Société
Courte ou longue, la jupe soulève bien des débats !
samedi 06 mars 2010 Ouest france
8 mars, Journée des femmes. L'historienne Christine Bard publie un essai sur le vêtement qui symbolisele genre féminin. Et, dit-elle, « on ne peut pas parler de la jupe sans évoquer le pantalon ».
Les seins, mais pas les jambes. « Dès le Moyen-Âge, il est plus facile de montrer sa gorge que ses jambes. Car la poitrine (le sein maternel ?) appartient à la partie haute et « noble » du corps. Contrairement aux jambes, qui renvoient au bas « honteux », au sexe. »
Robe ou jupe ? « La robe peut être masculine (la soutane par exemple...), alors que le jupon, le cotillon et la jupe symbolisent depuis longtemps le genre féminin. Aujourd'hui, quand une femme choisit de mettre une jupe, c'est plutôt pour faire la fête ou pour se montrer plus élégante, sexy. Les collègues et amis la complimentent, c'est gratifiant. La jupe dévoile les formes. Elle donne une plus forte conscience de son corps et impose une certaine vigilance : garder les genoux serrés, vérifier si les collants n'ont pas filé... »
Mini. « Avant, il existait des vêtements spécifiques de travail, de deuil, du dimanche... Mai 68 a « dérégulé » ces codes vestimentaires. Aujourd'hui, tout paraît permis. La mini-jupe est parfois encore perçue comme un vêtement provocant. Le problème n'est pas la jupe, mais le regard posé sur celle qui la porte, et la violence de la domination masculine. Les agressions ne seraient pas moins nombreuses si les filles s'habillaient en sacs de jute. »
Drôle de pirouette. « Au début du XXe siècle, des féministes se sont battues pour « porter la culotte », c'est-à-dire accéder au pouvoir. Elles voulaient aussi se libérer de l'entrave du corset pour courir, faire du vélo, travailler à l'aise, comme les hommes en pantalon. Aujourd'hui, les femmes ont massivement adopté le pantalon. Et par une curieuse pirouette de l'Histoire, des adolescentes revendiquent la liberté de sortir... en jupe ! »
« Jupe = allumeuse »... « Ou «pute ». On a vu apparaître ces insultes machistes, il y a une dizaine d'années. Certains garçons affichent ainsi leur virilité, fièrement, pour être mieux intégrés à la bande des hommes. Surtout, ne pas « passer pour un pédé » ! L'homophobie est très liée au sexisme...
Comment se protéger des sifflets et des humiliations ? Des filles masquent leur corps sous des pantalons larges, manière de se voiler. C'est dans ce contexte que l'association Ni putes ni soumises a appelé à résister à ce type d'oppression. Porter une jupe devient, d'une certaine manière, un acte militant. »
La Journée des Bretonnes. « On pensait que ces contraintes pesaient surtout sur les filles d'immigrées dans des banlieues pauvres. Mais en 2006, la rappeuse Diam's chante : Dans ma bulle, on critique les femmes en jupe/Mais t'as pas besoin d'venir de la Zup pour te faire traiter de pute.
En mars de la même année, à Étrelles, dans le canton de Vitré, des élèves d'un lycée privé agricole organisent, avec l'association Liberté couleurs, une « Journée de la jupe et du respect ». Ce travail remarquable a suscité des débats passionnants entre filles et garçons, sur leurs relations. L'an dernier, l'initiative a mobilisé 9 000 jeunes. Mais il faudrait se méfier d'une Journée obligatoire : imposée par le ministère, elle perdrait, à mon avis, tout son sens. »
Recueilli parColette DAVID.
samedi 6 mars 2010
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