeul, présidente du centre Simone de Beauvoir à Nantes.
Des politiques présents dans le cortège
«Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause», a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry.
Marie-George Buffet (PCF) a mis l'accent sur la fermeture récente de plusieurs centres IVG, qui fait reculer les acquis des femmes, et a critiqué «l'aggravation» des différentiels de salaires à poste égal.
Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est pour sa part inquiétée de la situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des milliers de personnes samedi: «Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne», a-t-elle dit.
Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a estimé quant à lui que «parmi les discriminations dont sont victimes les femmes, ce qui se passe au travail est particulièrement important», a -t-il dit, en évoquant 25 à 30% d'écart de rémunération pour les mêmes postes, «le temps partiel subi, les contrats à durée déterminée, bref les petits boulots».
«C'est aussi la discrimination par rapport à la retraite et vous savez qu'une réflexion gouvernementale à propos de la majoration dont bénéficient les femmes (salariées, NDLR) est encore en suspens. De notre point de vue, ce dossier n'est pas totalement bouclé», a déclaré le responsable de la CGT.
(Source AFP)
A Paris, des milliers de personnes pour défendre les droits des femmes
LEMONDE.FR avec AFP | 17.10.09 | 17h48 • Mis à jour le 17.10.09 | 19h35
Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris pour réclamer une "réelle égalité femmes-hommes", notamment sur les salaires et les retraites, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche.
En Ile-de-France, cette manifestation s'inscrit dans un contexte de vigilance en ce qui concerne le droit à l'avortement. Depuis le mois de mai 2009, les centres IVG ferment les uns après les autres, avertissaient cette semaine dans Le Monde plusieurs féministes. (Lire la tribune : "Non, ma fille, tu n'iras plus avorter à l'hôpital public !"). "Trois centres ont été fermés cette année en région parisienne, dont le dernier il y a quelques jours à l'hôpital Tenon à Paris (XXe)", déplore la féministe Maya Surduts appelant à "stopper ce mouvement de régression".
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Mina Delleda, de l'association Femmes solidaires, s'est inquiété de la menace d'un "retour en arrière", "notamment au niveau des plannings familiaux qui font un gros travail sur l'accès à la contraception, à l'avortement et dont le financement a été menacé".
Dans la manifestation, Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est fait l'écho des inquiétudes surl a situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des centaines de milliers de personnes samedi : "Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne", a-t-elle dit.
LA CRISE PÈSE SUR LE COMBAT POUR L'ÉGALITÉ
Réuni derrière la bannière "Ensemble pour une réelle égalité", le cortège était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
"Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause", a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry.
Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a estimé que "parmi les discriminations dont sont victimes les femmes, ce qui se passe au travail est particulièrement important", évoquant 25 à 30% d'écart de rémunération pour les mêmes postes, "le temps partiel subi, les contrats à durée déterminée, bref les petits boulots".
Manifestation pour l'égalité hommes-femmes à Paris
Lefigaro.fr(avec AFP)
17/10/2009
Plusieurs associations féministes, syndicats et partis de gauche ont manifesté pour défendre l'égalité en matière de salaire, et le droit à l'avortement alors que plusieurs centres IVG ont fermé.
Malgré la pluie, il étaient plusieurs milliers de personnes, en majorité des femmes, à manifester samedi à Paris pour réclamer «une réelle égalité hommes-femmes», notamment dans le milieu du travail, et pour défendre le droit à l'avortement. 15.000 personnes ont défilé dans les rues, selon les organisateurs, 2.600 selon la police, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche. Des pancartes colorées reprenaient les six revendications de la manifestation: autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et liberté.
Réuni derrière la bannière «Ensemble pour une réelle égalité», le cortège était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
Une manifestation qui s'incrit dans un contexte de fermeture de plusieurs centres d'IVG. «Trois centres ont été fermés cette année en région parisienne, dont le dernier il y a quelques jours à l'hôpital Tenon à Paris (XXe)», a déploré la militante féministe Maya Surduts, appelant à «stopper ce mouvement de régression».
La crise accentue les inégalités
Autre revendication mise en avant, l'égalité hommes-femmes dans le milieu du travail. «Dans le monde professionnel notamment, le plafond de verre est toujours une réalité, même si des femmes y ont pris leur place», a estimé Maya Surduts, membre du CNDF. «Seuls 34% des cadres sont des femmes et en moyenne les salaires sont inférieurs de 26% à poste égal», a-t-elle déploré. «Parmi les discriminations dont sont victimes les femmes, ce qui se passe au travail est particulièrement important», a souligné également Bernard Thibault, en évoquant 25 à 30% d'écart de rémunération pour les mêmes postes.
Des inégalités accentuées par le contexte de crise. «La crise économique frappe tout le monde, mais les femmes en particulier, et nous assistons à une aggravation des inégalités», a insisté Maya Surduts. «Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause» a déclaré également Martine Aubry.
Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est pour sa part inquiétée de la situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des milliers de personnes samedi: «Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne».
LA NOUVELLE GÉNÉRATION FÉMINISTE MANIFESTE À PARIS
http://www.elle.fr/elle/Societe/News/La-nouvelle-generation-feministe-manifeste-a-Paris/(gid)/1016041
Elles étaient plusieurs centaines de femmes aujourd’hui, selon la police, plusieurs milliers selon les organisateurs, place de la Bastille à Paris. « Lapidation », « éducation », « retraite », « droit à l’IVG » « salaires »… Si les combats de ces femmes semblent multiples sur les banderoles, dans leurs esprits, la cause est la même pour toutes : la condition féminine et l'égalité hommes-femmes en France et dans le monde. Derrière la bannière « Pour une réelle égalité », féministes des années 70, jeune génération et personnalités politiques (Martine Aubry, Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot) se sont retrouvées à 14 heures sous une pluie fine pour une marche pour les droits des femmes.
« Les droits des femmes sont marqués par une régression, ces derniers temps, notamment en tant de crise. On pense que l’égalité hommes et femmes est acquise. Dans les faits, ce n’est pas la réalité » explique Hélène, 25 ans, de l’UNEF, le syndicat des étudiants. « Il y en a marre d’entendre parler de parité alors qu’elle n’est nulle part, ni dans les écoles, ni dans l’emploi en général, ni dans les retraites » martèle Corine, 41 ans, avant d’évoquer les « différentes attaques dont les mères sont victimes ces derniers temps avec la réforme des retraites ou le manque de moyens mis pour la garde des enfants ». Elle refuse les quotas et autre « parité positive » et dénonce la « ségrégation » dont sont victimes les femmes au travail. Selon elle, la condition féminine est « bafouée tous les jours ». Géraldine, 39 ans, membre de l’association « Femmes solidaires » se bat pour « l’autonomie des femmes ». Entourée d’une quinzaine de militantes venues d’Amiens, elle rappelle qu’ « une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son compagnon ». Elle lutte pour l’égalité des salaires entre hommes et femmes et la fin des temps partiels imposés aux mères, afin de « leur permettre de partir de leur couple quand elles sont battues ».
Le mouvement « Osez le féminisme ! » rassemble de nombreux militants. (voir l’interview de Caroline De Haas). Créé en réaction à la suppression des crédits alloués au Planning familial, ce mouvement mixte a pour objectif la « création d’un ministère spécialisé dans l’égalité homme-femmes, l’adoption de la loi cadre contre les violences faites aux femmes et des sanctions pour les entreprises ne respectant pas la parité ». Carole et Aude, 23 ans, étaient là dès les balbutiements en janvier dernier lors de rencontres dans les centres du Planning familial. Aujourd’hui, les deux jeunes femmes « se mobilisent pour les droits des femmes, remis en cause chaque jour et contre les inégalités hommes-femmes ».
Cette manifestation s’inscrit dans une actualité morose. Trois centres pratiquant l’interruption volontaire de grossesse ont fermé à Paris. Une question se pose : les centres IVG vont-ils fermer les uns après les autres ? L’inquiétude se faisait sentir cet après-midi, place de la Bastille. Mais, à en croire ces centaines de femmes venues de toute la France, le combat n'est pas terminé. J.DLR.
17/10/2009
La manifestation féministe n'a pas fait le plein
http://www.leparisien.fr/societe/la-manifestation-feministe-n-a-pas-fait-le-plein-17-10-2009-678493.php
L'idée est juste : rappeler aux hommes que les femmes sont leurs égales. Pourtant, à Paris, sous de grosses gouttes de pluie froide, elles n'étaient pas plus de 5000 à répondre à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche pour défendre leurs droits. Est-ce parce que la cause est sans fin ? Ou plutôt parce que le samedi, les femmes qui ne travaillent pas partagent leur temps entre leurs enfants et les tâches ménagères, dont elles réalisent encore 80% toutes seules ?.
..
Réuni derrière la bannière «Ensemble pour une réelle égalité», le cortège d'hommes et de femmes était mené par les féministes du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) et de l'association Femmes solidaires, suivies de plusieurs responsables politiques nationaux, de Martine Aubry (PS) à Marie-George Buffet (PCF) en passant par Jean-Luc Mélenchon (parti de gauche) ou Olivier Besancenot (NPA), et des syndicalistes comme Bernard Thibault (CGT) ou Gérard Aschieri (FSU).
Des milliers d'anti-avortement dans les rues en Espagne
Les revendications du jour étaient bâties autour de six thèmes: autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et libertés. Sur certains panneaux, on pouvait lire «merci maman, merci grand-mère, merci grand-père, vous avez refusé le voile et le corset»!
«Les droits des femmes sont toujours mis en cause, dans une société de crise comme la nôtre ce sont souvent les femmes qui sont les premières licenciées, les premières précarisées et nous savons que leurs droits propres comme le droit à disposer de leur propre corps sont toujours remis en cause», a déclaré la première secrétaire du PS Martine Aubry.
Marie-George Buffet (PCF) a critiqué «l'aggravation» des différentiels de salaires à poste égal. Elle a aussi mis l'accent sur la fermeture récente de plusieurs centres IVG, qui fait reculer les acquis des femmes.
