samedi 3 octobre 2009

La dimension culturelle du viol et de la violence faite aux femmes

On a beaucoup parlé ces derniers temps de viols qui ont retenu l'attention des médias: le prévenu est "célèbre" et rattrapé par son histoire/la justice (Roman Polanski) ou le viol s'est achevé par un meurtre (celui de la joggeuse de Seine et Marne qui avait pourtant réussi à appeler la police pour donner le signalement de son ravisseur et de son véhicule) ...

On peut s'interroger sur la dimension culturelle du viol (cf scènes mythologiques et/ou historiques que la peinture retranscrit bien). Qu'en temps de guerre, l'"appropriation" de la terre conquise se double de manière systématique de viols sur les femmes interroge la place faites aux femmes dans un système qui valorise la force mais aussi surtout, il faut bien dire, la brutalité.

Quand la sordide affaire de la récidive du violeur de la joggeuse (remise de peine après le viol qu'il avait commis sur une mineure et sa réinstallation à 200 mètres du domicile de celle-ci ...) interroge les médias sur la justice et la justesse de son fonctionnement, je me pose aussi la question "en amont" -de manière peut-être utopique- sur ces valeurs que notre/nos culture(s) transmettent à tous et toutes.
Et, j'en remets une couche: quand je vois que "notre" ministre de la culture défend à la fois l'ordurier Orelsan -qui valorise à travers sES texteS la violence faites aux femmes- et Roman Polanski qui a fui la justice durant 30 ans pour une affaire de viol sur mineure, je me pose beaucoup de questions, teintées d'un dégoût pour ces valeurs que nos sociétés préfèrent défendre plutôt que condamner.

Le texte ci-dessus et ce qu'il dénonce montre bien pour moi cette "culture" de la violence sexuelle et/ou du viol ... à travers les jeux vidéos.

Je dois recevoir un livre-référence sur "l'histoire du viol" du XVI au XX ème siècle, d'ailleurs .... car, bien que le sujet me déplaise profondément, il faut je crois cesser de se voiler la face et considérer ces "bulles" d'informations (traitées souvent comme des "faits divers") comme appartenant à un tout beaucoup plus complexe et plus effrayant.
L'an dernier, j'avais aussi rechigné à lire sur l'homophobie -sujet déplaisant par nature- et c'est pourtant la lecture du dictionnaire de l'homophobie qui m'a ouvert les yeux ...

Lire, ce n'est pas toujours pas plaisir ... parfois c'est juste pour comprendre et avancer ... et alors seulement, cela nous fera plaisir ;-)

Bon week end.
Karine

----- Message transféré ----
De : sexisme
À : sexisme
Cc : SOS-SEXISME
Envoyé le : Samedi, 3 Octobre 2009, 8h17mn 15s
Objet : [EF-L] Infos du 3 10 09 : Ils nous aiment tellement...


Mise À jour : Action Femmes 33.2
September 2009

Japon : les jeux de simulation de viol et la banalisation de la violence sexuelle

« Les femmes sont des créatures stupides qui ne savent rien faire d’autre que nous préparer à dîner. Cela prouve simplement leur stupidité ; il faut qu’elles comprennent que le mot « égalité » a été créé par les hommes pour les hommes et qu’il n’a pas jamais été conçu pour s’appliquer ou être accordé aux femmes. » (Réaction sur le blog d’un joueur en ligne à l’Action Femmes d’Egalité Maintenant contre les jeux de simulation de viol au Japon)

« Au fait, j’ai joué à RapeLay (se faire la fille de 13 ans était le meilleur) » (Courriel reçu par Egalité Maintenant)

«La seule façon de faire une croix sur les droits des femmes et de redonner aux hommes leurs avantages est de tuer en masse les activistes des droits des femmes, brutalement et publiquement. Ça vous plairait d’avoir pour femmes des jeunes filles en âge de procréer (les filles peuvent souvent avoir des enfants à partir de 12, 13 ou 14 ans) ? Vous avez envie qu’elles vous obéissent ? Vous voulez qu’elles soient gentilles avec vous (enfin, au moins qu’elles se taisent, ce serait déjà ça) ? Bien sûr que oui. Le seul moyen d’avoir tout ça, c’est que toutes les féministes et ceux qui les soutiennent soient morts ou mis hors d’état de nuire (morts, ça serait pas plus mal). » (Un joueur en ligne américain réagissant à l’Action Femmes d’Egalité Maintenant)

