jeudi 12 novembre 2009

Quand unE Goncourt dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas

On peut expliquer la "débandade" de Mitterrand qui se met sur le plan privé pour "intervenir" -quel grand mot- dans ce débat : chat échaudé craint l'eau froide ?
Mais mon esprit mal tourné diraient certain-e-s voit que pour défendre une femme artiste, il n'est pas aussi prompt que pour ses camarades hommes (et lui-même)... L'hypocrisie dont il fait preuve est assez énorme : dire que la "polémique est anecdotique" alors que le gouvernement dont il fait partie lance un grand débat sur "l'identité nationale" et qu'un député -qui était tombé dans nos oubliettes- de la majorité essaie de se faire mousser en appelant au "droit de réserve" des écrivains sur la politique -et en particulier sur celle de notre gouvernement-qu'il-ne-faut-pas-critiquer-, hé bien, c'est un peu (encore) se foutre de nos gueules !
Sans parler, comme le souligne Marie N'Diaye, que E.Raoult lui a posé une question écrite à lui, ministre de la culture: il est interpelé en homme politique, l'homme a parlé mais que dit le politique ?


«Je ne retire aucun de mes propos»

Marie NDiaye regrette que le ministre de la Culture n’ait pas répondu sur le fond :
Recueilli par Claire Devarrieux


Marie NDiaye, la lauréate du prix Goncourt avec Trois Femmes puissantes (Gallimard), est de retour à Berlin où elle vit avec son mari, l’écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants. Nous l’avons jointe hier après-midi.

Comprenez-vous la réaction de Frédéric Mitterrand ?

Non. Il semble faire de cette histoire une affaire privée entre Raoult, son ami - cet "homme formidable" -, et moi. Ce qui n’est pas le cas. Un député, Eric Raoult, s’est adressé au ministre de la Culture. Nous ne sommes pas dans la sphère privée. Il refuse de répondre en tant que ministre, il donne son point de vue en tant que citoyen, qui pense que tout le monde a le droit de dire ce qu’il veut. Mais ce n’est pas l’avis de l’individu Frédéric Mitterrand qui est demandé.

Retirez-vous quelque chose aux propos que vous avez tenus cet été dans l’entretien aux «Inrockuptibles» ?

Rien du tout. Quand j’ai dit qu’ils étaient excessifs, c’était lundi matin sur Europe 1, et l’entretien ayant été diffusé mercredi, j’ai eu l’air de répondre à Raoult, ce qui n’était pas le cas. Je voulais simplement dire, à propos de "fuir la France", que je ne voulais pas, avec Jean-Yves [Cendrey, ndlr], paraître avoir la posture d’intellectuels des années 30 fuyant le fascisme ! Après avoir entendu Raoult, j’aurais répondu différemment, je n’aurais pas dit que mes propos étaient excessifs.
C’est la première fois que vous êtes mêlée à une polémique très médiatisée. Quel effet ça fait ?

Ce n’est pas le genre de choses que j’aime. Mais voilà, il n’y aurait rien eu de tel sans le Goncourt. Ce n’est pas agréable, mais je ne vais pas me plaindre de ce qui arrive.
Quand on a le Goncourt, on est plus exposé qu’avec le Femina ?
Oui, on l’est encore plus. Je l’ai vu tout de suite à la quantité incroyable de journalistes et de photographes postés devant Drouant [le restaurant où le prix est remis, ndlr]. Et je mesure aujourd’hui aux réactions ce que ce prix a de très particulier.
Pensiez-vous que «Trois Femmes puissantes» connaîtrait à la fois les meilleures ventes et la polémique ?

Non, je ne l’avais pas imaginé. Mais ce qui a créé toute cette histoire avec Raoult, ce sont les propos que j’ai tenus. A priori, cela n’a rien à voir avec le livre, et ça m’étonnerait qu’il l’ait lu ; encore que. Mais sans cet entretien, il n’aurait rien eu sur quoi s’appuyer.

Les propos de ce Raoult sont grotesques, mais l’affaire n’est pas inintéressante. Cela ne me déplaît pas qu’elle ait lieu aujourd’hui, ça force chacun à préciser ses positions.
Vous avez déclaré aux «Inrockuptibles» que «Besson et Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux». Pouvez-vous préciser vos positions sur le gouvernement Sarkozy ?

Ce sont, aujourd’hui, celles que j’avais il y a trois mois. Je n’ai pas bougé d’un iota et cette histoire vient confirmer ce que je pense. C’est une belle illustration de ce que je disais.

Il y a un exemple significatif et dangereux de ce qu’est ce gouvernement. C’est la manière dont on organise la traque des sans-papiers. On va chercher les enfants en classe pour les mettre dans des centres de rétention. C’est un exemple particulièrement dur, et c’est ce dont s’occupe le Réseau éducation sans frontières.

Je vois plein de gens qui s’indignent dans leur coin sans que cela prenne la forme d’un mouvement de protestation.
Votre séjour à Berlin, c’est désormais un exil ?

Ça l’est dans les faits, puisque nous sommes là depuis deux ans et demi. Cela dit, nous sommes libres de revenir en France, nous ne sommes pas persécutés ! Mais nous n’en avons pas la plus petite envie.
Etiez-vous à l’ambassade de France pour les festivités de l’anniversaire de la chute du Mur ?

Ah non, je n’ai pas été invitée, je n’ai pas reçu de carton. Mais je n’avais pas imaginé que j’en recevrais un.

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