Anne Hidalgo, adjointe PS du maire de Paris, s'est pour sa part inquiétée de la situation en Espagne, où une manifestation anti-avortement a réuni des milliers de personnes samedi: «Il y a encore des forces qui essaient de revenir sur ce qui pour nous est acquis, même dans un pays progressiste comme l'Espagne», a-t-elle déploré.
samedi 17 octobre 2009
A peine 30 ans, déjà féministes
A peine 30 ans, déjà féministes
Egalité. Les jeunes pousses du mouvement militant manifesteront demain aux côtés de leurs aînées. Avec punch et garçons.
http://www.liberation.fr/vous/0101597365-a-peine-30-ans-deja-feministes
Par CHARLOTTE ROTMAN
Elles se veulent «sexy, punchy» ; disent : «On kiffe et on est radicales.» Elles ont l’air de s’éclater. Elles ont la trentaine - ou moins - et se revendiquent «féministes».
Elles se sont rencontrées il y a quelques mois, au moment où les subventions du Planning familial étaient menacées par des coupes budgétaires. Elles étaient plusieurs, «jeunes, motivées, dynamiques». Et en colère. «Mais on n’est pas la génération revancharde.» Leur tout nouveau mouvement s’intitule «Osez le féminisme !» «C’était pour montrer que le mot n’est pas sale, qu’une féministe n’est pas la caricature qu’on en fait», explique… Patrick.
Car le mouvement est mixte. Pour Caroline De Haas, Julie Muret et Linda Ramoul (lire ci contre), piliers du réseau («progressiste, laïc et universaliste»), c’est une évidence. «Pour nous, c’est hommes et femmes ensemble», complète Julie. «La dernière fois que j’ai distribué nos tracts, on m’a dit : "Ah, enfin des féministes qui n’attaquent pas les mecs."»
Vocabulaire. Au début, c’était un «truc de copines», elles avaient pensé à d’autres noms de baptême : «les clitoféministes», ou «les hystéroféministes». Elles en sourient. Essayent de se moquer des clichés qui visent les militantes féministes, notamment celles qu’elles appellent avec un certain respect «les anciennes». Elles partagent les inquiétudes et les revendications des militantes historiques mais pas forcément le vocabulaire : «Le mot de "patriarcat" me hérissait, au début»,se souvient Julie. Ces nouvelles militantes ne se placent pas en concurrence avec les autres, au contraire. Et demain après-midi, elles se retrouveront ensemble dans la rue pour une manifestation nationale pour les droits des femmes qui partira à 14 h 30 de la place de la Bastille, à Paris (1). En revanche, elles utilisent beaucoup plus facilement les «armes» modernes qu’offre Internet : pour elles, Facebook ou Twitter sont évidemment «des outils».
Il y a un effet de génération. Autour d’elles, les jeunes gens qui les entourent - y compris les filles - ont l’impression que toutes les batailles ont été gagnées. Que le féminisme, ce truc ringard, n’a aujourd’hui plus de raison d’être. «Si elles n’ont jamais eu de galère pour tenter une IVG, elles considèrent que c’est un droit acquis, constate Linda. Ou alors, elles trouvent toujours des justifications du type "c’est moi qui prends le congé parental, parce que mon mari gagne plus". Mais pourquoi est ce qu’il gagne plus ?»
Epanouissement. Elles ne «lâchent jamais l’affaire» et essayent de faire «changer les autres de lunettes». Elles publient un journal sur le Web, avec une chronique du sexisme ordinaire ou une rubrique idées reçues («La parité a mis des incompétentes au pouvoir», «les féministes sont des hystériques, mal baisées»…). Elles réfléchissent à cette société où la «maternité est redevenue l’unique voie d’épanouissement» et où celles qui n’ont pas de bébés sont vues comme «frustrées, lesbiennes ou mal dans leur corps». Elles appuient là où cela fait mal : les inégalités salariales, les violences ; sans oublier de réclamer des places en crèche ou d’implorer les femmes de «résister au réflexe de la chaussette sale». Enfin, elles poussent la propagande jusqu’à prétendre que les filles féministes sont «mieux au lit».
(1) A l’appel du Collectif pour les droits des femmes et de Femmes solidaires.
«Je suis calme, mais je ne lâche rien»
TEMOIGNAGES
Filles ou garçons, portraits d’une nouvelle génération.
Par CHARLOTTE ROTMAN
Ils ont la trentaine. Ce sont des militants nouvelle génération. Filles et garçons. A la veille d’une manifestation nationale, ils expliquent pourquoi et comment ils sont féministes.
Julie, 31 ans, documentaliste«Gros machos et les blagues salaces»
«Je n’aime pas qu’on dise "nana". Je préfère "femme", c’est une question de crédibilité. Je passe souvent pour la féministe de service. Mes copains me charrient : "Attention, c’est une féministe, elle va partir au quart de tour…" Ma sœur, qui a 35 ans, hésite à se dire féministe, elle trouve que c’est apparaître comme une victime. Moi je revendique cette appellation. Mon objectif, c’est de faire arriver les autres à une prise de conscience. Cela passe par beaucoup de discussions, c’est mon premier acte militant.
«Nous sommes d’une famille athée d’universitaires où il n’y a pas particulièrement eu de transmission sur l’histoire du féminisme. Mais je me sens dans la lignée des militantes des générations précédentes. J’ai commencé à travailler comme documentaliste dans différentes entreprises. J’ai vu des femmes placardisées à leur retour de congé maternité. Moi-même, on m’a posé la question : "Quand comptez-vous faire un enfant ?" J’avais 24 ans. Le climat, c’était gros machos et blagues salaces. Quand une place de documentaliste s’est libérée au Planning familial, j’ai sauté dessus.»
Patrick, 32 ans, archiviste «Une vigilance de chaque instant sur tout»
«J’ai l’impression d’avoir toujours été féministe, c’est-à-dire pour l’égalité hommes-femmes. Ma famille n’était pas particulièrement libérale, disons que le partage des tâches y était traditionnel. Je suis membre de Léo Lagrange [un réseau d’éducation populaire, ndlr] et du Parti socialiste, c’est par ce biais que j’ai rencontré certaines des initiatrices d’Osez le féminisme !, que j’ai rejoint. Au début, ce n’était donc pas forcément une question de génération mais plutôt d’amitiés et de pérégrinations militantes.
«Je suis persuadé qu’il y a une vraie bataille culturelle à mener sur les représentations. Je vis en banlieue, j’ai été directeur d’une maison de quartier, je sais qu’il faut sans arrêt faire attention à la mixité. Pour que des garçons fassent de la danse, par exemple, comme dans Billy Elliot.
J’ai une vigilance de chaque instant, sur tout : l’accès aux soins, les processus de décision, le sexisme dans la pub… Tout, tout le temps, y compris dans ma vie privée ou quand je me projette dans la paternité. C’est une activité permanente.
«En réunion, par exemple, je note systématiquement le nombre de garçons et le nombre de filles présents, et les interventions de chacun. C’est un truc que m’a soufflé ma petite amie. On sait bien que les garçons prennent plus la parole que les filles, même quand ces dernières sont plus nombreuses. Parfois, quand c’est criant, cela peut être utile d’en faire état à la fin de la réunion. Même chose quand je suis avec des copains. S’ils tiennent des propos sexistes, je relève ce qui est blessant. Quitte à passer pour le lourdingue.»
Caroline, 29 ans, salariée dans le tourisme «Pour ne pas être caricaturée, je donne des chiffres»
«Je suis l’aînée d’une famille de huit enfants, j’ai vite appris l’autonomie. J’ai une colère en moi, un sentiment d’injustice. Je suis persuadée que le féminisme est aussi un combat pour transformer la société dans son ensemble. Je suis engagée depuis plusieurs années dans des organisations de jeunesse. Secrétaire générale de l’Unef jusqu’à récemment, j’attendais avec impatience de pouvoir me consacrer à 100 % au féminisme.
«Pour me faire entendre, et ne pas passer pour la "miss féminisme" avec le sous-titre "hystérique", j’ai mis au point une stratégie : je gère mon comportement. Pour ne pas être caricaturée, je donne des chiffres, je contrôle mes émotions, j’essaye de ne pas mettre mes tripes sur la table. Je suis calme, mais je ne lâche rien.
«Il y a des résistances, évidemment, y compris dans ma vie privée. Je pars à 7 heures, je rentre à 23 heures, j’ai un boulot plus prenant que mon copain. Les rôles sont inversés et j’assume 30 à 40 % des tâches ménagères. Mais pour en arriver là, on s’est fait violence.»
Linda, 26 ans, juriste «Ah oui ? Tu gagnes mieux que ton mari ?»
«J’ai d’abord eu un engagement politique, au MJS [Mouvement des jeunes socialistes, ndlr]. Le féminisme ? J’avais étudié la question à des ateliers ou des camps d’été. J’ai commencé à me mobiliser au moment des difficultés du Planning familial. Cet engagement est la continuité de mon action politique. Pour moi, la priorité est d’assurer une autonomie aux femmes ; offrir la possibilité de choisir sans contrainte sa formation - pas forcément dans les filières féminines - et de rendre possible son émancipation.
«Je suis d’une famille algérienne de confession musulmane, j’ai d’abord fini mes études et trouvé un emploi avant de militer activement. C’était la priorité. A la maison, je faisais plus de tâches ménagères que mes frères - aujourd’hui, d’ailleurs, je n’aime pas faire la cuisine. On n’a pas eu le droit de sortir au même âge, c’était soit disant pour me "protéger". «Mais j’ai trouvé le mouvement Ni putes ni soumises un peu agressif et violent ; c’est bien d’être révoltée, mais il faut rester constructive.
«Pour moi, le féminisme, c’est l’égalité des droits. Mais quand j’en parle autour de moi, au travail par exemple, mes collègues filles me disent que ça y est, on l’a, l’égalité… "Ah oui ? Tu gagnes mieux que ton mari ? Qui fait les courses ? Qui va chercher l’enfant à la crèche ?"»
Allez, les filles !
Par Richard De Vendeuil, publié le 15/10/2009 17:24 - mis à jour le 16/10/2009 09:57
Comment faire sauter le fameux "plafond de verre"? A l'heure où resurgit le débat sur l'égalité professionnelle, les coachs pour femmes se multiplient.
"C'est nul!" Lorsque, à la fin de l'exercice, elle a découvert qu'elle n'avait aucune chance de décrocher une promotion sur ses seuls talents d'assistante commerciale, Françoise a explosé. Elle serait donc toujours victime des machos de service qui verrouillent les progressions et imposent ce plafond de verre qui stoppe les femmes dans leur élan?