En mai 2009, Egalité Maintenant a lancé une Action Femmes contre les jeux de simulation de viol édités et vendus au Japon. Cette Action Femmes dénonçait le jeu RapeLay édité par Illusion Software et vendu sur Amazon Japon. Le scénario de RapeLay est celui d’une fillette d’une douzaine d’années voyageant dans un train de banlieue. Elle est poursuivie par un homme qui se livre à des attouchements sur elle et l’agresse sexuellement. Le train finit par s’arrêter et elle court terrorisée se réfugier dans des toilettes publiques, suivie de son agresseur qui la menotte et la viole. L’agresseur la retient prisonnière et la viole à plusieurs reprises dans différents lieux. Sa mère et sa sœur adolescente subissent le même sort. Le violeur se venge sur la famille parce que la fille aînée l’a autrefois dénoncé à la police pour une tentative d’agression sexuelle sur une autre femme. Dans RapeLay, l’objectif du joueur est de violer la mère et ses filles jusqu’à ce qu’elles commencent à « aimer ça ».

La Japon a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) en 1985. Le Comité de la CEDAW, chargé de vérifier le respect de la CEDAW par les Etats, a examiné dernièrement le cas du Japon le 24 juillet 2009. Le Comité s’est déclaré préoccupé par « la banalisation de la violence sexuelle [au Japon] ainsi qu’en témoigne la multiplication des jeux vidéo pornographiques et des dessins animés mettant en scène des viols, des viols collectifs, des situations de harcèlement et d’agression sexuelle à l’égard des femmes et des filles ». Le Comité a également fait part de son inquiétude concernant les images stéréotypées véhiculées sur les femmes par les médias et concernant le fait que « la représentation sursexualisée des femmes renforce les stéréotypes existants faisant des femmes des objets sexuels et continue de générer chez les filles une faible estime de soi ». Dans ses conclusions, le Comité de la CEDAW exhorte le Gouvernement japonais à « interdire la vente de jeux vidéo et de dessins animés faisant intervenir des viols et des violences sexuelles sur des femmes, qui banalisent et encouragent la violence sexuelle à l’égard des femmes et des filles ». Le nouveau gouvernement japonais, élu en août 2009, a la possibilité et le devoir d’agir pour prendre en compte les craintes exprimées par le Comité de la CEDAW en interdisant tous les médias qui encouragent les violences commises sur des femmes et des filles.

Depuis qu’Egalité Maintenant a publié la première version de son Action, l’Ethics Organization of Computer Software (EOCS), l’organisme japonais d’autoréglementation du secteur de l’informatique qui a pour mission de noter les logiciels, aurait interdit à ses membres d’éditer des jeux contenant certaines formes de violences à l’égard des femmes. L’adhésion à l’EOCS étant facultative, cet organisme compte de nombreux membres mais ne regroupe pas tous les acteurs du marché. On ne sait pas encore bien quels aspects des violences à l’égard des femmes il entend réglementer, et dans quelle mesure ces règles seront appliquées. Toutefois, d’après des magazines de jeux en ligne, il semblerait que les éditeurs de jeux japonais, compte tenu du bruit que l’affaire a fait au plan international, aient simplement changé les titres et les images des couvertures pour les rendre anodins et/ou bloqué l’accès à leurs sites web en dehors du Japon, mais qu’ils n’aient pas modifié le contenu de ces jeux. Le gouvernement japonais doit prendre des mesures fermes pour interdire totalement les jeux qui encouragent les violences à l’égard des femmes et des filles et pour s’attaquer à l’image de la femme-objet et la promotion de la violence faite aux femmes dans différents médias, notamment dans la pornographie.

Amazon Japon et Illusion Software ont maintenant retiré RapeLay du marché, mais tous les deux continuent de commercialiser des jeux ultrapornographiques du même type, sous la forme de dessins animés appelés hentai dans lesquels des femmes et des filles sont traquées, harcelées et victimes d’attouchements, d’agressions sexuelles, de viols et de viols collectifs. Suite à ses prises de position contre la banalisation des violences sexuelles à l’égard les femmes et les filles, Egalité Maintenant a été l’objet d’un déchaînement d’attaques de la part d’internautes, sur des blogs ou par courrier électronique, se manifestant par des centaines de messages injurieux et parfois menaçants, y compris des vidéos semblant crédibles de viols collectifs réels sur des jeunes filles. Les vidéos ont été transmises à la police japonaise qui a tout d’abord refusé d’enquêter dessus, les policiers ayant conclu d’après la forme de la toison pubienne des filles qu’elles avaient plus de dix-huit ans et que les vidéos n’étaient donc pas considérées comme de la pornographie enfantine. Il a fallu qu’Egalité Maintenant insiste en disant que des vidéos réelles (et non pas jouées) de viols collectifs étaient en fait vendues sur le marché libre au Japon, pour que la police accepte finalement de réexaminer les vidéos, mais on ne sait toujours pas si des mesures ont été prises, notamment pour remonter jusqu’à l’expéditeur des vidéos. Il est très préoccupant de constater que la police n’a pas jugé utile d’enquêter sur une présomption de crime grave.

