http://www.jobetmaman.com/article-entretien-brigitte-gresy-egalite-et-parite-hommes-femmes-47417722.html
Brigitte Grésy incarne la femme moderne, engagée, réaliste, qui a su mener de front sa carrière et sa vie de mère. Chaleureuse et disponible, je l’ai rencontrée dans un café (un peu bruyant soit dit en passant) et nous avons échangé sur le statut des femmes dans la société actuelle.
Brigitte Grésy est l'auteur du « petit traité contre le sexisme ordinaire »,traitesexismeordin où elle fustige avec humour les propos sexistes, même apparemment anodins, du monde du travail et propose des actions de « résistance ».
De 1998 à 2004, elle se consacre aux questions de l’égalité hommes femmes comme chef de service des droits de la femme puis comme Directrice de Cabinet du ministre de la parité et de l’égalité professionnelle madame Ameline.
Inspectrice aux Affaires Sociales, elle est l’auteur d’un rapport en juillet 2009 sur les inégalités hommes / femmes où elle fait 40 propositions pour enfin actionner des leviers de changements et imposer une vraie parité en entreprise et en politique.
Rapport qui servira de base aux discussions avec les partenaires sociaux (à la rentrée 2010 ?) et qui, selon les propos tenus par Xavier Darcos en 2009, était très attendu « tout simplement parce que la réalité de la situation que décrit ce rapport et à laquelle nous allons nous efforcer d’apporter des réponses fortes est une réalité alarmante. Je veux le dire sans ambages. Cette réalité nous fait honte ».
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Brigitte, pourquoi la question de l’égalité hommes-femmes est-elle devenue votre combat ?
«Avec pas moins de 3 lois : loi Roudy de 1983, loi Génisson de 2001 et la loi de 2006 sur l'égalité salariale, cette question n’est pourtant absolument pas prise en compte au sein des entreprises, l’égalité reste un sujet secondaire et abstrait. Pour preuve seulement 7.5% des entreprises ont signé un accord sur l’égalité en 2008 comme le leur impose la loi.
La parentalité n’est pas pensée, pas envisagée. Or cela concerne la famille, la société, l’entreprise ! Réviser la question de la parentalité permettrait de lever la culpabilité des femmes, qui se surinvestissent dans leur travail (et souvent sans reconnaissance particulière) et dans leur foyer. Il est donc important maintenant de faire évoluer les mentalités, les rouages internes de management, et de proposer des outils concrets ».
Justement, maintenant qu’une certaine prise de conscience apparaît, quels sont les leviers qui pourraient concrètement faire évoluer les choses ?
« Il faut revoir les aspects qualitatifs et quantitatifs des paramètres de l’entreprise. Par exemple, revoir les critères d’embauche des femmes, en leur ouvrant des postes jusque là réservés aux hommes, repenser la formation des femmes, revoir les critères de promotion, l’accès aux postes de direction. Il faut également réviser la qualité des critères de notation par exemple. Une femme est jugée, comme les hommes, selon des paramètres masculins, sur une carrière considérée comme linéaire..ce qui est contradictoire avec ce que vivent les femmes puisque leur parcours professionnel est fait de pauses et de reprises.. En fait c’est un travail de fond qu’il faut mener avec les partenaires sociaux, pour fondamentalement changer la place de la femme ».
Outre les outils juridiques, politiques, les quotas, les classifications et même, ce que vous proposez dans votre rapport, les notations des entreprises et leur classement en fonction du respect des critères de parité, pensez-vous que les femmes doivent être les premières actrices de l’égalité ?
« Bien sûr ! C’est fondamental ! les femmes doivent entrer en résistance ! pas de façon violente et sectaire mais en posant leurs limites, en s’affirmant, chacune avec ses moyens, elles doivent oser dire non et affronter les hommes sur leur terrain. Mais pour cela , elles doivent déjà apprendre à déculpabiliser ! non, nulle femme n’est parfaite et je dirais même tant mieux ; elles doivent apprendre à déléguer certaines tâches à leur mari pour leur laisser une place au sein du cercle familial. Les femmes ont besoin également de trouver un écho parmi leurs congénères, de sentir que leurs frustrations sont partagées, collectiviser les enjeux pour renforcer leur détermination. C’est là la force des réseaux de femmes, montrer qu’elles occuppent le terrain, échanger leurs expériences, se faire entendre et tisser des liens utiles. »
Vous êtes rapporteur depuis 2008, de la commission pour l’image des femmes dans les médias . Cette commission, présidée par Michèle Reiser, doit veiller à l’autorégulation du rôle des femmes au sein des médias. Cette veille ne concerne pas, du moins pour l’instant, les médias online qui sont par principe complètement autonomes. Que pensez-vous des blogs et de leur impact sur une évolution des mentalités ?
« Je trouve très sain que des blogs se fassent l’écho de questions sociétales et créent la discussion sur la toile. C’est un moyen d’échanges, qui permet de poser des jalons et d’avancer sur la question de l’égalité et de la parité. »
Quels conseils donneriez-vous aux mamans qui se posent la question de leur carrière professionnelle ?
« Surtout n’abandonnez pas tout pour élever vos enfants. Il faut rester dans la course de la vie sociale. Une femme qui lâche son job par « obligation » risque de reporter ses frustrations sur ses enfants. Ne cherchez pas à être une mère parfaite, et laissez une place au père pour qu’il investisse les lieux lui aussi. Quand au congé parental de 3 ans, il ne permet pas une reprise sans dommages dans la vie active. C’est d’ailleurs pourquoi il est question de le raccourcir dans la durée en proposant 80% du salaire. Un autre accord prévoyant le non transfert d’1 mois du congé parental du père est également en discussion. Travailler et élever ses enfants c’est possible, en posant bien ses propres limites. Avoir des enfants décuple les compétences d’une femme..alors profitez-en pour gérer vie pro et vie de famille de concert ! »
Brigitte, un grand merci à vous pour cet entretien !
lundi 29 mars 2010
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