Pour cesser de subir, et trouver la niaque qui ferait sortir sa carrière de l'ornière, Françoise, 36 ans, s'est mise au coaching "pour femmes". Le mot est à la mode, sa déclinaison féminine aussi. Du club de gym "girls only" au consultant en déco, on trouve désormais sur le marché toutes sortes de conseillers spécialisés auprès du sexe faible. Mais c'est dans le monde du travail que le phénomène est le plus marquant. Importées des pays anglo-saxons et impulsées par les réseaux de femmes mobilisés sur le dossier de l'égalité professionnelle, les formations pour cadres, créatrices d'entreprise ou assistantes se sont multipliées. Plus effacées que leurs congénères masculins, les filles ont grand besoin d'être cornaquées, arguent les coachs, fréquemment issus du milieu des ressources humaines. "Les femmes qui suivent nos séminaires ont du mal à afficher leurs ambitions", explique Chine Lanzmann, ancienne journaliste, fondatrice de l'agence Woman Impact. Afin de prendre confiance en elles, de rester calmes face aux critiques, ses clientes déboursent jusqu'à 6 000 euros -si l'entreprise ne peut pas prendre en charge une partie de la note, le tarif est négociable- pour quarante-huit heures de cours.
Automne au féminin
Il s'en passe, des choses, en ce début d'automne, du côté de la cause féminine. Le 17 octobre, une manifestation nationale pour les droits des femmes rassemblera à Paris tout ce que le monde militant compte d'associations et de figures influentes, avec de nouvelles arrivées, telles les jeunes "soldates" -25 ans de moyenne d'âge- d'Osez le féminisme (OLF, sigle clin d'oeil à leurs illustres aînées). Ce grand rassemblement sera le point d'orgue d'une semaine rythmé par trois colloques d'envergure sur le sujet au Sénat, à l'Assemblée nationale et à la mairie de Paris. Au début de novembre, les partenaires sociaux et le ministre du Travail discuteront du rapport sur l'égalité professionnelle de Brigitte Grésy, prônant des quotas de femmes dans les grandes entreprises. Pendant ce temps-là, les réseaux féminins aux noms de pédégères prestigieuses s'activent. Le club HRM Women a envoyé une lettre au ministre Xavier Darcos pour se faire entendre.
Claire Chartier
"Au début des sessions, elles sont beaucoup dans la récrimination, observe Axèle Lofficial, animatrice de Tremplin pour les femmes, un programme de conception anglo-saxonne présent dans 17 pays, dont... l'Arabie saoudite. Elles attendent la "bonne note" que justifient leurs compétences, et c'est l'électrochoc: les questions du coach les font prendre conscience qu'elles doivent se rendre plus visibles." Pas facile, car les femmes, reines de l'autocensure, ont du mal à se faire mousser, voire "à reconnaître leur propre valeur", ajoute la Franco-Britannique Corinne Devery, initiatrice en France des ateliers Tremplin pour les femmes. Grâce au coaching, Isabelle, une ex-HEC de 32 ans virée alors qu'elle accumulait les résultats positifs -et les journées de quatorze heures- assure avoir "rééquilibré" sa vie. Sa grande victoire? "Ne plus voir le grand méchant loup derrière chaque porte."
Egalité. Les jeunes pousses du mouvement militant manifesteront demain aux côtés de leurs aînées. Avec punch et garçons.
http://www.liberation.fr/vous/0101597365-a-peine-30-ans-deja-feministes
Par CHARLOTTE ROTMAN
Elles se veulent «sexy, punchy» ; disent : «On kiffe et on est radicales.» Elles ont l’air de s’éclater. Elles ont la trentaine - ou moins - et se revendiquent «féministes».
Elles se sont rencontrées il y a quelques mois, au moment où les subventions du Planning familial étaient menacées par des coupes budgétaires. Elles étaient plusieurs, «jeunes, motivées, dynamiques». Et en colère. «Mais on n’est pas la génération revancharde.» Leur tout nouveau mouvement s’intitule «Osez le féminisme !» «C’était pour montrer que le mot n’est pas sale, qu’une féministe n’est pas la caricature qu’on en fait», explique… Patrick.
Car le mouvement est mixte. Pour Caroline De Haas, Julie Muret et Linda Ramoul (lire ci contre), piliers du réseau («progressiste, laïc et universaliste»), c’est une évidence. «Pour nous, c’est hommes et femmes ensemble», complète Julie. «La dernière fois que j’ai distribué nos tracts, on m’a dit : "Ah, enfin des féministes qui n’attaquent pas les mecs."»
Vocabulaire. Au début, c’était un «truc de copines», elles avaient pensé à d’autres noms de baptême : «les clitoféministes», ou «les hystéroféministes». Elles en sourient. Essayent de se moquer des clichés qui visent les militantes féministes, notamment celles qu’elles appellent avec un certain respect «les anciennes». Elles partagent les inquiétudes et les revendications des militantes historiques mais pas forcément le vocabulaire : «Le mot de "patriarcat" me hérissait, au début»,se souvient Julie. Ces nouvelles militantes ne se placent pas en concurrence avec les autres, au contraire. Et demain après-midi, elles se retrouveront ensemble dans la rue pour une manifestation nationale pour les droits des femmes qui partira à 14 h 30 de la place de la Bastille, à Paris (1). En revanche, elles utilisent beaucoup plus facilement les «armes» modernes qu’offre Internet : pour elles, Facebook ou Twitter sont évidemment «des outils».
Il y a un effet de génération. Autour d’elles, les jeunes gens qui les entourent - y compris les filles - ont l’impression que toutes les batailles ont été gagnées. Que le féminisme, ce truc ringard, n’a aujourd’hui plus de raison d’être. «Si elles n’ont jamais eu de galère pour tenter une IVG, elles considèrent que c’est un droit acquis, constate Linda. Ou alors, elles trouvent toujours des justifications du type "c’est moi qui prends le congé parental, parce que mon mari gagne plus". Mais pourquoi est ce qu’il gagne plus ?»
Epanouissement. Elles ne «lâchent jamais l’affaire» et essayent de faire «changer les autres de lunettes». Elles publient un journal sur le Web, avec une chronique du sexisme ordinaire ou une rubrique idées reçues («La parité a mis des incompétentes au pouvoir», «les féministes sont des hystériques, mal baisées»…). Elles réfléchissent à cette société où la «maternité est redevenue l’unique voie d’épanouissement» et où celles qui n’ont pas de bébés sont vues comme «frustrées, lesbiennes ou mal dans leur corps». Elles appuient là où cela fait mal : les inégalités salariales, les violences ; sans oublier de réclamer des places en crèche ou d’implorer les femmes de «résister au réflexe de la chaussette sale». Enfin, elles poussent la propagande jusqu’à prétendre que les filles féministes sont «mieux au lit».
(1) A l’appel du Collectif pour les droits des femmes et de Femmes solidaires.
«Je suis calme, mais je ne lâche rien»
TEMOIGNAGES
Filles ou garçons, portraits d’une nouvelle génération.
Par CHARLOTTE ROTMAN
Ils ont la trentaine. Ce sont des militants nouvelle génération. Filles et garçons. A la veille d’une manifestation nationale, ils expliquent pourquoi et comment ils sont féministes.
Julie, 31 ans, documentaliste«Gros machos et les blagues salaces»
«Je n’aime pas qu’on dise "nana". Je préfère "femme", c’est une question de crédibilité. Je passe souvent pour la féministe de service. Mes copains me charrient : "Attention, c’est une féministe, elle va partir au quart de tour…" Ma sœur, qui a 35 ans, hésite à se dire féministe, elle trouve que c’est apparaître comme une victime. Moi je revendique cette appellation. Mon objectif, c’est de faire arriver les autres à une prise de conscience. Cela passe par beaucoup de discussions, c’est mon premier acte militant.
«Nous sommes d’une famille athée d’universitaires où il n’y a pas particulièrement eu de transmission sur l’histoire du féminisme. Mais je me sens dans la lignée des militantes des générations précédentes. J’ai commencé à travailler comme documentaliste dans différentes entreprises. J’ai vu des femmes placardisées à leur retour de congé maternité. Moi-même, on m’a posé la question : "Quand comptez-vous faire un enfant ?" J’avais 24 ans. Le climat, c’était gros machos et blagues salaces. Quand une place de documentaliste s’est libérée au Planning familial, j’ai sauté dessus.»
Patrick, 32 ans, archiviste «Une vigilance de chaque instant sur tout»
«J’ai l’impression d’avoir toujours été féministe, c’est-à-dire pour l’égalité hommes-femmes. Ma famille n’était pas particulièrement libérale, disons que le partage des tâches y était traditionnel. Je suis membre de Léo Lagrange [un réseau d’éducation populaire, ndlr] et du Parti socialiste, c’est par ce biais que j’ai rencontré certaines des initiatrices d’Osez le féminisme !, que j’ai rejoint. Au début, ce n’était donc pas forcément une question de génération mais plutôt d’amitiés et de pérégrinations militantes.
«Je suis persuadé qu’il y a une vraie bataille culturelle à mener sur les représentations. Je vis en banlieue, j’ai été directeur d’une maison de quartier, je sais qu’il faut sans arrêt faire attention à la mixité. Pour que des garçons fassent de la danse, par exemple, comme dans Billy Elliot.
J’ai une vigilance de chaque instant, sur tout : l’accès aux soins, les processus de décision, le sexisme dans la pub… Tout, tout le temps, y compris dans ma vie privée ou quand je me projette dans la paternité. C’est une activité permanente.
«En réunion, par exemple, je note systématiquement le nombre de garçons et le nombre de filles présents, et les interventions de chacun. C’est un truc que m’a soufflé ma petite amie. On sait bien que les garçons prennent plus la parole que les filles, même quand ces dernières sont plus nombreuses. Parfois, quand c’est criant, cela peut être utile d’en faire état à la fin de la réunion. Même chose quand je suis avec des copains. S’ils tiennent des propos sexistes, je relève ce qui est blessant. Quitte à passer pour le lourdingue.»
Caroline, 29 ans, salariée dans le tourisme «Pour ne pas être caricaturée, je donne des chiffres»
«Je suis l’aînée d’une famille de huit enfants, j’ai vite appris l’autonomie. J’ai une colère en moi, un sentiment d’injustice. Je suis persuadée que le féminisme est aussi un combat pour transformer la société dans son ensemble. Je suis engagée depuis plusieurs années dans des organisations de jeunesse. Secrétaire générale de l’Unef jusqu’à récemment, j’attendais avec impatience de pouvoir me consacrer à 100 % au féminisme.
