mercredi 16 décembre 2009

Le cheval, un animal de compagnie... féminine

Compte rendu
Le cheval, un animal de compagnie... féminine
LE MONDE | 15.12.09 | 16h33 • Mis à jour le 15.12.09 | 16h33
http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2009/12/15/le-cheval-un-animal-de-compagnie-feminine_1280914_3238.html



L'intitulé du débat "Le cheval, animal de droite ou de gauche ?", organisé par le Salon du cheval de Paris - qui s'est clos dimanche 13 décembre - laissait attendre une réponse convenue : oui, le cheval est connoté de droite, vu son coût et les valeurs aristocratiques qu'il véhicule, mais il se démocratise...
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Rien de tout cela ! Un aréopage de passionnés a assuré que le cheval, bien qu'il ait été, pendant des siècles, un "animal de pouvoir et de domination", n'est plus, aujourd'hui, "un animal politique", pour reprendre le titre d'un récent ouvrage de l'écrivain Jean-Louis Gouraud, qui animait la discussion. Instrument de la guerre et de la victoire, apanage du chef, le cheval a "perdu toute charge symbolique", en même temps qu'il est devenu "le troisième animal favori des Français derrière le chien et le chat"... et le préféré des petites filles.

"L'équitation est devenue un sport de gonzesse !", tonne Jean-Pierre Digard, directeur de recherche émérite au CNRS. En 2009, la Fédération française d'équitation compte 80 % de cavalières, sur 650 437 licenciés. "Un garçon qui veut faire du cheval est aujourd'hui regardé comme autrefois lorsqu'il voulait faire de la danse classique", selon M. Digard.

L'engouement des filles pour le cheval ne s'est pas traduit, cependant, par une féminisation de la compétition de haut niveau, qui reste un bastion masculin. L'équitation telle qu'elle est désormais pratiquée, notamment dans les petits clubs, serait, en effet, une "éducation à la compassion", à "la sollicitude", qui contribuerait au "renforcement des stéréotypes sexués", a assuré Catherine Tourre-Malen, cavalière, instructrice d'équitation et maître de conférences à l'université Paris-XII (Val-de-Marne).

"Noeuds-noeuds"

"Aux petites filles, on apprend à soigner le poney puis le cheval, à faire des petits noeuds-noeuds avec sa crinière ou à préparer la selle, sur un mode affectif, tandis qu'aux garçons, qui sont de plus en plus rares et qui ne veulent plus être mélangés aux filles, on enseigne, à part, les jeux à cheval, qui font référence à l'exploit ou à la chevalerie", affirme Mme Tourre-Malen. Dans l'assistance, un responsable de club prend la parole pour expliquer que "les petites filles adorent ça, et qu'elles n'ont pas le sens mécanique"... Mme Tourre-Malen voit dans ce propos la démonstration même de sa critique d'un certain "marketing de l'équitation", et conseille aux filles d'"aller manier des épées".

Cette féminisation de l'équitation, qui n'aurait rien de féministe, contribuerait à modifier le statut du cheval, dont certains élus veulent désormais faire un animal de compagnie. "Ce serait catastrophique !", s'est exclamé M. Digard. "La convention de protection de l'animal de compagnie interdisant les moyens de dressage artificiels, on peut penser que les éperons, le mors ou la cravache seraient bannis. L'important, pour le cheval, ce n'est pas son bien-être, ce sont ses débouchés... y compris l'hippophagie, alors mangez du cheval !", appelle-t-il de ses voeux. "Surtout si vous êtes une femme !, renchérit Mme Tourre-Malen. Et si vous hésitez, commencez par le saucisson d'âne."
Rafaële Rivais

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