La conversion de Simone Veil au féminisme dur
Tefy Andriamanana - Marianne | Mardi 9 Mars 2010 à 17:01 | Lu 5253 fois
Simone Veil dénonce la nomination de trois hommes au Conseil Constitutionnel. Une indignation louable mais qui masque le problème d'une procédure contestable de désignation des neuf Sages.
Il y a quelques temps, on pensait que Michel Charasse avait été nommé au Conseil Constitutionnel au seul motif qu'il était un soutien de Nicolas Sarkozy et non pour ses compétences juridiques.
Et au cas où des esprits malsains l’accusent de placer un pion au sein des neuf Sages, le chef de l’Etat pourra toujours prétendre que Charasse fut ministre du Budget de Mitterrand, une nouvelle « ouverture », en quelque sorte. Un tour de passe-passe déjà noté par Marianne2.
Mais, pour certains, la nomination de Charasse n’est pas liée à ses appartenances politiques mais à son sexe. Ou plus exactement au fait qu’il soit un homme.
Une vision féminine spécifique ?
Simone Veil sur RTL (09/03/10)
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C’est l’argumentation de Simone Veil, ex-ministre de la Santé et membre du Conseil Constitutionnel de 1998 à 2007, invitée le 09 mars sur RTL. La veille, sur la même antenne, Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la Famille, avait déjà émis ces critiques. En effet, ce sont trois mâles, Charasse, l’ex ministre UMP des Affaires Sociales Jacques Barrot et Hubert Haenel, sénateur UMP qui rejoindront bientôt les neufs Sages.
Soit. Un peu de parité ne fait jamais de mal. Mais les raisons invoquées par Simone Veil peuvent laisser pantois.
« Je pense qu'une institution comme le Conseil constitutionnel doit être équilibré, et que mon expérience - puisque j'y suis restée pendant neuf ans - montre que nous (les femmes) n'avons pas nécessairement toujours la même vision. », a-t-elle dit.
Arguments contreproductifs
En quoi les femmes n’ont « pas nécessairement toujours la même vision » que les hommes ? L’égal accès des femmes aux sphères du pouvoir doit-elle se faire en fonction de leurs seules compétences juridiques ou en raison d’une différence intrinsèque (naturelle, donc ?) entre les sexes ?
On nommerait donc une femme parce qu’elle est une femme et a donc forcément une vision « différente » et non pas parce qu’elle est juridiquement compétente au delà de son genre.
Ce qui relève de la même logique consistant à l’écarter uniquement parce qu’elle une femme. Ou encore, de celle consistant à affirmer qu’il ne faut pas être raciste parce que les Noirs, ils ont quand même le rythme (ou le foot) dans la peau....
Et les nominations politiques ?
Mais plus encore, l'attaque de Simone Veil masque une autre faille au sein du système de nomination au Conseil Constitutionnel. Le gros problème n’est pas que Charasse soit un homme mais qu’il soit principalement nommé en fonction de critères partisans. Qu’il soit un pion dans la reprise en main d’une institution censée être indépendante. Et plus encore, que tous les nouveaux membres du Conseil soit issus de la majorité.
La réforme constitutionnelle n’a rien changé, il faudrait que 60% des parlementaires de la commission compétente s’opposent à cette nomination pour qu’elle échoue. Sarkozy peut dormir (presque) tranquille.
Peu importe, si la polémique gonfle trop, le chef de l’Etat trouvera bien une femme pour remplacer Charasse. Tant qu’elle est sarkoziste, ça passera. Et on compte sur Veil et Morano pour applaudir.
samedi 20 mars 2010
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