«Pour me faire entendre, et ne pas passer pour la "miss féminisme" avec le sous-titre "hystérique", j’ai mis au point une stratégie : je gère mon comportement. Pour ne pas être caricaturée, je donne des chiffres, je contrôle mes émotions, j’essaye de ne pas mettre mes tripes sur la table. Je suis calme, mais je ne lâche rien.
«Il y a des résistances, évidemment, y compris dans ma vie privée. Je pars à 7 heures, je rentre à 23 heures, j’ai un boulot plus prenant que mon copain. Les rôles sont inversés et j’assume 30 à 40 % des tâches ménagères. Mais pour en arriver là, on s’est fait violence.»
Linda, 26 ans, juriste «Ah oui ? Tu gagnes mieux que ton mari ?»
«J’ai d’abord eu un engagement politique, au MJS [Mouvement des jeunes socialistes, ndlr]. Le féminisme ? J’avais étudié la question à des ateliers ou des camps d’été. J’ai commencé à me mobiliser au moment des difficultés du Planning familial. Cet engagement est la continuité de mon action politique. Pour moi, la priorité est d’assurer une autonomie aux femmes ; offrir la possibilité de choisir sans contrainte sa formation - pas forcément dans les filières féminines - et de rendre possible son émancipation.
«Je suis d’une famille algérienne de confession musulmane, j’ai d’abord fini mes études et trouvé un emploi avant de militer activement. C’était la priorité. A la maison, je faisais plus de tâches ménagères que mes frères - aujourd’hui, d’ailleurs, je n’aime pas faire la cuisine. On n’a pas eu le droit de sortir au même âge, c’était soit disant pour me "protéger". «Mais j’ai trouvé le mouvement Ni putes ni soumises un peu agressif et violent ; c’est bien d’être révoltée, mais il faut rester constructive.
«Pour moi, le féminisme, c’est l’égalité des droits. Mais quand j’en parle autour de moi, au travail par exemple, mes collègues filles me disent que ça y est, on l’a, l’égalité… "Ah oui ? Tu gagnes mieux que ton mari ? Qui fait les courses ? Qui va chercher l’enfant à la crèche ?"»
Allez, les filles !
Par Richard De Vendeuil, publié le 15/10/2009 17:24 - mis à jour le 16/10/2009 09:57
Comment faire sauter le fameux "plafond de verre"? A l'heure où resurgit le débat sur l'égalité professionnelle, les coachs pour femmes se multiplient.
"C'est nul!" Lorsque, à la fin de l'exercice, elle a découvert qu'elle n'avait aucune chance de décrocher une promotion sur ses seuls talents d'assistante commerciale, Françoise a explosé. Elle serait donc toujours victime des machos de service qui verrouillent les progressions et imposent ce plafond de verre qui stoppe les femmes dans leur élan?
Pour cesser de subir, et trouver la niaque qui ferait sortir sa carrière de l'ornière, Françoise, 36 ans, s'est mise au coaching "pour femmes". Le mot est à la mode, sa déclinaison féminine aussi. Du club de gym "girls only" au consultant en déco, on trouve désormais sur le marché toutes sortes de conseillers spécialisés auprès du sexe faible. Mais c'est dans le monde du travail que le phénomène est le plus marquant. Importées des pays anglo-saxons et impulsées par les réseaux de femmes mobilisés sur le dossier de l'égalité professionnelle, les formations pour cadres, créatrices d'entreprise ou assistantes se sont multipliées. Plus effacées que leurs congénères masculins, les filles ont grand besoin d'être cornaquées, arguent les coachs, fréquemment issus du milieu des ressources humaines. "Les femmes qui suivent nos séminaires ont du mal à afficher leurs ambitions", explique Chine Lanzmann, ancienne journaliste, fondatrice de l'agence Woman Impact. Afin de prendre confiance en elles, de rester calmes face aux critiques, ses clientes déboursent jusqu'à 6 000 euros -si l'entreprise ne peut pas prendre en charge une partie de la note, le tarif est négociable- pour quarante-huit heures de cours.
Automne au féminin
Il s'en passe, des choses, en ce début d'automne, du côté de la cause féminine. Le 17 octobre, une manifestation nationale pour les droits des femmes rassemblera à Paris tout ce que le monde militant compte d'associations et de figures influentes, avec de nouvelles arrivées, telles les jeunes "soldates" -25 ans de moyenne d'âge- d'Osez le féminisme (OLF, sigle clin d'oeil à leurs illustres aînées). Ce grand rassemblement sera le point d'orgue d'une semaine rythmé par trois colloques d'envergure sur le sujet au Sénat, à l'Assemblée nationale et à la mairie de Paris. Au début de novembre, les partenaires sociaux et le ministre du Travail discuteront du rapport sur l'égalité professionnelle de Brigitte Grésy, prônant des quotas de femmes dans les grandes entreprises. Pendant ce temps-là, les réseaux féminins aux noms de pédégères prestigieuses s'activent. Le club HRM Women a envoyé une lettre au ministre Xavier Darcos pour se faire entendre.
Claire Chartier
"Au début des sessions, elles sont beaucoup dans la récrimination, observe Axèle Lofficial, animatrice de Tremplin pour les femmes, un programme de conception anglo-saxonne présent dans 17 pays, dont... l'Arabie saoudite. Elles attendent la "bonne note" que justifient leurs compétences, et c'est l'électrochoc: les questions du coach les font prendre conscience qu'elles doivent se rendre plus visibles." Pas facile, car les femmes, reines de l'autocensure, ont du mal à se faire mousser, voire "à reconnaître leur propre valeur", ajoute la Franco-Britannique Corinne Devery, initiatrice en France des ateliers Tremplin pour les femmes. Grâce au coaching, Isabelle, une ex-HEC de 32 ans virée alors qu'elle accumulait les résultats positifs -et les journées de quatorze heures- assure avoir "rééquilibré" sa vie. Sa grande victoire? "Ne plus voir le grand méchant loup derrière chaque porte."
dimanche 11 octobre 2009
Manifestation pour une "réelle égalité femmes-hommes" le 17 octobre
Manifestation pour une "réelle égalité femmes-hommes" le 17 octobre
France Soir, le jeudi 8 octobre 2009 à 16:51
Pour une "réelle égalité femmes-hommes" / AFP
Une manifestation nationale réclamant une "réelle égalité femmes-hommes" se tiendra à Paris le samedi 17 octobre, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche. "Plusieurs milliers" de personnes, en majorité des femmes, sont attendues selon les organisateurs.
La manifestation s'organise autour de six thèmes de revendications : autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et libertés, ont précisé jeudi les organisateurs, lors d'une conférence de presse à Paris. "Nous attendons plusieurs milliers de femmes venant de toute la France", a déclaré Maya Surduts, du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), à l'initiative de la manifestation avec l'association Femmes solidaires.
"La politique actuelle de lutte contre les discriminations et pour la diversité réduit les femmes à une catégorie parmi d'autres, et les rend invisibles", a expliqué Maya Surdits, alors qu'elles représentent "la moitié de l'humanité". Elle fait ainsi référence aux "attaques" contre le droit des femmes à disposer de leur corps et le droit à la retraite. En effet, la Cour de Cassation avait décidé, en février 2008, de reconnaître le droit d'inscrire tout foetus né sans vie à l'état civil, quelque soit son niveau de développement. Cette décision de conférer un statut aux enfants mort-nés avait donné de nouveaux arguments aux mouvements anti-avortement.
Autre sujet sensible : les annuités accordées aux salariées qui ont des enfants. Xavier Bertand, le ministre du Travail, réfléchit à leur suppression au nom de l’égalité avec les hommes. "Les attaques contre les retraites des femmes étaient particulièrement scandaleuses, et nous souhaitons sensibiliser au sujet, car l'an prochain, le pouvoir va rouvrir le débat sur les retraites", a ajouté Mme Surduts.
Pour Sabine Salmon, présidente de Femmes solidaires, association implantée dans les quartiers populaires et qui revendique plus de 10.000 adhérentes en France, "on constate à la faveur de la crise une vraie régression pour les femmes, face aux violences du quotidien, et à la précarité". "La jeunesse est particulièrement touchée", a-t-elle affirmé.
France Soir, le jeudi 8 octobre 2009 à 16:51
Pour une "réelle égalité femmes-hommes" / AFP
Une manifestation nationale réclamant une "réelle égalité femmes-hommes" se tiendra à Paris le samedi 17 octobre, à l'appel de 103 associations féministes, syndicats et partis de gauche. "Plusieurs milliers" de personnes, en majorité des femmes, sont attendues selon les organisateurs.
La manifestation s'organise autour de six thèmes de revendications : autonomie, égalité, dignité, solidarité, laïcité et libertés, ont précisé jeudi les organisateurs, lors d'une conférence de presse à Paris. "Nous attendons plusieurs milliers de femmes venant de toute la France", a déclaré Maya Surduts, du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), à l'initiative de la manifestation avec l'association Femmes solidaires.
"La politique actuelle de lutte contre les discriminations et pour la diversité réduit les femmes à une catégorie parmi d'autres, et les rend invisibles", a expliqué Maya Surdits, alors qu'elles représentent "la moitié de l'humanité". Elle fait ainsi référence aux "attaques" contre le droit des femmes à disposer de leur corps et le droit à la retraite. En effet, la Cour de Cassation avait décidé, en février 2008, de reconnaître le droit d'inscrire tout foetus né sans vie à l'état civil, quelque soit son niveau de développement. Cette décision de conférer un statut aux enfants mort-nés avait donné de nouveaux arguments aux mouvements anti-avortement.
Autre sujet sensible : les annuités accordées aux salariées qui ont des enfants. Xavier Bertand, le ministre du Travail, réfléchit à leur suppression au nom de l’égalité avec les hommes. "Les attaques contre les retraites des femmes étaient particulièrement scandaleuses, et nous souhaitons sensibiliser au sujet, car l'an prochain, le pouvoir va rouvrir le débat sur les retraites", a ajouté Mme Surduts.
Pour Sabine Salmon, présidente de Femmes solidaires, association implantée dans les quartiers populaires et qui revendique plus de 10.000 adhérentes en France, "on constate à la faveur de la crise une vraie régression pour les femmes, face aux violences du quotidien, et à la précarité". "La jeunesse est particulièrement touchée", a-t-elle affirmé.
jeudi 8 octobre 2009
M. Leonetti maintient mais édulcore le statut du beau-parent
M. Leonetti maintient mais édulcore le statut du beau-parent
LE MONDE | 08.10.09 | 08h50 • Mis à jour le 08.10.09 | 12h02
Il voulait, disait-il, "apaiser les esprits" : en avril, face à la fronde d'une partie de la majorité, le député (UMP) Jean Leonetti avait été chargé de "dédramatiser" le débat sur le statut des beaux-parents. La réforme défendue par la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, avait en effet soulevé une controverse au sein même de la majorité. Soutenus par Christine Boutin, des députés UMP estimaient que ce texte menaçait la famille traditionnelle et ouvrait la voie à une "reconnaissance détournée de l'homoparentalité".