Les réactions hostiles suscitées par la campagne d’Egalité Maintenant contre la pornographie extrême, comme en témoignent les exemples ci-dessus, soulignent la nécessité urgente de s’attaquer à toutes les situations de discrimination à l’égard des femmes et des filles, notamment la promotion de la violence sexuelle. L’article 5 (a) de la CEDAW, qui fait obligation aux Etats parties de « modifier les schémas et modèles de comportement socioculturels de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe ou d’un rôle stéréotypé des hommes et des femmes », n’est que l’une des nombreuses règles internationales claires adoptées par la communauté internationale. De la même façon qu’il serait inacceptable d’encourager la violence à l’encontre de groupes religieux ou ethniques, il est inacceptable d’encourager la violence et la discrimination à l’égard des femmes.

Outre les obligations incombant au Japon aux termes de la CEDAW, l’article 14 de la Constitution japonaise garantit l’égalité de tous les citoyens devant la loi et stipule qu’il ne peut y avoir aucune « discrimination dans les relations politiques, économiques ou sociales fondée sur la race, les convictions, le sexe, le statut social ou l’origine familiale ». Les jeux informatiques comme RapeLay et les vidéos pornographiques montrant des viols réels légitiment et encouragent les stéréotypes sexuels et les attitudes discriminatoires fondées sur le sexe, lesquels, comme l’a relevé le Comité de la CEDAW, alimentent les violences à caractère sexuel.

Mesures recommandées

Nous vous invitons à écrire aux responsables gouvernementaux du Japon dont les coordonnées suivent, pour les exhorter à honorer les obligations incombant au Japon en vertu de la CEDAW, et notamment à répondre à l’appel pressant récemment lancé par le Comité de la CEDAW à interdire les jeux et les dessins animés qui banalisent et encouragent les violences sexuelles à l’égard des femmes et des filles. Dans votre lettre au ministre de la Justice, demandez-lui également de s’informer sur l’enquête réclamée par Egalité Maintenant sur les vidéos de viols collectifs qu’elle a envoyées à la police de Tokyo, et demandez que ses services enquêtent sur cette affaire et sur d’autres vidéos de viols réels afin de vérifier que toutes les personnes impliquées sont poursuivies dans toute la mesure prévue par la loi. Continuez aussi d’écrire à Illusion Software pour demander de retirer immédiatement du marché tous les jeux mettant en scène des viols, des situations de harcèlement et toutes autres formes de violences sexuelles ou qui dénigrent les femmes d’une manière quelconque. Rappelez que l’éthique professionnelle commande aux entreprises de tenir compte des éventuels effets négatifs que leurs activités peuvent avoir sur la société et l’intérêt public. Adressez à Amazon Japon une lettre allant dans le même sens.

Mr. Tadashi Yoshimura
Managing Director
Illusion Software
1-10-1 Nishikanagawa Kanagawa-ku
Yokohama-city, Kanagawa 221-0822, Japan
Tél: (+81) (0)4-5322-1551
Email: illusion@illusion.jp

msword Modèle de lettre

Mr. Jasper Cheung
President of Amazon Japan K.K
2-15-1 Shibuya, Shibuya-ku, Tokyo 150-000-2, Japan
Email: via website

mswordModèle de lettre

Prime Minister Yukio Hatoyama
2-3-1 Nagata-Cho, Chiyoda-ku,
Tokyo 100-0014, Japan
Tel: (+81)(0)3-3581-0101
Fax: (+81)(0)3-3581-3883
Email: via website

Ms. Mizuho Fukushima
Minister of State for Consumer Affairs, Declining Birthrate and Gender Equality
Room 708, 4-gokan,
Chuogodo Chosya, 3-1-1 Kasumigaseki,
Chiyoda-ku,Tokyo 100-8970, Japan
Tel: (+81)(0)3-5253-2111
E-mail: via website

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Ms. Keiko Chiba
Minster of Justice
1-1-1 Kasumigaseki,
Chiyoda-ku, Tokyo 100-8977, Japan
Tel: (+81)(0)3-3580-4111
Fax: (+81)(0)3-3592-7393
Email: webmaster@moj.go.jp

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Action Femmes 33.1: Mai 2009

Merci de tenir Egalité Maintenant au courant de vos actions et d’envoyer une copie desréponses reçues à :
Egalité Maintenant/Equality Now P.O. Box 20646, Columbus Circle Station, New York NY 10023, USA
Egalité Maintenant/Equality Now Africa Regional Office, P.O. Box 2018, 00202, Nairobi, KENYA
Egalité Maintenant/Equality Now P.O. Box 48822, London WC2N 6ZW UNITED KINGDOM
info@equalitynow.org

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