Depuis plusieurs mois, avec mon intérêt croissant pour les droits des femmes et leur respect, je me suis confrontée à la difficile critique de la pub ou de l'humour -la première utilisant souvent le second-...
Sont-ils sexistes, discriminant ou tout simplement d'un humour dérangeant, surfant sur quelques faits de société et quelques stéréotypes ? Faut-il les prendre à la légère "au second degré" comme beaucoup le voudraient et donc ne leur accorder aucune importance ou faut-il les examiner, les analyser pour essayer de comprendre ce que traduit en vérité cet humour ?
Commençons d'emblée la question s'il fallait la poser de l'"utilité de l'humour": Nous divertir ? Relativiser, dédramatiser, dépasser notre quotidien ? Appuyer là où ça fait mal ? rire donc de nos travers ? autodérision donc ... mais qui rit de qui alors... car nous sommes dans une société qui appuie sur les différences, les catégories et c'est bien souvent une catégorie qui se moque d'une autre que l'on voit dans les blagues ? L'humour discrimine donc ?
Quel est le fonctionnement de la publicité, aussi diverse qu'elle soit ?
A quoi sert-elle ?
Nous divertir ? Nous surprendre pour attirer le regard sur un produit à acheter ?
Montrer ce qui existe ? Etre dans le réel ? Panser le monde ?
Imaginer ce qui n'existe pas ? Penser le monde ? Imaginer un autre monde (meilleur, pire ?)Nous aider à nous évader ? Jouer du décalage entre la réalité de la vie (elle-même multiforme) et notre imaginaire (pluriel aussi)?
Comment fonctionne -t-elle lorsqu'elle utilise l'humour ?
Elle s'appuye sur les stéréotypes et va dans le même sens -les stéréotypes et les caricatures font rire- ? Elle va chercher le plus grand dénominateur commun, le fait culturel, transgénérationnel peut-être pour parler au plus grand nombre -tout dépend du produit - mais le but étant de plaire..
ou au contraire part-elle des stéréotypes pour leur tordre le cou ? Inverser les stéréotypes ? au risque de ne satisfaire que peu de monde.
Beaucoup de possibilités de faire rire; faire rire du quotidien est ce qui est peut être le plus difficile ? car ce quotidien doit toucher le plus de monde -malgré nos différences- et on doit pouvoir rire de nous-mêmes -dans une situation qui n'est pas trop pénible-.
Et c'est là où un fossé se creuse selon les catégories de la société et les publicitaires -hommes et femmes, semble-t-il- quie semblent pas spécialement pratiquer ici l'autodérision mais s'appuyer sur une vision de la société qu'ils jugent ... finie (et donc archaïque) ? inébranlable (la fameuse guerre des sexes avec une constante : la domination masculine ) ?
On le voit bien: des pubs déclenchent chez beaucoup de féministes des révoltes car sexistes -à l'égard des femmes, je dois préciser-.
Il y a quelques temps, il s'agissait de trois pubs payées avec l'argent public pour le fromage du Cantal. dans chacun des spots, une femme était larguée par son compagnon/mari pour avoir oublié le fameux fromage. Une fois, larguée au bord de la route (partis en voyage), larguée tout simplement (devant le maire, l'ex futur-mari, se barre) et enfin lâchée lors d'une ascension en pleine montagne -il lâche la corde-. Pour se défendre, les publicitaires et commanditaires ont mis en avant que plusieurs femmes du staff avaient validé ces spots... Comme si toutes les femmes avaient conscience de l'image négative donnée aux femmes.
Image négative ... c'est-à-dire ? Est ce que l'inverse aurait été accepté ?
Imaginons, la situation inverse "la femme au volant, se tournant vers son compagnon "Marcel, t'as amené le ...?" et voir le visage niais de celui-ci se décomposer, suivi de la vision du gars délesté au bord de la route avec la voiture qui redémarre ?
La question n'est pas comme certains croient que cette situation inverse aurait fait -ou non- réagir les féministes-qui-sautent-sur-toutes-les-pubs-car-elles-n'ont-pas-d'humour ... Mais tout simplement de dire que dans notre société, cette pub ne peut exister car elle ne fait appel à aucun fait de la société et ne fait rire personne ... elle ne s'appuie sur aucun stéréotype alors que les vraies pubs en question, si:
- La femme blonde, air quelque peu niais (attention néanmoins à ne pas être trop misogyne!!) : on est dans LE stéréotype de LA blonde et même au-delà, on le sait, de LA femme ...
- Celle-ci ne conduit pas, ne dirige pas la cordée, et attend son prince pour se marier (situation la moins inégalitaire pour le coup): rien ne se fait SANS LUI : il est INDISPENSABLE, elle DEPEND DE LUI à tel point qu'elle SE FAIT EJECTER comme une merde : la femme est donc DOMINEE par L'Homme
or là nous ne sommes plus complètement dans le stéréotype vu que la domination masculine existe encore et cela, dans de nombreux couples, domination masculine souvent associée dans ces cas de violences psychologiques et physiques...
et c'est justement cela qui arrive : mis à part le côté gaguesque de la situation (se fait larguer et cela pour du fromage : c'était cela le point de départ drôle: décalage ), on assiste à une forme de violence banalisée mais qui reste dans la norme : pour la cordée, on n'est pas sûr qu'elle tombe complètement (elle dévisse juste un peu; pas de mort à envisager), le mariage raté, elle s'en remettra, le bord de route est plus ambivalent (une femme seule sur la route, c'est pas forcément le pied..). Les publicitaires auraient réfléchi un peu ... pas assez !
Cette violence étant sur 3 clips toujours dans le même sens ... rire des cruches et des femmes pour les associer en un seul personnage; cela fait tellement rire les hommes (machos) et les femmes-qui-ne-voient-pas-que-la-Blonde-est-une-version-détournée-de-la-Femme (puisque-je-ne-suis-pas-conne, moi !)...
Alors, voyons, Karine, tu n'as pas d'humour et d'autodérision ? la femme qui rirait de la femme ?
Je ne crois pas en LA FEMME ni en L'HOMME mais en des diversités de personnalités et je ne me reconnais pas dans ces stéréotypes des femmes ...
En tant que féministe, je pense les FEMMES en ce qu'elles ont de commun: historique, culturel, le fait d'être oubliées dans l'Histoire, souvent méprisées et discrimées.
La pub et l'humour renforcent ce sentiment.
On rit encore et toujours de la pauvre cloche ... en installant et en contribuant à faire perdurer les stéréotypes qui font encore beaucoup de mal aux femmes ... de manière indirecte souvent (éducation et socialisation différenciées par l' intégration d'une forme d'infériorité et de dépendance vis à vis des hommes ...).
samedi 28 novembre 2009
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