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Sur le même sujet
Edition abonnés Archive : "Statut des beaux-parents" : le projet de loi est ajourné
Au terme de cinq mois de travail et d'une cinquantaine d'auditions, M. Leonetti estime finalement que ce projet "ne présente pas le danger que certains lui attribuent". Le député propose donc le maintien de la principale disposition du texte – l'instauration d'une convention permettant de partager l'autorité parentale avec un tiers –, tout en plaidant en faveur d'un aménagement : il faudrait, estime-t-il, que cette convention soit précédée d'une médiation.
TROIS FOYERS SUR DIX
En France comme dans la plupart des pays européens, les familles recomposées sont de plus en plus nombreuses : selon l'Institut national d'études démographiques (INED), leur nombre a progressé de 10 % de 1990 à 1999. A cette date, 1,6 million d'enfants vivaient dans un ménage recomposé et 2,7 millions avec un seul parent. Trois foyers sur dix ne "correspondent pas à la forme traditionnelle de la famille", résumait la démographe Corinne Barre dans Histoire de familles, histoires familiales (INED, 2005).
A ces recompositions, se sont ajoutées, ces vingt dernières années, les familles homoparentales. Lesbiennes ayant recours à des inséminations artificielles en Belgique, gays ayant recours à la gestation pour autrui à l'étranger, coparentalités réunissant un couple d'hommes et un couple de femmes : aujourd'hui, 30 000 enfants selon l'INED, 200 000 selon l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, sont élevés par un couple homosexuel.
Ces "tiers" qui ne sont pas reconnus par le droit sont de plus en plus nombreux, mais ils sont loin de s'impliquer tous de la même manière. Certains beaux-parents se contentent de côtoyer quelque temps un enfant, d'autres inventent une relation durable qui survit à la séparation du couple. Le projet de loi demandé par Nicolas Sarkozy se refusait donc à créer un statut s'appliquant indifféremment à tous les "tiers". Il se contentait de proposer des outils.
Le premier consistait à étendre au "tiers" – qu'il s'agisse d'un beau-père ou d'un homoparent – la présomption d'accord qui existe déjà entre les parents pour les actes usuels de la vie quotidienne : l'accompagnement d'un enfant à l'école ou chez le médecin. Il fallait pour cela clarifier la définition légale des actes usuels, ce que M. Leonetti juge inutile et dangereux.
Le deuxième outil était l'assouplissement de la délégation – partage de l'autorité parentale. Inventée en 2002 par Ségolène Royal, cette mesure permet de reconnaître le rôle éducatif d'un adulte qui a tissé des liens affectifs étroits avec un enfant qui n'est pas le sien. Ce partage ne crée aucun lien de filiation, il n'autorise ni la transmission du nom ni celle des biens, mais il permet à un beau-parent, ou, plus souvent à un homoparent, de participer à l'éducation d'un enfant jusqu'à ce qu'il fête ses 18 ans.
Pour faciliter la vie des familles homoparentales et recomposées, le gouvernement proposait de remplacer l'actuelle requête devant le juge aux affaires familiales, souvent longue et compliquée, par la simple homologation, par le magistrat, d'une convention. Dans son rapport, M. Leonetti ne se dit pas hostile à cet assouplissement mais y pose deux conditions : que la convention soit rédigée avec l'appui d'un médiateur et qu'elle soit justifiée par les "besoins d'éducation de l'enfant".
Le troisième outil concernait le maintien des liens entre le fameux "tiers" et l'enfant. Lorsque des "liens affectifs étroits" se sont noués, le gouvernement proposait que l'enfant puisse, s'il le souhaite, continuer à avoir des relations avec son beau-parent, sa demi-sœur ou son "homoparent", voire, à titre exceptionnel, lui être confié en cas de décès du père ou de la mère. M. Leonetti se montre plus que réservé sur cette réforme : elle risque, selon lui, d'introduire une dangereuse instabilité dans la vie de l'enfant.
Anne Chemin
LE MONDE | 08.10.09 | 08h50 • Mis à jour le 08.10.09 | 12h02
Il voulait, disait-il, "apaiser les esprits" : en avril, face à la fronde d'une partie de la majorité, le député (UMP) Jean Leonetti avait été chargé de "dédramatiser" le débat sur le statut des beaux-parents. La réforme défendue par la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, avait en effet soulevé une controverse au sein même de la majorité. Soutenus par Christine Boutin, des députés UMP estimaient que ce texte menaçait la famille traditionnelle et ouvrait la voie à une "reconnaissance détournée de l'homoparentalité".
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Au terme de cinq mois de travail et d'une cinquantaine d'auditions, M. Leonetti estime finalement que ce projet "ne présente pas le danger que certains lui attribuent". Le député propose donc le maintien de la principale disposition du texte – l'instauration d'une convention permettant de partager l'autorité parentale avec un tiers –, tout en plaidant en faveur d'un aménagement : il faudrait, estime-t-il, que cette convention soit précédée d'une médiation.
TROIS FOYERS SUR DIX
En France comme dans la plupart des pays européens, les familles recomposées sont de plus en plus nombreuses : selon l'Institut national d'études démographiques (INED), leur nombre a progressé de 10 % de 1990 à 1999. A cette date, 1,6 million d'enfants vivaient dans un ménage recomposé et 2,7 millions avec un seul parent. Trois foyers sur dix ne "correspondent pas à la forme traditionnelle de la famille", résumait la démographe Corinne Barre dans Histoire de familles, histoires familiales (INED, 2005).
A ces recompositions, se sont ajoutées, ces vingt dernières années, les familles homoparentales. Lesbiennes ayant recours à des inséminations artificielles en Belgique, gays ayant recours à la gestation pour autrui à l'étranger, coparentalités réunissant un couple d'hommes et un couple de femmes : aujourd'hui, 30 000 enfants selon l'INED, 200 000 selon l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, sont élevés par un couple homosexuel.
Ces "tiers" qui ne sont pas reconnus par le droit sont de plus en plus nombreux, mais ils sont loin de s'impliquer tous de la même manière. Certains beaux-parents se contentent de côtoyer quelque temps un enfant, d'autres inventent une relation durable qui survit à la séparation du couple. Le projet de loi demandé par Nicolas Sarkozy se refusait donc à créer un statut s'appliquant indifféremment à tous les "tiers". Il se contentait de proposer des outils.
Le premier consistait à étendre au "tiers" – qu'il s'agisse d'un beau-père ou d'un homoparent – la présomption d'accord qui existe déjà entre les parents pour les actes usuels de la vie quotidienne : l'accompagnement d'un enfant à l'école ou chez le médecin. Il fallait pour cela clarifier la définition légale des actes usuels, ce que M. Leonetti juge inutile et dangereux.
Le deuxième outil était l'assouplissement de la délégation – partage de l'autorité parentale. Inventée en 2002 par Ségolène Royal, cette mesure permet de reconnaître le rôle éducatif d'un adulte qui a tissé des liens affectifs étroits avec un enfant qui n'est pas le sien. Ce partage ne crée aucun lien de filiation, il n'autorise ni la transmission du nom ni celle des biens, mais il permet à un beau-parent, ou, plus souvent à un homoparent, de participer à l'éducation d'un enfant jusqu'à ce qu'il fête ses 18 ans.
Pour faciliter la vie des familles homoparentales et recomposées, le gouvernement proposait de remplacer l'actuelle requête devant le juge aux affaires familiales, souvent longue et compliquée, par la simple homologation, par le magistrat, d'une convention. Dans son rapport, M. Leonetti ne se dit pas hostile à cet assouplissement mais y pose deux conditions : que la convention soit rédigée avec l'appui d'un médiateur et qu'elle soit justifiée par les "besoins d'éducation de l'enfant".
Le troisième outil concernait le maintien des liens entre le fameux "tiers" et l'enfant. Lorsque des "liens affectifs étroits" se sont noués, le gouvernement proposait que l'enfant puisse, s'il le souhaite, continuer à avoir des relations avec son beau-parent, sa demi-sœur ou son "homoparent", voire, à titre exceptionnel, lui être confié en cas de décès du père ou de la mère. M. Leonetti se montre plus que réservé sur cette réforme : elle risque, selon lui, d'introduire une dangereuse instabilité dans la vie de l'enfant.
Anne Chemin
mercredi 7 octobre 2009
des petites réflexions ici ou là que je veux écrire
Je lis sur l'histoire des féminismes ...
et j'ai de plus en plus l'impression que ma prise de conscience tardive est similaire dans un contexte pourtant différent à celles des femmes des années 70 ...
Ma mère née en 47, 21 ans en 68, 23 en 70 n'est pas devenue féministe mais il y a eu me semble t il en elle des germes d'"activités féminines" tels qu'elles existaient avant 68 chez une génération de femmes. J'ai l'impression que dans ma famille c'est décalé: ma mère et moi avons une génération de retard en gros ...
Le contexte actuel ne se prête pas vraiment au féminisme, moins qu'en 70 ... mais mon vécu personnel, mon orientation sexuelle m'ont permis de prendre le recul qu'il fallait sur la société; ce que ne peuvent faire beaucoup de femmes qui ont suivi un mode de vie plus conforme avec l'image que l'on se fait d'une femme (hétérosexuelle sous entendu).
La critique que l'on fait à la burka et autres vêtements cachant le corps de la femme est symptomatique d'une immense hypocrisie de notre société.
La femme qui choisit de s'enfermer dans la burka, de nier sa liberté de femme en se soumettant à une pensée extrémiste qui infériorise la femme n'est pour moi pas beaucoup plus à montrer du doigt que celle qui choisit de reproduire aussi une hiérarchie des sexes, en s'enfermant par exemple dans sa double journée (boulot + éducation + ménage + cuisine), en croyant pourtant à l'égalité dans son couple (lui a le jardinage ...).
