IV. CONTRE LES STÉRÉOTYPES, CHANGER L'ÉDUCATION
cf Etats généraux de Elle sur les femmes
24 propositions dont :
IV. Contre les stereotypes changer l education
IV- Changer les représentations et l'éducation, le nerf de la guerre
Quand sont analysées les causes de la persistance des discriminations, la question de l’éducation des garçons est toujours évoquée. Or, cette éducation est du ressort des familles, mais aussi de l’institution scolaire qui reste, malgré ses bonnes intentions, discriminante, voire sexiste. Il est urgent de sensibiliser les enseignants à la question du féminin / masculin pour qu’ils modifient leur pratiques pédagogiques et de faire évoluer le contenu des enseignements à tous les niveaux des établissements scolaires, pour les rendre moins différentialistes et plus ouverts à l’altérité.
A l’identique, les représentations données des femmes dans les médias, le plus souvent par simple héritage, perpétuent les stéréotypes et portent atteinte à leur crédibilité mais aussi à leur estime de soi. Après les batailles juridiques, politiques, ou professionnelles, le combat de l’image reste très largement à mener. Il est crucial pour faire changer les représentations en profondeur.
21. Pour changer les pratiques pédagogiques du personnel éducatif
La mixité de tous les niveaux des enseignements, classiques, techniques et professionnels a été installée en 1974. Et pourtant, des discriminations sexuées subsistent de la part des enseignant.e.s, discriminations sans doute résumables dans l’aphorisme : « les garçons comprennent ce que les filles apprennent ». Parallèlement et dès les premiers apprentissages scolaires, les filles sont reprises sur la propreté et les soins, quand les garçons le sont sur la discipline. Par ailleurs, on souligne l’investissement des filles dans les disciplines « féminines », la littérature ou les langues, quand, parallèlement, on exagère la domination masculine dans les domaines mathématiques et scientifiques. Malgré l’égalité constatée des compétences, la divergence des orientations, soutenue par le corps enseignant, triomphe.
Nous demandons que, dans le cadre de leurs formations initiales comme continues, les futur-e-s enseignant-e-s et conseiller-e-s d’orientation suivent obligatoirement des enseignements leur permettant de déjouer les pièges d’une organisation sociale nourrie de représentations qui assignent filles et garçons à des rôles entérinant la hiérarchie entre les femmes et les hommes.
Nous demandons que, tout particulièrement dans les lycées professionnels, les orientations des élèves cessent d’être stéréotypées, au motif qu’il y aurait des « métiers d’hommes » et des « métiers de femmes ». Tous les secteurs d’emploi doivent être envisagés d’un point de vue neutre et mixte, y compris par un volontarisme permettant de valoriser ces métiers si féminisés qu’il en sont socialement dévalorisés.
22. Pour intégrer la question de l’égalité entre les femmes et les hommes aux enseignements
Nous demandons que dans le cadre de l’enseignement de l’Histoire soit instauré un module concernant l’histoire des femmes (histoire des luttes politiques, histoire économique, artistique). Nous proposons également de rendre obligatoires, dans les cursus de formation des futur.e.s enseignant.e.s et responsables de l’orientation académique, des sessions de cours sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes ses composantes. Nous demandons enfin des campagnes de sensibilisation contre les stéréotypes dans les livres scolaires.
23. Pour une éducation aux relations entre les sexes
Les enseignements dispensés dans les établissements scolaires sur la sexualité, la procréation et la contraception sont cantonnés à deux heures annuelles en classes de 3e et de 4e, et au simple amalgame contraception, MST, sida, IVG, reproduction/prévention. Nous demandons leur extension à une véritable éducation aux relations entre les sexes : éducation sexuelle, mais aussi éducation au respect et à l’égalité.
24. Pour soutenir la création d’une mission d’observation et de suivi concernant les stéréotypes sur les femmes
Nous soutenons la pérennisation de la commission de l’image de la femme dans les médias et la création d’une mission d’observation et de suivi des stéréotypes féminins constituée de responsables des médias (proposition faite dans le rapport sur l’image de la femme dans les médias en 2008). Sur la base d’indicateurs de suivi et de rapports annuels issus des organismes publics (CSA…), elle devrait rendre compte, annuellement, des progrès réalisés.
En conclusion
Ces propositions ne doivent pas être lues comme une énième collection de vœux pieux mais bien comme des mesures concrètes pour changer les choses ici et maintenant et établir des rapports entre les sexes et entre les générations plus justes et plus équitables.
Nous voulons contribuer à l’édification d’une société plurielle où les femmes prennent leur place, et font valoir avec la même légitimité et liberté que les hommes leur vision et leurs choix; une société où femmes et hommes brisent les stéréotypes qui les enferment pour enfin vivre ensemble dans une reconnaissance réciproque de leurs compétences et qualités propres sans que leurs différences signifient la domination d’un sexe sur l’autre.
* Le « livre blanc » des Etats Généraux de la Femme de ELLE a été réalisé en collaboration avec Terra Nova et avec la participation de Sciences Po.
Le groupe de Terra Nova qui a travaillé sur ce livre blanc était placé sous la responsabilité de Yolande Cohen (historienne et professeure à l’Université du Québec à Montréal)*. Karine Martin, consultante en stratégie et transformation et Céline Mas, entrepreneure, spécialiste en stratégies de communication ont été les rapporteures/co-rédactrices du présent document. En outre, les membres du groupe de travail sont : Valérie Aveline, DRH au sein d’une grande entreprise ; Armelle Le Bras-Chopard, professeure de sciences politiques à l'Université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines ; Virginie Martin, professeure chercheure à Euromed Management ; Mariette Sineau, directrice de recherche au CNRS et au Centre de Recherches Politiques de Sciences Po ; ainsi que Floran Augagneur, Terra Nova, et Olivier Ferrand, président de Terra Nova.
Nous tenons à remercier Sylvie Schweitzer pour son importante contribution aux débats du groupe et à la préparation de ce document, ainsi que les expertes consultées, Dominique Méda, Jeanne Fagnani et Françoise Thébaud en particulier. Ce texte n’engage aucunement leur responsabilité.
jeudi 13 mai 2010
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