samedi 20 février 2010

Les femmes ont déjà le pouvoir...

Cahier spécial 10/04/2007 à 07h08
Les femmes ont déjà le pouvoir...
Interview

Pour en finir avec quelques préjugés L'anthropologue Françoise Héritier, la neurobiologiste Catherine Vidal et la philosophe Michèle Le Doeuff démontent les clichés sur le «sexe faible».

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SANTUCCI Françoise-MarieDROUZY FabriceDAUMAS Cécile


Les femmes ont déjà le pouvoir...

«Ce qui perdure dans l'esprit des gens, c'est que les femmes ont un pouvoir à elles, une sorte de contre-pouvoir restreint à la sphère du domestique : il n'y a pas pire tyran, dit-on, qu'une matrone bretonne ou iroquoise qui fait régner l'ordre dans sa maison, tenant les cordons de la bourse et prenant toutes les décisions. Mais ces femmes-là présentent une caractéristique à laquelle on ne réfléchit pas assez : elles sont âgées, donc ménopausées. Ayant quitté les périodes de reproduction et de séduction, elles peuvent basculer du côté de la masculinité. L'alternative, c'est la vieille femme qui devient l'image même de la "suprême mauvaiseté", surtout si elle est veuve, si elle est pauvre, si elle n'a pas de fils pour la soutenir : c'est elle qu'on accusera de sorcellerie dans certaines sociétés. Chez nous, les choses ont évolué, les femmes ont tendance à avoir le même type de vie que les hommes, mais il y a, plus ou moins présent dans l'esprit des gens, l'un ou l'autre de ces modèles.

Une chose est sûre : le matriarcat ­ un pouvoir féminin comme celui des Amazones, où les hommes auraient été dans l'ombre ­ n'a jamais existé. Mais le mythe perdure. Car le patriarcat est un système de pouvoir, dans les sociétés traditionnelles, qui eut besoin de fonder ses assises notamment sur des mythes qui racontent comment il fallut renverser un pouvoir antérieur "mauvais" ­ qui en fait historiquement n'a pas existé mais qui était attribué aux femmes ­ pour créer un pouvoir "juste", celui que l'on connaît et que les hommes exercent.» Françoise Héritier est anthropologue, auteur notamment de Masculin/Féminin (Odile Jacob). Elle fut, en 1982, la deuxième femme à entrer au Collège de France.

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