Bien sûr, cette comparaison a ses limites mais en allant dans le détail des vies de couples, on serait probablement surpris-e-s de voir combien de femmes habillées selon la norme ne sont pas vraiment libres de leur existence. Et ce n'est pas forcément à cause du-méchant-compagnon mais parce qu'elle l'ont bien voulu ...
Que faire devant la volonté d'une personne qui dit choisir (son propre enfermement) ?
Lui imposer autre chose relève du totalitarisme alors comment faire ? éduquer mieux, donner le plus de choix aux femmes, leur montrer qu'elles peuvent aussi prétendre à ce que, d'entrée, elles ne pensaient pas pour elles ? Certaines études, certains domaines d'actions qu'elles ne croyaient pas "pour elles" ...
"Si c'est ça que tu veux et si cela te plait" ... me vient à la bouche même si je pense quelque chose de plus fort ...
La burka est un leurre , un gros chiffon rouge que l'on agite devant nos yeux pour nous enfumer, pour nous braquer contre l'Autre (le musulman) ... Moi, je vois les burkas transparentes que nos femmes-bien-comme-il-faut-qui-savent-s'habiller-librement ont revêtuse: elles me sont de plus en plus insupportables car je les compte par milliers, voire plus ...
La grille de la burka les aveugle...
On accuse les féministes de n'être que des "bourgeoises" pas forcément en prise avec ce qu'elles dénoncent ... oui et non ... pas forcément des bourgeoises mais des intellectuelles ou, au moins, des personnes qui ont pris du recul avec la société, avec leur vécu, avec le vécu de celles du même sexe qu'elles ... suffisamment de recul pour voir le système qui se reproduit depuis suffisamment longtemps pour que l'on ne s'en rendent pas tant compte que cela, un système qui hiérarchise les êtres en fonction de leur sexe (entre autres).
et j'ai de plus en plus l'impression que ma prise de conscience tardive est similaire dans un contexte pourtant différent à celles des femmes des années 70 ...
Ma mère née en 47, 21 ans en 68, 23 en 70 n'est pas devenue féministe mais il y a eu me semble t il en elle des germes d'"activités féminines" tels qu'elles existaient avant 68 chez une génération de femmes. J'ai l'impression que dans ma famille c'est décalé: ma mère et moi avons une génération de retard en gros ...
Le contexte actuel ne se prête pas vraiment au féminisme, moins qu'en 70 ... mais mon vécu personnel, mon orientation sexuelle m'ont permis de prendre le recul qu'il fallait sur la société; ce que ne peuvent faire beaucoup de femmes qui ont suivi un mode de vie plus conforme avec l'image que l'on se fait d'une femme (hétérosexuelle sous entendu).
La critique que l'on fait à la burka et autres vêtements cachant le corps de la femme est symptomatique d'une immense hypocrisie de notre société.
La femme qui choisit de s'enfermer dans la burka, de nier sa liberté de femme en se soumettant à une pensée extrémiste qui infériorise la femme n'est pour moi pas beaucoup plus à montrer du doigt que celle qui choisit de reproduire aussi une hiérarchie des sexes, en s'enfermant par exemple dans sa double journée (boulot + éducation + ménage + cuisine), en croyant pourtant à l'égalité dans son couple (lui a le jardinage ...).
Bien sûr, cette comparaison a ses limites mais en allant dans le détail des vies de couples, on serait probablement surpris-e-s de voir combien de femmes habillées selon la norme ne sont pas vraiment libres de leur existence. Et ce n'est pas forcément à cause du-méchant-compagnon mais parce qu'elle l'ont bien voulu ...
Que faire devant la volonté d'une personne qui dit choisir (son propre enfermement) ?
Lui imposer autre chose relève du totalitarisme alors comment faire ? éduquer mieux, donner le plus de choix aux femmes, leur montrer qu'elles peuvent aussi prétendre à ce que, d'entrée, elles ne pensaient pas pour elles ? Certaines études, certains domaines d'actions qu'elles ne croyaient pas "pour elles" ...
"Si c'est ça que tu veux et si cela te plait" ... me vient à la bouche même si je pense quelque chose de plus fort ...
La burka est un leurre , un gros chiffon rouge que l'on agite devant nos yeux pour nous enfumer, pour nous braquer contre l'Autre (le musulman) ... Moi, je vois les burkas transparentes que nos femmes-bien-comme-il-faut-qui-savent-s'habiller-librement ont revêtuse: elles me sont de plus en plus insupportables car je les compte par milliers, voire plus ...
La grille de la burka les aveugle...
On accuse les féministes de n'être que des "bourgeoises" pas forcément en prise avec ce qu'elles dénoncent ... oui et non ... pas forcément des bourgeoises mais des intellectuelles ou, au moins, des personnes qui ont pris du recul avec la société, avec leur vécu, avec le vécu de celles du même sexe qu'elles ... suffisamment de recul pour voir le système qui se reproduit depuis suffisamment longtemps pour que l'on ne s'en rendent pas tant compte que cela, un système qui hiérarchise les êtres en fonction de leur sexe (entre autres).
samedi 3 octobre 2009
La dimension culturelle du viol et de la violence faite aux femmes
On a beaucoup parlé ces derniers temps de viols qui ont retenu l'attention des médias: le prévenu est "célèbre" et rattrapé par son histoire/la justice (Roman Polanski) ou le viol s'est achevé par un meurtre (celui de la joggeuse de Seine et Marne qui avait pourtant réussi à appeler la police pour donner le signalement de son ravisseur et de son véhicule) ...
On peut s'interroger sur la dimension culturelle du viol (cf scènes mythologiques et/ou historiques que la peinture retranscrit bien). Qu'en temps de guerre, l'"appropriation" de la terre conquise se double de manière systématique de viols sur les femmes interroge la place faites aux femmes dans un système qui valorise la force mais aussi surtout, il faut bien dire, la brutalité.
Quand la sordide affaire de la récidive du violeur de la joggeuse (remise de peine après le viol qu'il avait commis sur une mineure et sa réinstallation à 200 mètres du domicile de celle-ci ...) interroge les médias sur la justice et la justesse de son fonctionnement, je me pose aussi la question "en amont" -de manière peut-être utopique- sur ces valeurs que notre/nos culture(s) transmettent à tous et toutes.
Et, j'en remets une couche: quand je vois que "notre" ministre de la culture défend à la fois l'ordurier Orelsan -qui valorise à travers sES texteS la violence faites aux femmes- et Roman Polanski qui a fui la justice durant 30 ans pour une affaire de viol sur mineure, je me pose beaucoup de questions, teintées d'un dégoût pour ces valeurs que nos sociétés préfèrent défendre plutôt que condamner.
Le texte ci-dessus et ce qu'il dénonce montre bien pour moi cette "culture" de la violence sexuelle et/ou du viol ... à travers les jeux vidéos.
Je dois recevoir un livre-référence sur "l'histoire du viol" du XVI au XX ème siècle, d'ailleurs .... car, bien que le sujet me déplaise profondément, il faut je crois cesser de se voiler la face et considérer ces "bulles" d'informations (traitées souvent comme des "faits divers") comme appartenant à un tout beaucoup plus complexe et plus effrayant.
L'an dernier, j'avais aussi rechigné à lire sur l'homophobie -sujet déplaisant par nature- et c'est pourtant la lecture du dictionnaire de l'homophobie qui m'a ouvert les yeux ...
Lire, ce n'est pas toujours pas plaisir ... parfois c'est juste pour comprendre et avancer ... et alors seulement, cela nous fera plaisir ;-)
Bon week end.
Karine
----- Message transféré ----
De : sexisme
À : sexisme
Cc : SOS-SEXISME
Envoyé le : Samedi, 3 Octobre 2009, 8h17mn 15s
Objet : [EF-L] Infos du 3 10 09 : Ils nous aiment tellement...
Mise À jour : Action Femmes 33.2
September 2009
Japon : les jeux de simulation de viol et la banalisation de la violence sexuelle
« Les femmes sont des créatures stupides qui ne savent rien faire d’autre que nous préparer à dîner. Cela prouve simplement leur stupidité ; il faut qu’elles comprennent que le mot « égalité » a été créé par les hommes pour les hommes et qu’il n’a pas jamais été conçu pour s’appliquer ou être accordé aux femmes. » (Réaction sur le blog d’un joueur en ligne à l’Action Femmes d’Egalité Maintenant contre les jeux de simulation de viol au Japon)
« Au fait, j’ai joué à RapeLay (se faire la fille de 13 ans était le meilleur) » (Courriel reçu par Egalité Maintenant)
«La seule façon de faire une croix sur les droits des femmes et de redonner aux hommes leurs avantages est de tuer en masse les activistes des droits des femmes, brutalement et publiquement. Ça vous plairait d’avoir pour femmes des jeunes filles en âge de procréer (les filles peuvent souvent avoir des enfants à partir de 12, 13 ou 14 ans) ? Vous avez envie qu’elles vous obéissent ? Vous voulez qu’elles soient gentilles avec vous (enfin, au moins qu’elles se taisent, ce serait déjà ça) ? Bien sûr que oui. Le seul moyen d’avoir tout ça, c’est que toutes les féministes et ceux qui les soutiennent soient morts ou mis hors d’état de nuire (morts, ça serait pas plus mal). » (Un joueur en ligne américain réagissant à l’Action Femmes d’Egalité Maintenant)
En mai 2009, Egalité Maintenant a lancé une Action Femmes contre les jeux de simulation de viol édités et vendus au Japon. Cette Action Femmes dénonçait le jeu RapeLay édité par Illusion Software et vendu sur Amazon Japon. Le scénario de RapeLay est celui d’une fillette d’une douzaine d’années voyageant dans un train de banlieue. Elle est poursuivie par un homme qui se livre à des attouchements sur elle et l’agresse sexuellement. Le train finit par s’arrêter et elle court terrorisée se réfugier dans des toilettes publiques, suivie de son agresseur qui la menotte et la viole. L’agresseur la retient prisonnière et la viole à plusieurs reprises dans différents lieux. Sa mère et sa sœur adolescente subissent le même sort. Le violeur se venge sur la famille parce que la fille aînée l’a autrefois dénoncé à la police pour une tentative d’agression sexuelle sur une autre femme. Dans RapeLay, l’objectif du joueur est de violer la mère et ses filles jusqu’à ce qu’elles commencent à « aimer ça ».
