Les filles de la femme du soldat inconnu rebaptisent la place des droits de l’homme PDF Imprimer Envoyer
Civilisation - Écrit par Isabelle Germain - Jeudi, 26 Août 2010 20:44
place des droits des femmes et des hommes
Le 26 aout 1970, le Mouvement de libération des femmes (MLF) naissait autour d’une action symbolique : à l’Arc de Triomphe, les fondatrices du Mouvement déposaient une gerbe à la femme du soldat inconnu - plus inconnue encore que lui ! Ce 26 août 2010, au Trocadéro à Paris, le mouvement rebaptisait symboliquement la « place des droits de l’homme » : « Place des droits des femmes et des hommes ».
Il y a 40 ans, les manifestantes, pourtant pacifiques étaient embarquées par la police. Cette fois-ci, la police ne s’est pas déplacée. Elles et ils n’étaient qu’une centaine à manifester au milieu des touristes. Cela veut-il dire que la démocratie a triomphé et que les femmes sont, dans le droit et dans les faits, égales aux hommes ? Bien sûr, sur beaucoup de sujets, la France a fait des sauts de géant en 40 ans : contraception, indépendance financière… Mais tout n’est pas gagné, martèlent les militantes. En 1970 elles disaient « à travail égal, salaire égal ». En 2010, l’écart de salaire est de 27 %. Elles voulaient en finir avec les violences. Aujourd'hui, en France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint. Le droit à l’avortement est parfois menacé … Et dans certains pays la situation est bien pire.
De la rue à la toile
Et pourtant, les jeunes étaient peu nombreuses à venir prendre la relève. Peut-être parce que le féminisme s’est déplacé. Il se pratique aujourd’hui beaucoup sur la toile. Créé tout récemment par la jeune association « Osez le féminisme » , le blog « vie de meuf » donne, au fil des témoignages, une idée du chemin qu’il reste à parcourir. Dans la vie et dans les esprits. Le féminisme se pratique aussi dans une forme d’activisme fait d’actions simples, drôles, rapides et efficaces avec la Barbe. Cette association provoque des électrochocs en s’invitant dans des assemblées très masculines. Au moment où tout ronronne, elles se mettent une fausse barbe et s’installent devant des messieurs trop contents d’eux pour comprendre où elles veulent en venir.
le machisme tueFéministe, un gros mot ?
Peut-être aussi parce que le féminisme est décrié et caricaturé au point qu’il faut être kamikaze aujourd’hui pour se revendiquer féministe. Les femmes disent souvent « je ne suis pas féministe mais… » , avant de prouver le contraire en général. (Dans le « dictionnaire iconoclaste du féminin *», nous expliquons qu’il faut entendre derrière cette phrase « je suis baisable mais… » ) Le féminisme est presque devenu honteux. Toute demande de respect de quelques droits élémentaires à l’égalité fait passer son auteure pour une pétroleuse et la jette dans le camp des femmes à ne courtiser sous aucun prétexte… Intimidant !
Hommage à Olympe de Gouges
Comment en est-on arrivés là ? Par ignorance sans doute. « Mais qui est Olympe de Gouges ? » demandait une jeune journaliste qui a beaucoup plus que le baccalauréat. L’auteure des «droits de la femme et de la citoyenne » n’est pas une figure incontournable de nos manuels d’histoire. C’est pourquoi les manifestantes de ce 26 août 2010 ont lu le texte d’Olympe de Gouges. La Révolutionnaire avait fait remarquer que si les femmes ont le droit de monter à l’échafaud, elles devaient bien avoir celui de monter à la tribune... Elle a fini guillotinée. Sur la future « place des droits des femmes et des hommes», plusieurs textes et déclarations de féministes ont été lues pour faire revivre ce passé ignoré de nos manuels scolaires et rendre aux féministes leur dignité. Ça se confirme : l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Les féministes ont encore du pain sur la planche...
* Le dictionnaire iconoclaste du féminin, Annie Battle, Isabelle Germain, Jeanne Tardieu. Bourin editeur.
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