La Japon a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) en 1985. Le Comité de la CEDAW, chargé de vérifier le respect de la CEDAW par les Etats, a examiné dernièrement le cas du Japon le 24 juillet 2009. Le Comité s’est déclaré préoccupé par « la banalisation de la violence sexuelle [au Japon] ainsi qu’en témoigne la multiplication des jeux vidéo pornographiques et des dessins animés mettant en scène des viols, des viols collectifs, des situations de harcèlement et d’agression sexuelle à l’égard des femmes et des filles ». Le Comité a également fait part de son inquiétude concernant les images stéréotypées véhiculées sur les femmes par les médias et concernant le fait que « la représentation sursexualisée des femmes renforce les stéréotypes existants faisant des femmes des objets sexuels et continue de générer chez les filles une faible estime de soi ». Dans ses conclusions, le Comité de la CEDAW exhorte le Gouvernement japonais à « interdire la vente de jeux vidéo et de dessins animés faisant intervenir des viols et des violences sexuelles sur des femmes, qui banalisent et encouragent la violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles ». Le nouveau gouvernement japonais, élu en août 2009, a la possibilité et le devoir d’agir pour prendre en compte les craintes exprimées par le Comité de la CEDAW en interdisant tous les médias qui encouragent les violences commises sur des femmes et des filles.
Depuis qu’Egalité Maintenant a publié la première version de son Action, l’Ethics Organization of Computer Software (EOCS), l’organisme japonais d’autoréglementation du secteur de l’informatique qui a pour mission de noter les logiciels, aurait interdit à ses membres d’éditer des jeux contenant certaines formes de violences à l’égard des femmes. L’adhésion à l’EOCS étant facultative, cet organisme compte de nombreux membres mais ne regroupe pas tous les acteurs du marché. On ne sait pas encore bien quels aspects des violences à l’égard des femmes il entend réglementer, et dans quelle mesure ces règles seront appliquées. Toutefois, d’après des magazines de jeux en ligne, il semblerait que les éditeurs de jeux japonais, compte tenu du bruit que l’affaire a fait au plan international, aient simplement changé les titres et les images des couvertures pour les rendre anodins et/ou bloqué l’accès à leurs sites web en dehors du Japon, mais qu’ils n’aient pas modifié le contenu de ces jeux. Le gouvernement japonais doit prendre des mesures fermes pour interdire totalement les jeux qui encouragent les violences à l’égard des femmes et des filles et pour s’attaquer à l’image de la femme-objet et la promotion de la violence faite aux femmes dans différents médias, notamment dans la pornographie.
Amazon Japon et Illusion Software ont maintenant retiré RapeLay du marché, mais tous les deux continuent de commercialiser des jeux ultrapornographiques du même type, sous la forme de dessins animés appelés hentai dans lesquels des femmes et des filles sont traquées, harcelées et victimes d’attouchements, d’agressions sexuelles, de viols et de viols collectifs. Suite à ses prises de position contre la banalisation des violences sexuelles à l’égard les femmes et les filles, Egalité Maintenant a été l’objet d’un déchaînement d’attaques de la part d’internautes, sur des blogs ou par courrier électronique, se manifestant par des centaines de messages injurieux et parfois menaçants, y compris des vidéos semblant crédibles de viols collectifs réels sur des jeunes filles. Les vidéos ont été transmises à la police japonaise qui a tout d’abord refusé d’enquêter dessus, les policiers ayant conclu d’après la forme de la toison pubienne des filles qu’elles avaient plus de dix-huit ans et que les vidéos n’étaient donc pas considérées comme de la pornographie enfantine. Il a fallu qu’Egalité Maintenant insiste en disant que des vidéos réelles (et non pas jouées) de viols collectifs étaient en fait vendues sur le marché libre au Japon, pour que la police accepte finalement de réexaminer les vidéos, mais on ne sait toujours pas si des mesures ont été prises, notamment pour remonter jusqu’à l’expéditeur des vidéos. Il est très préoccupant de constater que la police n’a pas jugé utile d’enquêter sur une présomption de crime grave.
Les réactions hostiles suscitées par la campagne d’Egalité Maintenant contre la pornographie extrême, comme en témoignent les exemples ci-dessus, soulignent la nécessité urgente de s’attaquer à toutes les situations de discrimination à l’égard des femmes et des filles, notamment la promotion de la violence sexuelle. L’article 5 (a) de la CEDAW, qui fait obligation aux Etats parties de « modifier les schémas et modèles de comportement socioculturels de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe ou d’un rôle stéréotypé des hommes et des femmes », n’est que l’une des nombreuses règles internationales claires adoptées par la communauté internationale. De la même façon qu’il serait inacceptable d’encourager la violence à l’encontre de groupes religieux ou ethniques, il est inacceptable d’encourager la violence et la discrimination à l’égard des femmes.
Outre les obligations incombant au Japon aux termes de la CEDAW, l’article 14 de la Constitution japonaise garantit l’égalité de tous les citoyens devant la loi et stipule qu’il ne peut y avoir aucune « discrimination dans les relations politiques, économiques ou sociales fondée sur la race, les convictions, le sexe, le statut social ou l’origine familiale ». Les jeux informatiques comme RapeLay et les vidéos pornographiques montrant des viols réels légitiment et encouragent les stéréotypes sexuels et les attitudes discriminatoires fondées sur le sexe, lesquels, comme l’a relevé le Comité de la CEDAW, alimentent les violences à caractère sexuel.
Mesures recommandées
Nous vous invitons à écrire aux responsables gouvernementaux du Japon dont les coordonnées suivent, pour les exhorter à honorer les obligations incombant au Japon en vertu de la CEDAW, et notamment à répondre à l’appel pressant récemment lancé par le Comité de la CEDAW à interdire les jeux et les dessins animés qui banalisent et encouragent les violences sexuelles à l’égard des femmes et des filles. Dans votre lettre au ministre de la Justice, demandez-lui également de s’informer sur l’enquête réclamée par Egalité Maintenant sur les vidéos de viols collectifs qu’elle a envoyées à la police de Tokyo, et demandez que ses services enquêtent sur cette affaire et sur d’autres vidéos de viols réels afin de vérifier que toutes les personnes impliquées sont poursuivies dans toute la mesure prévue par la loi. Continuez aussi d’écrire à Illusion Software pour demander de retirer immédiatement du marché tous les jeux mettant en scène des viols, des situations de harcèlement et toutes autres formes de violences sexuelles ou qui dénigrent les femmes d’une manière quelconque. Rappelez que l’éthique professionnelle commande aux entreprises de tenir compte des éventuels effets négatifs que leurs activités peuvent avoir sur la société et l’intérêt public. Adressez à Amazon Japon une lettre allant dans le même sens.
Mr. Tadashi Yoshimura
Managing Director
Illusion Software
1-10-1 Nishikanagawa Kanagawa-ku
Yokohama-city, Kanagawa 221-0822, Japan
Tél: (+81) (0)4-5322-1551
Email: illusion@illusion.jp
msword Modèle de lettre
Mr. Jasper Cheung
President of Amazon Japan K.K
2-15-1 Shibuya, Shibuya-ku, Tokyo 150-000-2, Japan
Email: via website
mswordModèle de lettre
Prime Minister Yukio Hatoyama
2-3-1 Nagata-Cho, Chiyoda-ku,
Tokyo 100-0014, Japan
Tel: (+81)(0)3-3581-0101
Fax: (+81)(0)3-3581-3883
Email: via website
Ms. Mizuho Fukushima
Minister of State for Consumer Affairs, Declining Birthrate and Gender Equality
Room 708, 4-gokan,
Chuogodo Chosya, 3-1-1 Kasumigaseki,
Chiyoda-ku,Tokyo 100-8970, Japan
Tel: (+81)(0)3-5253-2111
E-mail: via website
mswordModèle de lettre
Ms. Keiko Chiba
Minster of Justice
1-1-1 Kasumigaseki,
Chiyoda-ku, Tokyo 100-8977, Japan
Tel: (+81)(0)3-3580-4111
Fax: (+81)(0)3-3592-7393
Email: webmaster@moj.go.jp
mswordModèle de lettre
Action Femmes 33.1: Mai 2009
Merci de tenir Egalité Maintenant au courant de vos actions et d’envoyer une copie desréponses reçues à :
Egalité Maintenant/Equality Now P.O. Box 20646, Columbus Circle Station, New York NY 10023, USA
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On peut s'interroger sur la dimension culturelle du viol (cf scènes mythologiques et/ou historiques que la peinture retranscrit bien). Qu'en temps de guerre, l'"appropriation" de la terre conquise se double de manière systématique de viols sur les femmes interroge la place faites aux femmes dans un système qui valorise la force mais aussi surtout, il faut bien dire, la brutalité.
Quand la sordide affaire de la récidive du violeur de la joggeuse (remise de peine après le viol qu'il avait commis sur une mineure et sa réinstallation à 200 mètres du domicile de celle-ci ...) interroge les médias sur la justice et la justesse de son fonctionnement, je me pose aussi la question "en amont" -de manière peut-être utopique- sur ces valeurs que notre/nos culture(s) transmettent à tous et toutes.
Et, j'en remets une couche: quand je vois que "notre" ministre de la culture défend à la fois l'ordurier Orelsan -qui valorise à travers sES texteS la violence faites aux femmes- et Roman Polanski qui a fui la justice durant 30 ans pour une affaire de viol sur mineure, je me pose beaucoup de questions, teintées d'un dégoût pour ces valeurs que nos sociétés préfèrent défendre plutôt que condamner.
Le texte ci-dessus et ce qu'il dénonce montre bien pour moi cette "culture" de la violence sexuelle et/ou du viol ... à travers les jeux vidéos.
Je dois recevoir un livre-référence sur "l'histoire du viol" du XVI au XX ème siècle, d'ailleurs .... car, bien que le sujet me déplaise profondément, il faut je crois cesser de se voiler la face et considérer ces "bulles" d'informations (traitées souvent comme des "faits divers") comme appartenant à un tout beaucoup plus complexe et plus effrayant.
L'an dernier, j'avais aussi rechigné à lire sur l'homophobie -sujet déplaisant par nature- et c'est pourtant la lecture du dictionnaire de l'homophobie qui m'a ouvert les yeux ...
Lire, ce n'est pas toujours pas plaisir ... parfois c'est juste pour comprendre et avancer ... et alors seulement, cela nous fera plaisir ;-)
Bon week end.
Karine
----- Message transféré ----
De : sexisme
À : sexisme
Cc : SOS-SEXISME
Envoyé le : Samedi, 3 Octobre 2009, 8h17mn 15s
Objet : [EF-L] Infos du 3 10 09 : Ils nous aiment tellement...
Mise À jour : Action Femmes 33.2
September 2009
Japon : les jeux de simulation de viol et la banalisation de la violence sexuelle
« Les femmes sont des créatures stupides qui ne savent rien faire d’autre que nous préparer à dîner. Cela prouve simplement leur stupidité ; il faut qu’elles comprennent que le mot « égalité » a été créé par les hommes pour les hommes et qu’il n’a pas jamais été conçu pour s’appliquer ou être accordé aux femmes. » (Réaction sur le blog d’un joueur en ligne à l’Action Femmes d’Egalité Maintenant contre les jeux de simulation de viol au Japon)
« Au fait, j’ai joué à RapeLay (se faire la fille de 13 ans était le meilleur) » (Courriel reçu par Egalité Maintenant)
«La seule façon de faire une croix sur les droits des femmes et de redonner aux hommes leurs avantages est de tuer en masse les activistes des droits des femmes, brutalement et publiquement. Ça vous plairait d’avoir pour femmes des jeunes filles en âge de procréer (les filles peuvent souvent avoir des enfants à partir de 12, 13 ou 14 ans) ? Vous avez envie qu’elles vous obéissent ? Vous voulez qu’elles soient gentilles avec vous (enfin, au moins qu’elles se taisent, ce serait déjà ça) ? Bien sûr que oui. Le seul moyen d’avoir tout ça, c’est que toutes les féministes et ceux qui les soutiennent soient morts ou mis hors d’état de nuire (morts, ça serait pas plus mal). » (Un joueur en ligne américain réagissant à l’Action Femmes d’Egalité Maintenant)
En mai 2009, Egalité Maintenant a lancé une Action Femmes contre les jeux de simulation de viol édités et vendus au Japon. Cette Action Femmes dénonçait le jeu RapeLay édité par Illusion Software et vendu sur Amazon Japon. Le scénario de RapeLay est celui d’une fillette d’une douzaine d’années voyageant dans un train de banlieue. Elle est poursuivie par un homme qui se livre à des attouchements sur elle et l’agresse sexuellement. Le train finit par s’arrêter et elle court terrorisée se réfugier dans des toilettes publiques, suivie de son agresseur qui la menotte et la viole. L’agresseur la retient prisonnière et la viole à plusieurs reprises dans différents lieux. Sa mère et sa sœur adolescente subissent le même sort. Le violeur se venge sur la famille parce que la fille aînée l’a autrefois dénoncé à la police pour une tentative d’agression sexuelle sur une autre femme. Dans RapeLay, l’objectif du joueur est de violer la mère et ses filles jusqu’à ce qu’elles commencent à « aimer ça ».
La Japon a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) en 1985. Le Comité de la CEDAW, chargé de vérifier le respect de la CEDAW par les Etats, a examiné dernièrement le cas du Japon le 24 juillet 2009. Le Comité s’est déclaré préoccupé par « la banalisation de la violence sexuelle [au Japon] ainsi qu’en témoigne la multiplication des jeux vidéo pornographiques et des dessins animés mettant en scène des viols, des viols collectifs, des situations de harcèlement et d’agression sexuelle à l’égard des femmes et des filles ». Le Comité a également fait part de son inquiétude concernant les images stéréotypées véhiculées sur les femmes par les médias et concernant le fait que « la représentation sursexualisée des femmes renforce les stéréotypes existants faisant des femmes des objets sexuels et continue de générer chez les filles une faible estime de soi ». Dans ses conclusions, le Comité de la CEDAW exhorte le Gouvernement japonais à « interdire la vente de jeux vidéo et de dessins animés faisant intervenir des viols et des violences sexuelles sur des femmes, qui banalisent et encouragent la violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles ». Le nouveau gouvernement japonais, élu en août 2009, a la possibilité et le devoir d’agir pour prendre en compte les craintes exprimées par le Comité de la CEDAW en interdisant tous les médias qui encouragent les violences commises sur des femmes et des filles.
Depuis qu’Egalité Maintenant a publié la première version de son Action, l’Ethics Organization of Computer Software (EOCS), l’organisme japonais d’autoréglementation du secteur de l’informatique qui a pour mission de noter les logiciels, aurait interdit à ses membres d’éditer des jeux contenant certaines formes de violences à l’égard des femmes. L’adhésion à l’EOCS étant facultative, cet organisme compte de nombreux membres mais ne regroupe pas tous les acteurs du marché. On ne sait pas encore bien quels aspects des violences à l’égard des femmes il entend réglementer, et dans quelle mesure ces règles seront appliquées. Toutefois, d’après des magazines de jeux en ligne, il semblerait que les éditeurs de jeux japonais, compte tenu du bruit que l’affaire a fait au plan international, aient simplement changé les titres et les images des couvertures pour les rendre anodins et/ou bloqué l’accès à leurs sites web en dehors du Japon, mais qu’ils n’aient pas modifié le contenu de ces jeux. Le gouvernement japonais doit prendre des mesures fermes pour interdire totalement les jeux qui encouragent les violences à l’égard des femmes et des filles et pour s’attaquer à l’image de la femme-objet et la promotion de la violence faite aux femmes dans différents médias, notamment dans la pornographie.
Amazon Japon et Illusion Software ont maintenant retiré RapeLay du marché, mais tous les deux continuent de commercialiser des jeux ultrapornographiques du même type, sous la forme de dessins animés appelés hentai dans lesquels des femmes et des filles sont traquées, harcelées et victimes d’attouchements, d’agressions sexuelles, de viols et de viols collectifs. Suite à ses prises de position contre la banalisation des violences sexuelles à l’égard les femmes et les filles, Egalité Maintenant a été l’objet d’un déchaînement d’attaques de la part d’internautes, sur des blogs ou par courrier électronique, se manifestant par des centaines de messages injurieux et parfois menaçants, y compris des vidéos semblant crédibles de viols collectifs réels sur des jeunes filles. Les vidéos ont été transmises à la police japonaise qui a tout d’abord refusé d’enquêter dessus, les policiers ayant conclu d’après la forme de la toison pubienne des filles qu’elles avaient plus de dix-huit ans et que les vidéos n’étaient donc pas considérées comme de la pornographie enfantine. Il a fallu qu’Egalité Maintenant insiste en disant que des vidéos réelles (et non pas jouées) de viols collectifs étaient en fait vendues sur le marché libre au Japon, pour que la police accepte finalement de réexaminer les vidéos, mais on ne sait toujours pas si des mesures ont été prises, notamment pour remonter jusqu’à l’expéditeur des vidéos. Il est très préoccupant de constater que la police n’a pas jugé utile d’enquêter sur une présomption de crime grave.
Les réactions hostiles suscitées par la campagne d’Egalité Maintenant contre la pornographie extrême, comme en témoignent les exemples ci-dessus, soulignent la nécessité urgente de s’attaquer à toutes les situations de discrimination à l’égard des femmes et des filles, notamment la promotion de la violence sexuelle. L’article 5 (a) de la CEDAW, qui fait obligation aux Etats parties de « modifier les schémas et modèles de comportement socioculturels de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe ou d’un rôle stéréotypé des hommes et des femmes », n’est que l’une des nombreuses règles internationales claires adoptées par la communauté internationale. De la même façon qu’il serait inacceptable d’encourager la violence à l’encontre de groupes religieux ou ethniques, il est inacceptable d’encourager la violence et la discrimination à l’égard des femmes.
Outre les obligations incombant au Japon aux termes de la CEDAW, l’article 14 de la Constitution japonaise garantit l’égalité de tous les citoyens devant la loi et stipule qu’il ne peut y avoir aucune « discrimination dans les relations politiques, économiques ou sociales fondée sur la race, les convictions, le sexe, le statut social ou l’origine familiale ». Les jeux informatiques comme RapeLay et les vidéos pornographiques montrant des viols réels légitiment et encouragent les stéréotypes sexuels et les attitudes discriminatoires fondées sur le sexe, lesquels, comme l’a relevé le Comité de la CEDAW, alimentent les violences à caractère sexuel.
Mesures recommandées
Nous vous invitons à écrire aux responsables gouvernementaux du Japon dont les coordonnées suivent, pour les exhorter à honorer les obligations incombant au Japon en vertu de la CEDAW, et notamment à répondre à l’appel pressant récemment lancé par le Comité de la CEDAW à interdire les jeux et les dessins animés qui banalisent et encouragent les violences sexuelles à l’égard des femmes et des filles. Dans votre lettre au ministre de la Justice, demandez-lui également de s’informer sur l’enquête réclamée par Egalité Maintenant sur les vidéos de viols collectifs qu’elle a envoyées à la police de Tokyo, et demandez que ses services enquêtent sur cette affaire et sur d’autres vidéos de viols réels afin de vérifier que toutes les personnes impliquées sont poursuivies dans toute la mesure prévue par la loi. Continuez aussi d’écrire à Illusion Software pour demander de retirer immédiatement du marché tous les jeux mettant en scène des viols, des situations de harcèlement et toutes autres formes de violences sexuelles ou qui dénigrent les femmes d’une manière quelconque. Rappelez que l’éthique professionnelle commande aux entreprises de tenir compte des éventuels effets négatifs que leurs activités peuvent avoir sur la société et l’intérêt public. Adressez à Amazon Japon une lettre allant dans le même sens.
Mr. Tadashi Yoshimura
Managing Director
Illusion Software
1-10-1 Nishikanagawa Kanagawa-ku
Yokohama-city, Kanagawa 221-0822, Japan
Tél: (+81) (0)4-5322-1551
Email: illusion@illusion.jp
msword Modèle de lettre
Mr. Jasper Cheung
President of Amazon Japan K.K
2-15-1 Shibuya, Shibuya-ku, Tokyo 150-000-2, Japan
Email: via website
mswordModèle de lettre
Prime Minister Yukio Hatoyama
2-3-1 Nagata-Cho, Chiyoda-ku,
Tokyo 100-0014, Japan
Tel: (+81)(0)3-3581-0101
Fax: (+81)(0)3-3581-3883
Email: via website
Ms. Mizuho Fukushima
Minister of State for Consumer Affairs, Declining Birthrate and Gender Equality
Room 708, 4-gokan,
Chuogodo Chosya, 3-1-1 Kasumigaseki,
Chiyoda-ku,Tokyo 100-8970, Japan
Tel: (+81)(0)3-5253-2111
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Ms. Keiko Chiba
Minster of Justice
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Action Femmes 33.1: Mai 2009
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